Perspective mondiale pour améliorer l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants
Grainne Moloney est conseillère principale en nutrition au siège de l’UNICEF, à New York
Linda Shaker Berbari est spécialiste en nutrition au siège de l’UNICEF, à New York
Harmonie Bucher est spécialiste en nutrition au siège de l’UNICEF, à New York
Chères lectrices, chers lecteurs,
Avec nos collègues de l’Emergency Nutrition Network (ENN), nous sommes ravis de présenter cette section spéciale de Field Exchange consacrée aux programmes d’alimentation de complément dans les contextes fragiles et les situations d’urgence. Nous souhaitons vous présenter un ensemble d’expériences provenant de différents contextes et documentant des actions visant à améliorer l’alimentation des jeunes enfants. Cette section donne un aperçu des développements récents liés à l’alimentation de complément, notamment la recherche, les expériences de terrain et l’élaboration de directives. Elle comprend également un aperçu des dernières actions de l’UNICEF aux niveaux mondial, régional et national pour promouvoir l’alimentation de complément dans des contextes fragiles. En plus des publications imprimées ici, d’autres articles de la série sont disponibles en ligne à l’adresse suivante …
Nous avons pris la décision de promouvoir cette section spéciale, car il est nécessaire de comprendre et de communiquer les enseignements tirés des programmes d’alimentation de complément, en particulier dans les contextes difficiles. Cette démarche est également tout à fait pertinente compte tenu des multiples crises auxquelles nous sommes confrontés dans le monde et des effets cumulés des situations d’urgence d’origine climatique (y compris les sécheresses et la dégradation de l’environnement), des conflits généralisés, notamment la guerre en Ukraine, et des effets socio-économiques persistants de la pandémie de COVID-19.
Dans cette section spéciale, nous présentons des expériences qui révèlent comment le cadre d’action de l’UNICEF visant à améliorer l’alimentation des jeunes enfants (UNICEF, 2020a) a été appliqué et utilisé dans des pays tels que le Soudan, le Nigéria, le Myanmar et le Yémen. Nous présentons des exemples de la première étape de ce cadre d’action, qui consiste à effectuer une analyse des facteurs et des déterminants aux niveaux régional et national. Nous présentons également les expériences nationales de l’approche multisystèmes pour améliorer l’alimentation des jeunes enfants, notamment par le biais du système de santé en Égypte et du système de protection sociale au Kenya. Nous présentons également des actions spécifiques d’intervention d’urgence, comme à Cox’s Bazar au Bangladesh, en Palestine et au Brésil, ainsi que des approches innovantes telles que « le bol et la cuillère » pour l’alimentation de complément.
Nous espérons que cette série spéciale vous aidera à concevoir des programmes ambitieux et efficaces visant à protéger et à améliorer l’alimentation des jeunes enfants, notamment dans les situations d’urgence, et à protéger nos populations les plus vulnérables de la malnutrition.
Pourquoi cette question est-elle si importante ?
De nombreux enfants de moins de deux ans ne reçoivent pas l’alimentation ou les nutriments dont ils ont besoin pour se développer et bien grandir, ce qui entraîne des troubles du développement irréversibles
Au moins un enfant sur trois souffre d’une forme de malnutrition au niveau mondial. À l’échelle mondiale, seuls 53 pays sont en passe d’atteindre les objectifs concernant le retard de croissance chez les enfants, et seuls 57 pays sont prêts à atteindre les objectifs en matière d’émaciation chez les enfants (Rapport sur la nutrition mondiale, 2021). Les disparités régionales révèlent des progrès inégaux (UNICEF, 2021). Dans le même temps, on estime que 5,9 % des enfants de moins de cinq ans dans le monde, soit environ 40 millions, sont en surpoids (UNICEF, OMS et Banque mondiale, 2021), ce qui souligne la persistance du nombre de cas de malnutrition.
