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Développement et valeur ajoutée du groupe nutritionnel en Turquie

Published: 

Par Wigdan Babikir Makki Madani

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Dr Wigdan Madani est la coordinatrice du Group Nutritionnel pour la Turquie, basée au poste externe de l'UNICEF MENARO, à Gaziantep. Elle détient un PhD (Doctorat) en Science et Technologie Alimentaire de l'université McGill et a principalement travaillé pour l'UNICEF en tant que spécialiste en nutrition depuis les dix dernières années.

L'auteur souhaiterait reconnaître la contribution technique du co-dirigeant de GOAL (Lindsay Pexton, Abyan Ahmed, Aileen Wynne et Tamanna Ferdous), du Groupe de la nutrition du commencement à janvier 2017, et du co-dirigeant de Physicians Across Continents (Mona Maman) de février 2017 à ce jour. L'auteur souhaiterait également remercier les membres du Groupe de la nutrition, les ONG syriennes et les ONG internationales pour leur engagement et le bon travail qu'ils entreprennent pour accroître les interventions nutritionnelles curatives et préventives afin de sauver les vies et prévenir les conséquences de la malnutrition à court et à long terme.

Les résultats, les interprétations et les conclusions dans cet article sont ceux des auteurs. Ils ne représentent pas nécessairement les points de vue de l'UNICEF, de ses directeurs exécutifs ou des pays qu'ils représentent et ne devraient pas leur être attribués.

Lieu :Turquie

Ce que nous savons : Les opérations transfrontalières à partir de la Turquie ont été et restent une partie primordiale de la réponse humanitaire syrienne. La coordination et le partage des informations sont complexes et plein de défis.

Qu'apporte cet article  : En 2015, le Groupe Nutritionnel au Sud de la Turquie a fait une transition du sous-groupe du secteur de santé pour devenir un Groupe Nutritionnel. L'activation du pré-groupe, la coordination et le partage des informations des activités transfrontalières ont été sérieusement freinés. Les points focaux de l'action du groupe consistent à produire des informations sur la nutrition et des analyses de lacunes afin d'instruire les plans de réponse ; d'harmoniser les outils de signalisation ; de développer, d'appliquer et de surveiller l'alimentation des bébés et des petits enfants pour des stratégies et un planning d'action d'urgences (IYCF-E) qui comprennent le traitement d'une malnutrition aiguë, la supplémentation de micronutriments et des travaux inter-secteur ; l'état de préparation ; de développer des capacités des employés nationaux / d'ONGs locales ; de catalyser la coopération inter-secteur. Une ONG syrienne est le groupe co-dirigeant et la plupart de partenaires sont des ONGs locales. Des escortes coordonnées et un service de livraison ont été la clé du succès de la méthode de coordination de « Whole of Syria » (WoS, Toute la Syrie). Il existe encore des défis concernant l'accès des zones occupées et difficile à atteindre ; la distribution sans discrimination des remplaçants du lait maternel (BMS) ; la couverture des services ; et sécuriser l'engagement des donateurs dans le contexte de prévalence de la malnutrition aiguë globale, du financement flexible à long-terme qui facilite des interventions préventives ainsi que curatives. 

Activation du Groupe de Nutrition en Turquie

Avant l'activation du Groupe de Nutrition en Turquie, il existait des lacunes considérables en matière de coordination et du partage de l'information sur la programmation en Syrie. La nutrition représente une petite section du groupe de travail du secteur de la santé en Turquie. Les donateurs ont donné la priorité à d'autres secteurs tels que la sécurité alimentaire, l'eau, l'assainissement et l'hygiène (WASH) et les besoins tertiaires de santé dans le contexte de prévalence de la malnutrition aiguë globale (GAM). Les problèmes d'alimentation des bébés et des petits enfants (IYCF) étaient peu considérés par la communauté de donateurs, qui ne reconnaissaient pas le soutien IYCF lors des interventions « d'urgences ». Le partage d'informations inadéquat entre les opérations de la frontière à Damascus et de celle de la Turquie a mené à des lacunes et duplications. Dans l'absence du rôle officiel transfrontalier des Nations Unies (ONU), l'accès à certains des flux de financement humanitaire (tels que le Fonds central d'intervention d'urgence [CERF]) était limité. Il existait également des lacunes en matière d'intervention cohérente et harmonisée, avec l'utilisation de différents guides et outils par des organisation non-gouvernementales (ONG).

