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Implementing the family-MUAC approach for infants under 6 months in the context of COVID-19 in Ethiopia

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Par Bethany Marron, pour le compte du consortium d’étude RISE

Bethany Marron est conseillère en nutrition et ancienne directrice du projet d’étude RISE pour International Rescue Committee (IRC), où elle supervise le portefeuille de recherche opérationnelle en nutrition. Elle fournit une assistance technique sur les approches simplifiées et sur l’intégration de la nutrition dans la prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire.

Consortium d’étude RISE : Naoko Kozuki (International Rescue Committee), Olatunde Adesoro, Helen Counihan, Prudence Hamade, Olusola Oresanya (Malaria Consortium), Regine Kopplow (Concern Worldwide), Jemimah Wekhomba, Pilar Charle Cuellar (Action contre la Faim), Emily Keane, James Njiru (Save the Children)

Nous tenons à saluer et à remercier les agents de santé communautaires, les pourvoyeurs de soins et les enfants de l’État de Niger au Nigéria, du district de Nsanje au Malawi et des comtés d’Isiolo et de Turkana au Kenya, pour leur participation. Sans leur confiance, cette étude n’aurait pas pu voir le jour. Ces travaux ont été financés par la Fondation Eleanor Crook, par le biais de son portefeuille de subventions RISE (Research, Innovate, Scale, Establish) for Nutrition.

Lieu : Kenya, Malawi, Nigéria, Soudan du Sud

Ce que nous savons : Le traitement des cas d’émaciation sans complications par les agents de santé communautaires (ASC) constitue une approche simplifiée permettant d’assurer la continuité du dépistage et des traitements, notamment dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

Ce que cet article nous apprend : Le présent article résume les connaissances opérationnelles acquises par le consortium d’étude RISE, une initiative pluri-partenaires et multi-pays visant à élaborer et à expérimenter un protocole de traitement simplifié, des outils et des aide-mémoire afin que les ASC alphabétisés ou peu instruits puissent administrer dans différents endroits les traitements contre l’émaciation sans complications, par le biais de la plateforme de prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (PEC-C). Avant d’adopter ce modèle, il convient de prendre en compte les aspects opérationnels suivants : le profil épidémiologique spécifique au contexte (nombre de cas de malnutrition et saisonnalité), à quel point le modèle lèvera les principaux obstacles au traitement dans ledit contexte, l’existence d’un système de santé communautaire dans lequel intégrer le modèle et la présence d’une chaîne d’approvisionnement, d’un mécanisme de supervision et de financements. Dès lors que le modèle est jugé approprié, il est notamment recommandé, afin d’améliorer sa mise en œuvre et son adoption, de simplifier les protocoles pour rationaliser la prise de décisions par les ASC, de simplifier et d’intégrer les outils qui leur sont destinés, de renforcer les mécanismes de référencement pour les cas compliqués, de fournir aux ASC des moyens de motivation et d’incitation, d’être attentif aux défaillances et d’y remédier, de développer la formation et la supervision des ASC et de mobiliser les communautés. L’intégralité des résultats quantitatifs et qualitatifs fera l’objet d’une publication à comité de lecture en 2021. Une application renforcée des considérations et des recommandations mentionnées ici est indispensable pour éclairer la faisabilité opérationnelle, le passage à plus grande échelle et la pérennité de cette approche.

Contexte

Selon les dernières estimations conjointes sur la malnutrition infantile, 47 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’émaciation modérée ou sévère (UNICEF, Banque mondiale, OMS, 2020). Cependant, outre que les traitements ne sont actuellement disponibles que dans les établissements de santé, des services d’importance vitale sont pour la plupart inaccessibles. Les données recueillies à l’échelle mondiale indiquent que seul un enfant sur quatre ayant besoin d’un traitement peut y accéder (Puett et al., 2013 ; Rogers et al., 2015). L’actuelle pandémie de COVID-19 menace d’entraver davantage encore l’accès aux traitements nutritionnels. D’après le Lancet, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) estime dans ses rapports que la couverture des services essentiels de nutrition a globalement diminué de 30 %, pourcentage qui atteint 75 à 100 % dans les contextes de confinement (Headey et al., 2020).

