Episode 1:
Implementation of a CRF
Summary
In this podcast, Tui Swinnen, ENN's Global KM Coordinator hosts Tamsin Walters for a discussion about the planning and development stages of a Common Results Framework (CRF) looking at the evolution of the concept, how countries have worked through this early stage, and what guidance is now available. We also talk to SUN Focal Point for Niger about progress made towards elaborating and costing their national plan for nutrition following up from a discussion with in 2015.
This three-part series explores the concept of the Common Results Framework (CRF). The CRF concept has been championed by the SUN Movement based on the understanding that countries with realistic, shared goals for reducing malnutrition, detailed national plans outlining how these will be achieved, and alignment and coordination between multiple sectors and stakeholders, can make significant improvements in the nutritional status of their populations.
ENN produced a report in 2015 that looked at the development of the concept of the CRF and how this was understood and implemented by stakeholders within SUN countries. In this series we revisit the findings of the report exploring the three different stages of CRF evolution (1. Development and planning, 2. Implemention, 3. Evaluation and Strengthening) and sit down again with stakeholders from countries profiled in 2015.
Transcripts
- Tui Swinnen (TS): Coordinateur Mondial
- Tamsin Walters (TW): Consultant
TS : Bonjour tout le monde et bienvenue dans cette série de podcasts en trois épisodes, intitulée « Comprendre le cadre commun de résultats du Mouvement SUN ». Ces podcasts se réfèrent à un document préparé en 2015 en collaboration avec le Secrétariat du Mouvement SUN dans le cadre des travaux menés par le Réseau de nutrition d'urgence (ENN) pour soutenir la gestion des connaissances et l'apprentissage au sein du Mouvement SUN. En 2015, nous avions examiné attentivement plusieurs exemples de cadres communs de résultats en place dans les pays SUN et nous avions souligné certaines des difficultés rencontrées et progrès réalisés par ces pays dans l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation de ces plans.
Dans cette série de podcasts, nous souhaitons revenir sur le travail réalisé en 2015 pour diffuser ces orientations dans ce nouveau format et évaluer la progression de certains des pays que nous avions étudiés.
Étant donné que les pays SUN se trouvent à des stades divers du processus d'élaboration de leur cadre commun de résultats ou de leur plan national, ils sont confrontés à des difficultés différentes. Certains travaillent pour la première fois à l'élaboration d'un cadre commun de résultats, d'autres révisent un plan existant, pendant que d'autres encore sont déjà en phase de mise ou en œuvre ou d’évaluation d’un processus déjà en place.
Cette série de podcasts va donc s'intéresser aux trois stades du processus, en commençant par l'élaboration et la planification - qui sont à l'ordre du jour de cet épisode - puis en passant à la mise en œuvre avant de finir avec l'évaluation et la consolidation.
Alors sans plus attendre, je vous présente Tamsin Walters qui se trouve à mes côtés et qui a travaillé en 2015 avec le réseau ENN. Tamsin fournit une assistance technique aux pays SUN depuis 2012 grâce à son travail au sein du projet Maximising the Quality of Scaling Up Nutrition (MSQUN). Donc, Tamsin, merci beaucoup d'être avec nous.
TW : Bonjour, merci Tui
TS : Alors, en guise d'introduction, l'idéal serait de commencer avec une définition simple et efficace du cadre commun de résultats.
TW : Bien sûr. En fait, par « résultats communs », on entend « résultat ou ensemble de résultats convenu(s) » que le gouvernement d'un pays s'engage à atteindre. Cet ensemble de résultats recouvre différents secteurs, et la dimension « cadre » fait référence à la multitude de politiques, de plans de mise en œuvre et de mémorandums d'accord de ces différents secteurs et des parties prenantes qui contribuent à atteindre cet objectif ou cet ensemble de résultats.
TS : Juste une question rapide pour revenir sur la partie résultats du cadre commun de résultats et sur le processus de fixation des objectifs. Comment sont définis les cibles et objectifs pendant l'élaboration du cadre commun de résultats ? Comment sont-ils adoptés et quels sont les acteurs impliqués dans ce processus ?
TW : Et bien les cibles doivent obtenir l'attention de tous les acteurs - ce sont les résultats qu'il faut avoir atteints. Un objectif principal peut être fixé au niveau national, il recoupe généralement les cibles établies par l'Assemblée mondiale de la santé ou d'autres cibles sur lesquelles les pays sont déjà en train de travailler. Il peut s'agir d'un objectif principal de réduction, comme au Tadjikistan par exemple, où il est envisagé de réduire le taux de retard de croissance de 20 % d'ici 2020 - c'est l'objectif principal. Et ensuite vous avez des cibles intermédiaires, il peut y avoir 1 à 2 cibles par secteur.
Les pays ont tous des structures de planification différentes, mais de nombreux pays disposent d'un plan quinquennal. Il semble par conséquent cohérent de fixer un objectif à cinq ans et de l'inscrire dans un plan national de développement quand c'est possible, avec des cibles intermédiaires à 1, 2 ou 3 ans qui permettent de surveiller la progression vers l'objectif final. Concernant les acteurs impliqués dans la définition des objectifs, le cadre commun de résultats doit être établi à partir de discussions et d'accords multi-acteurs et multisectoriels, pour que tous ceux qui s'engagent à atteindre ces résultats sachent ce à quoi ils s'engagent, puissent fixer des objectifs réalistes et établir un calendrier réaliste pour les atteindre, en fonction de leurs capacités.
TS : Sur quelles informations les personnes impliquées dans l'établissement de ces objectifs doivent-elles s'appuyer pour définir des résultats réalistes à atteindre ?
TW : Et bien, il faudrait par exemple qu'elles examinent les progrès réalisés, puisque, comme on l'a déjà dit, la diversité des contextes nationaux est telle qu'il est vraiment important de mettre les données factuelles en perspective avec ce qui s’est passé dans chaque pays sur la dernière décennie : regarder si le taux de retard de croissance a augmenté ou diminué par exemple, ou encore évaluer la situation du surpoids ou des autres cibles qui ont été fixées. Dans le cas de l'anémie par exemple, il peut être intéressant d’observer l'évolution sur les dix dernières années pour déterminer ce qu'il est réaliste de poursuivre, si les choses évoluent dans la bonne direction ou dans quelle mesure on peut aller accélérer les programmes pour atteindre plus vite ses objectifs. Comme je le disais, les pays se sont engagés à atteindre les cibles établies par l'Assemblée mondiale de la santé. Ces cibles peuvent s'avérer très utiles pour aider les pays à déterminer leurs objectifs prioritaires. Bien entendu, les différents secteurs disposent déjà de plans et d'objectifs, avec des résultats à atteindre qui correspondent peut-être déjà à ce que vous voudriez inscrire dans votre cadre commun de résultats. Il ne s'agit donc pas forcément de créer de nouvelles cibles ou de nouveaux objectifs, mais parfois juste de s'entendre sur la réalisation d'objectifs communs, prioritaires pour le pays, et qui impliquent la contribution de tous.
TS : Alors, est-ce que tous les pays suivent le même processus pour élaborer ces plans et s'entendre sur un cadre commun de résultats ?
TW : Non, il n'existe pas de processus type. Comme vous l'avez dit, les pays ne sont pas tous au même stade de la planification de la nutrition et chaque pays a son propre contexte. De plus, la nutrition peut être rattachée à des ministères différents en fonction des pays : certains pays placeront la nutrition sous la responsabilité du ministère de la Santé par exemple, tandis que d'autres la rapprocheront plutôt de la sécurité alimentaire et de l'agriculture. Enfin, chaque pays peut concentrer son action sur des priorités qui lui sont propres en fonction des difficultés rencontrées par sa population. Il y a à mon sens un élément commun à tous les pays : ce processus implique l'examen des cadres politiques existants, que ce soit au sein de chaque secteur ou au niveau intersectoriel, qui sont susceptibles d'avoir une incidence sur la nutrition. Il peut s’agir de cadres concernant la santé, l'agriculture ou les politiques de protection sociale, ainsi que toutes les mesures spécifiquement dédiées à la nutrition. Un autre élément commun réside dans le fait que tous les pays doivent amener les parties prenantes et les secteurs à s'entendre sur une compréhension partagée des problèmes nutritionnels et à initier un dialogue et un processus de coopération multisectorielle.
TS : OK. Juste pour être sûre de bien comprendre, Tamsin, quelle est la différence entre un cadre commun de résultats et un plan national ?