Débutant en 2014, une série de résolutions des Nations Unies (ONU) ont permis l'assistance humanitaire transfrontalière des Nations Unies, ce qui a ouvert la voie pour une activation du Groupe de Nutrition en Turquie1. Les ONG ont poussé forcément pour une reconnaissance officielle des opérations transfrontalières et l'activation du Groupe de la nutrition. En février 2015, le Groupe Humanitaire de Liaison (HLG) a demandé de manière formelle que le coordinateur de l'intervention d'urgence puisse faire fonctionner le groupe, en mettant l'accent sur le besoin de coordonner les partenaires, de permettre l'accès et d'accroître l'intervention et le rapport le rendement des interventions au nord de la Syrie à partir de Gaziantep, en Turquie. Le Groupe de Travail de Nutrition (NWG) avait été renforcé en janvier 2015 et le Groupe de la nutrition avait été activé un mois plus tard.

La position du Coordinateur du Groupe de Nutrition (NCC) avait été couvert initialement par la montée à court terme de la capacité des Equipes d'Intervention Rapide (RRTs), ce qui a mené à un rendement élevé et au manque de suivie et de continuité. Lors du dernier trimestre de 2015, l'effort conjoint du NCC de la RRT, du conseiller régional de l'UNICEF et du co-dirigeant du groupe de GOAL a ouvert la voir pour la préparation d'un aperçu des besoins humanitaires (HNO) et du planning d'intervention humanitaire (HRP) pour 2016 et de l'identification des fonds nutritionnels. Un NCC engagé avait finalement été nommé par l'UNICEF en début de 2016. En janvier 2017, un co-dirigeant de l'ONG nationale syrienne avait été élu. Le Groupe de Nutrition comprend maintenant six ONG internationales, 30 ONG locales et quatre organisation des Nations Unies. Les réunions de coordination ont lieu toutes les deux semaines à Gaziantep.

Les priorités du Groupe de Nutrition et les activités de nutrition

Les priorités du Groupe de Nutrition consistent à renforcer les services nutritionnels salvateurs préventifs et curatifs pour les groupes de population vulnérable, se concentrant sur les pratiques appropriés de IYCF, les interventions des micronutriments et la nutrition maternelle optimale, et l'identification, la recommandation et le traitement systématiques des cas de malnutrition aiguë des enfants âgés de moins de cinq ans et des femmes enceintes et celles qui sécrètent du lait maternel (PLW). Le Groupe de Nutrition cherche également à prendre la charge de la mise sur pied d'un système robuste et basé sur des preuves à l'aide des enquêtes et un système de contrôle afin d'instruire le programme d'exécution.

De janvier à juin 2017, le groupe de partenaires au sud de la Turquie a atteint 455 966 enfants âgés de moins de cinq ans et les PLW dans 352 communautés pour des interventions préventives et thérapeutiques de nutrition. Un total de 224 729 enfants de moins de cinq ans et 27 376 PLW ont été dépistés en matière de malnutrition. Parmi eux, 1 060 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, y compris 48 cas compliqués, et 4 170 enfants souffrant de malnutrition aiguë modérée, ont été soignés. Des suppléments de nutriments à base de lipide (LNS) avaient été fournis à 85 103 enfants âgés de 6 à 59 mois. Ceux-ci avaient été ciblés en fonction du critère de vulnérabilité en matière de sécurité alimentaire, et 162 368 PLW avaient reçu des conseils en matière de IYCF approprié. Un total de 586 professionnels de santé avaient reçu une formation sur la gestion de la malnutrition aiguë axée sur la communauté, tandis que 782 professionnels de santé avaient reçu une formation sur le conseil en matière de IYCF. 

Les responsabilités-clés du Groupe de la nutrition consistent à fournir une analyse de lacunes en matière d'une intervention globale (afin de déterminer où les partenaires répondent et identifier les lacunes et zones critiques nécessitant une extrapolation) et à augmenter l'intervention dans les zones de lacunes. L'accès aux communautés transfrontalières a augmenté de 9 % en 2016 à 50 % en 2017 et l'accès à des établissements de santé a augmenté de 60 % pendant le premier trimestre de 2017 à 70 % durant le troisième trimestre de 2017 (Rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé [OMS] sur le système de cartographie en matière de la disponibilité des ressources de santé).