Des modèles de prestation de services communautaires ont été adoptés pour augmenter l’accès au traitement contre d’autres maladies de l’enfance. Plus particulièrement, l’approche de la prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (PEC-C) outille les ASC pour qu’ils délivrent dans leur communauté, en dehors des établissements de santé, des traitements contre les principales causes de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans : pneumonie, diarrhée et paludisme (OMS, 2012). La malnutrition, à l’origine de près de la moitié de ces décès, ne fait actuellement pas partie de l’ensemble de traitements recommandés pour la PEC-C.

Dans plusieurs études, on a examiné si les ASC intervenant dans le cadre de la PEC-C pouvaient efficacement administrer des traitements contre l’émaciation sans complications. Toutefois, aucune de ces études n’a pourvu les ASC, peu-alphabétisés, de moyens nécessaires à la prise en charge du traitement (López-Ejeda et al., 2019). Depuis 2015, l’IRC élabore et expérimente sur le terrain des outils et un protocole de traitement simplifié, permettant aux ASC alphabétisés ou peu instruits de traiter les cas de malnutrition aiguë sévère (MAS) sans complications, dans le cadre de la PEC-C (Tesfai et al., 2016). Après une étude initiale menée dans l’État de Bahr El Ghazal du Nord, au Soudan du Sud, le protocole simplifié a été de nouveau adapté et testé par quatre autres organisations dans des contextes où les enfants avaient un accès limité au traitement dans les établissements de santé (Kozuki, 2020 ; Van Boetzelaer, 2019). De 2017 à 2019, l’IRC a assuré la direction technique de l’étude RISE, une initiative pluripartenaires et multipays financée par la Fondation Eleanor Crook, visant à générer des données probantes supplémentaires relatives à l’approche de l’administration des traitements par les ASC. Le consortium d’étude RISE rassemble des partenaires issus des sièges mondiaux et de bureaux locaux basés dans l’État de Niger au Nigéria (Malaria Consortium), dans le district de Nsanje au Malawi (Concern Worldwide), et dans les comtés d’Isiolo (Action contre la Faim) et de Turkana (Save the Children), au Kenya1.

Protocole d’étude RISE

Le protocole d’étude RISE a reflété, dans une large mesure, l’étude initiale de validation de concept mise en œuvre au Soudan du Sud. Au Nigéria et au Malawi, les partenaires RISE ont mené des études prospectives faisant appel à des méthodes mixtes sur la faisabilité et l’acceptabilité de l’administration des traitements dans les communautés par des ASC, et sur les résultats obtenus dans leur contexte pour les cas de malnutrition infantile sans complications. Au Kenya, les partenaires de l’étude ont évalué la faisabilité de l’approche dans le cadre d’un essai contrôlé randomisé en grappes, en comparant les traitements administrés par les ASC dans le cadre de la PEC-C et ceux délivrés dans les établissements de santé (Kimani-Murage et al., 2019). Des superviseurs ont évalué le travail des ASC à l’aide d’une liste de critères préétablis et les enfants ont fait l’objet d’un suivi dans le temps afin de recueillir les résultats du traitement. Des groupes de discussions et des entretiens approfondis ont été organisés afin de comprendre la manière dont a été perçue l’administration des traitements par les ASC, ainsi que les réussites et les difficultés logistiques du programme.

