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Programmes d’alimentation de complément dans les situations d’urgence – Étude de cas au Nigéria

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Ceci est l'une des quatre études de cas de cette section spéciale de FEX qui souligne l'importance d'une analyse contextuelle solide pour guider la conception, la mise en œuvre et le suivi appropriés des actions et des interventions, la collaboration et l'intégration intersectorielles, et la preuve de concept des initiatives localisées qui ont le potentiel d'être étendues au niveau national. 

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Jodine Chase est la facilitatrice du Groupe de travail interinstitutions sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant dans les situations d’urgence (IFE Core Group).

Gwénola Desplats est nutritionniste senior à ENN.

Introduction

Cette étude de cas a examiné les expériences menées au Nigéria, où l’on sait que certains progrès ont été réalisés ces dernières années concernant les programmes d’alimentation de complément dans les situations d’urgence (CFE) (ENN et IFE CG, 2022).

Contexte de programmation

Le Nigéria, qui a été confronté à des conflits et à des situations d’urgence depuis 2009, et dont la situation sécuritaire est particulièrement complexe dans les États du nord-est, présente un contexte humanitaire difficile pour la programmation de l’alimentation de complément dans les situations d’urgence.

Des mécanismes de coordination solides pour la nutrition étaient en place dans le nord-est, où le secteur de la nutrition et le groupe de travail technique sur l’ANJE-U ont travaillé à l’élaboration de directives d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant dans les situations d’urgence. Ces mécanismes ont ensuite été adaptés en un ensemble d’interventions unifiées, conformément aux directives sur l’alimentation de la mère, du nourrisson et du jeune enfant dans les situations d’urgence. L’adoption de ces directives par tous les partenaires de mise en œuvre et les organismes gouvernementaux a permis aux programmes de lutte contre la malnutrition de mieux prendre en compte l’alimentation de complément (par le biais des interventions d’ANJE).

Bien que le gouvernement n’ait pas nécessairement dirigé les interventions de CFE dès le départ, il a soutenu et approuvé le processus d’élaboration des nouveaux conseils et outils, ainsi que leur application ultérieure, en particulier dans le nord-est du pays. Les cadres politiques et législatifs destinés à soutenir les programmes d’alimentation de complément dans les situations d’urgence ont ensuite été renforcés pour aligner les politiques fédérales aux pratiques en place dans le nord-est, en s’appuyant sur les documents d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant dans les situations d’urgence et sur les directives de nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant dans les situations d’urgence.

En fonction de la situation – zones avec une situation prolongée relativement stable, zones avec un accès possible et zones avec un accès limité – les interventions de CFE dans le nord-est ont été adaptées et la priorité a été donnée aux interventions visant à sauver des vies pendant les situations d’urgence aiguë.

Analyse de situation nutritionnelle : Facteurs et déterminants de l’alimentation des jeunes enfants

Une analyse de la situation pour guider les programmes d’alimentation de complément a été menée au Nigéria, et a été rapportée dans la stratégie et le plan d’intervention du Secteur nutrition. Cette analyse a été principalement informée par les enquêtes démographiques et sanitaires (2018), ainsi que par d’autres enquêtes localisées sur la nutrition, la sécurité alimentaire et les connaissances, attitudes et pratiques en matière d’alimentation.

L’analyse de la situation a montré que la malnutrition et les pratiques d’alimentation de complément sous-optimale chez les enfants de 6 à 23 mois étaient une préoccupation majeure au Nigéria, que la faible diversité alimentaire était le principal facteur de l’alimentation de complément sous-optimale, mais que la fréquence inadéquate des repas était également prévalente, et que les principaux moteurs des pratiques sous-optimales d’ANJE étaient l’insécurité alimentaire, le manque de connaissances et de temps des personnes responsables de l’enfant, la dynamique des ménages, certaines normes sociales et des services EAH inadéquats.

Les résultats de l’analyse ont permis d’orienter les actions de l’ANJE et de développer les directives d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant dans les situations d’urgence, y compris la priorité donnée à la diversité alimentaire chez les jeunes enfants. Les obstacles à la mise en œuvre de la programmation de l’alimentation de complément dans les situations d’urgence à l’échelle souhaitée comprenaient à la fois des facteurs contextuels (risques sécuritaires, mauvais fonctionnement des marchés, inflation élevée) et des facteurs liés à la programmation des interventions (financement insuffisant, manque d’adhésion des autres secteurs, contraintes de renforcement des capacités).