TW : Alors, certains pays ont déjà un plan national pour la nutrition, qu’il soit global ou limité à quelques secteurs, mais, comme nous l'avons dit, les pays ont chacun une façon spécifique d'aborder les choses. Ainsi, un cadre commun de résultats peut être constitué de tout un ensemble de plans et d'accords, et cela ne signifie pas forcément que tout est regroupé dans un seul plan. Vous pouvez avoir un plan qui émane du ministère de l'Agriculture, un autre du ministère des Travaux publics et un troisième du ministère de la Santé, et tous ces plans sont réunis dans une série de plans ou d'accords pour constituer un cadre commun de résultats. De nouvelles ressources viennent juste d'être publiées sur le site Internet de SUN, et vous trouverez une liste de vérification qui peut vous aider à définir les éléments indispensables à l'élaboration d'un plan solide et de qualité et à sa mise en place.
TS : D’accord. Et maintenant, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les caractéristiques ou critères généraux qui doivent être intégrés dans un cadre commun de résultats ? Tout en gardant à l'esprit ce que vous nous avez expliqué sur la diversité des pays et des contextes dans lesquels ces cadres sont concrètement mis en place.
TW : Alors, il y a plusieurs caractéristiques clés qui sont fortement recommandées. Tout d'abord, comme on l'a dit, il y a les résultats escomptés sur lesquels tout le monde s'est mis d'accord. Ce sont ces résultats que vous cherchez à atteindre pour améliorer l’état nutritionnel. Il peut s'agir d'un résultat ou d'un ensemble de résultats connexes. De nombreux pays par exemple choisissent de s'attaquer au retard de croissance. Vous pourriez définir comme résultat escompté de réduire le taux de retard de croissance de 10 % en 5 ans et l'inscrire comme la cible prioritaire de votre plan ou de votre cadre commun de résultats. Ensuite, il faut clairement définir la population ciblée par ces améliorations. En effet, l'objectif n'est peut-être pas d'englober tout le monde, toutes les régions du pays ou tous les groupes de population dans ce plan, car l'on sait que les vulnérabilités diffèrent d'un pays à l'autre ou d'une population à l'autre. Et puis il va falloir préciser quelles sont les interventions requises pour atteindre ces résultats, quelle est la couverture actuelle des interventions et quelle est la couverture souhaitée, ce qui revient à déterminer votre objectif de couverture géographique. Les responsabilités des différents ministères de tutelle doivent également être précisées pour que chacun connaisse leurs rôles et champs d'intervention. Il en va de même pour les rôles et responsabilités des partenaires non gouvernementaux, car le secteur privé, les organismes des Nations Unies, les organisations de la société civile et les donateurs sont également des acteurs essentiels de ce processus et leur rôle et leur contribution doivent être clairement définis. Ensuite, il est très important de disposer d'un cadre commun pour le suivi et l'évaluation de performance, et là encore, il est indispensable de définir clairement qui est responsable de quels indicateurs et de comprendre comment tout ça peut se rejoindre. Vous pouvez suivre les progrès pendant toute la durée du cadre commun de résultats et du plan. Il y a également la matrice de coût. La budgétisation des interventions et des mesures prévues dans le plan est essentielle pour connaître leurs coûts et estimer autant que faire se peut la contribution du gouvernement - et celle des autres contributeurs extérieurs - pour chacune de ces activités. Je parle ici des contributions financières directes, mais également des ressources humaines qui doivent de toute évidence être couvertes et chiffrées.
TS : Vous venez de dresser une liste relativement exhaustive et j'imagine que certains pays ont réalisé des progrès importants dans certains domaines mais peut-être pas dans d'autres. J’aimerais revenir rapidement à ce que vous avez dit sur la couverture, je trouve cette question plutôt intéressante en termes d’enseignements liés à la dynamique de renforcement. Est-ce que cela signifie que l'on peut commencer avec des plans à petite échelle et cantonnés à une zone géographique par exemple, ou dans des contextes à haut risque, avant d'élargir leur portée par la suite ?
TW : Absolument. Plusieurs pays se sont appuyés sur un processus très transparent pour identifier et intégrer dans une première phase des districts ou des régions prioritaires dans lesquelles le fardeau de la malnutrition fait des ravages. Le Népal et la Zambie par exemple ont adopté cette approche, déployant d'abord leur plan sur quelques districts avant de l'étendre à d'autres districts la deuxième année, puis à d'autres encore la troisième année. Cela permet de simplifier la gestion des activités en phase de démarrage, avant de passer à une deuxième phase où vous pouvez tirer des enseignements utiles et vous appuyer sur vos réussites en déployant le programme dans d'autres zones. Cela signifie également que vous pouvez démarrer avec un budget plus modeste, tester l'efficacité des activités et de leur mise en œuvre avant d'élargir votre champ d'intervention et d'engager des fonds supplémentaires sur ce processus.
TS : Est-ce que vous diriez qu'il s'agit là d'une démarche plutôt typique, démarrer à petite échelle avant de voir plus grand ?
TW : Pas forcément typique puisque je répète qu'il existe une grande variété d'approches en fonction des pays. Certains pays choisissent de procéder de cette manière, mais d'autres optent pour une approche radicalement différente pour leurs plans nationaux ou leur cadre commun de résultats. Ils préfèrent inscrire leurs interventions prioritaires dans une dynamique de plaidoyer et de communication, ce qui implique forcément un déploiement au niveau national. D'autres pays donnent la priorité à l'embauche de personnel qualifié sur les postes clés, là encore au niveau national. Dans ces cas-là, les pays choisissent de démarrer quelques activités au niveau national avant d'en ajouter d'autres au fur et à mesure du déroulement du projet.
TS : On a beaucoup parlé de la nécessité d'inscrire le cadre commun de résultats dans une dynamique multisectorielle, multi-niveaux et multi-acteurs, ainsi que de la complexité de travailler de cette manière, et du temps nécessaire pour impliquer toutes ces différentes parties prenantes. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi tout cela est si important, notamment pour les phases de démarrage et de déploiement ?
TW : Bien sûr. Il s'agit d'un élément vraiment essentiel car nous savons que les facteurs sous-jacents de la malnutrition sont multiples. Par conséquent, pour que nos actions de lutte contre la malnutrition soient vraiment efficaces, nous devons adopter une approche multisectorielle. Ainsi, comme le signalait la revue The Lancet, si nous nous en tenons à une approche spécifiquement axée sur la nutrition, et même si nous la déployons dans 90 % des pays les plus lourdement touchés par le retard de croissance, notre action ne pourra répondre qu'à 20% des cas. C'est la raison pour laquelle il est fondamental d'élargir et de coordonner notre action avec d'autres secteurs, tels que ceux de la sécurité alimentaire, de la santé ou de l'eau et l'assainissement pour ne citer que les plus emblématiques. Lorsqu'un secteur s'empare d'une question de manière isolée, les résultats sont limités. Par exemple, si nous agissons de manière concertée pour améliorer la sécurité alimentaire, notre action aura beau être un facteur d'amélioration déterminant pour l'état nutritionnel, elle sera limitée si les enfants vivent dans des conditions sanitaires catastrophiques, sans accès à l'eau potable ou à l'assainissement. La multiplicité des parties prenantes est essentielle car nous avons besoin de différents acteurs. Nous avons besoin des gouvernements pour promouvoir les politiques et les législations et nous avons besoin de la société civile, du secteur privé et des organismes des Nations Unies pour mettre en œuvre les mesures appropriées sur le terrain. La dimension multi-niveaux est indispensable pour amener les gouvernements et les acteurs locaux à bien comprendre les populations avec lesquelles ils travaillent. Les acteurs de la société civile travaillent sur le terrain auprès de ces populations, ils connaissent leurs priorités et savent comment faire avancer les choses dans la pratique. La société civile joue également un rôle important en se faisant les yeux et les oreilles du processus et en suivant les progrès accomplis.
TS : Pour rebondir sur ce que vous venez juste de dire, vous avez fait référence à ce besoin d'un socle commun entre les différentes parties prenantes et les différents niveaux, expliquant que l'un des premiers obstacles à une coopération multisectorielle, multi-acteurs et multi-niveaux résidait dans « l'intégration conceptuelle ». Pouvez-vous nous expliquer plus précisément ce que vous entendez par intégration conceptuelle?
