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Mise en place de méthodologies d'évaluation multisectorielle rapide et approfondie en Afghanistan

Published: 

Par Anna Ziolkovska, Hassan Ali et Baseer Qureshi

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Anna Ziolkovska travaille actuellement comme coordinatrice du Groupe de la Nutrition au Yémen. Anna est titulaire d'un doctorat et compte plus de dix ans d'expérience dans les domaines de la nutrition, de l'assistance humanitaire, de la coordination de groupe, de la gestion d'information, du renforcement des capacités et de la gestion de projet, tant au niveau d'un siège social que sur le terrain. Elle a travaillé au Soudan du Sud, en Somalie, aux Philippines, en Ukraine, en Afghanistan et au Yémen.

Hassan Ali se spécialise dans la surveillance et les enquêtes sur la nutrition. Depuis plus de 3 ans, il travaille sur la méthodologie SMART au Kenya, en Somalie, en Afghanistan et au Yémen, où il collabore avec les ministères de la Santé et les Groupes de la nutrition. 

Baseer Qureshi est docteur en médecine et travaille avec la Direction pour la nutrition publique (PND) et le ministère de la Santé publique (MoPH) en Afghanistan en tant que consultant national pour la surveillance de la nutrition.

Les auteurs aimeraient remercier le Fonds humanitaire commun pour avoir financé cet atelier. Les auteurs remercient également les Groupes de la Nutrition, de la Santé, de la Sécurité alimentaire et de l'Agriculture (FSAC) et de l'EAH (eau, assainissement et hygiène) ; leurs coordonnateurs de groupes respectifs et groupes de travail en charge de l'évaluation ; les ministères, notamment le MoPH, et le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (UNOCHA) pour leur rôle dans le développement des évaluations multisectorielles.

Lieu : Afghanistan

Ce que nous savons : La collecte et l'analyse de données effectuées conjointement (multisectorielles) sont nécessaires pour guider des interventions nutritionnelles et pro-nutritionnelles.

Qu'apporte cet article : En raison des limites des cadres et des expériences d'évaluation intersectorielle, le Groupe de la nutrition a pris l'initiative d'améliorer les outils communs d'évaluation et leur mise en œuvre en Afghanistan. Un centre de données nutritionnelles (pour définir les normes de l'évaluation) a précédé un atelier multisectoriel (Nutrition, Santé, FSAC et EAH) afin de mettre au point une méthode multisectorielle permettant d'effectuer des évaluations rapides et approfondies en Afghanistan. Deux types de méthodologies et questionnaires ont été élaborés à partir de SMART, avec un plan de mise en oeuvre. Depuis, neuf évaluations SMART ont été effectuées. Le Groupe de la nutrition et le MoPH ont la responsabilité générale des évaluations conjointes. L'Autorité nationale de gestion des catastrophes d'Afghanistan (ANDMA) joue un rôle clé dans la coordination de l'évaluation. Le Groupe de la nutrition se chargera des évaluations conjointes et communiquera les informations aux groupes de travail et aux autorités. Les groupes Protection et Abris seront amenés à participer au processus. Cette initiative fructueuse sert de catalyseur pour une analyse et une programmation multisectorielles grâce à la création d'un Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Contexte

Le Cadre conceptuel de l'UNICEF, que la communauté nutritionnelle utilise depuis plusieurs décennies, distingue trois types de causes de la malnutrition : les causes immédiates, à un niveau individuel (régime inadéquat et infection) ; les causes sous-jacentes qui ont une influence sur les foyers et les communautés (accès limité à de la nourriture et/ou mauvaise utilisation des ressources alimentaires disponibles, pratiques éducatives contestables, pratiques liées à l'eau et l'assainissement inacceptables, services sanitaires inappropriés) ; et les causes fondamentales se rapportant aux structures et aux processus des sociétés (systèmes économiques, culturels et religieux). Ce cadre est un outil important qui aide à la compréhension et à l'analyse des causes, et témoigne de l'importance d'une programmation conjointe entre les secteurs. Ceci met en lumière le besoin d'une collecte et d'une analyse des données en collaboration afin de faire connaître l'éventail d'interventions nutritionnelles et pro-nutritionnelles.

