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Le renforcement de la nutrition (Scaling Up Nutrition ou SUN) durant des crises prolongées : l'expérience de l'Alliance de la société civile (ASC) au Soudan du Sud.

Published: 

Par Mercy Laker, le Dr Emmanuel Soma et Joseph Scott

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Mercy Laker est directrice adjointe de pays pour CARE Soudan du Sud. Précédemment, elle a été coordonnatrice de santé et nutrition pour CARE, où elle a joué un rôle central dans la mise en place des activités de l’Alliance de la société civile du Soudan du Sud (ASC) pour le renforcement de la nutrition (SUN). Mercy est nutritionniste de la santé publique. Elle possède 14 années d’expérience de terrain de planification nutritionnelle en situation d’urgence et de développement à différents niveaux.

Le Dr Emmanuel Soma travaille pour CARE au Soudan du Sud depuis 2017 comme directeur de la santé de comté. Sa contribution dans la coordination de l’intégration des activités SUN de l'ASC dans les agences membres a été essentielle pour assurer le maintien d’une bonne cohérence de l’Alliance.

Joseph Scott est coordonnateur des politiques et de la communication pour CARE au Soudan du Sud. Il est spécialiste en communication. Il possède dix années d’expérience en communication et en stratégies de plaidoyers auprès de donateurs, des Nations Unies, d’organisations non gouvernementales importantes et de sous-traitants en développement.

Les auteurs désirent souligner le soutien et l’engagement du Ministère de la Santé du Soudan du Sud, de l’UNICEF Soudan du Sud, du Programme alimentaire mondial du Soudan du Sud, de l’ASC pour le SUN au Soudan du Sud et du Secrétariat international de l’ASC pour le SUN.

Lieu : Soudan du Sud

Ce que nous savons : la planification nutritionnelle au Soudan du Sud est dominée par le traitement de la malnutrition aiguë.

Qu’apporte cet article : le Soudan du Sud a officiellement adhéré au mouvement de renforcement de la nutrition (SUN) en 2013. Un conflit armé en a cependant repoussé le lancement jusqu’en 2016. En 2017, CARE a mobilisé des organisations liées à la société civile (OSC) pour former l’Alliance des sociétés civiles pour le renforcement de la nutrition au Soudan du Sud (ASC SUN). Cette alliance encourage l’intégration d’interventions tenant compte d’une nutrition durable dans un contexte de crises prolongées, elle amplifie la voix des OSC et elle élève le profil de la nutrition auprès de plusieurs intervenants. Les activités immédiates comprennent la sensibilisation et l’élaboration de Termes de référence et d’une structure. L’alliance comprend actuellement 35 membres, avec une expansion infranationale coordonnée qui priorise les comtés fortement touchés. Le groupe nutrition a joué un rôle majeur en réunissant les acteurs de la société civile à la table de discussion. Le manque de cadre et d’infrastructure politique sur la nutrition sur lesquels aligner les interventions nutritionnelles à long terme est l’un des défis à relever. Les programmes sont généralement guidés par des plans d’intervention humanitaire à court terme avec des cycles de financement courts. L’ASC SUN au Soudan du Sud demeure à la phase de création, surtout à cause de problèmes de financement et de ressources humaines limitées. Elle dépend aussi d’engagements individuels plutôt que d’agences. Le groupe nutrition a aidé à créer une meilleure perception des interventions nutritionnelles multisectorielles en situation d’urgence. Le plaidoyer pour l’élaboration d’un plan d’action nutritionnel et d’un plan de surveillance et d’évaluation au Soudan du Sud, le renforcement des stratégies nutritionnelles de l’ASC, le renforcement de l’intégration des genres dans les interventions nutritionnelles et l’association des ressources mobilisatrices font tous partie des prochaines étapes à suivre. L’avancée vers une planification préventive est possible en situation de crise prolongée, mais elle exige une action délibérée.