Le changement est possible : il se produit déjà à grande échelle, mais il faut encore accélérer la cadence
Selon le rapport de l’UNICEF « Nourris pour échouer ? » (UNICEF, 2021), au cours des deux dernières décennies, le monde a fait des progrès considérables dans la lutte contre la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans : par exemple, la prévalence du retard de croissance chez les enfants a été réduite d’un tiers et le nombre d’enfants présentant un retard de croissance a été réduit de 55 millions. Ces performances remarquables indiquent que la nutrition des enfants peut changer de manière positive et se produit à grande échelle dans de nombreux pays et régions. Malgré ces progrès, nous ne sommes pas parvenus collectivement à protéger le droit de chaque enfant à être correctement nourri. Cela a contribué à une situation dans laquelle on estime que 149,2 millions d’enfants ont un retard de croissance (dont environ 45 % vivent dans des pays fragiles ou touchés par des conflits) et que 340 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de carences en vitamines et autres micronutriments essentiels (UNICEF, 2019).
Les enfants porteront toute leur vie les cicatrices d’une alimentation et de pratiques alimentaires inadéquates
La tranche d’âge de 6 à 23 mois est essentielle dans la vie d’un enfant, car le cap des 6 mois représente le moment où les besoins en énergie et en nutriments commencent à dépasser l’apport du seul lait maternel. Des changements exceptionnels se produisent qui entraînent des besoins élevés en nutriments, comme une croissance physique rapide. Une mauvaise alimentation (qualité et/ou quantité inadéquate(s) des premiers aliments ; pratiques d’alimentation inadaptées) dans ce groupe d’âge contribue donc à un mauvais état nutritionnel. Le risque de retard de croissance augmente rapidement entre 6 et 23 mois et, à l’échelle mondiale, plus de la moitié des enfants souffrant d’émaciation ont moins de deux ans. L’amélioration de l’alimentation des enfants est essentielle à leur croissance et à leur développement, ainsi qu’à la lutte et à la prévention des différentes formes de malnutrition (carences en micronutriments, émaciation, retard de croissance, surpoids et obésité), ce qui contribue à la réalisation des objectifs de développement durable d’ici 2030. La poursuite de l’allaitement maternel entre 6 et 23 mois est essentielle à cet égard, car elle garantit la survie, la croissance et le développement des enfants et fournit des matières grasses, des protéines et d’autres nutriments essentiels qui sont importants pour la santé tout au long de la vie dans tous les contextes.
Les progrès accomplis pour améliorer les pratiques alimentaires prennent du temps et il est nécessaire d’accélérer la cadence
Actuellement, l’alimentation est insuffisante du point de vue des délais du timing, de la fréquence et de diversité
À l’échelle mondiale, environ la moitié des enfants âgés de 6 à 23 mois (48 %) ne reçoivent pas le nombre minimum de repas recommandé ; plus des deux tiers (71 %) ne reçoivent pas les régimes alimentaires minimalement diversifiés dont ils ont besoin pour grandir et se développer ; et plus d’un quart (27 %) ne bénéficient pas des aliments les plus riches en nutriments tels que les fruits, les légumes, les œufs, le poisson ou la viande. De plus, environ un tiers (35 %) des enfants âgés de 12 à 23 mois ne sont plus allaités (UNICEF, 2021). Selon le dernier rapport sur la pauvreté alimentaire des enfants, un enfant sur trois vit en situation de pauvreté alimentaire sévère (définie comme le fait de manger moins de deux groupes d’aliments par jour) et, au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, 50 % des enfants vivant en situation de pauvreté alimentaire sévère ne sont nourris qu’avec un seul – voire aucun – des huit groupes d’aliments recommandés (UNICEF, 2022). L’état de l’alimentation des enfants est donc un goulot d’étranglement persistant qui empêche d’accomplir des progrès en matière de nutrition.