Une approche coordonnée pour l'évaluation d'urgence et la priorisation des besoins des personnes touchées jette les bases d'une intervention humanitaire cohérente et efficace. En ce qui a trait aux crises prolongées, l'exhaustivité et le volume d'informations requises pour une intervention efficace augmentent au fur et à mesure que la crise évolue. En conséquence, on doit souvent effectuer des évaluations approfondies de groupes/secteurs, thématiques ou propres à une agence pour guider la planification et les interventions, ce qui ensuite nécessite une approche harmonisée avec une analyse des besoins conjointe.

D'après les directives opérationnelles sur la coordination des évaluations au cours des crises humanitaires du Comité permanent interorganisations (IASC),1 le Coordonnateur humanitaire (HC), soutenu par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), est responsable de la coordination des évaluations d'urgence de tous les groupes/secteurs à l'échelle du pays. Ceux-ci, en contrepartie, ont la responsabilité de participer à tous les aspects pertinents de la coordination de l'évaluation multigroupe/multisectorielle. L'OCHA est chargé de veiller à ce que tous les groupes/secteurs soient pourvus des services et outils habituels nécessaires pour une collaboration intersectorielle efficace, notamment l'évaluation des besoins inter-agences. Les mécanismes de coordination utilisés pour l'évaluation des besoins varient selon la phase et la nature d'une crise. Une évaluation rapide initiale groupée (MIRA) est recommandée au cours des deux premières semaines après une catastrophe, et est suivie d'évaluations approfondies conjointes ou harmonisées intragroupe/secteur à mesure que la crise se poursuit.

Pendant de nombreuses années en Afghanistan, l'approche pour effectuer des évaluations était de type silo ou compartimentée. Il n'existait aucun cadre intersectoriel à l'échelle du gouvernement, et tous les ministères et agences travaillaient chacun de leur côté. En janvier 2016 a été créé le Groupe de travail sur l'évaluation humanitaire coordonnée (HCAWG) au sein de l'Équipe humanitaire de pays (EHT) Afghanistan. Cependant, l'adhésion était au palier de la gestion plutôt qu'au palier technique. Auparavant, l'outil HEAT (Évaluation des situations d'urgence des ménages), conçu en Afghanistan et mis à jour en septembre 2016, était l'outil multisectoriel principal au pays. En principe, l'outil avait été élaboré en collaboration avec les groupes, mais sa mise en œuvre dans le pays a rencontré de multiples obstacles en matière de méthodologie, de collecte et d'analyse de données, et il a fait l'objet de critiques récurrentes de la part des groupes EAH, Nutrition et Santé. Ainsi, les évaluations HEAT prenaient trop de temps, contenaient trop de questions, et malgré cela n'arrivaient pas à recueillir les informations nécessaires pour une analyse individuelle et multisectorielle. De plus, comme il n'y avait pas de méthode de prélèvement mais une évaluation exhaustive des foyers, les données étaient trop volumineuses et difficiles à analyser.

En raison de ces contraintes et compte tenu du cadre conceptuel de l'UNICEF pour la malnutrition, le Groupe de la nutrition a fait un choix logique, celui d'améliorer les outils pour une évaluation conjointe en Afghanistan. Un atelier a été proposé pour élaborer nouveau cadre multisectoriel en collaboration avec les différents ministères intéressés. Ce processus est décrit dans cet article. 

Le processus de développement des évaluations multisectorielles.

En mars 2016, le Groupe de la nutrition et le MoPH/Département de la nutrition publique, avec le soutien financier du Fonds humanitaire commun (CHF), a organisé un centre pour l'évaluation de données dans le but d'uniformiser la manière dont les évaluations nutritionnelles sont menées en définissant et en adaptant des normes, des outils et des méthodes acceptés dans le monde entier en vue de les déployer à l'échelle du pays. Après le succès qu'a connu ce centre de données, le Groupe de la nutrition et son groupe de travail sur la gestion des évaluations et de l'information (AIM WG) ont organisé un atelier multisectoriel en novembre 2016 par l'intermédiaire d'Action contre la faim (ACF) Afghanistan avec pour objectif la conception d'une méthode multisectorielle pour des évaluations rapides et approfondies en Afghanistan. Le groupe AIM a d'abord discuté du projet avant sa mise en place. Selon le cadre conceptuel UNICEF pour la malnutrition, on considère que les informations des secteurs de la Nutrition, de la Santé, de la Sécurité alimentaire et l'agriculture (FSAC), et de l'EAH sont les plus importantes lorsqu'il s'agit de définir une intervention nutritionnelle. C'est pourquoi des représentants de ces quatre secteurs ont été invités à participer.