Contexte

La planification nutritionnelle au Soudan du Sud est fortement biaisée par le traitement de la malnutrition aiguë. Les donateurs ne sont généralement pas prêts à financer des interventions préventives de la malnutrition par l’intermédiaire d’une planification nutritionnelle multisectorielle, en grande partie à cause du délai nécessaire pour obtenir des résultats. Le Soudan du Sud a officiellement adhéré au Mouvement international du renforcement de la nutrition (Mouvement SUN) en 2013, après qu’une lettre d’engagement fut rédigée par le gouvernement. À cause du conflit armé qui a éclaté en décembre 2013, le Mouvement SUN n’a pas été lancé au Soudan du Sud avant 2016. Après le lancement, le réseau SUN des Nations Unies et le Comité d’organisation ont été formés. Le comité d’organisation du moment comprenait des représentants du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’UNICEF et du Ministère de la Santé. Le sous-secrétaire du Ministère de la Santé agit en tant que président national et agent de coordination de SUN. À l’époque, la majorité des organisations d’urgence de la société civile au Soudan du Sud avaient peu de connexions ou de connaissances relatives au mouvement SUN.

Les causes de malnutrition au Soudan du Sud sont vastes et complexes. Le mouvement SUN fournit une plateforme adéquate pour promouvoir une approche multisectorielle et multidisciplinaire de traitement de la dénutrition, faisant participer des acteurs en nutrition provenant de plusieurs champs d’activités, non uniquement ceux qui se concentrent sur la gestion communautaire de la malnutrition aiguë. Finalement, le lancement de SUN au Soudan du Sud est survenu durant la même période où le groupe de travail intersectoriel faisait la promotion d’une trousse d’intervention intégrée comprenant l’eau, l’assainissement et l’hygiène (WASH), la santé et la nutrition, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance (FSL), tous conjointement élaborés par leurs secteurs respectifs. Reconnaissant la bonne volonté du gouvernement et de l’ONU envers le mouvement SUN et la force de la société civile du Soudan du Sud, et après l’approbation du gouvernement du Soudan du Sud et du comité d’organisation du renforcement de la nutrition au Soudan du Sud, CARE a commencé à mobiliser des OSC en octobre 2017, de manière à former l’Alliance de la société civile du Soudan du Sud pour le renforcement de la nutrition (ASC SUN).

Le processus de formation de l’ASC

CARE a communiqué par écrit avec le gouvernement pour avertir le Ministère de la Santé de leur plan de former et de mener une ASC SUN. Une des motivations de CARE était de susciter l’intérêt des OSC au Soudan du Sud de façon à promouvoir l’intégration durable d’interventions nutritionnelles durant des crises prolongées et continues. L’ASC SUN fournirait également une plateforme adéquate pour amalgamer et amplifier la voix des OSC avec celles de l’ONU et des réseaux gouvernementaux, et pour établir le profil de la nutrition de façon à ce qu’elle devienne l’affaire de tous, en ralliant la cause aux engagements du gouvernement, des donateurs, du monde universitaire, du secteur privé et d’autres OSC. CARE a été invité à faire une présentation devant le Comité d’organisation sur le renforcement de la nutrition pour obtenir son approbation, et devant deux autres organisations qui ont aussi exprimé leur intérêt pour diriger l’Alliance. Après les présentations, le Comité a appuyé la direction de l’Alliance par CARE. L’organisme Save the Children a été nommé à la coprésidence, et l’organisme Christian Aid est devenu secrétaire de l’Alliance. Ils forment ensemble le secrétariat de l’ASC SUN au Soudan du Sud. CARE a alors élaboré un plan de travail et un budget annuel, et a décrit les intentions de l’ASC SUN. Les activités et les stratégies devaient être définies et financées de manière conjointe par les membres de l’alliance, pour promouvoir l’appropriation et la pérennité.

