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L'agriculture tenant compte de la nutrition en Zambie : un travail en cours continuel

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L'agriculture tenant compte de la nutrition en Zambie : un travail en cours continuel1

Par Mary Corbett

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Conseillère en nutrition pour Self Help Africa (SHA), Mary Corbett offre un soutien aux programmes de pays depuis Dublin. Mary a occupé différents rôles dans de nombreuses organisations et possède environ 25 ans d'expérience humanitaire dans les domaines de la santé et de la nutrition. Après une formation d'infirmière, elle a obtenu un master en nutrition et un diplôme en médecine tropicale.

SHA est une organisation non gouvernementale internationale œuvrant dans dix pays d'Afrique et axée sur le soutien aux petits propriétaires agricoles afin de renforcer l'agriculture et l'enterprise. Au cours des cinq dernières années, une forte composante de nutrition a été intégrée dans des programmes nouvellement financés.

Lieu : Zambie

Ce que nous savons : l'intégration de la nutrition aux programmes agricoles remporte un succès mitigé en termes d'impact sur les résultats nutritionnels, tel que le retard de croissance.

Qu’apporte cet article  : l'approche d'Intégration communautaire de la nutrition à la programmation agricole a été pilotée par Self Help Africa (SHA) en Zambie entre 2013 et 2017. Elle a testé l'incorporation de la nutrition dans les programmes agricoles et d'entreprise destinés aux petits propriétaires agricoles par le biais d'une approche multisectorielle ciblant 16 000 ménages , et plus spécialement les femmes, les enfants et les groupes vulnérables. Cette approche comprenait des interventions spécifiquement axées sur la nutrition (soutien à l'ANJE, supplémentation en vitamine A), une forte composante EAH  (partenariat avec World Vision) et une composante agricole (formation des agriculteurs à l'amélioration de la sécurité, la diversité et le stockage alimentaires). La programmation a été fournie par des groupes communautaires sélectionnés (en fonction de leur richesse) et formés. On a constaté un impact sur la prévalence des retards de croissance chez les enfants de moins de 18 mois (réduction de 38,5 à 31,4 % après deux ans et demi d'intervention), un déclin de la proportion des retards de croissance sévères, ainsi que des améliorations significatives en matière de fréquentation des soins anténataux et de pratiques d'ANJE et EAH. La diversité diététique domestique (DDD) s'est également améliorée. Les facteurs de réussite comptent l'intégration de la nutrition au sein de la communauté par le biais de formations élémentaires à la nutrition et à l'EAH ; la convergence de l'agriculture et de la nutrition au niveau des ménages ; et une étroite collaboration entre le ministère de la Santé, le ministère de l'Agriculture et SHA. Un solide programme agricole et une forte adhésion communautaire dès le début ont posé les bases du renforcement nutritionnel.

L’auteure souhaite saluer le travail acharné réalisé par les équipes de SHA en Zambie, en particulier celle de la province septentrionale. L'auteure est particulièrement reconnaissante à Edward Meleki (coordinateur du programme) pour l'ensemble du soutien fourni année après année. L'auteure tient également à saluer et remercier tous les autres acteurs impliqués dans ce programme, dont le ministère de la Santé, le ministère de l'Agriculture et du Bétail. L'auteure remercie plus spécialement toutes les communautés des districts de Luwingu et Mbala. Enfin, l'auteure adresse son estime et ses remerciements sincères à Irish Aid pour avoir financé ce programme novateur, offrant à SHA la flexibilité nécessaire pour adapter le programme aux besoins tels qu'ils se présentaient.

