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Une approche multi-sectorielle pour améliorer la nutrition : Expériences du projet Nutrition at the Center, au Bangladesh

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Écoutez une interview (podcast) avec les auteurs, disponible sur le MediaHub de ENN ici

Par Jahangir Hossain, Nazneen Rahman, Mohammad Hafijul Islam, Md Hasanuzzaman, Khrist Roy et Dlorah Jenkins

Jahangir Hossain est médecin titulaire d'une maîtrise en santé publique. Il est actuellement directeur des programmes de santé pour CARE Bangladesh. Avec 25 ans d'expérience dans les secteurs de la santé, de la nutrition et de la population, il a dirigé de nombreuses interventions novatrices et durables pour améliorer la santé et la nutrition au Bangladesh. 

Nazneen Rahman est une professionnelle de la santé publique ayant plus de 12 ans d'expérience en santé reproductive, en santé maternelle, néonatale et infantile, et en nutrition. Elle est actuellement chef d'équipe pour l'unité de santé de CARE Bangladesh et supervise l'initiative Collective Impact for Nutrition

Mohammad Hafijul Islam travaille dans le domaine du développement depuis 22 ans, dans l'éducation primaire non formelle, la maternité sans risques, le VIH/sida, les migrations et la nutrition. Il travaille actuellement avec CARE Bangladesh en tant que coordinateur technique principal, pour la promotion et le renforcement des capacités pour l'initiative Impact collectif pour la nutrition.

Md Hasanuzzaman a travaillé dans le domaine du développement pendant plus de huit ans, notamment dans le cadre d'un programme communautaire de gestion de la malnutrition aiguë en réponse à la crise du Rohingya à Cox's Bazaar, au Bangladesh. Il sert actuellement CARE Bangladesh en tant que Directeur technique, Partenariat et Impact pour l'initiative Impact collectif pour la nutrition.

Khrist Roy a 26 ans d'expérience dans la conception, le suivi et l'évaluation de programmes dans les secteurs de la santé et du développement, avec un intérêt particulier sur la santé maternelle, néonatale, infantile et adolescente, et sur la nutrition. Actuellement conseiller technique pour l'unité de sécurité alimentaire et nutritionnelle de CARE USA.

Dlorah Jenkins est une spécialiste de la recherche et des communications avec plus de sept ans d'expérience dans l'aide aux organisations non gouvernementales, publiques et privées qui utilisent des données pour mieux comprendre leur impact et communiquer leurs résultats. Elle travaille actuellement avec l'équipe Nutrition de CARE USA pour soutenir la recherche et sa diffusion.

Les auteurs remercient CARE USA et la SALL Family Foundation pour le financement du projet décrit dans cet article.

ENN remercie le Bureau régional de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre (WCARO) pour son soutien à la traduction des articles sur Field Exchange en français.  

Lieu : Bangladesh, district Sunamgonj  

Ce que nous savons : une approche multi-sectorielle est nécessaire pour relever les multiples défis de la malnutrition ; cependant, on ignore encore beaucoup de choses sur les processus et les méthodologies liés aux activités multi-sectorielles, ainsi que sur la façon dont ces activités se traduisent en actions sur le terrain

Qu'apporte cet article :  Dans le cadre du projet Nutrition at the Center (N@C), CARE Bangladesh a testé une approche sous-district et multi-sectorielle pour lutter contre la malnutrition. L'une des stratégies clés consistait à utiliser les structures et les ressources existantes pour établir un modèle de plates-formes de coordination multi-sectorielles et communautaires à l'appui d'interventions sensibles et spécifiques à la nutrition. A ce titre, N@C a réuni des acteurs des secteurs public et privé, des organisations non gouvernementales et des collectivités locales à de multiples niveaux de sous-districts. Les résultats de l'enquête en ligne indiquent que cette approche multi-sectorielle a permis d'améliorer considérablement les résultats nutritionnels