En reconnaissant la nécessité d’un soutien plus large des agences, le secrétariat de l’ASC SUN s’est mobilisé pour faire adhérer d’autres organisations non gouvernementales. Plusieurs autres agences se sont par la suite jointes à l’ASC SUN et ces agences (Vision mondiale internationale, Services de secours catholique du Soudan du Sud, Réseau des femmes pour le développement et Espoir du Nil) ont formé, avec le secrétariat, le comité exécutif (CE) pour le renforcement de la nutrition au Soudan du Sud. Cette association a mis en mouvement dès novembre 2017 les activités de l’ASC SUN au Soudan du Sud. Le CE a procédé à l’adoption des Termes de référence pour définir les rôles du président, du président adjoint et du secrétaire, l’objectif commun et les responsabilités collectives du secrétariat, du CE et des membres de l’ASC SUN. Les Termes de référence de l’ASC SUN prévoient que la faim et la malnutrition auront disparu du Soudan du Sud d’ici 2030. Le CE a imposé une limite de deux ans au terme du secrétariat. Les membres de l’ASC SUN devront par la suite élire un nouveau leadership lors d’une réunion générale annuelle.

Le CE, mené par CARE, s’est engagé dans un processus de sensibilisation à l’ASC SUN, principalement en présentant le projet lors de réunions de groupements liés à la santé, à la sécurité alimentaire, aux moyens de subsistance et à la nutrition, ainsi qu’en faisant circuler des formulaires d’adhésion. Il était demandé que le formulaire d’adhésion soit signé par un membre des plus hauts niveaux administratifs de chaque agence. Les organisations devaient ensuite soumettre leur profil au secrétariat pour la présentation. Ces documents ont aussi été envoyés au Ministère de la Santé.

Les membres du secrétariat de l’ASC SUN se sont réunis chaque semaine durant le processus de mise en place pour élaborer la structure et les Termes de référence et évaluer les adhésions, ce qui a été partagé avec l’ensemble des membres. Un atelier de trois jours s’est tenu du 29 au 31 janvier 2018 pour élaborer un plan stratégique pour les années 2018 à 2020, avec les activités annuelles et les budgets. L’objectif stratégique général était d’accroître l’engagement du gouvernement, des donateurs et de l’OSC quant à la priorité de la nutrition comme secteur principal et comme indicateur de développement. Les objectifs spécifiques de la stratégie comprennent : (1) partenariat avec des groupes universitaires de recherche en nutrition, influence politique et plaidoyer auprès des législateurs sud-soudanais, de l’autorité de planification et de la communauté de donateurs ; (2) création d’un plan de sensibilisation à la nutrition ciblant les communautés, le secteur privé et les législateurs ; (3) renforcement des capacités du gouvernement et de la société civile, y compris des organisations de base.

En décembre 2017, CARE a embauché un coordonnateur temporaire pour une période de deux mois, afin de lancer les activités. Les fonds provenaient d’une subvention supplémentaire du Ministère français des affaires étrangères, utilisée en dernier recours par CARE.

Rôle et activités actuelles de l'ASC SUN au Soudan du Sud

L’ASC SUN compte actuellement 35 membres, y compris des OSC internationales et nationales, et elle est toujours dirigée par le même secrétariat et le même CE, comme décrit plus haut. L’ASC SUN a commencé à exécuter sa stratégie en mettant en place des activités de sensibilisation et de plaidoyer à financement partagé, y compris une conférence publique dirigée en partenariat avec l’Université de Djouba, sous le thème de l’intégration de la nutrition dans les chaînes de valeur agricoles. Cet événement est une étape importante dans l'engagement du monde universitaire au Soudan du Sud. Des activités similaires ont été programmées sur une base trimestrielle.

L’ASC SUN continue d’augmenter le nombre de ses membres et d’établir des mécanismes de coordination au niveau infranational, en visant les comtés fortement touchés, notamment dans les états de Warrap, Unité, Jonglei et Équatoria-Oriental. L’ASC SUN a un plan d’action pour la mise en place d’activités de renforcement de la nutrition au-delà du niveau national, par l’intermédiaire de membres existants. Par exemple, CARE soutiendra le renforcement infranational de la nutrition dans l’état d’Unité, et les organismes Action contre la faim et Vision mondiale soutiendront le renforcement en Warrap, entre autres. Ce renforcement comprendra des activités de sensibilisation aux programmes intégrés de nutrition, de recherche et de développement dans des groupes communautaires de capacités de plaidoyer pour le financement, et l’inclusion d’interventions nutritionnelles utilisant la grille d’évaluation communautaire de CARE.