Dans les premières phases, le Coordinateur du Groupe de la nutrition et un représentant d'ACF se sont adressés à leurs homologues EAH, FSAC et Santé pour discuter des objectifs et des modalités de l'atelier. Après la conclusion d'un accord général et avec l'assentiment des trois coordonnateurs, une équipe de travail a été constituée avec un ou deux représentants de chaque groupe (en général, le coordonnateur et le président de l'AWG concerné) pour la préparation de l'atelier. L'équipe s'est réunie deux fois pour discuter de l’ordre du jour, puis le reste s'est fait par courriel. Les principales fonctions de l'équipe de travail étaient de créer un ordre du jour pour l'atelier et de choisir des animateurs pour chaque section; de désigner des participants avec les compétences requises et pouvant prendre des décisions; de préparer le matériel pour les ateliers (notamment une présentation sur les évaluations rapides et approfondies utilisées actuellement par les groupes en Afghanistan).

Les participants à l'atelier provenaient de chacun des quatre groupes (Nutrition, EAH, FSAC et Santé), et un représentant d'OCHA a été invité en tant qu'observateur. (Comme il s'agissait d'une activité technique, ils n'étaient pas en mesure de participer directement).  Les groupes étaient représentés par leurs Coordonnateurs, des organisations non gouvernementales (ONG) locales, des ONG internationales (ONGI) et des agences de Nations Unies. Les représentants d'un groupe qui avait un AWG bénéficiaient d'une priorité de participation. De plus, chaque groupe invitait son homologue au sein du gouvernement (dans chaque ministère approprié) pour assurer son engagement et son assentiment dès le début du processus. Au total, ce sont 30 participants qui ont assisté à l'atelier de 3 jours, dont le MoPH et le ministère de la Réhabilitation rurale et du développement.

Pour atteindre ses objectifs, l'atelier s'est concentré sur les questions suivantes : 

  • Clarification de ce que l'on entend par évaluations multigroupe : pourquoi et comment sont-elles menées ?
  • Compréhension des évaluations après une urgence : Que savons-nous, que devrions-nous savoir et comment s'y prendre? 
  • Analyse des évaluations de secteur coordonnées existantes pour faire des observations structurées sur ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné; dégagement et priorisation des principales leçons apprises; et  prise en considération des recommandations sur les mesures à prendre.  

Tout ceci a été fait largement en groupes de travail, chacun se concentrant sur des éléments clés des évaluations multisectorielles : préparation et planification, collecte de données et travail sur le terrain, et analyse, interprétation, préparation de résultats/rapports, communication.

La première journée a été consacrée aux évaluations multisectorielles. On a discuté des méthodologies actuelles utilisées au niveau inter-groupe (outil HEAT), des lacunes et des principaux défis. Ensuite, chaque groupe a présenté ses propres méthodologies d'évaluation rapide. En général, ces méthodologies, la fréquence, les indicateurs et les outils utilisés par chacun variaient de manière significative. Par exemple, le groupe EAH utilisait un questionnaire d'une page pour recueillir des informations dans 210 foyers, sans tenir compte de la taille et de la population requise, tandis que le groupe FSAC effectuait une évaluation de la sécurité alimentaire nationale deux fois par an. Pour que les méthodes d'évaluation rapide multisectorielle proposées dans l'atelier puissent satisfaire les divers besoins de chaque groupe et puissent être appliquées dans différents scénarios d'urgence rencontrés en Afghanistan, les participants ont développé la méthodologie, les indicateurs et le questionnaire en collaboration. Ce processus englobait un calendrier conjoint des évaluations, les outils potentiels, des méthodes d'échantillonnage, la représentativité, l'assurance qualité, les limitations et le type d'indicateurs.

La deuxième journée, une démarche semblable a été effectuée pour les évaluations approfondies. Au moment de la tenue de l'atelier, il n'existait pas d'évaluation approfondie multisectorielle, chaque groupe travaillant de manière isolée pour recueillir et analyser ses données.

La troisième journée, on s'est concentré sur les étapes à venir, notamment : comment s'assurer que les recommandations de l'atelier seraient mise en œuvre, concevoir le cadre d'évaluation multisectorielle, élaborer un plan de travail, définir les tâches principales de l'AWG intergroupe, s'entendre sur la façon d'aller de l'avant avec la programmation conjointe après les évaluations, et convenir d'une façon de réaliser une analyse de programme multisectorielle.