Le HNO et le HRP ont été établis en 2015 et ils comprennent les notes/scores sévères et les besoins de la population. Dix-sept indicateurs spécifiques à la nutrition sont mesurés, y compris la prévalence de la malnutrition (l'émaciation, le retard de croissance, l'anémie), la carence en vitamine A, la couverture du programme de malnutrition et récemment des indicateurs pertinents à d'autres secteurs ont été ajoutés (y compris la diarrhée dans les deux dernières semaines, le lavage de mains à des moments critiques (fournis par le secteur WASH) et le score de consommation alimentaire (fourni par le secteur de sécurité alimentaire). Le HNO et le HRP ont également identifié des quartiers qui seront couverts par les opérations transfrontalières et ceux qui sont couverts par Damascus (frontière) et par Amman (frontière de la Jordanie). Le planning conjoint de « Whole of Syria » (WoS) est maintenant un exercice régulier entre les hubs afin de faciliter le planning conjoint et éviter la duplication. Le contrôle de la nutrition a été établi en juillet 2017 (les limites de fonds et le taux réduit de GAM impliquent que le contrôle n'était pas une priorité avant ceci) et a été intégré dans le Réseau d'Alerte Précoce et d'Intervention (Early Warning Alert and Response Network - EWARN) de 100 établissements de santé à travers sept gouvernorats, (Aleppo, Ar-Raqqa, Dar’a, Hama, Homs, Idleb et Quneitra) afin de servir comme système d'alerte et d'action précoce en matière de nutrition. Les partenaires du groupe collectent des données à partir des établissements de santé afin de contribuer au réseau EWARN.

Le Groupe de la nutrition de la Turquie a harmonisé les outils de reportage pour le programme de nutrition. En collaboration avec le Groupe de Santé, les indicateurs de nutrition ont été intégrés dans les systèmes d'information de santé (en utilisant DHIS22). Le DHIS2 a été établi dans les zones contrôlées par l'opposition (il existe un gouvernement de facto qui n'est pas reconnu officiellement par l'ONU), où l'intervention est largement implémentée par les ONG. Le système a été développé afin de renforcer le système de santé pour avoir un seul système de reportage au lieu de systèmes d'ONG individuels. Les interventions du Groupe de la nutrition font également partie du budget de l'ensemble des services de soins de santé primaire développé par l'OMS.

La programmation de la nutrition

Des évaluations variées ont identifié une GAM faible, une prévalence de retard de croissance et d'anémie présent chez les enfant en tant que problème critique et en détérioration, associés à des pratiques de IYCF en carence. Plus récemment, en janvier 2017, une enquête de SMART a été mené et validé à l'est de Ghouta (une région rurale de Damascus) dans l'une des neuf zones occupées et à Idleb. La prévalence de GAM est faible (2,1 % et 2,2 % respectivement). La prévalence du retard de croissance était faible à Idleb (13 %) et élevée à l'est de AlGouta (30,5 %) comparée à une moyenne nationale de 16 % (enquêtes de SMART, 2016). La prévalence de l'anémie dans le gouvernorat d'Idleb était modérée à 35,29 % (578 enfants ont été dépistés ; 204 avaient une HGB < 11 mg/dl).

Les conclusions d'une enquête de SMART de 2014-2015 et d'une enquête communautaire ont identifié des pratiques en détérioration de IYCF au sein de la Syrie, où des enfants nourris au sein sont par contre nourris à l'aide du lait maternisé. Ceci avait été connecté à une distribution sans discrimination des remplaçants du lait maternel (BMS) (16 % des communautés avaient reçu des distributions de BMS randomisées, notamment par des ONG syriennes opérant indépendamment du groupe de mécanisme de coordination du groupe ; voir la graphique1). De ce fait, une extrapolation des programmes de IYCF par les partenaires et du conseil et des campagnes de sensibilisation à grande échelle (200 communautés) par le Groupe de Nutrition et les partenaires en matière de procédures de norme (SOP) pour le contrôle de la distribution de BMS a eu lieu en 2016.