Dans de nombreux contextes – y compris les contextes de fragilité, d’insécurité alimentaire et d’action humanitaire – les familles peinent à trouver et à payer des aliments de complément nutritionnels pour leurs enfants. L’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants peut également être compromise par un accès limité à l’eau potable, un manque d’accès à des services de santé de qualité et une modification des pratiques en raison de perturbations sociales (telles que les ruptures familiales et communautaires, le stress, le temps, l’espace, le manque d’installations/équipements de préparation/cuisson, etc.) Les défaillances des approvisionnements alimentaires nationaux, les pénuries saisonnières, les déplacements et les mauvaises infrastructures routières limitent l’accès à des aliments nutritionnels, en particulier pour les populations les plus pauvres et les plus marginalisées. L’accès physique est également problématique dans les communautés urbaines pauvres où il y a moins de magasins qui vendent des aliments nutritionnels à prix abordable. Lorsque les revenus sont limités, les familles ont tendance à privilégier la fréquence des repas et les estomacs pleins plutôt que la qualité des aliments consommés par les jeunes enfants. Ce changement a été clairement documenté pendant la pandémie de COVID-19, par exemple en Indonésie, où une enquête menée parmi les ménages urbains de Jakarta a indiqué que le pourcentage de jeunes enfants consommant le nombre minimum recommandé de groupes d’aliments a chuté d’un tiers en 2020 par rapport à 2018 (UNICEF, 2021).
Il est possible et important d’améliorer l’alimentation des jeunes enfants, même dans des contextes fragiles
L’expérience des pays qui ont enregistré une amélioration significative de la qualité de leur alimentation au cours de la dernière décennie prouve qu’il est possible de faire changer les choses à grande échelle, à condition de bien cibler les efforts, d’identifier les obstacles et d’investir. Conformément à sa stratégie mondiale pour la nutrition 2020-2030 (UNICEF, 2020b), l’UNICEF s’est engagé à améliorer l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants afin de contribuer à la prévention de toutes les formes de malnutrition.
De nombreuses actions sont nécessaires pour améliorer l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants
Depuis trop longtemps, les efforts visant à améliorer l’alimentation des jeunes enfants sont insuffisants, morcelés et ne parviennent pas à atteindre les enfants les plus vulnérables. Ces efforts n’ont pas non plus permis de relever les défis auxquels les personnes responsables de l’enfant sont confrontées pour donner aux enfants ce dont ils ont besoin pour bien grandir de manière globale. Conscient de cela, l’UNICEF a élaboré des directives opérationnelles pour améliorer l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants pendant la période d’alimentation de complément (UNICEF, 2020a) afin de promouvoir une action plus efficace par le biais d’une approche multisystèmes (encadré 1). Ces directives, ainsi que le Rapport sur la nutrition des enfants 2021 (UNICEF, 2021), appellent les gouvernements à prendre l’initiative de faire respecter le droit de chaque enfant à l’alimentation et à la nutrition, ainsi qu’à mobiliser les politiques, les ressources et les acteurs de multiples systèmes (en particulier l’alimentation, la santé et la protection sociale, et l’eau, l’assainissement et l’hygiène [EAH]).
Encadré 1 : Directives opérationnelles de l’UNICEF : Cadre d’action pour améliorer l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfantsEn février 2020, l’UNICEF a publié des directives opérationnelles concernant l’amélioration de l’alimentation des jeunes enfants pendant la période d’alimentation de complément (UNICEF, 2020a). Ces directives décrivent des données probantes récentes sur l’amélioration de l’alimentation de complément, explorent les facteurs déterminants et les éléments moteurs de l’alimentation des jeunes enfants, et présentent des cadres d’action pour obtenir des résultats en matière de nutrition pour les enfants par le biais des systèmes d’alimentation, de santé, d’EAH et de protection sociale. Elles donnent également des conseils sur le suivi et l’évaluation des programmes d’alimentation de complément et de leurs résultats. Les directives mettent en évidence les facteurs déterminants et les éléments moteurs d’une mauvaise alimentation chez les jeunes enfants, en soulignant le rôle d’une alimentation, de pratiques et de services adéquats (figure 1). La qualité de l’alimentation est déterminée par l’adéquation des aliments, qui dépend elle-même de la disponibilité, de l’accessibilité (y compris financière) et de l’intérêt suscité par ces aliments. De même, la disponibilité, l’accessibilité financière, la qualité et l’utilisation des services de santé, de nutrition, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, et de protection sociale influencent la qualité de l’alimentation des enfants. L’alimentation, les soins et les pratiques d’hygiène des personnes responsables de l’enfant sont des facteurs déterminants de la qualité de l’alimentation des jeunes enfants. Ces pratiques sont déterminées par les connaissances et la disponibilité de ces personnes, la dynamique des ménages et les normes sociales. Figure 1 : Facteurs déterminants de l’alimentation des jeunes enfantsLes directives décrivent des données probantes récentes concernant l’amélioration de l’alimentation et de l’alimentation de complément, en soulignant la mise en œuvre dans différents systèmes, notamment la santé, l’alimentation, la protection sociale et le secteur EAH, à plusieurs niveaux (politique, institutionnel et communautaire/ménages). Les interventions comprennent :