Les méthodologies d'évaluations multigroupe

Deux méthodologies et questionnaires ont été développés au cours de l'atelier pour des évaluations intégrées rapides et approfondies pour les groupes Nutrition, EAH, FSAC et Santé, ainsi qu'un plan de déploiement en Afghanistan.

Les évaluations multisectorielles rapides

Pour les évaluations multisectorielles rapides, les défis principaux identifiés avec les outils HEA en Afghanistan, comme exposé plus haut, étaient l'absence d'une méthodologie d'échantillonnage et la pertinence limitée des données collectées par les quatre groupes (en raison d'un manque de consultation et d'une utilisation limitée des informations d'OCHA pendant son développement). Pour aborder ce premier défi, on a convenu d'utiliser une méthodologie simplifiée améliorée, similaire à Rapid SMART (type de questionnaire utilisé le plus souvent dans des contextes d'urgence avec une grande insécurité, ce qui limite l'accès de l'équipe aux zones où enquêter). Comparée à une méthodologie complète SMART, Rapid SMART à ses limites : elle ne peut pas être utilisée pour évaluer la malnutrition aiguë globale et la malnutrition aiguë sévère (MAG/MAS) pour des zones géographiques étendues, elle ne peut pas être extrapolée au-delà de la zone de l'évaluation, et elle ne peut être utilisée que pour guider une intervention d'urgence mais pas des programmes à long terme (http://smartmethodology.org/survey-planning-tools/smart-methodology/rapid-smart-methodology/).

La consultation sur l'adoption d'une méthodologie SMART a commencé au centre de données nutritionnelles, qui, pour la partie technique, était soutenu par l'équipe SMART d'ACF Canada. De plus amples concertations sur l'adoption d'une approche d'échantillonnage Rapid SMART ont été entreprises par l'intermédiaire des contacts techniques au quartier général d'ACF afin d'assurer une approche représentative, aléatoire et rapide. Les principales considérations concernant les méthodes d'échantillonnage de Rapid SMART sont données dans le Cadre 1.

Pendant les sessions groupées, on a demandé à chaque groupe de développer jusqu'à quatre indicateurs et questions à utiliser dans les évaluations multisectorielles rapides. Ceux-ci étaient alors discutés en séance plénière, mais après l'atelier, il a été décidé que deux indicateurs seulement seraient sélectionnés par groupe, comme suit (voir Tableau 3 pour les détails) :

  • Nutrition: L'émaciation se base sur la circonférence du haut du bras (MUAC) (pour les enfants et les femmes en âge de procréer) et n'inclut pas les nourrissons qui allaitent âgés entre 0 et 5 mois (6 mois révolus, équivalent de 0 - < 6 mois).
  • EAH: La proportion de personnes qui ont accès à de l'eau potable et la proportion de gens qui ont accès à des installations sanitaires.
  • Les États fragiles et touchés par les conflits (FCAS): Score de Diversité alimentaire des Ménages (HDDS) et stocks alimentaires disponibles.
  • Santé: Prédominance des infections respiratoires aiguës (ARI), des diarrhées et de la rougeole, et accès à des services sanitaires de base.

Les évaluations multisectorielles approfondies

Après évaluation des différentes méthodologies utilisées par les groupes, on a convenu que la méthodologie SMART Modifiée était applicable dans le cadre du développement de l'évaluation multisectorielle approfondie. Également connue sous le nom "SMART++", on parle de SMART Modifiée quand des indicateurs supplémentaires sont ajoutés depuis d'autres secteurs. Ceci n'affecte pas l'approche d'échantillonnage puisque seuls les indicateurs d'anthropométrie et de mortalité (les plus critiques) sont pris en compte lorsque l'on détermine la taille de l'échantillon.

SMART Modifiée a été adoptée sans changements importants à la méthodologie. Cependant, le questionnaire standard a été élargi et comprend des indicateurs supplémentaires depuis d'autres secteurs. Les enquêtes nutritionnelles SMART mises en place en Afghanistan à l'époque en prenaient déjà certains en compte. Ceci était le résultat d'un exercice de normalisation conduit en mars 2016 et au cours duquel des membres du Groupe de la nutrition ont consulté leurs collègues des groupes EAH, FSAC et Santé afin de déterminer une gamme plus large d'indicateurs (en se cantonnant toutefois à ceux qui ont un impact direct sur le statut nutritionnel de l'enfant). Ce processus ayant déjà eu lieu, et les indicateurs utilisés étant généralement les mêmes que ceux proposés dans l'atelier, il n'a pas fallu beaucoup de travail pour obtenir la liste d'indicateurs et les questions à inclure au questionnaire final (Tableau 3).