Le rôle dominant de l’ASC dans le renforcement de la nutrition a été souligné lors de sa participation à la réunion internationale du SUN de 2017 à Abidjan, en Afrique Orientale. Les membres de l’ASC SUN, aux côtés du Ministère de la Santé, du Ministère de l’Agriculture, de l’UNICEF et du PAM, ont décrit les réussites et les défis au Soudan du Sud dans l’intégration de programmes nutritionnels en intervention d’urgence en présentant différentes publications sur le Soudan du Sud, la plupart provenant de l’ONU, des OSC et de personnes individuelles, ainsi que certaines lignes directrices établies par le groupe de gestion communautaire de la malnutrition aiguë au Soudan du Sud et certaines lignes directrices provenant de la Nutrition maternelle, infantile et des jeunes enfants. Lors de la réunion, l’équipe du Soudan du Sud a aussi participé à des panels de discussion sur le renforcement de la nutrition en situations délicates. L’ASC a ramené plusieurs leçons de cette réunion. À noter, l’utilisation de champions de la nutrition en Tanzanie, l’engagement de parlementaires en Zambie et l’appel à cesser de « prêcher pour des convertis » et de plutôt cibler les réfractaires de la nutrition.

Les membres de l’ASC (CARE, Save the Children, Action contre la faim, Christian Aid et le Réseau des femmes pour le développement) ont récemment formé un consortium pour soumettre une demande de financement au fonds commun de SUN, qui a finalement été financé par le bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS). Chaque membre du consortium est assigné à une activité à mettre en œuvre par l’ensemble des membres de l’ASC SUN, comme décrit au tableau 1.

Tableau 1 : Rôle et responsabilités des partenaires du consortium de l’ASC SUN.

Les défis

Le conflit qui a éclaté en 2013 n’a pas permis au gouvernement sud-soudanais de mettre en œuvre le plan de développement de cinq ans. SUN n’a donc aucun cadre ni infrastructure de politique nutritionnelle sur lesquels aligner à long terme ses interventions nutritionnelles. La République du Soudan du Sud ne possède aucun plan d’action multisectoriel ni cadre de surveillance et d’évaluation associé qui pourraient guider une mise en œuvre et une surveillance à la dimension du secteur concerné. Les rôles d’autres acteurs essentiels possibles du mouvement SUN, tels que le secteur privé, les universités et les donateurs, restent inconnus. Les occasions de financement et d’interventions dans le domaine de la nutrition, telles que l’enrichissement alimentaire par micronutriments, étant limitées, elles sont habituellement dirigées par le secteur privé. La plupart de ces programmes sont guidés par le Plan d’intervention humanitaire, qui suit des cycles de planification d’une année pour atténuer les risques pour les partenaires de mise en œuvre et les donateurs. Bien que certains donateurs, tels que l’Agence suisse pour la coopération et le développement, l’Alliance de secours néerlandaise et les Affaires mondiales Canada, financent des activités de résilience à long terme, plusieurs autres préfèrent des cycles de financement plus courts, alignés sur le Plan d’intervention humanitaire.

Le rôle joué par le Regroupement sur la nutrition et les Groupes de travail technique (TWG), dans la gestion de la malnutrition au niveau national a été essentiel. Le mandat du Regroupement est cependant demeuré centré sur le traitement, peu intégré aux interventions nutritionnelles. Le Groupe de travail intersectoriel (ICWG) a récemment élaboré une formation minimum et une trousse de services à intégrer dans tous les regroupements liés à la nutrition, à la santé, WASH et FSL. L’impact de tels efforts reste cependant à prouver, puisque les travaux de ces regroupements ne se chevauchent pas toujours géographiquement et, en raison des ressources limitées il faut souvent prioriser, ce qui mène à des compromis à faire entre une planification intégrée et le traitement contre le dépérissement.