Les directives proposent un cadre d’action comme outil pour appliquer l’approche systémique (figure 2). Le cadre d’action comporte quatre éléments qui interagissent pour faciliter la conception et la mise en œuvre de programmes fondés sur des données probantes : une analyse de la situation pour comprendre l’état nutritionnel, les facteurs et déterminants de l’alimentation des jeunes enfants ; des actions stratégiques à mettre en œuvre par le biais de systèmes ; l’adaptation au contexte de programmation ; et la nécessité du suivi, de l’évaluation et de l’apprentissage. Figure 2 : Cadre d’action de l’UNICEF pour améliorer l’alimentation des jeunes enfants pendant la période d’alimentation de complémentQuelle est la prochaine étape pour les directives opérationnelles ?L’UNICEF a mis en œuvre un plan pour faire adopter ses directives opérationnelles aux niveaux régional et national. Des ateliers régionaux sur l’amélioration de l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants ont été organisés au cours des deux dernières années, afin de sensibiliser les bureaux régionaux et nationaux, et sont amenés à se poursuivre. Des analyses du paysage régional, qui constituent un point de départ pour la planification des actions aux niveaux régional et national, ont également été réalisées. Dans cette publication de Field Exchange, nous allons présenter des exemples d’application et d’adaptation du cadre d’action et des directives opérationnelles pour améliorer l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants, en particulier dans les contextes fragiles, d’insécurité alimentaire et d’actions humanitaires. |
Pourquoi une approche multisystèmes ?
À l’UNICEF, nous pensons qu’il est essentiel de s’appuyer sur différents systèmes pour améliorer l’alimentation des jeunes enfants.
Le système de santé offre de multiples points de contact au niveau des établissements et des communautés pour informer, conseiller et accompagner les personnes responsables de l’enfant concernant les pratiques d’alimentation et de soins du nourrisson et du jeune enfant, ainsi que pour distribuer des compléments alimentaires et des fortifiants utilisés à domicile (le cas échéant) lorsque les régimes alimentaires pauvres et les carences en micronutriments sont courants.
Le système alimentaire comprend les politiques, les services et les acteurs impliqués dans la production, la transformation, la distribution et la commercialisation des aliments. Il détermine si les aliments sont disponibles, accessibles, abordables, nutritionnels, sûrs et durables, et peut faciliter ou compliquer la tâche des personnes responsables de l’enfant lorsqu’elles doivent choisir des aliments nutritionnels pour leurs jeunes enfants.
Le système de protection sociale constitue un filet de sécurité essentiel pour protéger les enfants vulnérables contre la pauvreté et l’exclusion sociale, y compris dans les situations d’urgence. Il peut améliorer l’accès physique ou financier des familles à des régimes alimentaires nutritionnels en procurant des transferts sociaux (nourriture, argent et/ou bons), et offre une plateforme pour la prestation de services nutritionnels essentiels et la promotion de pratiques nutritionnelles bénéfiques.
Le système de l’eau et de l’assainissement vise à garantir l’accès de la population à l’eau potable, à son assainissement et à son utilisation. Ces services sont essentiels à la protection de l’alimentation des jeunes enfants, car un mauvais système d’eau, d’assainissement et d’hygiène peut exposer les enfants à des agents pathogènes qui provoquent des diarrhées et d’autres infections, et entraîner une entéropathie environnementale, qui se traduit par une altération de la structure et de la fonction de l’intestin grêle. Un accès amélioré aux services EAH de base peut réduire le risque de diarrhées et d’autres maladies infectieuses.
Pour garantir une bonne alimentation au cours des deux premières années de vie, les pays doivent s’appuyer sur ces quatre systèmes, en donnant la priorité à des actions stratégiques fondées sur des données probantes, équitables et durables, sur la base d’une analyse des obstacles et des goulets d’étranglement liés aux facteurs déterminants et aux éléments moteurs propres à chaque pays. Cela permettra d’éclairer le contexte de programmation et la capacité des systèmes à obtenir des résultats.