TW : Dans certains pays, mais certainement pas dans tous les pays, un grand nombre de secteurs majeurs n'ont contribué que de manière limitée aux résultats dans le domaine de la nutrition et ne voient pas très clairement quel pourrait être leur rôle dans l'amélioration de l'état nutritionnel de la population car leurs priorités sont placées ailleurs. C'est le cas par exemple de differents secteurs qui privilégient l'assainissement et le développement d'infrastructures hydrauliques pour l'agriculture ou la production de cultures commerciales destinées à l'export. Ainsi, il peut être très compliqué pour ces acteurs, dont l'orientation première n'est pas la nutrition, de bien appréhender les facteurs sous-jacents et de prendre conscience de l'importance de cette question et de ce que pourrait être leur rôle. Voilà pourquoi l'analyse approfondie des causes fondamentales de la malnutrition, spécifiques aux différents contextes et pays, est indispensable pour identifier les déterminants les plus importants auxquels un groupe multisectoriel pourrait s'attaquer et lesquels sont prioritaires pour une action concertée. La manière dont les différents secteurs peuvent collaborer pour faire face aux défis identifiés devra ensuite être discutée et acceptée par les différentes parties prenantes afin que chacun comprenne bien le problème et ses origines avant de pouvoir commencer à s'entendre sur la meilleure approche permettant d'améliorer la situation en impliquant tous les acteurs. Il s'agit d'un travail de fond essentiel qui permet de garantir que tout le monde est sur la même longueur d'onde et comprend la nature du problème ainsi que la manière d'y remédier ensemble.
TS : D'accord, donc l'idée consiste en fait à ce que toutes les parties prenantes partagent un concept et des objectifs communs et servent ensemble un intérêt commun.
TW : Exactement. Et qu'elles comprennent pourquoi elles travaillent ensemble, comment elles vont pouvoir suivre les progrès et voir le changement s'opérer, et qu'elles identifient les contributions de chaque personne, partie prenante ou secteur.
TS : Cela nous amène ensuite à la question du calendrier. Le processus d'implication des différentes parties prenantes peut être long et continu. Pouvez-vous nous en dire plus sur l'importance des délais, particulièrement dans ce processus ?
TW : Oui certainement. Ce processus peut être très long, et cela dépend en outre du point de départ du pays. En effet, certains pays du Mouvement SUN, comme le Pérou, sont déjà très avancés en matière de plans multisectoriels et d'implication des secteurs et des parties prenantes. Une fois que tous les secteurs sont impliqués, on arrive bien plus rapidement aux phases de mise en œuvre et de suivi. Mais d'autres pays ont un point de départ radicalement différent. Par exemple, certains pays où la nutrition relève du secteur de la santé n'en sont encore qu'aux prémisses de l'implication des autres secteurs. Il faut encore expliquer à ces secteurs pourquoi la nutrition n'est pas uniquement une question de santé et en quoi leur contribution dans ce domaine est essentielle. Cette démarche implique d'amener les autres secteurs à intégrer des mesures et des indicateurs nutritionnels dans leurs plans sectoriels et à s'engager dans une approche multisectorielle. Ce processus de négociation/discussion vise à convaincre des secteurs déjà absorbés par leurs propres priorités, lesquelles sont souvent concurrentes, à s'impliquer dans le domaine de la nutrition. Par exemple, la nutrition n'est pas nécessairement une priorité lorsqu’on travaille sur un programme de travaux publics ou d'assainissement. Et il faut déployer des efforts considérables pour expliquer à ces secteurs comment ils peuvent s'impliquer et pourquoi leur contribution est importante. Cela peut prendre des mois, parfois des années, avant d'atteindre le stade où les plans sont prêts et suffisamment solides pour lancer la phase de mise en œuvre. Et puis se pose la question de travailler dans le cadre des cycles de planification existants. Les pays ont chacun des cycles de planification spécifiques et les secteurs ont leurs propres procédures de planification, ce qui ouvre des possibilités pour faire progresser la nutrition au sein des politiques et stratégies des différents secteurs, voire même dans les plans de développement nationaux au moment de leur révision. C’est là que les personnes se réunissent autour d'une table d'un secteur donné pour discuter de ce qu'ils vont faire lors de la phase de planification des deux ou cinq prochaines années.
TS : Je vois. Pour certains pays, le point de départ consistera à actualiser des plans existants et pour d'autres il faudra plus ou moins repartir de zéro.
TW : Oui, il est possible d'ajouter des addenda aux plans ou programmes existants, tout comme il est possible de faire avancer les choses lorsque le processus coïncide avec les cycles de planification des différents secteurs.
TS : D'accord. Je pense qu'il serait intéressant que vous nous parliez de quelques facteurs généraux que vous considérez comme réellement efficaces pour stimuler la participation multi-acteurs.
TW : Bien sûr. Comme nous l'avons déjà évoqué, je pense qu'une fois qu'un secteur ou une partie prenante a compris comment il pouvait éventuellement contribuer à lutter contre la malnutrition et pourquoi sa participation était importante, cela peut lui donner un formidable élan d'engagement et d'implication dans ces processus. L'engagement multi-acteurs fonctionne mieux lorsqu'il part d'une forte impulsion, qu'elle émane de l'intérieur ou de l'extérieur. On peut attribuer de nombreuses réussites et avancées à des hauts fonctionnaires, fervents défenseurs de la nutrition, qui se sont réellement emparés de cette question. Au Népal par exemple, la Commission nationale de planification a adopté l'approche multisectorielle et s'est posé la question de savoir comment faciliter ces processus. Le Népal a été largement aidé par un coordinateur de l'initiative REACH qui a travaillé en étroite collaboration avec le Secrétariat national de la nutrition du Népal pour réunir les parties prenantes et les secteurs et faire avancer le processus. Le Népal s'appuie tout à la fois sur des « champions de la nutrition », c’est-à-dire des personnes en position d'autorité qui défendent passionnément la nutrition, et sur des gestionnaires et des ressources humaines capables de convoquer les groupes, faciliter des négociations souvent délicates entre les parties, rédiger des documents et des procès-verbaux de réunions, formuler les engagements convenus par les parties et surveiller la mise en œuvre. Au Tadjikistan, ce sont des représentants gouvernementaux de haut niveau qui font avancer le processus et qui réunissent les multiples acteurs autour d'une table pour entamer les discussions autour des enjeux de la malnutrition et des mesures à prendre pour y faire face. Le Tadjikistan se trouve actuellement en phase de recrutement d'une équipe dédiée à la coordination et à la convocation des groupes et des ateliers. Cela devrait lui permettre d'analyser la situation en détail et d'amener les différents acteurs à préparer un cadre commun de résultats. Au Pérou bien sûr, ainsi qu'au Guatemala, des alliances solides de la société civile se sont fortement mobilisées en faveur de la nutrition et ont réussi à rassembler de nombreuses parties prenantes et à inscrire la nutrition au rang des priorités gouvernementales.
TS : Dans votre document sur les enseignements tirés, vous abordez rapidement l'évolution du concept de cadre commun de résultats ainsi que de la planification multisectorielle sur les dernières décennies, et vous évoquez quelques enseignements tirés des expériences passées et la manière dont ils ont, en quelque sorte, façonné le concept actuel. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ces enseignements tirés des expériences multisectorielles passées?
TW : Les plans multisectoriels pour la nutrition ont été mis en place pour la première fois dans les années 1970, puis relancés en 1992 à la suite de la première Conférence internationale sur la nutrition, qui est à l'origine du développement des plans nationaux pour la nutrition. En définitive, ces processus n'ont pas été considérés comme entièrement réussis mais leurs évaluations ont permis de tirer des enseignements utiles. Parmi ces enseignements, il a été constaté que la nécessité d'un engagement politique à haut niveau n'avait pas été pleinement perçue. Par conséquent, des départements nutrition avaient bien été mis en place mais ils ne disposaient pas du poids suffisant pour faire avancer les choses et mobiliser les acteurs. Ensuite, la nécessité de créer une ligne budgétaire pour la nutrition avait bien été reconnue mais cette mesure à elle seule ne suffisait pas. Il fallait qu'elle soit soutenue par des champions de la nutrition et par des dirigeants solides capables de coordonner différentes parties prenantes. Par conséquent, de nombreux processus manquaient d'une coordination efficace. D'autre part, la plupart des processus étaient descendants. Les départements ministériels se trouvaient donc contraints de collaborer, sans qu'il ne leur soit donné de comprendre l'intérêt d'une telle collaboration. Par ailleurs, les données de qualité étaient relativement rares à cette époque, ce qui se traduisait par un manque de directives sur la manière dont les activités devaient être menées et priorisées. Un autre enseignement a permis de pointer le fait que les responsabilités entre les différentes parties prenantes et les différents secteurs n'étaient pas clairement définies ni partagées. D'une manière générale, les lacunes en matière de ressources humaines spécialisées en nutrition constituaient un obstacle de taille. Cette question, qui est toujours d'actualité dans les processus actuels, a été largement abordée par certains plans qui mettent clairement l'accent sur la nécessité de renforcer les ressources humaines dans le domaine de la nutrition. La première Conférence internationale sur la nutrition était relativement contraignante, avec 9 grands domaines prioritaires de travail qui étaient imposés aux pays. À l'heure actuelle, l'approche est très différente. Les pays SUN s'interrogent sur leurs besoins en fonction de leur contexte, leurs priorités et des répercussions les plus bénéfiques pour leur population. Ils n'ont plus à appliquer un ensemble de mesures imposées.