Interventions et actions visant à améliorer l’alimentation des jeunes enfants

Les actions visant à améliorer l’alimentation des jeunes enfants dans le nord-est du Nigéria ont dépassé le cadre du secteur de la santé et ont porté sur l’accès à la nourriture, la protection sociale et le domaine de l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Les interventions visant à améliorer le régime alimentaire des jeunes enfants pendant la période d’alimentation de complément faisaient partie d’un ensemble d’interventions unifiées (directives de nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant dans les situations d’urgence) et comprenaient des conseils nutritionnels et une communication pour le changement de comportement et de normes sociales, fournis seuls ou en association avec d’autres interventions.

Les principaux canaux de prestation de services étaient le système de santé (par le biais des établissements dispensant des soins primaires) et le système alimentaire. Les systèmes de protection sociale ont également été utilisés pour cibler les familles les plus vulnérables. Le système EAH a été intégré aux interventions d’ANJE, notamment la sensibilisation à l’hygiène, l’accès à l’eau potable et l’assainissement.

Des actions de renforcement du système ont été mises en œuvre pour influencer les politiques et renforcer les capacités au niveau des institutions et des communautés/ménages, et faisaient partie d’efforts coordonnés pour améliorer l’alimentation des jeunes enfants :

Les actions de renforcement du système de santé ont consisté à influencer les politiques liées aux services de santé et de nutrition, et à opérer des changements stratégiques dans les programmes pour donner la priorité à la prévention et se concentrer sur les enfants de 6 à 23 mois, ce qui a permis d’avoir une influence sur les gouvernements fédéraux et les États.

Le renforcement du système alimentaire a consisté à soutenir les politiques relatives à la fortification des aliments, à mettre en place une alimentation de complément, à soutenir la chaîne d’approvisionnement alimentaire et le comportement des personnes responsables de l’enfant par le biais de démonstrations culinaires et d’interventions de jardins potager à domicile.

Le renforcement du système de protection sociale comprenait l’intégration de critères de vulnérabilité nutritionnelle dans les interventions de protection sociale, ainsi qu’une aide monétaire distribuée en espèces.

Les actions de renforcement du système EAH comprenaient l’intégration de l’ANJE, de l’EAH et de la gestion communautaire de la malnutrition aiguë, ainsi que la garantie de l’accès aux services EAH pour les populations vulnérables.

Suivi, évaluation, apprentissage et résultats

Les activités d’alimentation de complément dans les situations d’urgence ont été suivies à l’aide d’une série d’indicateurs proposés dans le cadre des nouvelles directives de nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant dans les situations d’urgence pour mesurer et suivre les progrès à différents niveaux. Ces indicateurs ont été collectés par le Secteur nutrition, et pourraient être adoptés par le gouvernement fédéral et intégrés dans le système d’information national afin d’assurer la durabilité.

Bien qu’aucune évaluation formelle n’ait été menée, un changement progressif des pratiques alimentaires a été perçu (sur la base des améliorations documentées des indicateurs d’allaitement maternel exclusif) et attribué aux techniques de changement de comportement.

Les parties prenantes ont identifié des opportunités et des recommandations qui pourraient améliorer la programmation, notamment la nécessité d’étendre la couverture du programme (compte tenu de la dynamique existante et de l’amélioration de l’exécution du programme pour prendre en compte les facteurs d’alimentation de complément et le risque de sécurité), la nécessité de plaider pour un financement accru et de mieux prendre en charge l’insécurité alimentaire.

Conclusion

En utilisant les directives opérationnelles pour l’alimentation de complément de l’UNICEF et son cadre d’action pour documenter les interventions d’alimentation de complément dans les situations d’urgence au Nigéria, nous avons appris que le fait de disposer d’un ensemble d’interventions adaptées à des besoins spécifiques, comme l’insécurité alimentaire, et à des caractéristiques changeantes, comme l’accès, optimise les interventions et permet de mieux les adapter aux contextes. Une analyse détaillée de la situation qui a examiné les facteurs des pratiques d’alimentation de complément a fourni les connaissances nécessaires pour guider la conception et la mise en œuvre d’interventions appropriées. Une planification conjointe et une vision partagée par tous les acteurs, par exemple lors de l’élaboration des directives nationales, ont renforcé le ciblage de la programmation de l’alimentation de complément dans les situations d’urgence sur la prévention et le traitement. De plus, la mise en œuvre d’activités spécifiques et concrètes, telles que l’examen collectif et la mise à jour des directives en matière de programmation et l’établissement de données probantes sur l’impact, a encouragé l’adoption et l’intensification du programme.

Pour en savoir plus, veuillez contacter Gwénola Desplats à l’adresse gwenola@ennonline.net

Pour revenir à la vue d'ensemble de ces études de cas, et trouver les trois autres, veuillez cliquer ici

References

ENN and IFE Core Group (2022). Complementary Feeding in Emergencies Programming in Nigeria – A case study based on the action framework for improving the diets of young children during the complementary feeding period. Disponible à l’adresse suivante : https://www.ennonline.net/cfecasestudynigeria

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