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Éditorial

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Ce numéro de Field Exchange aborde principalement les thèmes de l'augmentation et l'intégration des programmes relatifs à la nutrition ainsi que des approches multisectorielles pour traiter la sous-nutrition. Si vous ajoutez  «résilience», ce sont probablement les toutes dernières préoccupations des nutritionnistes et de la sphère plus large des acteurs du développement.

Transposer à plus grande échelle des programmes de nutrition, qu'il soit chapeauté ou non par le Mouvement du Renforcement de la Nutrition (SUN), est un secteur évident dans lequel des progrès doivent être réalisés de toute urgence. La couverture des programmes de nutrition spécifiques, comme le traitement de la malnutrition aiguë, sont encore cruellement insuffisants (voir les articles sur le N° Wasted Lives Initiative et CORTASAM, qui ciblent très précisément ce sujet). On en sait moins sur la couverture des programmes sensibles à la nutrition et il serait peut-être imprudent d’essayer d'évaluer avec précision cette couverture jusqu'à ce qu'il y ait davantage de clarté autour des définitions de ce type de programmes. Cependant, nous pouvons dire que la couverture est faible – surtout dans les États fragiles et touchés par les conflits. Il n'est guère besoin de justifier la nécessité  «d'intégrer» des programmes de nutrition ou des composants de programmes de nutrition aux services sanitaires existants et aux autres infrastructures si ce n'est le fait que l’intégration est la clé de la durabilité et de la propriété nationale.  Ce sont dans les raisons, les objectifs et les ressources consacrés aux approches multisectorielles autour de la nutrition où les arguments et la logique deviennent peut être plus ambigus. Bien que jugés déterminants pour répondre la majorité de la charge mondiale des retards de croissance dans la série 2008 de LANCET série, Field Exchange 51 (numéro spécial sur les programmes ciblant la nutrition) a soutenu que les programmes ciblant la nutrition et/ou multisectoriels (termes souvent utilisés indifféremment) sont mal définis et même très vagues en termes d’impact (rédacteurs, 2016). Pendant les 18 mois qui ont suivi cette édition, les chercheurs et les acteurs de gestion de connaissance ont continué d’examiner la façon dont les programmes de nutrition multisectoriels ont été activés (notamment dans les pays SUN ) et fait le preuve de l'impact nutritif et le procédé par lequel l’impact est médiatisé (théories du changement). Dans l’ensemble, il faut dire que les progrès sont lents –  à la fois en terme de notre conception de comment et si les programmes de nutrition évoluent sur le terrain pour devenir plus effectifs et multi-sectoriels et l'apport de preuves de l'impact nutritionnel de cette approche. Il y a donc lieu de s'interroger pour voir si nos efforts pour augmenter les programmes en matière de nutrition sensible et multisectoriels  sont peut-être un peu prématurés dans le sens où il y a tant d'investissement pour permettre cette approche avant d'avoir les preuves de ce qui fonctionne et dans quel contexte. Nous pouvons seulement espérer que « l'acte de foi » se révèle être justifié comme en témoignage dse programmes pilotes et que la recherche continue d’émerger.         

Une autre question sur laquelle nous pouvons nous interroger est pourquoi nous sommes souvent amenés à séparer les processus de "d'intensification", de "programmes/planifications multisectioriels", et l « programmes d'intégration » dans nos écrits et nos discussions (voir articles dans ce numéro de Field Exchange). Qu'est-ce qui motive la délimitation ? Est-ce que c'est l'architecture institutionnelle, par exemple, une intensification de programme spécifique à la nutrition est souvent entreprise dans des silos sectoriels ou sans intégration dans la programmation existante (divisions humanitaires et de développement) ou est-ce une convenance conceptuelle et si dans l'affirmative, à qui ou à quoi sert-il? Pourquoi nous ne visons pas toujours à intensifier la nutrition liée à la programmation d’une manière qui assure une synergie maximale entre les secteurs et que la pleine intégration au sein des systèmes existants et des infrastructures autant que possible ? Je crains que ce sont simplement des réflexions sans essayer d’apporter des réponses, mais j’espère que mérite réflexion. 