En conséquence, en mars 2017 le Groupe de Nutrition, avec le soutien technique du Groupe Mondiale de Nutrition (RRT), a mené une évaluation des connaissances, attitude et pratique en matière de IYCF (KAP) à Aleppo, Idleb et Hama dans les gouvernorats au nord de la Syrie (zones accessibles à partir de la frontière de la Turquie). Les résultats ont démontré des taux exclusifs d'allaitement faibles (30,9 % comparé à 43 % avant le conflit), des initiations faibles d'allaitement précoce (37,8 % contre 46 % avant le conflit) et 57,3 % d'alimentation minimum acceptable. Cependant, il existait une amélioration de la prévalence de l'allaitement exclusif à Hama et à Idleb par rapport aux taux avant les crises de 21,2 % et 21,1 % respectivement (SMART, 2014-15). Ces conclusion coïncident avec l'évaluation conjointe de la nutrition et de la sécurité alimentaire basée sur les communautés menée dans 8 088 ménages à travers sept gouvernorats en Syrie.

Certaines améliorations des pratiques d'alimentation ont été remarquées en 2017 et une réduction des rapports sur la distribution randomisée de BMS reflète l'impact positif de l'extrapolation des programmes de IYCF (qui couvre maintenant 8 % des établissements de santé primaires et leurs zones d'opération) et du succès de la campagne de conseil, qui ont amélioré la sensibilisation sur IYCF-E et BMS SOP au sein des ONG en Syrie. Un programme de gestion de BMS opère maintenant dans les camps IDP, avec une évaluation individuelle de chaque enfant et un guide sur la gestion de BMS. Il y a eu un certain succès avec le retour à l'allaitement ; certaines mères ont rétabli la pratique de l'allaitement tandis que d'autres continuent de donner le biberon. En ce moment, les ONG individuels utilisent des dons de ressources de BMS conformément au SOP et en fournissant des kits de BMS (qui comprennent une tasse, un chauffe-eau et un thermos afin de conserver de l'eau chaude). Le groupe a tenté de sécuriser un canal commun pour des ressources de BMS mais celui-ci n'est pas encore en opération due à des problèmes de fonds. Les partenaires ont rapporté chaque mois sur le niveau du stock et la consommation de BMS.

Le programme de IYCF comprend également une couverture de distribution de Plumpy'Doz (un remplaçant de nutriments à base de lipide) pour les enfants âgés de 6 à 23 mois pour la prévention de la malnutrition parmi les IDP les plus vulnérables et de la communauté d'hôte, mises à exécution par le WFP et l'UNICEF, et le counselling sur l'alimentation supplémentaire. Le programme couvre 45 000 enfants âgés de moins de deux ans, et cible seulement les IDP les plus vulnérables et les communautés d'hôte sur la base des critères de sécurité alimentaire. Le renforcement à domicile à l'aide de poudres à micronutriments multiples (MNP) présente une couverture limitée en raison d'un faible taux d'absorption. Cette situation est prise en considération par l'entremise d'activités de communication et de sensibilisation.

Le programme de nutrition est intégré dans 75 % des Centres de soins primaires (comprenant les hôpitaux, cliniques et centres de santé mobiles)  au nord de la Syrie et dans les centres de soins primaires mis en place en 2016 avec l'OMS. Le programme communautaire IYCF (Alimentation du Nourrisson et du Jeune enfant) est intégré dans les soins de santé primaires, et mis en oeuvre grâce à des partenariats avec les ONG en raison de l'absence d'un système de soins de santé primaires gouvernemental. En 2016, un groupe de partenaires ayant évalué le manque de moyens en Nutrition, plusieurs formations ont été organisées, incluant la coordination du groupe et l'évaluation des performances du groupe de coordination, animées par le GNC (General Nutrition Centers). Neuf ONG partenaires ont été formées comme gestionnaires de sondages par la CDC. En outre, le renforcement des capacités du personnel de santé et des employés de santé communautaires, relatif au soutien professionnel sur l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant, est en cours afin de soutenir 50 % des communautés à l'échelle nationale.