Contexte

Au Bangladesh, 36 % des enfants de moins de cinq ans souffrent d'un retard de croissance (NIPORT, 2015). Le fardeau du retard de croissance est plus lourd dans la région de Sylhet, où la prévalence du retard de croissance chez les moins de cinq ans est de 49,6% (NIPORT, 2015). Le gouvernement du Bangladesh (GoB) s'est engagé à atteindre l'objectif de développement durable consistant à mettre fin à toutes les formes de malnutrition d'ici 2030 ; cet engagement est explicité dans le Plan d'action national pour la nutrition (NPAN) du pays. Compte tenu de cette volonté politique et du lourd fardeau de la malnutrition au Bangladesh, CARE Bangladesh s'est fixé pour objectif de mettre en œuvre des programmes solides et fondés sur des données probantes pour améliorer la nutrition maternelle et infantile dans le pays. C'est dans cette optique qu'a été mis en œuvre, de 2013 à 2017, le projet Nutrition at the Center (N@C). Il s'agit d'un projet innovant avec une double stratégie : (1) intégrer la nutrition dans le système de santé communautaire existant ; et (2) renforcer la coordination multi-sectorielle autour de la nutrition, dans le but global de réduire de 9% le retard de croissance chez les enfants âgés de 0 à 23 mois dans les zones du projet.

Le gouvernement du Bangladesh et et les partenaires de développement travaillant dans le pays se sont engagés à s'attaquer au problème de la malnutrition et à le faire en renforçant la coordination multi-sectorielle. Une approche multi-sectorielle de la nutrition est définie dans ce contexte par une action coordonnée entre de multiples services gouvernementaux nationaux concernés, avec les gouvernements locaux et les organisations non gouvernementales (ONG), pour traiter à la fois les causes directes et sous-jacentes de la malnutrition. La mise en œuvre d'un programme de nutrition multi-sectoriel dépend du contexte et des programmes et ressources déjà en place. Les exemples suivants illustrent la coordination multi-sectorielle sous N@C :

  • L'éducation à la nutrition de la mère et du nourrisson et du jeune enfant (AMJIE) a été intégrée dans les programmes existants, tels que les groupes d'autonomisation des femmes ;
  • L'éducation Eau, assainissement et hygiène (EAH) était incluse faisant partie des conseils en Alimentation du nourrisson et du jeune enfant.
  • Le ministère de la Santé a lancé des campagnes de lavage des mains dans les écoles pour compléter les programmes de distribution de fer et d'acide folique (ACI) dans les écoles ; et
  • Le Département des affaires féminines a fourni des bons pour permettre aux femmes enceintes et allaitantes pauvres d'accéder aux services de santé et de nutrition.

Dans l'ensemble, une approche multi-sectorielle nous permet d'aborder la malnutrition sous différents angles et à différents niveaux de causalité Cependant, on manque de connaissances opérationnelles sur la manière de faciliter les processus de coordination multi-sectorielle, en particulier au niveau des sous-districts. A travers N@C, CARE Bangladesh a donc cherché à faciliter et à évaluer les méthodologies et les processus pour opérationnaliser la coordination multi-sectorielle du sous-district au village et intégrer la nutrition dans les systèmes de santé communautaire. Le présent article décrit les stratégies, les résultats et les leçons tirées de ces efforts.

Projet Nutrition at Center (N@C)

Le projet a été mis en place dans les sous-districts de Derai et Bishwambarpur du district de Sunamgonj à Sylhet et s'est déroulé de mai 2013 à décembre 2017, avec le financement de la Fondation de la famille Sall et de CARE USA. Derai et Bishwamparbur ont été choisis comme sites du projet en raison de leur forte concentration de populations pauvres et marginalisées et de leur éloignement, ce qui en fait deux des sous-districts les plus mal desservis et les moins performants du Bangladesh. La zone est également soumise aux crues soudaines régulières et les terres sont gorgées d'eau pendant la moitié de l'année, ce qui la rend impropre à la culture. Il y avait également des possibilités de travailler avec d'autres initiatives en matière de moyens d'existence et de santé et le Gouvernement du Bangladesh a encouragé les partenaires à travailler dans ces communautés éloignées pour trouver des solutions durables en utilisant les ressources existantes. N@C a été conçu en consultation avec le GoB, les organisations de la société civile, les Nations Unies et les autres partenaires au développement travaillant dans le pays.