TS : Il semble que la question de l'engagement politique à haut niveau en faveur de la nutrition revienne souvent, comme un facteur fondamental de réussite dans l'élaboration et la mise en œuvre des plans de nutrition. Par ailleurs, cette question semble avoir de nombreuses implications pour le calendrier, comme évoqué précédemment. Dès lors, si le contexte n'est pas propice à la planification ni au rassemblement multisectoriel, pensez-vous que les pays feraient mieux d'attendre un moment plus favorable et se concentrer sur des activités de plaidoyer à court terme?
TW : C'est vrai que le plaidoyer et l'éducation des élites politiques, tout comme la sensibilisation du grand public et des différents secteurs, font partie intégrante des travaux préliminaires à l'élaboration d'un cadre commun de résultats. Toutefois, comme nous l'avons déjà dit ici, ou écrit dans le document, plusieurs exemples nous montrent que la société civile peut être une force motrice et faire de la nutrition une priorité, c’est le cas notamment au Pérou et au Guatemala. Il semble donc que, à partir du moment où la nutrition est une priorité nationale, la question ne soit pas tant d'attendre le meilleur moment mais plutôt de rassembler des éléments probants et de les utiliser pour démontrer que ce problème prioritaire ne peut pas attendre. Comme tout travail préliminaire, il faut beaucoup de temps pour parvenir à mettre tout le monde d’accord et obtenir cette intégration conceptuelle. C'est pourquoi il vaut parfois mieux démarrer ce travail immédiatement et adapter les processus par la suite. Par ailleurs, il est évident que les pays qui ont rejoint le Mouvement SUN ont déjà décidé de s’engager, d'une certaine manière, et qu’ils envoient un signal important pour inciter leurs populations et les parties prenantes à leur emboîter le pas.
TS : Au sujet du plaidoyer et des enseignements tirés des expériences passées en programmation et planification, pensez-vous qu'il y ait aujourd'hui davantage d'espace pour les parties prenantes dans le concept de cadre commun de résultats, puisque la tendance actuelle reconnaît de plus en plus le rôle de la société civile, et peut-être aussi celui du secteur privé et des organismes des Nations Unies, que dans les versions précédentes de la planification multisectorielle en faveur de la nutrition?
TW : Oui, il faut dire que le rôle des réseaux de la société civile a été reconnu comme particulièrement important. S'il y a une chose que la société civile sait très bien faire, c'est demander des comptes aux gouvernements et plaider en faveur des besoins identifiés sur le terrain. La société civile est fortement engagée auprès de la population, laquelle est destinée à bénéficier de l'amélioration de l'état nutritionnel. C'est la raison pour laquelle nous avons besoin des orientations de la société civile pour guider nos processus. Je pense en effet que les parties prenantes disposent d'une plus grande latitude aujourd'hui. Les parties prenantes sont aussi les responsables de la mise en œuvre, et je pense que, dans certains pays, elles ont parfois abordé le processus d'élaboration du cadre commun de résultats avec une approche très gouvernementale, en impliquant parfois les organismes des Nations Unies, mais en oubliant un peu la société civile et les acteurs de terrain ou les acteurs du niveau infranational. Dans d'autres processus en revanche, le niveau infranational a été associé dès le début et la société civile a été conviée aux réunions dès la phase de planification. Je trouve cette démarche extrêmement pertinente car les plans qui sont élaborés au niveau national par une poignée d'individus sont ensuite mis en œuvre et supervisés par les organisations de la société civile. Par conséquent, en impliquant ces organisations dès le début, les pays bénéficieront plus tôt de leur précieuse contribution. Il y a de la place pour tout le monde et l'approche multisectorielle permet vraiment de rassembler l'ensemble des acteurs. Le secteur privé joue également un rôle important dans l'amélioration de la situation nutritionnelle des pays.
TS : J'ai encore une dernière question Tamsin, qui m'intéresse particulièrement eu égard à mon travail de gestion des connaissances auprès du Mouvement SUN. Elle concerne les enseignements tirés par les pays de leurs propres expériences et de celles des autres pays. À votre avis, dans quelle mesure les expériences passées, qu'il s'agisse de son propre contexte national ou des autres pays, ont-elles influencé la qualité des plans élaborés par un pays donné?
TW : Je pense que ces expériences sont essentielles et très utiles. La plupart des pays dont j'ai étudié le cadre commun de résultats s'intéressent énormément à ce que font les autres, à la manière dont les autres populations et pays ont atteint leurs objectifs. La révision des anciens plans, au niveau de son propre pays ou des autres pays, peut permettre de distinguer les interventions qui marchent de celles qui ne marchent pas, d'étudier différentes manières de les mettre en œuvre, et d'examiner les résultats obtenus, notamment si ces interventions ont fait l'objet d'un suivi approprié. Ces éléments aident les pays à décider s'ils souhaitent poursuivre ces plans ou tenter une nouvelle approche. Toutefois, bien que les expériences des autres puissent orienter les décisions d'un pays, celui-ci ne doit pas négliger son propre contexte, comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises. Au final, l'accent doit être porté sur les interventions les plus importantes pour la phase de planification en fonction du contexte du pays à ce moment-là. Or le contexte peut varier considérablement, y compris à l'intérieur même d'un pays. C'est la raison pour laquelle il est indispensable de mener une évaluation fiable des besoins et une analyse des écarts. Par exemple, certains pays peuvent désigner l'eau et l'assainissement comme deux des principaux facteurs sous-jacents affectant la nutrition, tandis que d'autres s'intéresseront prioritairement à la sécurité alimentaire mais tous pourront apprendre les uns des autres. Leur échange pourra porter sur les processus visant à combiner plusieurs plans et les méthodes de mise en œuvre ou sur les ressources humaines disponibles et efficaces dans le domaine de la nutrition. Le partage d'information et le travail en réseau sont des sources importantes d'apprentissage.
Nous voici arrivés à la fin du premier épisode de notre série de podcasts, qui concernait les phases d'élaboration et de planification d'un cadre commun de résultats. Pour conclure, j'aimerais remercier Tamsin pour sa présence à mes côtés.
TW : Merci, Tui
TS : Nous serons très heureux de vous retrouver la prochaine fois, pour notre second épisode qui sera consacré à la phase de mise en œuvre du cadre commun de résultats. Merci.
- Tui Swinnen (TS): Coordinadora Global
- Tamsin Walters (TW): Consultora
TS : Hola a todos y bienvenidos a este podcast, que publicaremos en tres partes, llamado "Cómo entender el marco común de resultados del Movimiento SUN". Estos podcasts tienen relación con un documento elaborado en 2015 en colaboración con el Secretariado del Movimiento SUN, como parte del trabajo del foro en línea ENN en el apoyo de la gestión de conocimientos y aprendizaje del Movimiento. En 2015 nuestro trabajo consistió en evaluar detenidamente varios ejemplos de marcos comunes de resultados en países SUN y en destacar algunos de los desafíos y progresos que lograron los países en el desarrollo, la implementación y la evaluación de dichos planes.
En este podcast repasamos el trabajo hecho en 2015 para ofrecer un nuevo formato al material orientativo y aprender cuál fue el progreso logrado de los países estudiados.
Debido a que los países SUN se encuentran en diferentes etapas de la elaboración de sus marcos comunes de resultados o planes nacionales, enfrentan desafíos diferentes. Algunos de ellos están elaborando un marco común de resultados por primera vez; otros, revisando un plan existente; mientras que otros tantos están implementando o evaluando un plan en marcha.
Por lo tanto, esta serie abordará las tres etapas. En primer lugar, el desarrollo y la planificación —el tema del presente podcast—; en segundo lugar, la implementación; y en tercer lugar, la evaluación y el fortalecimiento.