Graphique 1 : carte des projets agricoles tenant compte de la nutrition en Zambie

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Contexte

L'approche ICNPA (Intégration communautaire de la nutrition aux programmes agricoles) a été financée par Irish Aid et pilotée par Self Help Africa (SHA) dans la province septentrionale de la Zambie, entre 2013 et 2017, puis en 2018 lors d'une extension d'une année visant à soutenir la consolidation et la sortie de ce programme. Le but de cette approche était de tester l'incorporation de la nutrition dans les programmes agricoles et d'entreprise destinés aux petits propriétaires agricoles par le biais d'une approche multisectorielle. Ce programme de développement, qui a pris place dans deux districts (Luwingu et Mbala), a ciblé 16 000 ménages (soit environ 90 000 bénéficiaires), et plus spécialement les femmes, les enfants et les autres groupes vulnérables. Ce programme avait trois objectifs : augmenter la production et la productivité d'une agriculture durable et axée sur le marché ; améliorer le statut nutritionnel et sanitaire des ménages vulnérables de la province septentrionale ; et amélio

L'approche ICNPA

Actuellement, les initiatives internationales de gestion de la malnutrition se concentrent principalement sur la réduction de l'émaciation, en se basant sur l'utilisation de centres de santé. Si l'intégration de la nutrition aux programmes agricoles n'est pas une idée nouvelle, elle n'a pour l'instant remporté qu'un succès mitigé en termes d'impact sur les résultats nutritionnels, tel que le retard de croissance. Ceci étant, l'approche ICNPA vise à introduire une composante nutritionnelle plus forte dans les programmes agricoles au niveau des ménages et des communautés. Il s'agit d'une approche multisectiorielle, dont le modèle comprend également une composante Eau, assainissement et hygiène (EAH) afin de réduire le risque de maladies, dont les maladies gastriques/diarrhéiques, qui sont connues pour exacerber davantage la malnutrition. En vue de soins de santé curatifs et préventifs, des liens avec les centres de santé les plus proches sont également développés.

Composante nutritionnelle

Au centre de ce modèle se trouve une combinaison d'interventions tenant compte de la nutrition et spécifiquement axées sur cette dernière au sein des programmes agricoles au niveau communautaire, se focalisant sur les femme en âge de procréer, les nourrissons et les jeunes enfants. Les interventions spécifiquement axées sur la nutrition pouvant être mises en œuvre au niveau communautaire sont cruciales pour le modèle promu par SHA. Parmi ces dernières, on compte la promotion de pratiques améliorées d'alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) par le biais de la formation des bénéficiaires au sein de la communauté et la création de groupes de soutien de mères à mère. Les autres interventions comprennent un soutien à la supplémentation en vitamine A pour les enfants de 6 à 59 mois, fournie par le personnel des centres de santé.

Composante EAH

La composante EAH sommaire initialement intégrée à la formation à l'ANJE a été renforcée suite aux résultats d'une enquête sur les connaissances, attitudes et pratiques (CAP), qui a révélé de mauvaises pratiques d'hygiène et d'assainissement au niveau personnel, des ménages et de la communauté. SHA a ensuite collaboré avec World Vision (WV) et le ministère zambien de l'Assainissement de l'eau et de la Protection environnementale pour renforcer cette composante. WV a initié une approche d'assainissement total piloté par la collectivité (ATPC),  qui complétait idéalement l'approche communautaire en matière de nutrition. L'accent est mis sur les aspects visant à améliorer l'assainissement  de l'environnement, ainsi que la construction de « tippy-taps » (dispositifs lave-mains), de latrines améliorées et de séchoirs, accompagné par l'amélioration des pratiques d'hygiène personnelle et au sein du ménage.

Composante agricole

Des composantes-clés ont été intégrées à l'intervention agricole tenant compte de la nutrition afin de soutenir l'amélioration du régime alimentaire des ménages et de la sécurité nutritionnelle. Des groupes d'agriculteurs ont suivi une formation suivant une approche de formation des formateurs (FDF). Cette formation abordait des points variés, telles que la production de diverses cultures de meilleure qualité et en plus grande quantité, plus spécifiquement les légumineuses et les légumes ; l'amélioration de l'élevage de cheptels de petite taille ; la compréhension des groupes alimentaires et de l'importance d'un régime équilibré ; et une meilleure utilisation des aliments au sein du ménage, alliés au développement de recettes locales et de démonstrations culinaires élémentaires. Une formation sur l'amélioration des pratiques de manipulation et de stockage post-récolte a également été fournie afin d'améliorer la durée de conservation des aliments et d'en réduire le gâchis et le gaspillage.