Le projet visait à intégrer la nutrition dans le système de santé communautaire existant dans les zones du programme afin de soutenir une alimentation AMJIE efficace. À cette fin, CARE a formé 244 (presque tous) agents de santé gouvernementaux de première ligne dans la zone du projet et leurs superviseurs de première et deuxième ligne sur les pratiques optimales d'alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Une formation sur la supervision de soutien, le mentorat et le suivi a également été offerte aux superviseurs gouvernementaux de première et de deuxième ligne en matière de santé et de planification familiale, afin de renforcer leur capacité à encadrer et à contrôler efficacement la performance des agents de santé de première ligne. Les superviseurs ont été initiés au concept du mentorat (ou coaching) et ont reçu une formation de mentorat axée sur les compétences et un suivi post-formation pour les aider à intégrer leurs compétences nouvellement acquises dans la supervision de routine.

Avant le programme, il n'y avait pas de formation sur le suivi et la promotion de la croissance (GMP) (Growth Monitoring and Promotion) dans les cliniques communautaires de la région, principalement en raison de problèmes logistiques et d'un manque de prestataires de soins qualifiés. N@C a donc plaidé auprès de l'institut de la santé publique et de la nutrition IPHN (Institute of Public Health and Nutrition) pour assurer des ressources aux programmes de suivi et de promotion de la croissance (GMP) et a en outre organisé une formation d'une journée de remise à niveau sur le même sujet pour les agents prestataires de soins de santé communautaires basés dans des cliniques communautaires (la structure de soins primaires la plus élémentaire au Bangladesh). Des espaces d'allaitement maternel ont été établis dans 42 cliniques communautaires avec l'aide de gestionnaires du ministère de la Santé et du Bien-être familial (MoHFW) afin de créer un espace pour les agents prestataires de soins de santé communautaires, les assistants sociaux familiaux et les assistants sanitaires pour conseiller les mères sur les techniques d'allaitement et l' AMIJE et pour assurer la discrétion pour les mères.

Le deuxième volet du programme visait à faciliter la mise en place de plates-formes de coordination multisectorielle au niveau des sous-districts en utilisant les comités existants au sein du système gouvernemental au niveau des communautés, Unions et sous-districts (figure 1). CARE a facilité un processus participatif pour développer les termes de référence (TDR) de chacun des comités, a renforcé les capacités des membres des comités par des sessions de sensibilisation et de formation, et a fourni un soutien sur le terrain pour rendre les comités fonctionnels et efficaces. Bien que les comités aient amélioré leur efficacité en matière de nutrition, les compétences et les principes acquis grâce à ces formations peuvent également être appliqués à d'autres programmes prioritaires. En outre, des liens bidirectionnels (ascendants et descendants) ont été établis entre les comités de coordination.

Graphique 1 : Structure et couverture des comités et plateformes de coordination de la nutrition

en traduction - Version française bientôt disponible

Au niveau du village : groupes de soutien communautaire

La clinique communautaire (CC) est une structure mandatée par le gouvernement au niveau du village. Chaque CC est appuyé par trois groupes de soutien communautaire (GSC) qui sont responsables de la promotion des services offerts par la clinique aux collectivités de sa zone de desserte. Chaque Groupe de soutien communautaire comprend environ 17 représentants pour 2 000 membres de la communauté et comprend des membres de groupes d'adolescents et de jeunes, de groupes de femmes, de groupes de belles-mères, de groupes d'hommes, de clubs et de groupes et entreprises agricoles. Les membres du Groupe de soutien communautaire identifient les handicapés et les enfants de moins de deux ans dans leurs communautés et les orientent vers des services pertinents, tels que les soins prénatals (ANC), les soins postnatals (PNC), les vaccinations et les programmes de suivi et de promotion de la croissance (GMP). Les membres font ensuite un suivi auprès des familles référées par le biais de visites à domicile pour s'assurer que les conseils reçus lors de la visite à la clinique ont bien été suivis.