Sin más demora, quiero presentar a Tamsin Walters, quien trabajó en el material de 2015 para el foro en línea ENN. Desde 2012 Tamsin brinda asistencia técnica a los países SUN mediante su trabajo con MCSUN. Tamsin, muchas gracias por acompañarme.
TW : Hola. Gracias, Tui.
TS : Para empezar podríamos brindar la definición práctica de marco común de resultados.
TW : Sí. Los "resultados comunes" se refieren al resultado o conjunto de resultados acordados y firmados por el gobierno de un país. Es un conjunto de resultados que corresponden a diferentes sectores. El "marco" se refiere a las diferentes políticas, planes de implementación y memorandos de entendimiento de los diferentes sectores y actores involucrados que contribuyen al logro de ese objetivo o conjunto de resultados.
TS : Quisiera hacerte una pregunta retomando el concepto de "resultados" del marco común de resultados respecto de la fijación de objetivos. ¿Cómo se establecen las metas y los objetivos en la elaboración de los marcos comunes de resultados? ¿Cómo se acuerdan? ¿Quiénes participan del proceso?
TW : Es muy importante que todos los actores involucrados se centren en las metas, en los logros que deben alcanzarse. El nivel nacional puede establecer una meta principal, que a menudo tiene relación con las metas de la Asamblea Mundial de la Salud o con otras para las que los países ya se encuentran trabajando. Por lo tanto, podemos decir que un ejemplo es reducir una meta principal. En Tayikistán están debatiendo sobre la meta principal de reducir el retraso en el crecimiento en un 20 % para 2020, y luego llevarla a una tasa menor, lo que generará metas intermedias. Esto puede significar una o dos metas para cada sector.
Los distintos países tienen estructuras de planificación diferentes, pero muchos países tienen un plan de cinco años. Por tanto, es lógico que se establezca una meta medible en cinco años que esté, en lo posible, incorporada a un plan nacional de desarrollo. Las metas intermedias pueden establecerse para uno, dos o tres años, para poder ir midiendo el progreso alcanzado hacia el objetivo final. Respecto de quiénes establecen las metas, insisto en que son los múltiples sectores y actores involucrados a través de los debates y los acuerdos sobre los marcos comunes de resultados. Por tanto, todas las personas que firmaron para cumplir con dichas metas saben a qué se comprometieron y pueden también establecer metas y marcos realistas para cumplirlas conociendo sus capacidades.
TS : ¿Qué tipo de información necesitan las personas involucradas en la redacción de dichos objetivos para que estos sean realistas?
TW : Bueno, por ejemplo, como ya hemos dicho, deben considerar el progreso alcanzado debido a los diferentes contextos en los que trabajan los países. Por tanto, es muy importante que usen las evidencias para conocer los últimos diez años de sucesos del país: si el retraso en el crecimiento ha aumentado o disminuido, por ejemplo, o cómo son los índices de sobrepeso o las otras metas que desean alcanzar. Por ejemplo, en el caso de la anemia, quizás deseen investigar las tendencias de los últimos diez años y evaluar si es realista continuar con la meta, si está logrando resultados, cuánto puede acelerarse el proceso para lograr la meta. Además, como mencioné, contamos con las metas de la Asamblea Mundial de la Salud firmadas por los países. Dichas metas pueden ser orientativas para que los países puedan decidir en qué metas deben concentrarse. Claro que los diferentes sectores ya tienen planes y objetivos con metas por lograr. Dichas metas pueden estar personalizadas según el marco común de resultados; por tanto, no se trata siempre de crear nuevas metas o nuevos objetivos, sino de acordar en cuáles se va a trabajar y cuáles son los prioritarios para el país.
TS : Pero ¿hay algún proceso que los países deben seguir con el fin de elaborar los planes acordes con los marcos comunes de resultados?
TW : No, no hay un proceso fijo. Tal como mencionaste los países transitan etapas diferentes en la planificación del ámbito de la nutrición. Además, cada país trabaja dentro de un contexto único. Por ejemplo, los temas referidos a la nutrición se tratan en diferentes ministerios según los países; algunos países ubican las políticas de nutrición en el ministerio de salud, mientras que otros las relacionan estrechamente con la seguridad alimentaria y la agricultura. Por último, cada país puede querer centrarse en diferentes desafíos, según sus prioridades y en relación con la especificidad de sus poblaciones. Creo que todos los países comparten este proceso, que implica la revisión del marco de políticas vigente que abarca las distintas políticas sectoriales e intersectoriales que pueden influenciar la nutrición, por ejemplo, las políticas sobre salud, agricultura o protección social, además de las que se centran específicamente en nutrición. También reuniendo a los actores involucrados y a los sectores para que desarrollen conceptos comunes sobre las cuestiones del ámbito de la nutrición y para que inicien el diálogo y el proceso del trabajo multisectorial.
TS : Bien. Tamsin, para aclarar, ¿cuál es la diferencia entre un marco común de resultados y un plan nacional?
TW : Algunos países cuentan con un plan nacional de nutrición, acordado y que puede ser general o solo para determinados sectores. Pero, como hemos dicho, todos los países tienen abordajes específicos, por lo que un marco común de resultados puede componerse de un conjunto de planes y acuerdos. Aunque esto no signifique necesariamente que el plan deba incluir todo, puede existir un plan para el ministerio de agricultura, un plan para el ministerio de obra pública, un plan para el ministerio de salud. Un marco común de resultados puede componerse de un conjunto de planes o acuerdos diferentes. En el sitio web del Movimiento SUN hay nuevos recursos. Entre ellos, una lista de verificación para poder corroborar qué puntos debe incluir un plan para hacerlo realmente infalible y para que sea un buen plan para poder avanzar efectivamente.
TS : Cuéntame un poco más sobre los puntos generales o principales que debe incluir un marco común de resultados considerando lo dicho sobre la diversidad de países y la diversidad de contextos en los que trabajan dichos planes.
TW : Bueno, se recomiendan varios puntos fundamentales. En primer lugar, como ya hemos mencionado, existen los resultados esperados acordados por las personas: los resultados que desean alcanzar para mejorar la condición de la nutrición. Muchos países, por ejemplo, eligieron un resultado o conjunto de resultados relacionados. Reducir el retraso en el crecimiento en un 10 % en un período de cinco años puede ser la meta principal de su plan o marco común de resultados. También debe incluir la identificación de la población en la que se verán las mejorías porque podría ser que el plan no cubra a todas las personas, todas las áreas del país o a todos los grupos poblacionales porque somos conscientes de que existen determinadas vulnerabilidades en diferentes países o diferentes poblaciones. También deben especificar las intervenciones necesarias para alcanzar dichos resultados. Por lo que deberán considerar dichas intervenciones teniendo en cuenta la cobertura actual de estas y la cobertura del objetivo para qué tipo de nivel de cobertura geográfica quieren alcanzar. Deben especificarse las responsabilidades de los distintos ministerios competentes para que todas las personas sepan cuál es el objetivo que quieren alcanzar y cuál es su función, así como las funciones y responsabilidades de los socios no gubernamentales del sector privado. Los organismos de las Naciones Unidas, las organizaciones de la sociedad civil y los donantes también son muy críticos de esta realidad y su función también debe definirse respecto de cómo contribuirán al proceso. Otro aspecto muy importante es tener un marco compartido para monitorear y evaluar el desempeño, y para identificar a los responsables de cada uno de los indicadores. También para registrar el progreso del curso del marco común de resultados y del plan. Presupuestar las intervenciones y las actividades del plan es muy importante para determinar el costo de cada una de ellas. En la medida de lo posible, hay que determinar cuál será la contribución del gobierno y de los colaboradores externos en cada una de dichas actividades. Además, se incluyen las contribuciones financieras directas, pero también los recursos humanos, que sin duda componen un elemento fundamental para garantizar su cobertura y financiación.
TS : Bueno, tu descripción es bastante exhaustiva. Supongo, además, que algunos países han logrado progresos significativos en algunas de las áreas descritas y quizás no en otras. Y refiriéndome a lo que contaste sobre cobertura, considero que es una cuestión bastante relevante ya que son lecciones interesantes para la ampliación. ¿Es decir que los planes nacen a pequeña escala y específicos, por ejemplo, por área geográfica o en contextos de índices elevados, y que con el tiempo amplían su ámbito de aplicación?