Les évaluations multisectorielles en pratique

Depuis janvier 2017, neuf évaluations SMART ont été conduites dans les provinces de Kandahar, Farah, Saripul, Samangan, Jawzjan, Takhar, Bamiyan, Kapisa et Deykundi. Pendant plusieurs mois, l'analyse intersectorielle conjointe a été entravée par des lacunes de capacités concernant le coordinateur du Groupe de la nutrition. Lors d'un atelier de suivi récapitulatif mené par ACF, et pour assurer le contrôle du gouvernement dans le processus, il a été décidé qu'un coordinateur principal devrait être responsable des évaluations multi-groupe, impliquant l'ANDMA (l'autorité de gestion de catastrophe nationale) d'Afghanistan.

Encadré 1 : Choix des méthodes d'échantillonnage dans la méthodologie Rapid SMART.

Pour cette méthodologie, le choix de la méthode d'échantillonnage dépend de la zone géographique et du groupe de population à évaluer.

Là où il y a un établissement à évaluer (par exemple, un camp, un pâté de maisons dans une ville, un village) et :

  • la population comprend moins de 200 foyers, alors il faut effectuer l'évaluation sur tous les enfants éligibles qui vivent dans la zone. Dans ce cas, l'équipe doit se rendre dans tous les foyers de l'établissement, sans exception.
  • la population comprend plus de 200 foyers, alors il faut suivre le schéma de décision (Figure 1) pour une méthode simple ou systématique d'échantillonnage aléatoire. Dans ce cas, la taille minimum de l'échantillon de 150 foyers est suffisante pour rassembler une prédominance relativement significative. On suppose un effet du plan de 1. La précision des résultats varie alors, comme montré dans le Tableau 1 (3e colonne).

Là où il y a plus d'un établissement et si la population est dispersée, l'échantillonnage en grappes devrait être utilisé. Pour les évaluations multisectorielles rapides, il faut en sélectionner au moins 25, en utilisant la probabilité proportionnelle à la taille (PPT) afin de couvrir toute la population cible de la zone géographique. Pour sélectionner les grappes, il faut estimer combien de gens vivent dans chaque établissement. Il est possible de faire une sélection aléatoire à l'aide d'un logiciel d'évaluation nutritionnelle en situation d'urgence (ENA). Pour un échantillonnage aléatoire de grappe, un minimum de 250-300 foyers est suffisant pour estimer la prédominance de MAG. On suppose un effet du plan de 1,5. La précision des résultats varie, comme montré dans le Tableau 2.

Graphique 1 : Schéma de décision pour la sélection de foyers à la dernière étape de l'échantillonnage. 

HH : ménages

en traduction - Version française bientôt disponible

Tableau 1: Taille de l'échantillon et précision pour une évaluation rapide multisectorielle, et ce pour 1 établissement

Tableau 2: Stratégie de l'échantillonnage et précision pour une évaluation rapide multisectorielle, et ce pour 1 établissement et une population dispersée

Tableau 3 : Indicateurs et questions inclus dans le questionnaire d'évaluation multisectorielle approfondie

Principales leçons apprises

La méthodologie pour l'évaluation multisectorielle précédente avait de nombreuses limitations, ce qui reflétait les capacités techniques limitées d'OCHA. L'approche choisie pour améliorer les méthodologies, menée par le Groupe de la nutrition, a aidé à surmonter ces contraintes et a été considérée comme un progrès par tous les participants, y compris OCHA, qui était d'accord pour poursuivre en utilisant cette approche et en ayant recours à des groupes supplémentaires (comme Protection et Abris) dans cet effort collectif. Certains aspects des évaluations multisectorielles coordonnées étaient difficiles à réaliser - par exemple, l'engagement et la participation de parties prenantes multiples ou le degré d'analyse conjointe - mais ont abouti grâce au processus. De plus, des parties prenantes très différentes ont contribué à l'atelier, ce qui a créé un environnement positif pour des discussions riches et des actions sur lesquelles tout le monde s'est mis d'accord. Enfin, on a bénéficié d'une forte volonté parmi elles d'exploiter et de renforcer les structures existantes (les AWG des groupes, sous le leadership d'experts techniques des Nations Unies ou d'ONG ainsi que les ministères concernés) afin d'accélérer le processus des évaluations multisectorielles. Cette approche a aussi facilité le renforcement des capacités gouvernementales, l'assurance de l'engagement du gouvernement, et son contrôle du processus, ainsi que sa volonté d'aller de l'avant.