Un autre défi auquel l’ASC SUN est confrontée est lié à son incapacité à fonctionner indépendamment du gouvernement du Soudan du Sud. L’Alliance devait, par exemple, demander la permission du gouvernement pour former l’alliance en tant que telle, puis elle devait soumettre toutes les minutes de ses réunions, ses mandats et ses stratégies au Ministère de la Santé pour approbation.

À part le nombre limité de réseaux et d’organisations féminines, il existe toujours un problème d’intégration des sexes et d’engagement de femmes et de groupes menés par des femmes dans la mise en œuvre des interventions nutritionnelles, même si les femmes sont au centre de la nutrition en milieu familial.

Les progrès du mouvement SUN au Soudan du Sud demeurent intermittents et surtout menés par des consultants externes. Ces missions de consultations ponctuelles n’ont pas été prises en charge ni coordonnées par des acteurs de la société civile, ce qui limite la pérennité de ces initiatives.

Malgré les progrès accomplis, l’ASC SUN est toujours en phase de démarrage et elle doit affronter plusieurs défis pour établir une plateforme et faire adhérer les organisations au niveau infranational. C’est surtout dû aux ressources humaines et financières limitées. Même là où il existe un engagement de cofinancement de quelques activités priorisées dans la stratégie de l’ASC SUN, certaines organisations individuelles ont rapporté qu’elles ne recevraient qu’un faible financement voire aucun financement pour les interventions nutritionnelles, en raison de l’urgence de leurs plans d’intervention. Les activités nutritionnelles offertes par la majorité des organisations sont actuellement financées par les Fonds humanitaires du Soudan du Sud (SSHF), par l’UNICEF ou par le PAM, par cycles de 12 mois. Il est particulièrement difficile pour les ONG nationales de compléter ce financement. Mais leur adhésion à un réseau tel que l’ASC SUN augmente leurs chances de diversifier leur base de financement.

Les activités de l’ASC SUN se sont jusqu’à maintenant concentrées au niveau national. Au niveau de l’état et au niveau infranational, les interventions de renforcement de la nutrition ne sont pas encore établies, malgré le fait que la majorité des plus de 1 000 organisations nationales et communautaires sud-soudanaises n’aient aucune représentation au niveau national. Cela laisse des lacunes dans la mise en œuvre des interventions nutritionnelles acceptées dans les plans d’intervention.

Et finalement, il n’y a pas eu de plaidoyer suffisant auprès des décideurs politiques, surtout des parlementaires, pour une priorisation des lois et du financement en faveur de la nutrition. La politique concernant l’alimentation et la nutrition, par exemple, n’est toujours pas passée au parlement. Il n’existe donc aucun cadre légal au pays pour les activités nutritionnelles.

Facilitateurs

Les membres de ASC SUN sont les principales agences de mise en œuvre de la nutrition au Sud-Soudan. CARE, par exemple, a un groupe de travail mondial SUN, qui offre des ressources techniques et financières à l’ASC SUN au Soudan du Sud. Le soutien qu’offre le groupe de travail CARE comprend le financement de la représentation aux réunions internationales SUN, la révision des stratégies de l’ASC SUN, la révision technique des propositions de fonds commun et les mises à jour mensuelles par vidéo-conférences Skype. De plus, le Comité exécutif, Save the Children et Christian Aid en particulier, possède l’expertise technique au Soudan du Sud, ainsi que des ressources régionales et internationales qui ont soutenu le développement d’une ASC dynamique.

L’ASC SUN a maintenu une liaison étroite avec le Secrétariat de l’ASC SUN international, grâce à des vidéo-conférences Skype tenues durant le stade de formation, pour fournir un compte rendu des progrès accomplis, partager les expériences et explorer les occasions de financement et de développement de capacités. La communication avec le réseau SUN et l’ASC régionale a joué un rôle clé dans l’établissement d’une confiance fondée sur les expériences d’autres pays de la région.