TW : Sí, varios de los países que trabajaron con procesos transparentes para identificar distritos o regiones prioritarios —con índices elevados de malnutrición— en una primera etapa abordaron pocos distritos para luego abarcar más distritos, progresivamente, el segundo y tercer año. Nepal y Zambia son ejemplos de haber adoptado este plan. Esto significa que las actividades comienzan en una escala manejable por lo que pueden aprenderse lecciones y los éxitos pueden forjarse en una segunda etapa a medida que los programas se expanden a más áreas. También significa que se comienza con poco presupuesto y se garantiza que las actividades sean eficaces y que se implementen de la mejor manera posible antes de ampliarlas y de comprometer más cantidad de fondos al proceso.
TS : ¿Puedes afirmar entonces que comenzar el proceso en pequeña escala para luego ampliarlo es una práctica común?
TW : Bueno, no es necesariamente una práctica común. Creo que estamos ante una diversidad de prácticas. Algunos países tienen este abordaje, y otros países emplean un abordaje diferente con sus planes y marcos comunes de resultados, y con un proceso de razonamiento más exhaustivo. Sus intervenciones prioritarias se centran en la promoción y la comunicación. Obviamente, estas actividades deben aplicarse al nivel nacional. Otros países están priorizando el reclutamiento del grupo de base adecuado para que opere en los puestos apropiados, nuevamente, a nivel nacional. En estos casos, comienzan con determinadas actividades a nivel nacional y luego incorporan actividades diferentes a medida que avanzan.
TS : Veo que haces mucho hincapié en la necesidad de que los marcos comunes de resultados apliquen a múltiples sectores, niveles y actores involucrados, aun cuando este tipo de trabajo sea complejo e implique una gran cantidad de tiempo para lograr la participación de dichos sectores, niveles y actores involucrados. ¿Puedes mencionar por qué es tan importante, particularmente, desde la fase inicial y la de desarrollo?
TW : Claro. Este es un elemento fundamental ya que somos conscientes de que los determinantes que subyacen a la malnutrición presentan múltiples facetas. Por eso, para abordar la malnutrición de manera efectiva necesitamos un enfoque multisectorial. Tal como destaca The Lancet, si mantenemos un enfoque específico respecto de la nutrición, incluso si lo fomentamos hasta un 90 % en los países con índices elevados de malnutrición, solo abordaremos el 20 % del retraso en el crecimiento. Es muy importante entonces convocar a esos otros sectores. Necesitamos que la acción sea coordinada con esos otros sectores, por ejemplo, seguridad alimentaria y salud, agua y saneamiento, para nombrar algunos de los más destacados. Cuando un sector trabaja solo, los resultados son limitados. Por ejemplo, si realizamos esfuerzos acordados para mejorar la seguridad alimentaria, será determinante para mejorar el estado nutricional de los niños, pero esta mejora tendrá un corto recorrido si estos niños se encuentran en situación sanitaria precaria en su lugar de residencia y no tienen acceso a agua limpia y a servicios de saneamiento. La necesidad de que los marcos comunes de resultados apliquen a múltiples actores involucrados reside en que necesitamos varios actores, necesitamos a los gobiernos para que impulsen políticas y legislaciones, necesitamos que la sociedad civil y el sector privado los apoye, y necesitamos a los organismos de las Naciones Unidas para que implementen las acciones adecuadas en el terreno. La necesidad de que los marcos comunes de resultados apliquen a múltiples niveles reside en que tanto lo gobiernos como los actores locales conocen cabalmente a la población con la que trabajan. La sociedad civil trabaja en el terreno con dicha población y conoce cuáles son las prioridades y cómo lograr resultados en la práctica. También desempeña una función importante en el monitoreo del progreso.
TS : En relación a lo que acabas de compartir, hiciste referencia a la necesidad de contar con una base en común entre dichos actores involucrados y los distintos niveles. También hiciste referencia a la "integración conceptual", como uno de los primeros obstáculos de este tipo de trabajo, con diferentes sectores, niveles y actores involucrados. ¿Puedes describir un poco más la noción de "integración conceptual"?
TW : En algunos países, pero no en todos ellos, hay muchos sectores importantes que han sido, o que han tenido una función limitada en el apoyo de los resultados en el ámbito de la nutrición y que no son completamente claros respecto de su función para mejorar la nutrición de la población. Esto sucede porque sus prioridades están en otra parte, quizás en el saneamiento financiando la infraestructura de agua o produciendo cultivos rentables para la exportación, por ejemplo, en distintos sectores de la agricultura. Pensar realmente en los factores subyacentes y tomar conciencia de cuáles son sus funciones y de por qué son importantes puede resultar muy difícil para quienes no tienen la nutrición como su principal objetivo. Resulta esencial contar con un análisis exhaustivo de las causas que subyacen a la malnutrición, específicas del país o contexto, para identificar los determinantes más importantes en los que puede trabajar el grupo multisectorial y en los que necesita trabajar con mayor énfasis en conjunto. Es necesario que los actores involucrados debatan y obtengan la manera en que los diferentes sectores trabajen para abordar los desafíos identificados. De esta manera, todas las personas comprenderán el problema y sus causas para luego poder acordar el enfoque adecuado para mejorar la situación y garantizar que todas las personas cumplan una función en ella. Este tipo de trabajo de base es muy importante para asegurar que todas las personas acuerden y comprendan el problema y cómo abordarlo conjuntamente.
TS : Claro. Haces hincapié en la idea de que tienen que compartir un concepto para compartir objetivos y avanzar hacia ellos.
TW : Sí, exactamente. También comprender por qué están trabajando hacia ese objetivo y cómo esperan ver los progresos y los cambios, además de cuál será el aporte de cada persona, cada actor involucrado o sector.
TS : Eso nos lleva a la cuestión del tiempo, el proceso de involucrarse con estos diferentes actores puede convertirse en un proceso largo y permanente. ¿Puedes contarnos sobre la importancia que tiene el tiempo y los plazos en el proceso?
TW : Sí, por supuesto. Puede ser un proceso muy largo, que también depende del punto de partida de cada país. Hay algunos países SUN, por ejemplo el Perú, muy avanzados en términos de planes multisectoriales con la participación de sectores y actores involucrados. Cuando los sectores participan, el proceso avanza rápidamente hacia la implementación y el monitoreo. Sin embargo, el punto de partida de otros países puede ser completamente diferente. Por ejemplo, varios países incluyen el área de nutrición en el sector de la salud. Estos tienen una ardua tarea para implicar a los otros sectores y explicarles por qué la nutrición no es solo una cuestión de salud, sino que también es importante que otros sectores participen y contribuyan. Esto significa que los otros sectores deben pensar en incorporar en sus planes indicadores y acciones para el área de la nutrición y comprometerse con este enfoque multisectorial. Está el proceso de negociar, debatir y alentar a los sectores que ya tienen sus propias prioridades, y de hecho prioridades que compiten entre ellas. Por ejemplo en el caso de un programa de obra pública o saneamiento, la nutrición no será una de sus prioridades. Por tanto, habrá mucho por hacer y explicar a dichos sectores para que comprendan la manera en que pueden contribuir con su trabajo. Este proceso puede llevar meses, incluso años, hasta la etapa en que los planes sean robustos y estén listos para implementar. Quiero mencionar también el aspecto de que cada país tiene sus propios ciclos de planificación, y los sectores tienen sus propios procedimientos de planificación. Esto brinda la posibilidad de fomentar la nutrición dentro de políticas o estrategias de sectores diferentes o incluso en planes nacionales de desarrollo en revisión. Las personas debaten sobre las acciones en las fases de planificación de los próximos dos o cinco años.
TS : Bien, entonces para algunos países solo se tratará de modernizar los planes existentes. Para otros, en cambio, implicará comenzar de cero.
TW : Sí, hay posibilidad de complementar los planes o programas existentes. También si el proceso coincide con los ciclos de planificación de los distintos sectores. Esto constituye una excelente oportunidad para unificar los procesos y avanzar.
TS : Gracias. Nos gustaría oír ahora cuáles son los factores generales, en tu experiencia, que contribuyen a una participación exitosa de los actores involucrados.