Graphique 1 : Distribution BMS sans discernement (2016)

Ceci est uniquement disponible en anglais - désolé pour tout inconvénient causé

Etant donné le contexte de problèmes chroniques et d'obstacles relatifs à l'IYCF, une stratégie IYCF (2017-2020) et un plan d'action chiffré ont été développés et lancés en Décembre 2017. L'objectif global est d'améliorer l'état de santé et de nutrition des mères, des nouveaux-nés et des enfants de moins de cinq ans parmi les populations touchées, au moyen d'une démarche de prévention qui comprend également la prévention du retard de croissance et l'anémie. Le programme cible les enfants de moins de cinq ans et les Femmes Enceintes et Allaitantes (PLW)), et comprend une supplémentation en micronutriments ainsi qu'une gamme d'interventions de santé intégrées, de sécurité alimentaire et d'installations WASH (Eau, Assainissement et Hygiène). Ceci s'appuie sur une collaboration de groupes de santé, de sécurité alimentaire et d'installations WASH au nord de la Syrie. En outre, les partenaires sectoriels du groupe ont lancé une mobilisation et une campagne de sensibilisation d'un an en faveur de l'Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (IYCF), couvrant plus de 200 communautés du Nord de la Syrie, afin de renforcer et intensifier le programme IYCF ainsi que le dépistage et le traitement de la malnutrition aigue. Ceci a constitué le point de départ d'un effort conjugué d'intégration avec d'autres secteurs. Un récent examen semestriel de la stratégie a révélé des progrès par rapport aux objectifs fixés. De janvier à juin 2017, un total de 352 communautés (50 % de l'objectif 2017) a mis en oeuvre des activités IYCF dans 68 sous-districts (68 % de l'objectif). Des progrès significatifs ont été réalisés dans les indicateurs clé IYCF; 162 368 femmes enceintes ou allaitantes (69,4 % des objectifs) ont bénéficié d'un service d'orientation relatif à l'Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (IYCF), et 19 430 séances d'orientation IYCF ont été organisées.

Graphique 2 : Aperçu de la stratégie IYCF-E (2017-2020)

Etraduction - Version française bientôt disponible

Le Groupe Nutrition a organisé cinq Equipes d'Intervention Rapide (EIR) dans les centres de réception des personnes déplacées, et dans les camps et les régions de déplacements et rapatriements envisagés, afin de soutenir une intervention ponctuelle aux personnes déplacées et aux rapatriées. Le personnel de santé communautaire et les équipes mobiles interviennent en général immédiatement. Les équipes ont apporté leur soutien aux personnes déplacées de l'est d’Alep, Barze, Gabon, Alawaer, Madaya, Zabban et Arsal Pour la préparation, les fournitures de nourriture (Nourriture Thérapeutique Prête à l'Emploi [RUTF]), les Suppléments Nutritionnels Prêts à l'Emploi (RUSF), Plumpy'Doz, les biscuits à haute teneur en énergie (HEB) et les micronutriments multiples  pour les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants de moins de cinq ans,  sont stockés par les partenaires grâce au soutien de l'UNICEF à Azaz, Jarablus, Albad ainsi que dans différents endroits à Idleb afin de répondre aux besoins immédiats des personnes nouvellement déplacées.

En 2016, les partenaires du groupe nutrition ont examiné la réponse rapide apportée aux personnes déplacées d'Alep et ont documenté les enseignements tirés pour améliorer la réponse aux personnes déplacées (IDP). Avec le soutien technique des Equipes d'Intervention Rapide concernant l'Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (IYCF-E Tech) (voir l'article dans cette édition de  Field Exchange), des enseignements concernant l'IYCF-E ont été utilisés pour définir un minimum de package IYCF-E pour une intervention rapide qui tient compte du temps de contact limité / de l'accès au soignant  / des perspectives d'orientation significatives. Un examen d'ensemble engageant les membres du groupe de travail technique (TWG) sur l'Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (IYCF-E) a déterminé quels outils existants pouvaient être mis en place, ce qui a nécessité une adaptation à trouver des compromis dans la programmation, et quels nouveaux outils étaient nécessaires. Le Conseiller Technique de l'Equipe d'Intervention Rapide  a également exprimé ses commentaires sur la santé intégrée dans son ensemble. 