L’inclusion de certaines ONG, telles que Espoir du Nil, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et le Réseau des femmes sud-soudanaises pour le développement, dans le Comité exécutif et comme membres de l’Alliance ont apporté de la diversité et de la profondeur à la mise en œuvre de la stratégie de l’ASC SUN, en raison de leurs profondes connaissances du Soudan du Sud. Cette inclusion était aussi stratégique, une façon de développer des capacités locales pour une action civile et pour la pérennité des interventions du Mouvement SUN. Elle permettait aussi d’aligner les stratégies avec les objectifs de la « grande négociation » pour un secours localisé.

Les membres de l’ASC SUN ont été directement associés au développement de la stratégie de trois ans, comprenant l’analyse des forces, faiblesses, possibilités et menaces (strengths, weaknesses, opportunities and threats/SWOT), et l’utilisation d’un outil d’analyse cause-effet des problèmes pour identifier et prioriser les activités, sur la base de la force collective et des occasions offertes. Cet exercice a permis une appropriation conjointe et, dans une certaine mesure, un cofinancement d’activités convenues.

En élaborant sa stratégie, l’ASC SUN a utilisé une certaine flexibilité pour y inclure une combinaison d’activités, certaines déjà financées par des membres et d’autres que l’Alliance considérait comme essentielles pour lancer cette stratégie. Certaines activités conjointes du Mouvement SUN, y compris des présentations effectuées lors de réunions du regroupement, de réunions de planification et de conférences publiques du Mouvement SUN, se sont avérées être des pièces gagnantes qui ont attiré d’autres membres et ont recueilli des appuis pour le mouvement SUN. L’utilisation de plateformes existantes, en particulier les différents regroupements, a été importante, puisque les regroupements sont généralement bien acceptés comme mécanismes de coordination lors d'interventions humanitaires au Soudan du Sud. Le Regroupement pour la nutrition a offert un soutien particulier en fournissant une plateforme pour sensibiliser des OSC et pour coordonner les inscriptions et d’autres activités de l’ASC SUN.

En formant l’ASC, le réseau du Mouvement SUN de l’ONU et le gouvernement ont offert un appui initial en choisissant un leadership compétent et, plus tard, en participant à l’élaboration de la stratégie et du contenu de plaidoyer. Sous l’accord de partenariat et de coopération actuel avec l’UNICEF, une des activités financées par le Mouvement SUN pour la sensibilisation a été menée en août 2018 durant la Semaine mondiale pour l’allaitement. CARE compte utiliser ce financement pour sensibiliser le secteur privé.

La période de formation de l'ASC SUN, coïncidant avec le processus d'intégration du Groupe de travail intersectoriel, a permis aux différents regroupements de s'unir pour une meilleure intégration et un impact plus profond. Cela a fourni aux membres une plateforme supplémentaire pour plaider en faveur d'une approche multisectorielle pour s'attaquer aux causes profondes de la malnutrition.

Le choix du leadership du Mouvement SUN par un comité de direction préexistant via un processus compétitif était un précurseur d’une bonne mobilisation des membres. Le processus a donné une bonne crédibilité au Secrétariat, puisque les membres de l’ASC SUN ont cru à la transparence du processus de sélection. L’exercice de validation qui a suivi auprès des membres a été tout aussi important en promouvant l’appropriation et en suscitant engagement et loyauté, des éléments essentiels à la pérennité de l’Alliance. Jusqu’à 43 membres ont participé et maintiennent leur engagement, en assistant à d’intenses ateliers de développement stratégique, tandis que 231 personnes ont assisté aux conférences publiques sur l’intégration de la nutrition dans les chaînes de valeurs agricoles. Voici certaines résolutions discutées lors de conférences publiques :

 1. La nécessité de recommander conjointement le financement de recherches sur la nutrition à l’Université de Djouba.

2. L’ASC SUN du Soudan du Sud doit recommander l’incorporation d’une éducation liée à la nutrition dans le curriculum de cours sur la santé.

3. Et la nécessité d’un engagement commun des entreprises à exercer leurs responsabilités sociales en finançant des activités de sensibilisation sur la nutrition.