Prochaines étapes convenues

Impliquer les Groupes de Protection et des Abris : Pour les évaluations rapides multisectorielles, les groupes sont d'accord sur le fait que les deux derniers groupes restants, Protection et Abris, soient désormais inclus. Ceci assurera le développement et l'utilisation d'un seul outil. Il est important de noter que c'est grâce au processus consultatif et à l'engagement constant des quatre groupes qu'a pu être assuré leur adoption d'un outil d'évaluation multisectoriel. Ce même processus doit maintenant être appliqué aux Groupes Protection et Abris pour qu'ils fassent de même. L'OCHA a accepté de soutenir ce processus.

Rendre le HCAWG opérationnel : Après les discussions de l'atelier de 2016, le HCAWG s'est à nouveau réuni en janvier 2017 sous l'équipe de coordination ICCT au niveau technique. Ceci assurera une vision plus opérationnelle du groupe, avec un Mandat clair qui se concentre sur la coordination des évaluations et de l'analyse de données conjointes.  

Faire en sorte que le Groupe de la nutrition conduise les futures évaluations conjointes : Étant donnée l'expérience et les capacités du Groupe de la nutrition avec les évaluations SMART, on a convenu qu'il sera responsable des évaluations conjointes et du partage d'information avec les autres groupes, le HCAWG et l'ICCT. Le partage de données et l'analyse multisectorielle seront aussi facilités par le HCAWG.

Attribuer toute la responsabilité des évaluations conjointes au Groupe de la nutrition et au MoPH : Une fois que tous les groupes se seront mis d'accord sur un questionnaire « multi-groupe », Protection et Abris compris, le Groupe de la nutrition mettra officiellement à jour les directives de l'actuel SMART. Le MoPH l'approuvera ensuite comme étant la nouvelle méthodologie standard pour les évaluations. La responsabilité générale pour entreprendre les évaluations et préparer les rapports finaux en incombera au Groupe de la nutrition et au MoPH, en raison de l'alignement entre les méthodes actuelles du Groupe de la nutrition et la nouvelle méthodologie. 

Exécuter les analyses de données conjointes à venir : Les groupes sont d'accord sur le besoin de collaborer, non seulement sur la collecte de données, mais aussi sur leur analyse. Il y a une forte volonté pour le faire, puisque l'extraction individuelle, les données spécifiques aux groupes et l'analyse compartimentée sont contre-productifs.

Explorer la programmation multisectorielle : Les groupes aimeraient exploiter la dynamique qui s'est créée dans cet effort pour explorer les façons de travailler ensemble de manière opérationnelle. Il a par exemple été proposé de conduire un Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Ceci est prévu pour novembre 2017 et sera mené au niveau du pays par l'AWG du Groupe de nutrition, avec les observations des experts dans d'autres groupes le cas échéant. Une autre activité proposée est un atelier rassemblant les quatre groupes pour explorer les manières de planifier et travailler ensemble. Ces deux activités sont incluses dans le plan de travail de 2017. Elles n'ont cependant pas encore été mises en place à cause d'une absence de 7 mois au poste de Coordinateur du Groupe de la nutrition.

Conclusions

Le développement d'outils pour une évaluation multisectorielle rapide et approfondie menée par le Groupe de la nutrition a été un succès, tant dans la création d'outils collectifs adaptés que dans la création d'une dynamique et d'un engagement pour des analyses et une programmation conjointes. Les outils produits sont pertinents pour d'autres pays. Il est cependant important qu'un processus consultatif complet soit mis en place dans chaque pays, plutôt que de simplement les adapter. Ceci assurera l'engagement de tous les groupes concernés ainsi que des ministères, ce qui est fondamental pour le succès d'une évaluation conjointe. Un engagement et une sensibilisation permanente sont nécessaires sur tous les secteurs. Le Groupe de la nutrition est un choix évident pour mener ce genre de processus étant donné le besoin d'avoir un point de vue nutritionnel sur l'analyse et l'intervention multisectorielles.

Pour de plus amples informations, contactez Anna Ziolkovska


Footnotes

1www.humanitarianresponse.info/system/files/documents/files/ops_guidance_finalversion2012_1.pdf

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