Le Groupe de la nutrition s'est employé à renforcer les capacités des partenaires du groupe de sécurité alimentaire afin d'intégrer la nutrition dans la réponse aux personnes déplacées. Cela a inclus la distribution de biscuits à haute teneur énergétique ainsi que du Plumpy'Doz pour les enfants de moins de cinq ans, comme partie du panier alimentaire d'urgence et du dépistage, par les partenaires de sécurité alimentaire, de la circonférence de la partie supérieure du bras (MUAC). Les enseignements tirés de cette expérience seront documentés dans un objectif de progrès.

Impact de la démarche « Whole of Syria » (WoS) sur le programme transfrontalier

Le secteur de nutrition WoS a joué un rôle important en annonçant une façon de partager les informations entre le programme transfrontalier et celui dirigé par Damas ; le résultat en est une collaboration beaucoup plus étroite. Les projets de franchir la frontière avec les convois pour atteindre des régions assiégées et difficiles d'accès sont partagés via OCHA et le coordinateur de WoS sur une base mensuelle. Le groupe de Turquie informe les partenaires sur les projets ainsi que sur l'arrivée des RUTF, RUSF, Plumpy'Doz et micronutriments multiples. Il y a encore quelques interruptions de pipeline en raison d'un manque de fonds. Pour les régions assiégées et difficiles d'accès, les convois franchissant la frontière livrent les fournitures aux comités de secours locaux, et les partenaires transfrontaliers sont informés de la livraison ; les fournitures peuvent être directement accessibles, ou les bénéficiaires ou bien le personnel de santé peuvent joindre les comités de secours le cas échéant. En outre, les partenaires transfrontaliers peuvent informer les centres, les secteurs ou les groupes respectifs sur la mise à disposition des fournitures, et/ou des carences éventuelles, pour soutenir le projet de futurs convois franchissant la frontière. Voir la graphique 2 pour la garantie offerte par différents centres, qui se trouve actuellement réduite.

Programmes intégrés

Un domaine prioritaire de plaidoyer du Groupe de la nutrition est de mobiliser les donateurs sur le besoin d'efforts intégrés entre les secteurs, et pour un financement plus important du Groupe de la nutrition. Les plaidoyers aux donateurs, mettant l’accent sur l’IYCF et sur les problèmes relatifs aux retards de croissance, ont conduit à davantage de financement par le biais de l’UNICEF et des ONG, pour le renforcement des capacités des ONG syriennes locales pour intensifier les interventions préventives sur la nutrition, ainsi que pour l’approvisionnement des produits alimentaires. Le financement pour l'alimentation progresse pour le Groupe de la nutrition et les partenaires internationaux, mais des pénuries considérables demeurent encore pour réaliser un programme renforcé. En 2017, Il y a eu des retards à recevoir les financements en raison d'un détournement de fonds pour soutenir la famine et les épidémies de choléra dans d'autres pays.

Le partage d'informations s'est considérablement amélioré au cours de deux dernières années, avec une plus forte coordination entre les secteurs et un programme commun sur la sécurité alimentaire et la protection de l'enfant sur la nutrition. Trois domaines prioritaires ont été identifiés par le Groupe de la nutrition pour l'intégration avec d'autres secteurs :

  • Accroître la sensibilisation sur l'Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (IYCF) ;
  • La couverture nutritionnelle de Plumpy'Doz (enfants âgés de 6 à 23 mois pour la prévention de la malnutrition) et une supplémentation en micronutriments multiples ; et
  • un dépistage de la malnutrition et une orientation vers un traitement médical.

Le Groupe de la nutrition a organisé un atelier sur la protection de l'enfant, la sécurité alimentaire et le WASH (Eau, Assainissement et Hygiène), et a identifié des domaines d'intégration (voir Case 1). Il a également travaillé avec le Groupe sur la Sécurité Alimentaire et les Moyens de Subsistance, dans une réponse commune d'urgence à l'égard des personnes déplacées (IDP), du programme intégré en 2017, et il a collaboré à une agriculture sensible à la nutrition (jardins potagers). L'UNICEF a récemment signé un accord sur un projet de coopération avec deux partenaires de sécurité alimentaire, pour intégrer des interventions de nutrition dans la distribution générale de nourriture, et des projets sont en cours pour une action semblable avec les partenaires des moyens de subsistance. Le Groupe de la nutrition a entrepris le renforcement des capacités en nutrition avec les partenaires de la sécurité alimentaire, du WASH et de la protection de l'enfant, et il a mis en place un manuel de programme intégré (multi-secteur) de formation et de matériel d'information, d'éducation et de communication (IEC) pour soutenir cet effort.