Enseignements tirés

Lors de crises prolongées, telle que celle au Soudan du Sud où le secteur de la nutrition exige un soutien externe, il est essentiel que les regroupements adoptent une approche selon les besoins, pour combler les lacunes qui peuvent aller au-delà du traitement de la malnutrition aiguë, par des interventions multisectorielles et sensibles à la nutrition. Au Soudan du Sud, le regroupement pour la nutrition a non seulement joué un rôle central dans la mobilisation des OSC au renforcement de la nutrition, mais il était à l'avant-garde de la définition du paquet minimum pour les partenaires de mise en œuvre, au-delà de la seule gestion communautaire de la malnutrition aiguë. Le regroupement a joué un rôle important dans la perception favorable des interventions multisectorielles qui prennent en compte la nutrition dans un contexte d’urgence.

Même si le recours à des consultants dans l’élaboration de stratégies est fréquent, la participation de membres dans la résolution de problèmes d’analyse et de priorisation d’interventions a servi d’apprentissage pour plusieurs membres, ce qui a entraîné une plus importante appropriation de la documentation et des activités approuvées. Cela a été démontré par la bonne volonté des membres de l’ASC SUN à coordonner la mise en œuvre et même à cofinancer certaines activités par des budgets existants, telles que des ateliers stratégiques et des conférences publiques. La participation de l’UNICEF et du Regroupement pour la nutrition, même en tant que seulement observateurs, a ajouté de la crédibilité au processus, ce qui était essentiel au Soudan du Sud où les activités liées à la nutrition sont largement menées par des Regroupements.

Le niveau d’engagement des organisations membres dépendait grandement des personnes qui les représentaient. Par exemple, quatre organisations qui étaient très actives et d’un grand secours au départ se sont finalement désengagées lorsque leur personnel technique a changé.

Le leadership de l’ASC SUN est basé sur le respect mutuel et une bonne compréhension de ce que chaque membre apporte à l’Alliance en termes d’expérience et de compétence. Par exemple, des ONG internationales telles que CARE et les Services de secours catholique ont accès aux informations et à l’expertise, notamment les données probantes et la recherche émergente sur la nutrition, tandis que les ONG nationales, telles que The Health Support Organisation (THESO), sont plus sensibilisées au contexte sud-soudanais.

Les prochaines étapes pour l'Alliance de la société civile

  1. Soutien à l’inclusion du plaidoyer dans le plan d’intervention du regroupement.
  2. Plaidoyer pour le financement et le développement d’un plan d’action sur la nutrition et d’un plan de surveillance et d’évaluation au Soudan du Sud.
  3. Renforcement de la mise en œuvre de la stratégie de l’ASC SUN, comprenant les initiatives de plaidoyer, la recherche, la sensibilisation et le renforcement des capacités.
  4. Renforcement de l’intégration de l’égalité des sexes dans les interventions liées à la nutrition, notamment par le soutien aux femmes marginalisées et aux groupes menés par des femmes au Soudan du Sud.
  5. Inclusion des secteurs corporatifs et privés à la mise en œuvre, au financement et à la promotion des interventions liées à la nutrition. Par exemple, messagerie sur les réseaux mobiles et les médias électroniques.
  6. Et participation aux initiatives communes de mobilisation de ressources.

Conclusions

L’expérience vécue au Soudan du Sud a démontré que même en situation de crise prolongée, il est possible pour les agences d’effectuer un changement délibéré vers une planification préventive à long terme. Des occasions doivent être délibérément créées de renforcer le lien avec le développement humain. Cette expérience a principalement démontré qu’il est important d’être beaucoup plus inclusif en regroupant les efforts et les ressources. Voici les plus importants messages à retenir :

  1. Il est possible de renforcer les interventions préventives liées à la nutrition, même dans des contextes d’urgence, à condition qu’il y ait engagement de tous les intervenants.
  2. Dans des situations d’urgence où le secteur de la nutrition peut être affaibli, le rôle des Regroupements est essentiel et pourrait être étendu au-delà de leurs mandats actuels.
  3. Même si leurs actions sont souvent minimisées, la participation des OSC locales, particulièrement celle des femmes et des groupes menés par les femmes, peut mener à une augmentation exponentielle de l’appropriation. 

Plus de plus amples informations, veuillez contacter Mercy Laker.

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