N@C a mobilisé 126 groupes de soutien communautaires afin de promouvoir les activités nutritionnelles et multi-sectorielles. Les agents de santé et de planification familiale de première ligne ont organisé des séances de formation pour 2 142 membres de Groupes des soutien communautaire afin de renforcer leurs capacités en matière de conseil nutritionnel, d'aiguillage, établir des liens entre les familles et les services axés sur la nutrition et sur la nutrition, au besoin, et de renforcer la coordination et de la responsabilisation entre prestataires de services. La couverture des services et du matériel s'est améliorée dans la région au cours des dernières années en raison d'un engagement politique accru ; les cliniques communautaires sont donc bien placées pour traiter les cas référés.

Dans le cadre du processus de renforcement des capacités, N@C a organisé une formation pour les membres des Groupes de soutien communautaires sur l'élaboration de plans d'action, l'engagement des groupes et structures communautaires et l'engagement dans des activités sensibles et/ou spécifiques à la nutrition. Une fois la formation terminée, les Groupes de soutien communautaires se réunissaient tous les mois pour discuter des succès et des défis, et pour élaborer des plans d'action pragmatiques en matière de nutrition. Le facilitateur du projet a travaillé avec les superviseurs et le personnel du GoB pour fournir un soutien continu aux Groupes de soutien communautaires, et faciliter le mappage social et la mise en place des plans d'action nutritionnels.

Les femmes sont encouragées de façon proactive à participer à la coordination des comités des groupes de soutien communautaires. En conséquence, sur les 219 membres de Groupes de soutien communautaires qui se sont joints au comité permanent de l'Union Parishad, près de la moitié étaient des femmes. De plus, 22 des 24 points focaux nutritionnels (responsables de la supervision et de la coordination des activités sanitaires et nutritionnelles d'une école) sont des femmes.

Au niveau de l'Union : comités de coordination du développement de l'Union (UDCC)

Le Conseil de l'Union (UC) (Union Council) est l'organe élu dans les zones rurales, principalement chargé de diriger et de coordonner le développement rural. Le Comité de coordination du développement de l'Union (UDCC) coordonne toutes les activités de développement et de service de l'Union et est composé de membres élus au comité, d'agents de vulgarisation des ministères de tutelle et de représentants des ONG. Plutôt que de créer une nouvelle plateforme de coordination au niveau de l'Union pour promouvoir un programme de nutrition, N@C a travaillé avec 14 UDCC, les encourageant à ajouter la nutrition comme priorité à leur programme permanent, à augmenter les allocations budgétaires aux activités de nutrition et à développer des plans d'action nutritionnels annuels multi-sectoriels basés sur les ressources locales et conformes aux plans opérationnels des ministères. Les plans de nutrition comprenaient à la fois des activités sensibles et spécifiques à la nutrition couvrant la santé et la nutrition, l'éducation, EAH, l'agriculture et l'élevage, les problèmes des femmes et des enfants et les activités de protection sociale. Les activités comprenaient la distribution de suppléments ACI aux handicapés et aux adolescentes ; la distribution de serviettes hygiéniques pour les adolescentes ; la distribution de tiffins (boîte à lunch) pour les écoliers ; l'installation de puits tubulaires et de latrines hygiéniques ; et la distribution d'engrais, de semences et de matériel agricole. Sur les 14 UDCC, N@C a appuyé la préparation du budget de six d'entre eux afin d'assurer l'allocation de fonds pour des activités liées à la nutrition.

