Adapter le protocole pour faire face aux réalités du programme : perspectives de l’UNICEF au Nigeria
Par Sanjay Kumar Das, Reuel Kirathi Mungai et Maureen Gallagher
Sanjay Kumar Das est responsable de la nutrition au bureau de l’UNICEF à Maiduguri, pour la réponse au nord-est du Nigeria.
Kirathi Reuel Mungai est spécialiste de nutrition (Équipe d’Intervention d’Urgence) à l’UNICEF New-York, et ancien coordinateur de Secteur Nutrition au Nigeria, basé à Borno.
Maureen Gallagher est la responsable Nutrition pour l’UNICEF Afghanistan. Auparavant, elle était spécialiste Nutrition au sein de l’Équipe d’Intervention d’Urgence de l’UNICEF, basée au siège de l’UNICEF, où elle a accompagné des situations d’urgence, notamment la réponse au Nigeria.
Avant 2016, les organisations humanitaires internationales soutenant les soins de santé primaires pour la gestion de la malnutrition aiguë dans l’État de Borno étaient limitées à un petit nombre de partenaires. En raison de la situation sécuritaire et de l’accès limité, toute la coordination humanitaire a été dans un premier temps entreprise à partir d’Abuja, en consultation avec les dirigeants de l’État et les organisations de coordination humanitaire. Fin septembre 2016, la coordination a été décentralisée à Borno.
Une analyse solide de la situation nutritionnelle a été entreprise conjointement par les partenaires humanitaires et l’État, et avec l’appui technique de l’UNICEF en tant qu’organisme chef de file du groupe sectoriel. C’est ainsi qu'en juin 2016, le ministre fédéral de la santé de l’époque a décrété l’état d'urgence nutritionnelle. Cette déclaration a entraîné une augmentation des partenaires humanitaires travaillant dans le secteur de la nutrition, ainsi que l’activation formelle du secteur pour répondre à la crise humanitaire de niveau 3. La crise dans le nord-est du Nigeria, dont l'épicentre affectait l’État de Borno, se traduisait par une prévalence élevée de malnutrition. Au plus fort de la crise en 2017, il y avait environ 520 393 enfants souffrant de malnutrition dans l’État, dont la majorité se trouvaient dans les communautés hôtes et dans des zones contrôlées par le gouvernement local difficiles d'accès.
La directive nigériane sur la Prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë (PCMA) reconnaît l’utilisation des critères d’admission à la fois sur la mesure du Périmètre Brachial (PB) et sur le Z-score Poids-pour-taille (WHZ). Avec le nombre élevé de cas de malnutrition aiguë et un système de santé fragile fonctionnant au-dessous de 40 % de ses capacités, le secteur a convenu avec tous les partenaires d'utiliser le PB comme critère d’admission et de sortie du traitement. La directive concernant la PCMA nigériane reconnaît aussi l’absence de services de prise en charge de la malnutrition aiguë modérée (MAM). Par conséquent, un PB supérieur à 12,5 cm est utilisé comme critère de décharge pour les personnes traitées pour malnutrition aiguë sévère (MAS).
Après la mise en place d’un système de surveillance nutritionnelle, le secteur de la nutrition a identifié des zones avec des taux de malnutrition aiguë globale extrêmement élevés, avec des difficultés d'accès rendant impossible une approche standard de prestation de services de PCMA par le biais du système de santé. Par l’intermédiaire du groupe de travail technique (GTT) sur la PCMA, certains partenaires ont demandé l’utilisation des critères d’admission élargis (CAE) dans ces zones. Cela a été discuté et l'utilisation des CAE a été approuvée pour une utilisation dans des circonstances spécifiques. Les principales préoccupations des responsables de la nutrition au niveau de l’État et au niveau fédéral étaient : la disponibilité des ATPE (le nombre d’enfants souffrant de malnutrition étant élevé) ; les défis résultant de la mauvaise utilisation des ATPE si les CAE n’ont pas été adoptés correctement ; les critères pour l’activation ou la désactivation des CAE ; et les outils de reporting à utiliser. Le GTT PCMA a examiné ces préoccupations et adopté des orientations opérationnelles tirées de l’outil global « Options pour une gestion exceptionnelle des programmes communautaires de malnutrition aiguë en situation d’urgence » afin de définir des critères et des limites pour les adaptations temporaires dans cette situation exceptionnelle.
Pour en savoir plus, veuillez contacter Sanjay Kumar Das.