Les ASC évalués dans le cadre des études RISE ont également utilisé le protocole de traitement simplifié expérimenté au Soudan du Sud. Les modifications mineures apportées aux procédures d’évaluation des signaux d’alarme (complications médicales) et des critères de sortie ont été fondées sur les protocoles nationaux de PEC-C et de traitement de l’émaciation. Au Malawi et au Nigéria, les ASC ont admis au traitement des enfants atteints de MAS sans complications, dont le périmètre brachial était compris entre 9 et 11,5 cm. Ils ont administré le traitement contre la MAS en fonction du poids, au moyen d’aliments thérapeutiques prêts à l'emploi (ATPE), jusqu’à la guérison ou la sortie du programme. Au Kenya, conformément aux objectifs de l’étude menée dans le cadre d’un essai contrôlé randomisé en grappes, les ASC ont également admis au traitement des enfants souffrant de malnutrition aiguë modérée (MAM) sans complications ou dont le périmètre brachial était compris entre 11,5 et 12,5 cm. Les nouveaux cas de MAM ont été traités par l’administration quotidienne d’un sachet d’aliments supplémentaires prêts à l’emploi (ASPE), jusqu’à la guérison ou la sortie du programme. À titre de précaution supplémentaire, l’ensemble des partenaires de l’étude ont établi des critères de transfert selon lesquels les ASC devaient interrompre le traitement et référencer les enfants dont le périmètre brachial avait diminué ou n’avait pas évolué durant une période prédéfinie. Voir le tableau 1, qui offre une synthèse des protocoles de traitement utilisés dans chaque contexte.

Tableau 1 Protocole de traitement (synthétisé) utilisé dans le cadre de l’étude RISE

Résultats de l’étude

Au terme des études menées au Nigéria, au Malawi et au Kenya, le consortium s’est réuni en février 2020 pour examiner les résultats quantitatifs et qualitatifs, ainsi que la possibilité de poursuivre l’administration des traitements par les ASC au-delà de la période d’étude. Au cours de l’atelier qui a duré deux jours, les partenaires de l’étude ont constaté que les ASC avaient, indépendamment de leur niveau d’alphabétisation, largement adhéré au protocole simplifié de traitement contre la MAS, ainsi qu’au traitement contre la MAM au Kenya, et qu’ils avaient obtenu des résultats conformes aux normes humanitaires Sphère (tableaux 2 et 3). En outre, les données qualitatives ont révélé que, dans tous les contextes, les membres des communautés avaient généralement apprécié la proximité de l’accès au traitement, même si certains ASC ont ressenti la frustration des pourvoyeurs de soins dont les enfants n’étaient pas éligibles au traitement. Les ASC ont estimé que le fait d’assurer à la fois la PEC-C et l’administration des traitements nutritionnels représentait une charge de travail supplémentaire. Ils ont suggéré différentes mesures incitatives à mettre en place pour les soutenir.

Le présent article offre une synthèse du travail réalisé par les ASC et des résultats obtenus en matière de traitement dans le cadre de l’étude RISE, afin d’inscrire les enseignements opérationnels présentés dans leur contexte. L’intégralité des résultats quantitatifs et qualitatifs fera l’objet d’une publication à comité de lecture en 2021.

Tableau 2 Travail réalisé par les ASC (synthétisé)

*Remarque : les ASC ont été évalués à l’aide d’une liste de critères préétablis contenant différentes tâches d’évaluation et de traitement spécifiques au contexte. De ce fait, les notes de performance composites présentées ci-dessus ne rendent pas pleinement compte du travail réalisé par les ASC et ne permettent pas d’effectuer des comparaisons entre les lieux d’étude. L’intégralité des résultats relatifs au travail réalisé par les ASC sera publiée dans le cadre d’une prochaine publication à comité de lecture.  

Tableau 3 Résultats (synthétisés) des traitements

*Normes Sphère minimales pour MAS vers MAM : décès 10 %, guérison 75 %, abandon 15 % ; pour MAM vers guérison complète : décès 3 %, guérison 75 %, abandon 15 %.

**Les critères de sortie variaient en fonction du contexte (voir tableau 1), ce qui limite la comparabilité des lieux d’étude.

Enseignements opérationnels

Outre le fait qu’elle fournit des données probantes sur la faisabilité et l’acceptabilité de l’administration des traitements par les ASC, l’étude RISE offre de précieux enseignements sur la manière de mettre en œuvre cette approche dans différents contextes. Les partenaires de l’étude ont reconnu avoir joué un rôle majeur dans le renforcement de l’exécution des programmes durant la période d’étude. Ils ont convenu de plusieurs aspects à prendre en compte et recommandations à suivre afin de faciliter les mises en œuvre futures dans le cadre d’environnements programmatiques « classiques » et/ou sous la direction du ministère de la Santé.