Quelques articles dans ce numéro: Un morceau du Soudan rédigé par l’équipe de l’UNICEF et le ministère fédéral de la santé raconte l’histoire de l'intensification et l’intégration du traitement de la malnutrition aiguë sévère (SAM) dans les services de santé existants dans ce qui ne peut être décrit seulement comme un paramètre de ressource faible de forte charge. L’intensification conduit à une augmentation quintuple des cas traités, pour la transition d’un programme humanitaire parallèle à une intervention intégrée dirigée par le gouvernement. Un aspect intéressant est que la production locale de l'alimentaire thérapeutique prêt à l'emploi (ATPE) a augmenté de 400 %. Par ailleurs, le gouvernement et les partenaires au développement ont assumé davantage de responsabilités financière pour le programme. Les nombreux facteurs favorisants pour ce programme réussi incluaient l'engagement précoce du gouvernement, le leadership et la propriété ; la preuve de l'efficacité et de la rentabilité ; le soutien technique solide de l'UNICEF et des autres partenaires ; la formation d'une gestion basée sur la communauté contre la malnutrition aiguë, Groupe de Travail technique (CMAM); et un encadrement et un suivi robustes. Un autre programme intensifié de traitement de SAM, cette fois en Ethiopie, est décrite par Amal Tucker Brown et Eric Alain Ategbo, l’UNICEF.  Ici, en réponse à la sécheresse d’El Nino 2015-16, le traitement SAM a été intégrée dans les services de santé de routine par lesquels le programme national de nutrition communautaire a été intensifié rapidement et à un niveau élevé. Un article par projet SPRING, financé par USAID, décrit l'intensification rapide des vidéos communautaire pour promouvoir le lavage de mains amélioré et l'alimentation complémentaire au Niger et au Burkina Faso.  L'évaluation a montré que l'adoption accrue des comportements recommandés pour le lavage de main et l'alimentation complémentaire ainsi que les données qualitatives indiquent une plus grande implication des hommes dans les responsabilités familiales et d'éducation. SPRING a rapidement intensifié l'approche à 248 villages au Niger et à 90 villages au Burkina Faso grâce à des collaborations avec des partenaires locaux, des tests de concepts pour adapter les vidéos aux contextes locaux et le renforcement des capacités des centres de production vidéo. Les actions visant à soutenir la viabilité comprenaient l'analyse des opportunités génératrices de revenus des centres et le transfert aux groupes consultatifs techniques régionaux dirigés par le ministère. Enfin, les équipes SPRING au Népal et en Ouganda ont écrit sur l'élaboration et le pilotage d'une méthodologie pour analyser les dépenses planifiées et réelles sur la nutrition d'un point de vue gouvernemental - contextes où les politiques nationales dictent la nécessité d'intensifier les programmes de nutrition. L’article décrit les défis liés aux budgets agrégées, au manque d’expertise de budget chez les nutritionnistes, au manque de données sur les transferts centraux vers les districts et les données hors budget dans les deux pays.  

Plusieurs articles décrivent en détail l’intégration des programmes, soit dans les services existants, soit avec l’autre. Au Mali, ALIMA écrit sur le renforcement de la formation initiale et continue pour le traitement de SAM compliqué à l’hôpital d’enseignement URENI où 262 professionnels de la santé travaillant dans 41 centres de santé ont été formés.  Au Yémen, un article de l'équipe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) décrit la formation en cours d'emploi et le soutien des systèmes fourni pour les soins de patient hospitalisé de SAM qui ont entraîné une réduction du taux de mortalité de 8,3% à 4,5% entre 2010 et 2013.  Fait intéressant, un quart des admissions étaient des nourrissons de moins de six mois. En outre, pour ce groupe d'âge, l'équipe de GOAL a rédigé un article sur l'intégration réussie des soins pour les nourrissons malnutris de moins de six mois dans la CMAM et les services de soins de santé primaires dans deux camps de réfugiés utilisant l'outil de gestion communautaire de la malnutrition aiguë chez les nourrissons de moins de six mois (C-MAMI).