Par l'intermédiaire des UDCC, N@C a facilité la planification, l'enregistrement et l'établissement de rapports au niveau local fondés sur des données probantes au sein des systèmes de santé communautaires et le développement d'une coordination efficace, l'utilisation optimale des ressources locales et le suivi des performances en matière d'amélioration de la nutrition dans les populations de la zone prédéfinie. Par exemple, les membres de l'UDCC travaillent maintenant ensemble pour examiner les données sur les services fournis par les fournisseurs de services de santé gouvernementaux et les ONG afin d'éviter le chevauchement des efforts et d'élaborer un rapport commun sur la santé et la nutrition de l'Union.

Au niveau des sous-districts : comité de coordination de la nutrition de l'Upazila

Deux comités de coordination de la nutrition de l'Upazila (président élu du UNCC) ont été créés (un dans chaque sous-district) sous la direction du Upazila Parishad (sous-district). Le Comité de coordination de la nutrition de l'Upazilla (UNCC) est le principal véhicule au niveau des sous-districts pour le renforcement de l'engagement multi-sectoriel en faveur d'une meilleure nutrition. Dans les zones de projet, les UNCC ont mobilisé avec succès des acteurs clés des secteurs de la santé, de la planification familiale, de l'agriculture, des affaires féminines, de l'élevage, de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène et de l'éducation pour améliorer la distribution de services et afin d'assurer le suivi des interventions sensibles et spécifiques en termes de nutrition Un engagement plus large de la société civile a été assuré grâce à la participation active des principales agences de développement opérant dans l' Upazila et, surtout, la voix de la communauté a été entendue grâce à la participation active de ses membres. De plus, avec l'appui du Comité de coordination de la Nutrition de l'Upazila (UNCC), les crédits budgétaires alloués aux activités de nutrition ont augmenté dans l'Union Parishad et dans les départements liés à l'élevage, l'éducation et l'agriculture. Les deux UNCC créées par le N@C sont toujours en activité et la plate-forme est incluse dans le NPAN-2 du Gouvernement du Bangladesh, avec des plans de réplication dans tous les sous-districts à l'échelle nationale.

Couverture du service et bénéficiaires

Le tableau 1 recense le nombre de séances de formation données par N@C et de participants / bénéficiaires entre 2013 et 2017.

Tableau 1 : couverture des activités N@C et nombre de bénéficiaires

* La baisse de la distribution des ACI de 2015 à 2016 s'explique par la faiblesse des stocks dans les centres de services. Cette situation a été corrigée l'année suivante et la distribution des ACI aux handicapés a de nouveau augmenté en 2017.

Méthodologie de l'enquête de référence et de l'enquête de fin de période

En mars 2014, une enquête de référence a été réalisée pour évaluer l'état nutritionnel et les facteurs d'influence à Derai et Bishwambarpur (sous-districts d'intervention) et Itna et Nikli (sous-districts témoins). L'enquête a évalué le statut socio-économique des ménages, la sécurité alimentaire, l'anthropométrie maternelle et infantile et les conditions EAH des ménages. Les résultats de l'enquête de référence ont servi à établir des seuils de performance pour le N@C, particulièrement en ce qui concerne les résultats nutritionnels de la mère et de l'enfant.

L'enquête était basée sur un échantillon représentatif de femmes non enceintes âgées de 15 à 49 ans qui vivaient dans le sous-district depuis au moins six mois et qui avaient un enfant biologique âgé de 0 à 35 mois vivant avec elle. La taille de l'échantillon a été calculée en fonction de l'échantillon requis pour déterminer une diminution de 9 % du retard de croissance (n = 1 998 femmes et leurs enfants âgés de 0 à 35 mois). Si plus d'un enfant admissible résidait dans un ménage sélectionné, un enfant était alors choisi au hasard pour les mesures anthropométriques. Les femmes et les enfants atteints d'une maladie chronique ou congénitale connue ou soupçonnée n'étaient pas admissibles.

Une procédure de probabilité proportionnelle à la taille en deux niveaux était adoptée; les unités de sous-district étant les unités d'échantillonnage primaires (UPE). Les unités d'échantillonnage secondaires étaient les ménages des sous-districts sélectionnés avec des femmes et des enfants admissibles.