Considérations initiales : quels sont les aspects à examiner avant la mise en œuvre de l’administration des traitements par les ASC

Les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux envisageant la mise en œuvre d’une approche fondée sur l’administration des traitements par les ASC, telle que celle appliquée par les programmes expérimentés dans le cadre des études RISE, doivent examiner les aspects suivants afin de déterminer si elle est appropriée au contexte concerné.

Le profil épidémiologique

L’administration des traitements par les ASC doit répondre au profil épidémiologique propre au contexte. S’agissant d’un programme communautaire suivant un protocole de traitement simplifié, le nombre de cas de malnutrition pouvant être traités par les ASC doit être établi en fonction de la prévalence de la maladie dépistée par mesure du périmètre brachial. Étant donné les difficultés logistiques posées par l’exécution des programmes de santé communautaires, une approche fondée sur l’administration des traitements par les ASC n’offre pas nécessairement un bon rapport coût-efficacité si le nombre de cas de malnutrition est trop faible. Par ailleurs, si le nombre de cas est élevé, les acteurs de la mise en œuvre doivent examiner les conséquences logistiques qu’implique le choix de traiter uniquement les nouveaux cas de MAS ou de traiter également les nouveaux cas de MAM. De même, si l’on sait que la prévalence connaît des fluctuations saisonnières, l’administration des traitements par les ASC peut soit se révéler inutile, soit exercer une forte pression sur le système de santé communautaire à certaines périodes de l’année. Le recours aux ASC en tant que capacité de renforts pour administrer les traitements pourrait être envisagé comme alternative à leur mobilisation à cet effet tout au long de l’année.

Les causes de la faible couverture des traitements

Les acteurs de la mise en œuvre de l’administration des traitements par les ASC doivent être certains que celle-ci constituera, dans leur contexte, une solution efficace face aux principaux obstacles empêchant les familles d’accéder aux services de prise en charge et de les utiliser. Les acteurs de la mise en œuvre ne doivent pas partir du principe que l’accès physique aux traitements, dont la réduction est l’objectif visé par l’administration des traitements par les ASC, est le principal facteur de la faible couverture de ceux-ci. L’administration des traitements par les ASC ne permettra pas à elle seule de lever d’autres obstacles persistants dans de nombreux programmes de prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë (PCMA). Ainsi, sa mise en place ne saurait transformer les pratiques ou les préférences culturelles influant sur la recherche de soins et n’améliore pas nécessairement l’accès des familles pastorales nomades à ceux-ci. En réalité, l’une des questions essentielles à se poser avant même d’envisager cette approche doit consister à s’interroger sur l’existence d’alternatives raisonnables, notamment à examiner si la qualité et la pertinence des services fournis par un établissement proposant des soins ambulatoires pourraient être améliorées.

Le système de santé communautaire

Il convient d’envisager une approche fondée sur l’administration des traitements par les ASC uniquement dans un contexte où il est possible d’établir un lien explicite (à moins qu’un tel lien n’existe déjà) entre le système de santé communautaire et le système de santé institutionnel. Les acteurs de la mise en œuvre de cette approche doivent comprendre, en s’appuyant sur leur expérience, la couverture et la capacité réelles que peuvent offrir le système et le personnel de santé communautaires, connaître les politiques et les procédures existantes réglementant la coopération avec les ASC, ainsi que les points de référencement prédéfinis vers lesquels orienter les enfants ayant besoin de soins médicaux supplémentaires. De même, une approche fondée sur l’administration des traitements par les ASC intégrée dans la PEC-C devra s’appuyer sur une structure préexistante et/ou un environnement politique approprié permettant aux ASC de soigner les maladies de l’enfance.

La viabilité et la pérennité de la chaîne d’approvisionnement 

Même dans les contextes où l’on dispose de chaînes d’approvisionnement pour des programmes tels que la PEC-C, l’adjonction de fournitures thérapeutiques prêtes à l’emploi volumineuses et coûteuses exercera une pression sur le système existant. La pérennisation de l’administration des traitements par les ASC exigera de repenser les ressources et les processus actuels pour que les communautés soient régulièrement approvisionnées. Les outils et les dispositifs de compte rendu permettant aux ASC de consigner les produits utilisés et les ravitaillements à prévoir doivent être adaptés avec une certaine souplesse afin de constituer un stock tampon. En outre, les dépôts centraux de fournitures et/ou les établissements de santé chargés de livrer les produits aux ASC doivent être équipés pour prépositionner, stocker et transporter les aliments prêts à l’emploi. Enfin, les ASC doivent disposer de moyens sûrs et adéquats de stockage des marchandises chez eux et/ou à proximité immédiate du lieu où ils administrent les traitements.