TW : Claro. Creo que como ya dijimos, una vez que un sector o actor involucrado comprende la potencialidad de su contribución y la importancia que esta conlleva para abordar la malnutrición con eficacia y bajar los índices de malnutrición, se genera un fuerte impulso de la participación de estos en dichos procesos. Esto es así puesto que la participación multiactor obtiene buenos resultados cuando hay un claro impulso para que suceda. Este impulso puede generarse interna o externamente. Hemos observado un gran éxito o progreso a partir del impulso dado por altos funcionarios públicos. Por ejemplo, en Nepal, las comisiones nacionales de planificación convocan el enfoque multisectorial. También hay aspectos de cómo facilitar dichos procesos. Nepal recibió la ayuda de un coordinador del movimiento REACH (iniciativa Esfuerzos renovados contra el hambre y la desnutrición infantil), quien trabajó estrechamente con el secretariado de Nepal para convocar actores y sectores para impulsar el proceso. Podemos decir que se necesita un conjunto de embajadores o personas realmente comprometidos con la nutrición y en puestos de toma de decisiones, además de la inversión en directivos y recursos humanos, para convocar a los grupos, asistirlos en los a menudo difíciles procesos de negociación entre partes, producir la documentación, las minutas de encuentros, los compromisos acordados y para monitorear la implementación. En Tayikistán tenemos representantes gubernamentales de alto nivel que están impulsando el proceso y unificando los múltiples sectores para debatir en conjunto los desafíos que impone la malnutrición y las medidas que deberán adoptarse. En Tayikistán están en proceso de reclutamiento de un equipo exclusivo para coordinar y convocar grupos y talleres que sean capaces de redactar un marco común de resultados. En el Perú y Guatemala, había sólidas alianzas de la sociedad civil que abogaron fuertemente por la nutrición y reunieron a muchos actores involucrados, y lograron un cambio para que la nutrición fuera prioritaria a nivel de gobierno en dichos países.
TS : En el documento sobre las experiencias aprendidas, hablaste sobre la evolución de la idea del marco común de resultados y también de la planificación del Ministerio de Salud en el sector, consciente del desarrollo de las últimas décadas. También de las experiencias aprendidas y de cómo dieron forma al concepto actual. ¿Puedes explicarnos cuáles fueron las experiencias aprendidas en estos experimentos multisectoriales?
TW : Los planes multisectoriales para la nutrición se introdujeron por primera vez en los años setenta. Se generó un gran impulso con la primera conferencia internacional sobre nutrición, que se celebró en 1992. Se impulsaron los planes nacionales de desarrollo por la acción para la nutrición. Estos procesos no resultaron completamente exitosos. Algunas de las lecciones aprendidas surgieron de las evaluaciones de dichos procesos. Por lo que creo que algunas de estas lecciones no fueron exitosas. Se reconoció que el compromiso de los altos niveles políticos no se había apreciado completamente. Por esto se establecieron unidades sobre nutrición con suficiente influencia política como para generar un impulso y convocar a las personas. Se reconoció que la nutrición requería asignación presupuestaria. Pero no se comprendía que no bastaba con esto, sino que se necesitaba el apoyo de los embajadores de la nutrición y de los grupos de liderazgo para coordinar a los diferentes actores involucrados. Muchos de estos procesos carecieron de este sólido elemento de coordinación. Mucha de esta coordinación se generó desde las esferas más altas hacia las más bajas, por lo que los departamentos gubernamentales estuvieron, de alguna manera, obligados a colaborar en lugar de comprender cabalmente por qué podrían colaborar y por qué deberían hacerlo. Durante esa época, contábamos, además, con escasos datos de calidad por lo que teníamos limitado material orientativo sobre cómo realizar las actividades o si se estaba priorizando los tipos apropiados de actividades y por qué. Otra lección aprendida durante este tiempo consistió en la designación de responsabilidades para los diferentes actores involucrados y sectores. Esto surgió de dichos procesos, donde las responsabilidades no estaban claramente asignadas y compartidas. En general, la falta de capacidad humana sobre nutrición fue otro obstáculo, aún relevante en los procesos de hoy en día. Sin embargo, algunos de los planes abordaron este problema y están demostrando la necesidad de fomentar los recursos que funcionan en el ámbito de la nutrición. La primera conferencia internacional sobre nutrición fue bastante prescriptiva, ya que contó con nueve amplias áreas de trabajo que los países debían seguir. En cambio, los países SUN están pensando qué es necesario en su contexto, cuáles son sus prioridades y qué beneficiará a su población. No hay un conjunto de actividades prescriptivas que tengan que cumplir.
TS : Por lo que cuentas, la cuestión del compromiso político de alto nivel con la nutrición surge bastante, particularmente, como factor central en el éxito del desarrollo y la implementación de los planes de nutrición. También parece que tiene muchas implicancias respecto del tiempo y los plazos, tal como mencionaste. Si el entorno favorable no es el adecuado para la planificación y la concreción de múltiples sectores, ¿considerarías que es mejor que los países aguarden hasta que eso ocurra y que se centren en otras actividades, como la promoción, a corto plazo?
TW : Bueno, la promoción y educación de las élites políticas, así como la educación del público y de otros sectores, es parte del trabajo en común para desarrollar un marco común de resultados, tal como hemos mencionado. También lo compartimos en el documento. Esto es especialmente cierto en países de América Latina, como el Perú y Guatemala, donde la sociedad civil ha sido un factor determinante para priorizar la nutrición. No necesariamente hay que esperar a que surja una oportunidad perfecta; si la nutrición es una prioridad del país, se trata de reunir evidencias y de utilizarlas para demostrar por qué debe ser una prioridad, en lugar de esperar. Porque, como ya hemos señalado, lleva mucho tiempo lograr que todas las personas acuerden sobre un tema y que obtengan esa integración conceptual. Recomiendo comenzar enseguida y los procesos surgirán. Obviamente, los países que se unieron al Movimiento para el fomento de la nutrición ya han logrado algunos compromisos en cierto nivel, lo que constituye un impulso enorme para que las personas de dichos países y los actores clave comiencen a generar cambios.
TS : En términos de promoción y lecciones aprendidas en experimentos previos durante la programación y planificación multisectorial, ¿crees que los actores involucrados tienen mayor espacio para la participación en el marco común de resultados respecto del reconocimiento de la función de la sociedad civil, el sector privado y los organismos de las Naciones Unidas, en comparación con las repeticiones previas de la planificación multisectorial para la nutrición?
TW : Sí, se ha reconocido ampliamente la función decisiva de la red de la sociedad civil. Uno de los puntos fuertes de la sociedad civil es que sabe responsabilizar al Estado y abogar por lo necesario en el terreno. Además, está muy vinculada con la población. Y necesitamos que dicha población, que será quien se beneficie de una mejor nutrición, participe también para orientar los procesos. Creo que hay mayor ámbito de aplicación para ellos. Son también quienes lo implementan. Muchas veces creo que algunos de los países comenzaron los procesos del marco común de resultados con un enfoque muy estatal, a veces también con la participación de organismos de las Naciones Unidas, pero sin tener en cuenta a la sociedad civil, las personas de base y las personas a nivel subnacional. Otros procesos contaron con la participación del nivel nacional desde el inicio, y convocaron a la sociedad civil desde la etapa de planificación, algo que resulta extremadamente beneficioso, en comparación con los planes que son elaborados por unas pocas personas a nivel nacional. Esto es así porque en la etapa de implementación, son las organizaciones de la sociedad civil quienes efectivamente implementan y monitorean. Si se involucran desde el inicio, los países comprenden que resulta muy útil hacerlo. Además, hay ámbito de aplicación para involucrar a todos. El enfoque multisectorial reúne a todos los actores. El sector privado también es importante para contribuir en la mejora de la nutrición en sus países.
TS : Por último, Tamsin, quisiera hacer una pregunta de especial interés para mí desde mi trabajo en gestión de conocimientos para el Movimiento SUN y desde la manera en que los países comprenden sus propias lecciones, así como lecciones de otros países. ¿De qué manera consideras que el aprendizaje, ya sea de la experiencia en un contexto de país o del intercambio de conocimientos, causó un efecto en la calidad de los planes en desarrollo?