Un certain nombre d'articles décrivent des programmes ou des initiatives multisectoriels réussis pour promouvoir la programmation multisectorielle. Un article de Salome Yesudas décrit un programme multisectoriel de «Living Farms» en Inde destiné aux tribus les plus marginalisées. Le programme a consisté à soutenir une gouvernance plus forte et à renforcer la sécurité alimentaire, la biodiversité, l'accès aux services de santé et l'alimentation des nourrissons et des jeunes enfants (IYCF). La collaboration intersectorielle a été identifiée comme la clé du succès. Un article de Welthungerhilfe et Concern Worldwide décrit un projet multisectoriel intégré à court terme financé par ECHO dans la province du Sindh, au Pakistan, impliquant CMAM, l'IYCF, l'eau, l'assainissement et l'hygiène (WASH), les moyens de subsistance et les éléments de monétaires. Les interventions visaient les ménages avec des enfants malnourris dans les endroits appelés «hot-spots».  L'évaluation a révélé des améliorations significatives dans l'IYCF, la production de lait et les pratiques d'hygiène. Cependant, seul un tiers des ménages avec des enfants malnourris a été atteints avec des composants nutritionnels sensibles en raison du manque de ressources et du niveau de la maladie d'origine hydrique ;  l'accès à l'eau potable n'a pas été amélioré ; l'ampleur de l'intervention dépasse la capacité et le délai du programme. Les leçons apprises ont été intégrées dans un projet de suivi qui comprend une stratégie de sortie faisant la transition du traitement SAM aux programmes de développement financés par la Banque mondiale. Un texte écrit par Judith Kabore et Laure Serra, Action contre la faim, décrit le travail en Afrique de l'Ouest pour renforcer la capacité des membres de la société civile à défendre l'intensification de la programmation multisectorielle sur trois ans. Les acteurs locaux de la société civile de 12 pays ont créé un Réseau des champions de la nutrition ('Nutrition Champions Network').  Les activités comprenaient des ateliers régionaux et la formation sur l’analyse du budget et l'intégration des éléments de nutrition dans les autres secteurs de programmation (augmenter la sensibilité à la nutrition).

Il existe de nombreux autres articles dans Field Exchange 55 abordant des sujets aussi variés tels que le changement de comportement social autour de la préparation et de l'hygiène des aliments, et une programme universitaire innovant  «Feed and Read» au Nigeria, qui aide à préparer les enfants marginalisés très vulnérables à l'enseignement supérieur et au secteur moderne d'emploi.

Encore une fois, c'est un numéro exceptionnel et merci à tous les contributeurs. Le processus de rassemblant de Field Exchange a certainement changé depuis les premiers jours, quand les rédacteurs devaient parler aux nombreux auteurs potentiels d’obtenir l'approbation pour écrire un article et ensuite très souvent devaient poursuivre (aussi poliment que possible) des auteurs potentiel pour une première ébauche. Obtenir ce premier brouillon était souvent le point critique, comme si un(e) auteur(e) avait investi temps et énergie pour arriver au stade de rédaction, puis ils voudraient généralement aller jusqu'au bout. Nous avons maintenant la chance d'avoir un flux cohérent d'idées et matériaux «non sollicités» soumis à l'équipe et espérons que cela continue. En tant qu’éditeurs, nous restons fortement engagés à l’évolution des articles, en offrant des commentaires, suggestions et posant des questions que nous pensons résonneront plus avec vous, lecteur ; en fait, une critique amicale par des pairs. Comme toujours, nous sommes très reconnaissants envers les personnes occupées qui prennent le temps de documenter leurs expériences et de répondre à nos questions. Nous remercions tout particulièrement les auteurs francophones d'ALIMA (Niger) et d'APPEL (Madagascar), qui ont traité nos conversations français / anglais avec une patience infinie.   En tant que nouveau principe, tous les articles de terrain seront disponibles en ligne à l'adresse suivante: http://www.ennonline.net/fex (Cliquer sur le lien). Nous avons également traduit en français une sélection d'articles des cinq dernières éditions de Field Exchange, qui sont compilés dans une édition spéciale pour diffusion régionale. Ce sera disponible en ligne fin septembre.

Enfin, guettez notre prochain numéro de Field Exchange (56), qui sera un numéro spécial sur le Groupe Sectoriel sur la Nutrition avec un éditorial rédigé conjointement par Josephine Ippe (coordinatrice du groupe sectoriel mondial de la nutrition) et Carmel Dolan (directeur technique de l'ENN). Ça devrait être un bon numéro!

Jeremy Shoham, rédacteur de Field Exchange

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