Mise en œuvre du programme

Groupes communautaires

Suite à une analyse contextuelle et à une étude de référence initiales, un exercice de classement en fonction de la richesse a été effectué afin d'appuyer l'identification des bénéficiaires. Au sein des communautés identifiées, des individus ont été sélectionnés pour participer au programme (à l'aide de la méthodologie des ménages individuels) et des groupes, nommés groupes d'amélioration des moyens de subsistance (GAMS), ont été formés. Chaque groupe comprenait environ 45 participants, dont 60 % de femmes en moyenne. Chaque groupe a suivi une formation initiale sur la dynamique de groupe.

Différents membres de chaque groupe ont suivi une formation spécifique sur une variété de pratiques agricoles/de subsistance, dont les principes de l'agriculture respectueuse de l'environnement, les bénéfices de la rotation des cultures, le  travail minimal du sol, l'éducation à la culture associée, ainsi que l'introduction de nouvelles cultures et de meilleures variétés. Les membres ont également suivi une formation aux meilleures pratiques en matière d'élevage de cheptels de petite taille. Ensuite, on leur a confié la tâche de transmettre à leur tour cette formation à d'autres membres de leur groupe. Certains membres des GAMS ont reçu des intrants, tels que des graines et des petits animaux (chèvres et poulets par exemple), à transférer à d'autres membres. 

Évolution de la composante nutritionnelle

La composante nutritionnelle du programme a évolué dans le temps. Initialement, le programme recueillait des données sur la diversité alimentaire (DA) à l'aide d'un outil modifié de score de consommation alimentaire (SCA) des ménages conçu par le Programme alimentaire mondial (PAM). L'objectif était d'obtenir un aperçu de la variété des aliments consommés dans les ménages. Selon les résultats du SCA effectué en novembre/décembre 2013, seulement 62 % des ménages de Luwingu ayant participé à l'enquête présentaient un score DA « acceptable » (c'est-à-dire qu'ils consommaient une variété élémentaire acceptable de groupes alimentaires). Par conséquent, les premières activités à être déployées faisaient la promotion de la production d'une plus grande variété d'aliments et de la culture de différentes variétés de légumineuses, de l'élevage de cheptels de petite taille, et d'une éducation nutritionnelle  élémentaire.

Mi-2014, une enquête CAP a été terminée dans le district de Mbala, puis, en novembre/décembre, une enquête nutritionnelle a été effectuée dans le district de Luwingu. Les résultats de ces études ont révélé une situation nutritionnelle extrêmement mauvaise, présentant des niveaux de retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans de 53,4 % et de retard de croissance sévère de 26,6 %  dans le district de Luwingu. Les pratiques d'ANJE étaient également extrêmement mauvaises, avec 53 % d'initiation précoce de l'allaitement maternel, 55 % d'allaitement maternel exclusif jusqu'à six mois, ainsi que des niveaux extrêmement faibles de consommation d'aliments complémentaires de qualité et en quantité acceptables (respectivement 17 et 48 %). Les pratiques EAH étaient elles aussi inquiétantes. La nécessité de se laver les mains aux moments cruciaux (avant de cuisiner, avant de manger et en sortant des toilettes)  et la manière d'assainir l'eau n'étaient pas comprises. L'analphabétisme était également très élevé chez les femmes. Sur la base de ces résultats, il avait été décidé que des interventions plus complètes en matière de nutrition et d'EAH étaient nécessaires au sein du programme.