La supervision

L’ajout de l’administration des traitements contre l’émaciation sans complications à la charge de travail des ASC doit être assorti d’une supervision fréquente au début du programme, afin de corriger les problèmes d’efficacité et de permettre aux agents de santé de définir clairement les attentes de la communauté au regard du programme. Les acteurs de la mise en œuvre ne doivent pas uniquement s’appuyer sur les ressources et les protocoles habituels du ministère de la Santé pour former, rémunérer ou accompagner les superviseurs participant à la phase de mise en place. À plus long terme, ils doivent examiner la manière dont les structures de supervision peuvent être repensées ou améliorées au sein du système de santé, de telle sorte que les ASC soient également soutenus de manière plus stratégique et plus fréquente par un personnel compétent issu des établissements médicaux de référencement et/ou des programmes de PCMA.

Le financement

Les acteurs de la mise en œuvre de l’administration des traitements par les ASC doivent soigneusement examiner si les financements sont suffisants pour couvrir les étapes essentielles de celle-ci, notamment les activités initiales telles que le renforcement des liens avec le système de santé institutionnel, la création et/ou la mise à jour d’aide-mémoire et d’outils pour les ASC, la restructuration des chaînes d’approvisionnement et du suivi des produits, et la formation des ASC et de leurs superviseurs. La durée prévue pour la réalisation de ces activités doit être estimée au regard du temps raisonnablement nécessaire pour atteindre les objectifs fixés concernant l’administration des traitements par les ASC, et du montant des fonds disponibles pour supporter les coûts de maintien du programme.

Recommandations programmatiques : comment optimiser l’administration des traitements par les ASC dans les communautés

Dès lors qu’une approche fondée sur l’administration des traitements par les ASC est jugée appropriée pour le contexte concerné, les acteurs de sa mise en œuvre doivent tenir compte des recommandations suivantes afin d’améliorer son application et son adoption.

Simplifier le protocole des traitements administrés par les ASC dans les communautés

Les acteurs de la mise en œuvre de l’administration des traitements par les ASC doivent adopter un protocole simplifié pour le traitement des cas de MAS et/ou de MAM sans complications, afin de rationaliser la prise de décisions par les ASC, de faciliter les procédures d’évaluation et d’améliorer la continuité des soins. Ils doivent intégrer les procédures d’évaluation issues des protocoles nationaux de PEC-C, déjà simplifiées, pour que les ASC puissent vérifier la présence ou non de complications médicales, adopter la mesure du périmètre brachial seul comme critère anthropométrique pour l’admission, le traitement et le suivi, et soigner les enfants admis au traitement contre la MAS jusqu’à leur complète guérison à l’aide d’un seul produit. Si l’étude RISE n’a pas expérimenté l’utilisation d’un protocole de traitement combiné pour les cas de MAS et de MAM, les acteurs de la mise en œuvre devraient envisager d’appliquer un protocole recourant à un seul produit pour le traitement de la MAS et de la MAM au lieu des deux généralement utilisés dans les traitements administrés en milieu hospitalier. De nouvelles données probantes indiquent que le traitement simplifié et combiné de la MAS et de la MAM est aussi efficace que le traitement classique et permet de réaliser des économies (Bailey et al., 2020).