Case 1 : Intégration de la nutrition avec la protection de l'enfant et le WASH (Eau Assainissement Hygiène)

La protection de l'enfant, les activités de nutrition identifiées au niveau de Gaziantep comprennent :

  • La formation des agents de Protection et agents de nutrition au niveau gestionnaire sur la sauvegarde et l'intégration au sein des activités de nutrition et d'IYCF.
  • Les messages principaux d'intégration de la protection de l'enfant dans les manuels de nutrition, formation et matériel IEC.
  • La formation des agents de protection sur les activités de nutrition telles que le dépistage MUAC, l'orientation vers un traitement et les principaux messages sur l'IYCF.

Les activités nutritionnelles sur le terrain (installations de santé, diffusion, coins et tentes pour l'IYCF, les espaces adaptés à l'enfant et l'orientation pour l'allaitement au sein comprennent :

  • La désignation, sur le plan de l'installation, d'un point central sur la protection de l'enfant.
  • La formation des personnes en contact avec les enfants sur les principaux messages de protection de l'enfant.
  • La désignation, le rapport et l'orientation des enfants non accompagnés, dans les programmes de nutrition pour les services de protection de l'enfant.

Les objectifs stratégiques partagés identifiés de WASH et d'IYCH-E sont :

  • Réduire les risques de contamination et mettre un terme au cercle vicieux des maladies d'origine hydrique, diarrhées et morbidité des nourrissons et des jeunes enfants par un accès amélioré à l'eau potable et à une nourriture saine, un accès amélioré à un système sanitaire de qualité et la gestion des matières fécales, ainsi que de pratiques alimentaires et d'hygiène environnementale améliorées.
  • Le WASH (Eau, Assainissement et Hygiène) a été amélioré dans les hôpitaux, les centres de santé et de nutrition, ainsi que dans les autres établissements.

Les activités potentielles intégrées identifiées comprennent la priorisation aux soignants d'enfants âgés de 0 à 23 mois et aux femmes enceintes ou allaitantes, pour recevoir de l'eau potable et des produits non alimentaires liés à l'eau ; le soutien ciblé sur l'hygiène pour les enfants nourris artificiellement ; les questions intégrées concernant le WASH et l'IYCF dans les discussions avec les membres de la communauté ; de coordonner le développement du matériel IEC ; et le développement des pratiques d'hygiène courantes/de messages IYCF pour la livraison par les deux secteurs.

Pour les détails sur l'intégration de la nutrition concernant la sécurité alimentaire, veuillez consulter l'article WoS du magazine « Field Exchange » sur cette question.

Renforcement des capacités des ONG nationales

Le Groupe de la nutrition est co-présidé par une ONG locale, et les ONG nationales forment à présent une proportion élevée de partenaires des groupes. Le groupe a considérablement investi dans le renforcement des capacités des ONG syriennes sur la nutrition, par une série de formations techniques en IYCF, CMAM (Gestion Communautaire de la Malnutrition Aiguë), la coordination des groupes, les enquêtes SMART et les évaluations rapides. Auparavant, les capacités techniques étaient limitées au sein des ONG nationales, et il y avait très peu d'expérience sur l'évaluation de la nutrition ou sur les programmes de nutrition. La Formation des Instructeurs (TOT) a été organisée à Gaziantep pour un groupe d'animateurs, comprenant le personnel des ONG pouvant pénétrer en Syrie depuis Gaziantep, et le personnel syrien pouvant voyager de Syrie à Gaziantep (rendu possible grâce à une permission spéciale des autorités turques). La formation est donc transmise aux travailleurs de première ligne avec l'engagement d'organiser une surveillance d'après-formation, du coaching et du parrainage. En outre, des formations à distance ont été organisées sur Skype par les ONG de Gaziantep, pour le personnel des régions assiégées et difficiles d'accès. Les obstacles comprennent des retards à sécuriser la permission pour le personnel des ONG à Gaziantep et en Syrie pour traverser les frontières turco-syriennes pour les formations, et des connexions internet médiocres qui ont perturbé la formation à distance et renforcé l'insécurité en rendant difficile la localisation du personnel dans l'un des lieux de formation en Syrie. Somme toute, il y a une grande reconnaissance et une forte appréciation, de la part des partenaires des ONG, du rôle du groupe à renforcer ses capacités par les formations, le coaching, le parrainage et le support technique, en raison des capacités alimentaires limitées d'avant-conflit.