La formation à l'ANJE spécifiquement axée sur la nutrition a été considérée comme une formation au niveau local des membres de la communauté (graphique 1). Une formation de six jours en internat a été organisée. Initialement, une à deux femmes de chaque GAMS ont suivi la formation, , mais petit à petit, il est apparu qu'une approche reflétant mieux la parité des sexes était nécessaire. Plus tard, des hommes d'influence ont donc participé à cette formation, avec des résultats très positifs. Cette formation est la formation officielle du ministère de la Santé (MdS)/UNICEF, généralement dispensée par un personnel de santé plutôt que par les communautés, légèrement modifiée par l'UNICEF/MdS et traduite en dialects locaux (bemba et mambwe) par SHA (voir l'encadré 1). Cette formation a été dispensée par les experts en formation officiels du MdS/UNICEF à des groupes de vingt participants. Le retour informel effectué par le personnel, les membres de la communauté et le MdS suggère que cette formation valorise ceux qui l'ont suivie, qui sont alors reconnus par leurs pairs comme ayant acquis des connaissances significatives et utiles. Chacun des participants à la formation à l'ANJE réalise ensuite une « formation en cascade » auprès de quatre ou cinq autres membres (principalement des femmes) de leur communauté. Cela a résulté en la formation de groupes de soutien de mère à mère, qui ont permis le partage de la formation et des informations nutritionnelles, ainsi que l'organisation de démonstrations culinaires dispensées à des groupes vulnérables spécifiques.

Graphique 2 : description de la composante nutritionelle du programme

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Encadré 1 : principales composantes de la formation à l'ANJE

  • Nutrition de la femme enceinte
  • Initiation précoce de l'allaitement maternel et importance de l'allaitement maternel exclusif jusqu'à six mois, dont les dangers de l'alimentation mixte
  • Bonne prise du sein et allaitement à la demande
  • Allaitement et mères qui travaillent
  • Bonnes pratiques d'hygiène
  • Introduction de l'alimentation complémentaire : qualité et quantité à différents âges entre 6 et 24 mois (variété des aliments, etc.)
  • Alimentation en cas de maladie du nourrisson (moins de 6 mois) et du jeune enfant (entre 6 et 24 mois), quand les emmener au centre de santé
  • VIH/SIDA et alimentation des nourrissons et jeunes enfants âgés de zéro à 6 mois
  • Surveillance de la croissance

Au fil des ans, les agents communautaires formés à l'ANJE ont été rattachés aux centres de santé les plus proches, auxquels ils doivent fournir des rapports d'activité mensuels. Certains formateurs communautaires en ANJE ont également participé aux journées de la santé anténatale et des enfants de moins de cinq ans dans leur centre de santé et ont apporté un soutien à son personnel. Certains formateurs communautaires en ANJE ont également participé au dépistage au niveau communautaire, en effectuant des dépistages réguliers à l'aide de la mesure du périmètre brachial et en renvoyant les enfants identifiés comme souffrant de malnutrition vers le centre de santé le plus proche, ou en fournissant soutien et éducation aux mères et aux personnes en charge en matière de nutrition au sein de leur communauté. Plus de 500 membres de GAMS ont suivi la formation communautaire FDF à l'ANJE ; ils ont ensuite dispensé  une formation en cascade à plus de 2 600 membres de la communauté.

Outre la solide éducation générale en matière d'agriculture au sein des GAMS, une composante de culture de légumes et d'arbres fruitiers (jardins potagers) a par la suite été ajoutée au programme , au sein des groupes de soutien de mère à mère.

Résultats

Plusieurs études ont été réalisées pour mesurer l'impact des différentes interventions à la mi-2017, vers la fin du programme de cinq ans. Une enquête nutritionnelle répétée après deux ans et demi a révélé des améliorations significatives dans les tendances du retard de croissance chez les enfants de moins de 18 mois, dont les niveaux ont baissé, passant de 38,5 % en novembre/décembre 2014 à 31,4 % en avril 2017 (tableau 1). Un changement dans le rapport entre retard de croissance modéré et sévère a également été observé. L'étude de 2014 révélait un rapport entre retard de croissance modéré et sévère de 1:1. En 2017, il était passé à 2:1, soit beaucoup moins de cas de retard de croissance sévère. En raison du chevauchement des  intervalles de confiance, il n'est pas possible d'affirmer que ces résultats sont statistiquement significatifs. Cela peut être dû à deux facteurs : la taille de l'échantillon de nourrissons de moins de 18 mois  était limitée (119 en 2014 et 130 en 2017) et le laps de temps entre les deux études était court (mois de deux ans et demi). 