Simplifier et intégrer les outils existants utilisés par les ASC pour administrer les traitements

Les acteurs de la mise en œuvre de l’administration des traitements par les ASC doivent doter ces derniers d’outils et d’aide-mémoire simplifiés tels que la boîte à outils destinée aux personnes peu alphabétisées expérimentée dans l’étude RISE. Ces outils ont été expressément conçus selon un processus axé sur l’utilisateur, afin de s’adapter aux capacités et aux préférences des ASC tout en les guidant dans les procédures d’admission, de suivi et de sortie au moyen de repères de couleur et de pictogrammes. En outre, le registre de traitement simplifié a joué un rôle essentiel en donnant aux ASC la possibilité de renseigner, de suivre et d’interpréter l’état nutritionnel des enfants au fil du temps, tâche qui nécessite habituellement un niveau d’alphabétisation élevé. Enfin, les acteurs de la mise en œuvre doivent, autant que possible, intégrer d’autres outils et aide-mémoire utilisés par les ASC. Ainsi, les outils relatifs à la PEC-C et ceux concernant l’administration des traitements par les ASC doivent être remodelés pour former une seule boîte à outils simplifiée, afin d’unifier les procédures détaillées de traitement des maladies et de l’émaciation.

Renforcer le référencement vers les établissements de santé et les centres de stabilisation appropriés

Les acteurs de la mise en œuvre doivent élaborer des stratégies permettant de référencer les enfants souffrant de complications médicales vers les établissements de santé appropriés et/ou renforcer les stratégies existantes. Par exemple, les acteurs de la mise en œuvre doivent mettre à profit les relations existant entre les ASC et la communauté pour concevoir des messages, des conseils et des mécanismes adaptés au contexte, communiquant de manière adéquate les limites des traitements administrés par les ASC et l’importance du référencement médical éventuellement prescrit, et pour concevoir des dispositifs d’aide réalisables, tels que la fourniture de moyens de transport, en vue de faciliter le référencement. Les acteurs de la mise en œuvre doivent également établir et encourager une communication réciproque et/ou un suivi formel du référencement, permettant de confirmer l’adhésion à celui-ci et son exécution ou d’indiquer les améliorations nécessaires à apporter au programme.

Réfléchir à des moyens appropriés de motivation et d’incitation des ASC

Les ASC doivent recevoir une rémunération conforme au salaire minimum fixé à leur égard dans les directives nationales, ainsi que des moyens incitatifs tels que des chaises et/ou une petite table pour accueillir les pourvoyeurs de soins et du matériel d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène afin de pouvoir administrer les traitements depuis chez eux. Les acteurs de la mise en œuvre doivent également trouver un moyen d’accréditer et/ou de distinguer les ASC ayant acquis des compétences supplémentaires et assumant la responsabilité d’administrer des traitements. L’accréditation sera particulièrement importante dans les futurs contextes, où seuls des ASC sélectionnés seront formés et équipés pour administrer des traitements, afin de différencier ceux qui fourniront des traitements contre la MAS ou la MAM des autres agents de santé. Par ailleurs, la légitimation des ASC peut réprimer le scepticisme et les accusations de favoritisme auxquels ils font face de la part des pourvoyeurs de soins dont les enfants ne sont pas admis au traitement.

Repérer les causes d’abandon et adapter les programmes afin de réduire celui-ci

L’approche de l’administration des traitements par les ASC entend réduire les obstacles entravant l’accès aux traitements. Par conséquent, les acteurs de sa mise en œuvre doivent mettre en place un système de suivi des abandons reposant notamment sur la collecte de données quantitatives et qualitatives expliquant ceux-ci et, en cas de persistance d’un taux d’abandon élevé, trouver des solutions réalisables d’adaptation du programme pour y remédier.

Étudier les moyens de renforcer la formation des ASC en vue d’améliorer leur efficacité

Afin que les ASC soient prêts à administrer les traitements, les acteurs de la mise en œuvre doivent évaluer, à l’aide d’un examen pratique, leur efficacité avant leur déploiement en leur laissant au moins une possibilité d’améliorer leurs résultats après avoir reçu l’appréciation d’un superviseur. Durant les visites de supervision, les acteurs de la mise en œuvre doivent attentivement vérifier si certaines tâches essentielles exigent une formation supplémentaire ou une nouvelle formation. Ainsi, les équipes d’ASC qui assurent à la fois la PEC-C et le traitement contre l’émaciation peuvent bénéficier de remises à niveau régulières ou d’aide-mémoire spécifiques relatifs au traitement et à la consignation des comorbidités.  