Obstacles encore présents pour les opérations transfrontalières des groupes

Les restrictions d'accès à certaines régions en raison de l'insécurité et autres obstacles continuent d'entraver les évaluations et le programme. Des besoins alimentaires aigus subsistent, ils sont difficilement identifiés dans les régions assiégées ; le manque d'information et de surveillance est un obstacle majeur. Pour que les régions assiégées attirent l'attention, elles doivent faire la preuve d'une malnutrition aiguë, ce qui reflète le manque de sensibilisation du contexte alimentaire général et le besoin de plaidoyers externes plus convaincants. Pour faire face à cela, le Groupe de la nutrition a uni ses forces à celles du Groupe Santé ; par exemple, pour souligner de quelle façon la destruction des centres de santé affecte à la fois la santé et la nutrition de la population. Il y a plus de sensibilisation qu'il n'y a de poches de malnutrition dans les régions assiégées, et ceci entraîne un effort plus coordonné entre les centres pour veiller à la livraison des fournitures et à l'organisation des services. Le Groupe de la nutrition a établi une stratégie de mobilisation en complément des objectifs de mobilisation stratégique d'autres organismes, y compris le Groupe mondial de la nutrition, ainsi que le Groupe Santé et le Forum ONG au niveau national. En Syrie, les distributions BMS non-contrôlées par les organismes nationaux propagent le risque d'affecter de façon négative les pratiques de l'Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (IYCF). La gestion de cette question est freinée par un IYCF / une couverture de programme BMS faibles. Le financement pour la nutrition demeure faible ; il faut éveiller davantage l'intérêt des donateurs à l'égard de la nutrition et des activités des groupes.

Conclusions

Une réponse alimentaire plus efficace en Syrie nécessite que les donateurs considèrent le programme de nutrition comme un sauveur de vie, et que les mesures curatives et préventives à faible coût soient comprises comme une nécessité. Les donateurs et les acteurs humanitaires ne voient traditionnellement les activités nutritionnelles que comme des réponses d'urgence lorsqu'elles sont organisées dans des contextes présentant des taux élevés de malnutrition aiguë globale (GAM) ; cette attitude devra changer. Un financement accru pour le programme alimentaire en Syrie est nécessaire ; il doit être à plus long terme, souple et devra permettre l'intégration avec d'autres secteurs partout où c'est possible. Une augmentation des ressources disponibles, notamment pour des activités IYCF rentables, est nécessaire. Tous les acteurs humanitaires, y compris les communautés locales, les ONG, les organismes des Nations Unies et les donateurs, doivent s'engager dans les procédures opérationnelles standard (SOP) du Groupe de la nutrition sur la distribution de BMS au nord de la Syrie, pour veiller à ce que chaque distribution soit organisée de façon coordonnée et raisonnée, conformément aux normes mondiales des meilleures pratiques. De façon cruciale, une mobilisation continue est essentielle pour que les organismes puissent avoir accès aux populations ayant besoin d'un soutien alimentaire, avec une aide qui soit ponctuelle, appropriée au contexte, coordonnée, efficace et efficiente.

 Pour de plus amples informations, veuillez contacter Wigdan Madani.


Footnotes

1La résolution 2165/2191/2258 du Conseil de sécurité des Nation Unies autorise les agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires à emprunter les routes traversant les lignes de conflit et les postes frontaliers de Bab al-Salam, Bab al-Hawa, Al Yarubiyah et Al-Ramtha, pour fournir une aide humanitaire, ainsi que des fournitures médicales et chirurgicales, aux personnes dans le besoin en Syrie. Le gouvernement syrien est informé à l'avance de chaque expédition, et un système de surveillance des Nations Unies a été mis en place pour superviser le chargement dans les pays voisins et confirmer la nature humanitaire des envois. www.humanitarianresponse.info/en/system/files/documents/files/cnv_syr_xb_regional_may_160616_ en.pdf

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