Un changement considérable  dans la prévalence des retards de croissance chez les enfants de moins de cinq ans n'a pas été perçu, mais cela est probablement dû à la brièveté du laps de temps. En réalité, les enfants plus âgés de la seconde étude (de plus de deux ans et demi) souffraient vraisemblablement d'un retard de croissance avant le début de l'intervention ICNPA et n'ont pas bénéficié du renforcement de la composante nutritionnelle.

Tableau 1 : résultats des enquêtes nutritionnelles réalisées par Self Help Africa en 2014 et 2017

en traduction - Version française bientôt disponible

En termes de pratiques d'ANJE, l'enquête CAP répétée a révélé des améliorations statistiquement significatives, en particulier en ce qui concerne le recours des femmes enceintes aux services anténataux au moins trois fois lors de leur grossesse ; l'initiation par les mères de l'allaitement dans l'heure suivant la naissance ; et l'allaitement maternel exclusif jusqu'à six mois (graphique 2). Des améliorations statistiquement significatives ont également été observées dans les pratiques d'alimentation complémentaire, sous la forme d'une amélioration de la qualité et de la quantité des repas fournis aux enfants de 6 à 24 mois. Des améliorations ont également été enregistrées dans les pratiques EAH, dont l'usage des latrines, de « tippy-taps » (dispositifs lave-mains) et de séchoirs. Le traitement de l'eau pour la rendre potable a également connu une augmentation notable.

Graphique 3 : enquête CAP réalisée par Self Help Africa sur les practiques d'ANJE dans le district de Mbala 

en traduction - Version française bientôt disponible

Household DD also improved over the lifetime of the programme. The introduction of pulses in Luwingu, together with training on their nutritional value and use, was an important factor. Between 2013 and 2017 the number of days pulses were being consumed within households increased from 2.2 to 4.6 days. This is particularly important as pulses are a nutritionally valuable crop, especially where the diet is lacking in other good sources of protein, such as fish, meat, eggs and dairy.

It is important to note that there are also seasonal variations in data, particularly where there is only one dominant harvest, and the population is dependent on what is available locally. These factors can affect FCS score results significantly. In 2013 the FCS was taken at the beginning of the hunger gap, while in 2017 it was taken towards the end of the hunger gap, when food was less available. This is particularly important where communities are hugely dependent on own produce for food needs and where markets are very limited, as is the case with Northern Province in Zambia.

Grahique 4 : variété des groupes alimentaires consommés, avril 2017 et décembre 2013

en traduction - Version française bientôt disponible

Enseignements tirés

Parmi les principales leçons dégagées de cette initiative, on compte :

  • L'intégration de la nutrition au sein de la communauté par le biais de formations élémentaires à la nutrition et à EAH, en particulier les pratiques d'ANJE, semble avoir substantiellement amélioré les pratiques en matière de nutrition et d'hygiène.
  • La mise en œuvre d'interventions en matière à la fois d'agriculture et de nutrition a permis de relier ces secteurs, qui ont convergé au niveau des ménages. Grâce à sa compréhension des deux domaines, le personnel technique de SHA a pu les appuyer, ainsi que la nécessité de leur intégration afin d'obtenir des résultats maximum.
  • L'intégration de la nutrition aux interventions agricoles est fondamentale à l'amélioration de la sécurité alimentaire par le biais de l'amélioration de la qualité, la quantité et la diversité des aliments et, en définitive, de leur utilisation, contribuant ainsi à une amélioration des résultats nutritionnels. 
  • Lors de cette intervention,  SHA a dès le début collaboré avec le MdS en termes de formation et d'adaptation des ressources et du matériel pédagogiques. Cependant, les centres de santé n'ont pas été associés au programme, ce qui, a posteriori, constitue une erreur, qui a pu être rectifiée ultérieurement.
  • Le programme a été relié au mouvement Scaling Up Nutrition (SUN) dans le district de Mbala, puisque SUN y était en cours d'établissement. Cette relation a mis du temps à évoluer, en partie parce que SHA n'est pas un acteur reconnu dans le secteur de la santé/nutrition.
  • L'utilisation d'une version légèrement modifiée du matériel pédagogique de formation à l'ANJE, développée par le MdS/UNICEF, ainsi que de leur formateurs agréés, constitue une leçon très positive. Cela a conduit le MdS à accepter et reconnaître la formation, ce qui a en définitive donné de la valeur au modèle, améliorant ainsi sa durabilité. Les FDF en matière d'ANJE ont reçu des certificats de l'antenne régionale du MdS.
  • La formation doit être simple, élémentaire et pratique, en particulier lorsqu'elle cible des communautés à faible taux d'alphabétisation. Les démonstrations culinaires ont été très appréciées.
  • À l'avenir, l'échantillon des enquêtes nutritionnelles devra probablement comprendre des enfants de moins de 24 mois, plutôt que de moins de 59 mois, puisque la malnutrition survient substantiellement au cours des deux premières années.
  • Lorsqu'une initiative SUN existe, le programme devra y être relié afin de davantage améliorer la coordination des acteurs (une initiative SUN a été établie dans un district peu après le début du programme ICNPA ; avec le temps cela a contribué à améliorer la coordination).