À l'arrivée dans chaque zone échantillonnée, une réunion communautaire avait lieu (organisée au préalable par CARE Bangladesh) pour informer les membres de la communauté de l'objectif de la collecte de données et pour encourager la coopération. Partant d'un point bien en vue au centre d'une Union/Village, les personnes chargées de la collecte des données ont visité chaque ménage d'un seul tenant, interrogeant une femme qualifiant. Lorsque plusieurs femmes qualifiantes étaient présentes, l'une d'elles a été choisie au hasard pour un entretien. S'il n'y avait pas de femme admissible dans le ménage, les collecteurs de données passaient au ménage suivant. Cette procédure se poursuivit jusqu'à ce que le nombre requis de mères et d'enfants soient interrogés.

La taille/longueur et le poids des enfants âgés de 0 à 35 mois et des mères ont été mesurés à l'aide du matériel approprié. Des échantillons de sang ont été également prélevés tous les trois/quatre enfants âgés de 6 à 23 mois et de leurs mères non enceintes (les résultats sont encore en cours d'analyse et seront présentés à l'avenir). Les données ont été réunies au moyen d'une méthode d'interview assistée par ordinateur; il n'y avait donc pas de questionnaires papier pour la collecte. Les TAB et les programmes avec la formation nécessaire ont été fournis par CARE.

Des procédures d'échantillonnage et d'enquête identiques ont été suivies pour l'enquête de fin de période, administrée de mars à avril 2018. En fin de compte, 1 809 mères et leurs enfants âgés de 0 à 35 mois ont été interrogés.

Résultats

Les résultats préliminaires comparant les données de base et les données de fin de période indiquent certaines améliorations en termes de nutrition maternelle et infantile, de pratiques ANJE, EAH et d'autonomisation des femmes dans la zone d'intervention N@C. Une analyse plus approfondie des changements après l'intervention par rapport à la zone témoin est nécessaire (à venir) pour déterminer avec plus de certitude la mesure dans laquelle ces changements sont attribuables aux interventions N@C.

Santé et nutrition de la mère

Comme le montre l'Illustration 2, 59,1 % des femmes des régions couvertes par N@C respectaient les normes de diversité alimentaire minimale1 dans l'enquête de fin de période, soit une augmentation par rapport aux 23,6 % du départ. Dans les zones de projet N@C, 90,5% des femmes ont eu au moins une visite de consultation prénatale, contre seulement 37,9% au départ. Le pourcentage de femmes qui ont eu au moins quatre consultations prénatales a également augmenté, passant de 22,5 % au départ à 61,4 % à la fin. La consommation d'acide folique de fer (ACI) pendant la dernière grossesse est passée de 48,3 % à 86,1 % dans les zones du projet N@C. L'apport en ACI pendant au moins 90 jours (le minimum recommandé) a également augmenté, passant de 38,1 % à 67,1 %. Le pourcentage de femmes ayant reçu des soins postnatals a augmenté considérablement, passant de 14,7 % au départ à 49,7 %.

Graphique 2 : Résultats de l'enquête de référence et de l'enquête de fin de période : Santé maternelle et nutrition

en traduction - Version française bientôt disponible

Santé et nutrition de l'enfant

Graphique 3 : Résultats de l'enquête de référence et de l'enquête de fin de période : Pratique de l'ANJE

en traduction - Version française bientôt disponible


La majorité des nourrissons (86,1 %) dans les zones du projet N@C ont été mis au sein dans l'heure qui a suivi la naissance (74,8 % au départ) (voir Illustration 3). La prévalence de l'allaitement maternel exclusif est passée de 48,7% à 69,0% dans la zone d'intervention N@C. L'alimentation complémentaire débutée au bon moment est passée de 82,1 % à 90,3 %. La diversité alimentaire minimale et l'alimentation minimale acceptable ont augmenté considérablement, passant respectivement de 32,6 % à 70,6 % et de 28,4 % à 69,0 %.