TW : Lo considero muy importante y muy útil. La mayoría de los países con los que he trabajado en la elaboración de marcos comunes de resultados demostraron mucho interés en sus pares, en cómo las otras personas y los otros países habían logrado buenos resultados. La tarea de revisión de los planes anteriores del mismo país, o de los otros países, puede contribuir en establecer la clase de intervenciones que funcionan además de elucidar las distintas maneras de realizarlo. Esto es particularmente así si los planes anteriores implementaron actividades con un adecuado monitoreo. De esta manera, se constata claramente si funcionan y si están logrando los resultados esperados. Los países se benefician de estas prácticas puesto que toman decisiones respecto de su continuación o reformulación. Centrarse en el contexto resulta también muy importante. Sin embargo, tal como hemos mencionado algunas veces, aprender de otras experiencias ayuda a orientar a un país, pero al fin de cuentas, el foco debe ubicarse en las intervenciones más importantes de la fase de planificación en el contexto de cada país. Además, dentro de un mismo país los contextos pueden variar, por lo que resulta importante elaborar una sólida evaluación de necesidades y un análisis de las deficiencias. Por ejemplo, algunos países podrían determinar que el agua y saneamiento son algunos de los factores subyacentes más importantes que impactan en la nutrición. Otros podrían centrarse en la seguridad alimentaria, pero aprenderían mucho de las experiencias compartidas, especialmente, sobre el proceso de elaboración y de implementación de los planes y sobre qué tipo de recursos humanos para la nutrición se dispone para lograr un impulso. Hay mucho por aprender del intercambio y de las redes de contactos.
Llegamos al final de la primera parte del podcast sobre la etapa de elaboración y planificación del marco común de resultados. Para terminar, quiero agradecer a Tamsin por haber participado.
TW : Gracias. Gracias, Tui.
TS : Esperamos volver a encontrarlos en la segunda parte del podcast, que tratará sobre la etapa de implementación del marco común de resultados. Gracias.
Transcript of interview with Dr Nassirou Ousmane (NO), Niger SUN FP on the Common Results Framework
NO: My name is Dr Nassirou Ousmane, I'm the Director of Nutrition at the Ministry of Public Health in Niger. I'm really delighted that you are here to conduct this interview on the multi-sectoral plan for Niger.
Q1. One of the main processes in the approach of the SUN Movement is developing a common results framework - a plan or series of plans that describe the work required and the objectives for reducing malnutrition in a country. Could you tell us about the current plan in Niger and what the objectives are.
NO: Thank you. I'll just begin by slightly correcting or extending the introduction. In fact, I am also the focal point for the SUN movement in Niger. And as such, as you have said, we will talk about the multi-sectoral plan for Niger which comes within the common results framework in Niger. So in Niger we have developed a multi-sectoral strategic plan for nutrition over three (3) years from 2016 to 2020. This plan results from the National Nutrition Security Policy that we developed. The objective of this plan is to reduce the prevalence of all forms of malnutrition, whether that be acute malnutrition, chronic malnutrition or stunting, or even micronutrient deficiency or even overnutrition as well. Because overnutrition is also found to be emerging especially in the big cities. And specifically, in terms of figures, the different objectives of this plan are to reduce stunting is 30%, it was 45.5% in 2014, 42.2% in 2016, to reduce global acute malnutrition below 10%, 10% being the critical threshold determined by the WHO, to reduce the prevalence of insufficient weight to 25%, from 34.8% to 25%, to reduce anaemia among pregnant women and women of childbearing age to 45.8% to 30%, to reduce the prevalence of anaemia in children to 50%, this anaemia being 73.4%. In terms of figures these are the objectives of the multi-sectoral strategic plan that Niger is developing, because we are at the point of the budgeting stage of this plan.
Q2. Who has participated in the development of the current plan? Who are the different stakeholders that have been involved in the development of this plan and what role did they play?
NO: Different stakeholders have been involved, as I said this is a multi-sectoral plan. All the stakeholders involved in nutrition have been involved within the framework of developing this plan. Across all the sectors, I mean within the government all the stakeholders here at this level are brought together at the level of the 3N Initiative High Commission, so the different sectors like livestock, water and sanitation, communication, education, health, finance, employment, social protection. In addition to the government side we also have the technical and financial partners who support us within the framework for the the fight against malnutrition in Niger. These partners include the United Nations agencies, the donors, the NGOs, civil society, then there is also the government at a regional level and at a departmental level. The different roles: the government side has the role of leadership in the development of this plan, now the other partners have supported us technically, financially to result in the development of this plan
Q3. Could you tell us about the process of developing this plan and how long the process of development and planning has taken?
NO: Yes, the process, as I said just now, this is a plan that has developed out of the National Nutrition Security Policy. And the development of this policy began in 2015. From 2015 to now, 2017, is 2 years. This National Nutrition Security Policy was developed under the multi-sectoral framework of the fight against malnutrition. We used to think that the problem of nutrition was only for the Minister of Health, now we understand that the problem of nutrition is multi-sectoral. It goes beyond, far beyond the Ministry of Public Health. So all the other sectors need to contribute in the fight against malnutrition, for good nutrition within the country. So this Nutrition Security Policy was written under the 3N Initiative High Commission and now, the national multi-sectoral plan that has been developed as a result of this multi-sectoral policy. In fact we are at the point of the budgeting stage for this plan and it is expected that on the 2nd of March (2017) the latest draft of the plan will be ready. And this plan, as I said, affects all sectors: agriculture, water and sanitation, livestock, communication. Everyone has a line and a commitment at the level of the National Nutrition Security Policy and each of these commitments created a plan. This really is a plan that encompasses all sectors, with the technical and financial partners.
Q4. How did you go about setting objectives during the planning stage? How did you identify priority programs and communities in the plan?
NO: Yes, as I said earlier, we set quantified objectives. These objectives were developed based on the WHO global targets for 2025 as well as the situation we currently have here. We applied the WHO target that allows us to reduce, for example, if I take an example, to reduce the number of children with stunted growth by 40%. This 40% reduction has been applied to what we have (the rate of chronic malnutrition in Niger) and we found 30% between now and 2025 (action plan target), but our action plan lasts 3 years. So for all other objectives (of the action plan), we used the WHO targets for 2025 and applied them to our situation in terms of nutrition. And there is common sense too, because it's true that we have fixed goals we want to achieve, but also a real-life situation, so common sense has enabled us to adjust certain objectives so they reflect the reality.
Q5. Did you have access to the data and information required at this stage during the planning?
NO: Yes, as I have just said, to set the targets we have all the data from all sectors of course and this data was taken into account when we set the targets. Specifically data from the Department of Nutrition of the Ministry of Public Health, so this is the data we used and we also applied the WHO targets to achieve the objectives of this multi-sectoral plan. Now data has been used in other sectors, too, to define some of the objectives and plan certain activities to help reduce malnutrition.
Q6: What mechanism has been put in place to monitor the plan's objectives and what are the challenges of this monitoring?
NO: The monitoring mechanism for this plan is a highly placed body: the 3N Initiative Inter-ministerial Steering Committee (IOC), which is chaired by the President of the Republic himself meets once a month. Every month, the President of the Republic calls a committee meeting to put forward various situations, monitor the plan and see whether or not we are working towards achieving the targets that have been set. The challenge lies in the coordination, various meetings and the technical aspect, because we must first prepare the documents and prepare for the meeting chaired by Mr. President of the Republic, His Excellency Issoufou Mahamadou, before it is convened.
Q7. What role do development partners (NGOs, UN, etc.) play in supporting the development and planning of the CRF in Niger? What support have they provided?
NO: Yes, they have assisted us in two ways: technical support, since, as I have told you, we are in the process of budgeting for the plan, and partners have helped us to recruit various human resources, consultants, who have used multiple software applications to complete the budgeting for this plan. So that's technical support and partners have also provided us with financial support. Whether it is UNICEF, FAO or WHO, all these partners are providing technical support thanks to technicians as well as from a financial point of view to help develop this plan.
Q8: In 2015, nutrition stakeholders in Niger were interviewed and stated that there was extensive consultation at district level on the development of the action plan. Has this had an impact in terms of the awareness and involvement of district-level stakeholders in the plan? Is the plan well-understood by the people who work at this level?
NO: Yes, of course. As I told you, we started the process back in 2015 with the development of the National Nutrition Security Policy, which is multi-sectoral and inclusive. This process was inclusive. We were in the regions and involved departments, municipalities and the local community so that we could explain the development of this nutritional security policy. We criss-crossed every region and gathered all stakeholders around various governors and this methodology allowed us to have.
Q9: Can you tell us a little about the 3N initiative and its role in developing the Common Results Framework for nutrition?
NO: The 3N initiative is the Nigerians feed Nigerians (3N) initiative within the coordination framework of the 3N initiative High Commission is a structure of the Presidency of the Republic. This structure brings together all the sectors I mentioned earlier within the context of food security, nutrition and rural development in general, and this initiative has five key areas, including nutrition, which is number 4. There is a strategic program that governs each of these 5 areas, including the 5th, which is the coordination of the 3N initiative High Commission, while the other 4 areas are much more technical and each of these areas has a strategic program. The implementation of these programs will help us to reduce various forms of malnutrition.