Améliorer la communication et mobiliser les communautés en vue d’appuyer l’administration des traitements par les ASC

Les acteurs de la mise en œuvre de l’administration des traitements par les ASC doivent d’emblée mobiliser les communautés afin d’instaurer le partage des connaissances, l’engagement et la redevabilité et de limiter les informations erronées à propos de cette approche. L’appui des dirigeants communautaires, des pourvoyeurs de soins et des autres prestataires médicaux est essentiel pour communiquer des messages clés en matière de nutrition et encourager l’adhésion au traitement, ainsi que pour assurer la motivation des ASC et favoriser l’acheminement et le stockage en toute sécurité des médicaments et des ATPE. Une meilleure communication permet également de faciliter la compréhension des procédures et des mécanismes de référencement par les pourvoyeurs de soins, et de réduire ainsi la frustration qu’ils expriment aux ASC.

Conclusions

Les résultats quantitatifs et qualitatifs de l’étude RISE laissent entendre que, globalement, les ASC peuvent être formés et équipés pour administrer précisément et efficacement des traitements contre l’émaciation sans complications au niveau des communautés. Cependant, il est indispensable de renforcer l’application des considérations et des recommandations élaborées par les partenaires de l’étude afin d’éclairer la faisabilité opérationnelle, le passage à plus grande échelle et la pérennité de l’administration des traitements par les ASC, dans le cadre des conditions programmatiques habituelles et sous la direction du ministère de la Santé. Plus récemment, l’administration des traitements par les ASC a été adoptée et encouragée par l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Groupe thématique (cluster) mondial sur la nutrition, en tant qu’approche recommandée pour garantir la continuité des traitements contre l’émaciation dans le contexte de la COVID-19 (UNICEF, GTAM, cluster mondial Nutrition, 2020). Bien que le consortium d’études RISE ait examiné la faisabilité de cette approche avant la pandémie, les partenaires de l’étude ont reconnu le potentiel qu’offre l’administration des traitements par les ASC pour faire face aux difficultés exceptionnelles liées à la COVID-19. En juin 2020, le consortium a élargi le cercle de ses membres pour accueillir d’autres experts en santé et nutrition de l’enfant, notamment issus de l’UNICEF, afin d’élaborer une « Boîte à outils pour le traitement communautaire de l’émaciation sans complications chez les enfants âgés de 6 à 59 mois dans le contexte de la COVID-19 ». Cette boîte à outils comprend des directives actualisées reflétant les considérations et les recommandations mentionnées dans le présent article, et intégrant d’autres approches simplifiées telles que la mesure du périmètre brachial par les familles et un protocole de traitement simplifié et combiné.

Le consortium d’études RISE a constitué un groupe de travail sur les approches simplifiées, qui continue d’examiner le potentiel qu’offre l’administration des traitements par les ASC pour accroître l’accès aux traitements contre l’émaciation. Désormais codirigé par l’UNICEF et appuyé par d’autres partenaires de mise en œuvre, ce groupe de travail vise à soutenir les organisations dans l’application de différentes approches conçues pour améliorer la couverture et réduire les coûts de fourniture des traitements, notamment ceux administrés par les ASC. À cet effet, il s’emploie à fournir une plateforme permettant de partager les réussites, les difficultés et les expériences opérationnelles et d’échanger à ce sujet, ainsi que de collaborer à l’élaboration d’outils et de formations aux directives, et à la production de données probantes.

Pour en savoir plus, veuillez contacter Bethany Marron à l’adresse suivante : Bethany.marron@rescue.org


1 https://www.acutemalnutrition.org/fr/Simplified-Approaches-Tools


Références

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Headey, D., Heidkamp, R., Osendarp, S, et al. Impacts of COVID-19 on childhood malnutrition and nutrition-related mortality. Lancet. 2020; (published online July 27.) https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)31647-0

Kimani-Murage, E.W., Pythagore, H., Mwaniki, E. et al. Integrated and simplified approaches to community management of acute malnutrition in rural Kenya: a cluster randomized trial protocol. BMC Public Health 19, 1253 (2019) https://doi.org/10.1186/s12889-019-7497-3

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