EAH

L' Illustration 4 présente les résultats de l'enquête de référence et de l'enquête de fin de période pour certains indicateurs EAH. Dans la zone d'intervention, la plupart des ménages avaient une source d'eau améliorée (puits tubulaires), qui est passée de 74,6 % au départ à 98,6 % en bout de ligne. La proportion de ménages disposant d'installations sanitaires améliorées a également augmenté, passant de 42,0 % à 72,0 %. En ce qui concerne les pratiques d'hygiène, le pourcentage de mères qui ont déclaré s'être lavées les mains après être allées aux toilettes est passé de 56,1 % à 88,7 %. Cependant, toutes les pratiques d'hygiène n'étaient pas bien respectées : seulement un tiers environ (33,8 %) des mères ont répondu qu'elles se lavaient les mains avec du savon avant de nourrir leur enfant ; une augmentation par rapport à 9% seulement au départ.

Graphique 4 : Résultats de l'enquête de référence et de l'enquête de fin de période : EAH

en traduction - Version française bientôt disponible

L’autonomisation des femmes

Pour évaluer l'autonomisation des femmes, l'enquête a recueilli des informations auprès des femmes qui ont répondu qu'elles sont les principales décideuses pour le sujet donné.2 (voir Illustration 5). En général, le pourcentage de femmes qui sont les principales décideurs a augmenté. Leur participation à la prise de décisions économiques est passée de 54,3 % à 87,1 %. La plupart des femmes sont le principal décideur pour la façon de distribuer la nourriture au sein du ménage en période de pénurie (85,3 %). Il y a eu une légère augmentation, par rapport à une base de référence faible, du nombre de femmes en mesure de prendre des décisions concernant leurs propres soins de santé (13,2 %) et ceux de leur enfant (19,9 %). Diverses plates-formes, telles que les réunions de Groupe de santé communautaire et les réunions mères/enfants dans les cliniques communautaires, ont été mobilisées pour mettre en œuvre des activités relatives à l'autonomisation des femmes, l'accent étant mis sur le renforcement du rôle des femmes dans la prise de décision au foyer ainsi que sur l'encouragement à la participation des hommes à la promotion de la nutrition maternelle et infantile. Ce résultat particulier concernant l'autodétermination en matière de soins de santé indique qu'il faut mieux comprendre la meilleure façon d'habiliter les femmes à prendre des décisions concernant leur propre santé et celle de leurs enfants.

Graphique 5 : Résultats de l'enquête de référence et de l'enquête de fin de période : L'autonomisation des femmes

en traduction - Version française bientôt disponible

Impact : état nutritionnel de l'enfant

Les résultats de l'enquête en ligne indiquent une réduction du retard de croissance d'un peu plus de 13 points de pourcentage, bien que la prévalence du retard de croissance chez les enfants dans la zone du projet N@C reste élevée avec 33,4%. La prévalence de l'insuffisance pondérale chez les enfants âgés de 0 à 35 mois a diminué, passant de 35,6 % à 21,1 %, tandis que l'émaciation a également diminué de 10 % à 7,5 %. Les résultats de l'analyse de l'anémie sont à venir.

Graphique 6 : Résultats de l'enquête de référence et de l'enquête de fin de période : état nutritionnel des enfants

en traduction - Version française bientôt disponible

Enseignements tirés

Les leçons tirées de la première phase suggèrent que le développement des compétences en mentorat est un processus continu.

  • Des termes de référence et des lignes directrices spécifiques sont essentiels pour clarifier les structures et les rôles des comités de coordination multi-sectoriels.
  • L'identification et la mise en œuvre de mesures réalisables et fondées sur des données probantes encouragent les membres des comités multi-sectoriels à ajouter des mesures ambitieuses au fil du temps.
  • Le partage régulier des progrès et la reconnaissance sont importants pour soutenir la motivation des membres des comités multi-sectoriels et les tenir responsables de la réalisation des objectifs nutritionnels.
  • Tenir les décideurs au niveau national informés et engagés en facilitant les visites sur le terrain pour observer les processus et les réalisations des comités de coordination multi-sectorielle des sous-districts.
  • Il est possible d'améliorer les résultats en matière de nutrition en renforçant les plates-formes de l'Union et au niveau du village, ainsi que les plates-formes multi-sectorielles au niveau des districts et sous-districts.
  • Une attention particulière et des efforts spécifiques sont nécessaires pour maintenir la qualité des activités à mesure que les plates-formes multi-sectorielles de coordination de la nutrition s'intensifieront dans tout le pays au cours des prochaines années.      