L'encadré 2 décrit les composantes essentielles du programme ICNPA, ce qui peut servir de modèle à d'autres programmes d'agriculture tenant compte de la nutrition.

Consolidation et sortie

L'année en cours est la dernière, et elle se concentre sur la consolidation et la sortie du nutritionniste de SHA de la communauté et de son système de santé. Les deux districts comptent dix-neuf centres de santé (CS) et une  Commission consultative rurale (CCR) est rattachée à chacun d'entre eux. Une cartographie sera initialement effectuée pour obtenir des informations sur le personnel des CS et des CCR. Des informations seront obtenues sur le fonctionnement ou non de la CCR et sur la nature du soutien requis. Le renforcement des capacités sera effectué avec les CCR lorsque cela s'avérera nécessaire grâce à un compte rendu élémentaire de leurs réunions, qui constitueront un matériel sommaire. Le personnel de santé de chaque CS et les membres des CCR suivront deux jours de formation/assainissement sur le modèle ANJE du Programme de développement local d'Irish Aid (IALDP). La formation à l'utilisation de toises et de mètres de MPB seront organisées, et cet équipement sera fourni à chaque CS. Une formation au système communautaire d'orientation nutritionnelle sera effectuée (dépistage et renvoi des cas de MPB faible). Le nutritionniste SHA participera également Comité de coordination de la nutrition du district (CCND). 

Conclusions

Plusieurs facteurs ont influencé la réussite du programme dans le nord de la Zambie. Parmi ces derniers, on compte : la volonté des autorités locales à collaborer avec SHA et ce programme de développement, ce qui a débouché sur une étroite collaboration entre les ministères de la Santé et de l'Agriculture ; la présence du personnel technique de SHA sur le terrain pour appuyer le programme ; et le fait qu'une forte composante agricole visant à améliorer la sécurité alimentaire ait été mise en œuvre avant même le début des composantes nutritionnelles2. Une étude récente réalisée par SHA auprès de son personnel et d'autres partenaires de mise en œuvre a souligné l'importance d'un fort élément agricole pour appuyer les améliorations en matière de nutrition (l'amélioration de la sécurité alimentaire est fortement liée à l'amélioration de la nutrition). La communauté participant à ce programme a eu l'impression qu'en améliorant la sécurité alimentaire, il était possible d'améliorer les pratiques nutritionnelles. Cela a jeté les bases du renforcement de la nutrition. L'étroite collaboration avec d'autres ONG spécialisées dans l'EAH a également joué un rôle crucial dans le renforcement de ces aspects au sein du programme, par le bais d'un ATP. Là encore il s'agit d'une composante dotée d'une approche participative lui permettant d'être intégrée à la communauté.