Dans la phase 2, CARE envisage de mettre en place un système de soutien durable qui permette aux superviseurs d'améliorer leurs compétences techniques et leur expertise sur différentes questions AMJIE et d'offrir davantage de mentorat aux agents de santé de première ligne. La phase 2 est actuellement en cours en tant qu'initiative Impact collectif pour la nutrition (CI4N) (Collective Impact for Nutrition). Pour l'initiative CI4N, CARE collabore avec les membres de SUN pour soutenir le Bangladesh National Nutrition Council (BNCC) dans la mise en œuvre d'approches nutritionnelles multi-sectorielles dans les 64 districts du Bangladesh.

Diffusion et apprentissage à l'échelle nationale

Les résultats du N@C au Bangladesh ont été partagés dans le cadre d'un atelier de diffusion au niveau national. CARE a également facilité de multiples visites sur le terrain pour les hauts fonctionnaires du Gouvernement du Bangladesh, les donateurs et les organisations de la société civile, y compris les membres de l'Alliance de la société civile pour le renforcement de la nutrition (CSA pour SUN), afin de permettre à ces acteurs importants d'observer les approches multi-sectorielles sur le terrain dans le district de Sunamgonj. En conséquence, les décideurs ont commencé à établir des priorités et à intégrer des comités multi-sectoriels de nutrition dans le deuxième Plan d'action national pour la nutrition (NPAN-2) du pays.

Conclusion

Le gouvernement du Bangladesh a institutionnalisé des comités de coordination multi-sectoriels à différents niveaux, intégrant ces plateformes dans le NPAN-2 Toutefois, les avantages des comités multi-sectoriels de nutrition ne peuvent être obtenus que par une mise en œuvre efficace et durable. A cette fin, CARE Bangladesh propose des directives opérationnelles qui s'appuient sur notre expérience dans la facilitation efficace de ces plates-formes de sous-districts. De plus, avec un coût de seulement 1 000 US$ par an, l'animation des comités de coordination de sous-district est financièrement viable. Afin de rendre ces comités multi-sectoriels pleinement fonctionnels et efficaces, les premiers soutiens de facilitation externe ajoutent une valeur critique qui devrait être prise en compte par le gouvernement et les partenaires au développement dans les programmes de nutrition au Bangladesh.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Jahangir Hossain.


Footnotes

1La diversité alimentaire des femmes est un indicateur de la sécurité alimentaire ; la diversité alimentaire minimale est définie comme le fait d'avoir consommé des aliments provenant de cinq groupes alimentaires ou plus (sur neuf groupes alimentaires) dans les 24 heures précédant l'enquête.

2Les options de réponse étaient : (1) soi-même ; (2) le mari ; (3) vous et votre mari ; (3) votre belle-mère et votre beau-père ; (4) votre mère et votre père ; ou (5) autre.


Références

 OMS, 2014. Global nutrition targets 2025: policy brief series (WHO/NMH/NHD/14.2). Genève : Organisation Mondiale de la Santé.

 Unicef (2013). Améliorer la nutrition des enfants : l'impératif réalisable pour le progrès mondial.. New York: UNICEF.

 L'Institut national de la population, de la recherche et de la formation (NIPORT), Mitra and Associates et FCE International. 2016. Enquête sur la population et la santé au Bangladesh 2014. Dhaka, Bangladesh, et Rockville, Maryland, Etats-Unis : L'Institut national de la population, de la recherche et de la formation, Mitra and Associates, and FCE International.

 Ibid.

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