Encadré 2 : composantes essentielles du modèle ICNPA de programme d'agriculture tenant compte de la nutrition  

  1. Analyse contextuelle : commencer par une analyse approfondie du contexte et des acteurs pour garantir, d'une part, que les interventions sont appropriées et correspondent aux besoins locaux et, d'autre part, que les acteurs pertinents sont impliqués et bien coordonnées dès les premiers stades de la conception du programme.
  2. Formation spécifiquement axée sur la nutrition : cette formation doit se concentrer sur les besoins en matière de nutrition et de santé des groupes vulnérables au sein de la communauté, en particulier les FEA et les enfants de moins de 24 mois. Lorsque cela est possible, des formateurs homologués par le MdS/UNICEF doivent être impliqués.
  3. Programmation tenant compte de la nutrition :  l' intégration de la nutrition au sein de la programmation agricole est essentielle à l'amélioration de la sécurité alimentaire. L'accroissement de la production, de la diversité et de l'utilisation des aliments, ainsi que la connaissance nutritionnelle et le changement de comportement, sont cruciaux pour améliorer les résultats nutritionnels.
  4. Collaborer avec différents ministères de tutelle : collaborer  avec des ministères  gouvernementaux de différents secteurs (en particulier les ministères de la Santé, de l'Agriculture et des Collectivités locales) permet d'avoir une vision plus complète pour approcher les besoins nutritionnels à différents niveaux. Cela accroît également le potentiel de véritable collaboration sur le terrain, ce qui contribue à une durabilité et un impact positif à long terme.
  5. Collaborer étroitement avec les comités de coordination nutritionnelle au niveau des districts et des sous-districts : ces comités doivent être établis lorsqu'ils n'existent pas déjà (souvent dans le contexte du mouvement SUN) et doivent être composés de membres issus des ministères de tutelle pertinents au niveau du district, ainsi que d'autres acteurs, dont les organisations non gouvernementales  (ONG). Ils doivent prendre en charge la planification et la coordination des activités afin d'appuyer l'amélioration des résultats nutritionnels.
  6. Relier le programme aux centres de santé communautaires : les formateurs à l'ANJE doivent être solidement associés au centre de santé le plus proche, car cette collaboration garantit que le personnel de ce dernier est informé des besoins de la communauté. Si la capacité du centre de santé est limitée, les personnes formées à l'ANJE au sein de la communauté sont encouragé à fournir un soutien au centre, en particulier lors des journées de la santé infantile.
  7. Outils simples de suivi et évaluation (S&E) : de simples méthodologies de  S&E doivent être développées en collaboration avec le MdS, qui doivent refléter de manière adéquate les activités mises en œuvre par les formateurs à l'ANJE au niveau communautaire. Ces outils doivent être fournis aux centre de santé le plus proche et partagés avec les ONG et les autres acteurs.
  8. Inclusion des genres : il est crucial de garantir une égale participation des hommes et des femmes au programme. En particulier, il est important de garantir que les hommes d'influence de la communauté participent aux différentes formations nutritionnelles, car cela étaiera l'adhésion de la communauté et résultera en un changement positif ; les hommes doivent comprendre que la nutrition n'est pas seulement une « affaire de femmes ».
  9. Traduire le matériel pédagogique en dialect local et se servir d'images et de visuels : il est important d'identifier des manières diverses et créatives d'améliorer le transfert de connaissances, comme par exemple les démonstrations culinaires et les jeux de rôle, en particulier lorsque l'alphabétisation pose problème. Avoir recours à des visuels accroît également la légitimité des formateurs communautaires à l'ANJE.
  10. Promouvoir les pratiques élémentaires en matière d'EAH : il est nécessaire de se concentrer sur la promotion de bonnes pratiques d'hygiène et d'assainissement au niveau individuel, du ménage et communautaire, tels que se laver les mains aux moments cruciaux, l'eau potable, la sécurité alimentaire (préparation, stockage), et le traitement des ordures et des excréments humains. Il faut continuer de collaborer avec les acteurs travaillant sur les systèmes et l'infrastructure EAH.

Pour de plus amples information, veuillez contacter Mary Corbett.


Footnotes

1Cet article fait suite à celui publié dans le numéro 51 (février 2016) de FEX, intitulé L'agriculture tenant compte de la nutrition en Zambie : un travail en cours.

2Cela n'était pas voulu, mais cela s'est avéré un élément crucial de la réussite du programme. Nous recommandons que les deux composantes débutent en même temps.

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