Les contextes d’insécurité et d’instabilité alimentaires augmentent la vulnérabilité des enfants et réduisent les possibilités d’intervention
Dans les contextes fragiles, il est important d’intervenir rapidement et de manière appropriée pour protéger, promouvoir et faire respecter le droit des enfants à la nutrition. Dans les contextes caractérisés par une disponibilité ou un accès limité à des aliments nutritionnels, l’inclusion d’une assistance alimentaire centrée sur l’enfant peut être justifiée. Il peut s’agir de procurer des rations d’aliments nutritionnels spécialisés pour lutter contre l’émaciation, ou des transferts monétaires là où il existe des marchés. Le recours approprié à ces interventions doit être étroitement surveillé, et l’utilisation de produits spécialisés doit être abandonnée dès que la situation permet le passage à une alimentation à domicile plus adaptée et plus durable. L’encadré 2 explique comment les directives opérationnelles de l’UNICEF s’appliquent aux contextes d’urgence.
Encadré 2 : Utiliser les directives opérationnelles dans les contextes fragiles et d’actions humanitaires ?En 2019, le groupe de travail sur l’alimentation du jeune enfant dans les situations d’urgence (IFE-Core Group) a procédé à une revue de l’alimentation de complément dans les situations d’urgence, qui a identifié des lacunes, notamment en matière de coordination, d’évaluation, de préparation et de capacité de programmation, entre autres. Cet examen a révélé que, malgré les directives existantes sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant dans les situations d’urgence (OG-IFE), il y a toujours un manque d’instructions claires sur les actions liées à l’alimentation de complément dans les situations d’urgence. Bien que les directives opérationnelles de l’UNICEF n’aient pas été spécifiquement conçues pour les contextes humanitaires, une revue menée par l’ENN et le IFE Core Group a été conduite avec une « perspective d’urgence ». Elle a révélé que le contenu des directives restait pertinent pour les situations d’urgence, car il prend en compte les exigences des urgences dans la plupart des actions, et identifie les éléments qui s’appliquent à la fois dans les périodes de situations d’urgence et en dehors de ces périodes. Contexte de programmation Les directives soulignent l’importance de bien comprendre le contexte de la programmation et donc :
Analyse de situation Toute évaluation d’une situation d’urgence doit tenir compte des défis et des facteurs liés à l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants, même si aucune évaluation spécifique de l’alimentation de complément en situation d’urgence n’est prévue. En s’appuyant sur les données et les preuves existantes, on peut également déterminer les facteurs essentiels et les déterminants des pratiques alimentaires précédant une situation d’urgence. L’analyse de situation doit passer en revue les obstacles, les goulets d’étranglement, les lacunes et les risques existants qui peuvent avoir un impact négatif sur la programmation afin de planifier des actions visant à renforcer la préparation et l’intervention. De nombreux canaux d’intervention Les directives identifient des actions pour différents contextes humanitaires, y compris les déplacements soudains de population et les situations d’urgence à évolution lente. Elles indiquent que les urgences humanitaires peuvent aggraver les facteurs existants de mauvaise nutrition, tels qu’un accès réduit aux aliments et aux services nutritionnels, et insistent sur l’importance de donner la priorité aux familles vulnérables en leur offrant des services qui atténuent ces risques. Les besoins de groupes de population spécifiques, tels que les jeunes enfants et les personnes en situation de handicap responsables de l’enfant, sont également mis en avant, soulignant les défis spécifiques rencontrés dans les contextes humanitaires et l’importance de répondre à ces besoins par des interventions adaptées. Renforcement des systèmes Les directives soulignent l’importance de concevoir les interventions d’urgence en fonction des systèmes existants concernant l’alimentation, la santé, la protection sociale et l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour obtenir des résultats sur le plan de l’état nutritionnel des jeunes enfants. Des exemples d’actions stratégiques à entreprendre aux niveaux politique, institutionnel et communautaire/des ménages sont illustrés pour s’attaquer aux facteurs déterminants de l’alimentation des enfants à travers ces systèmes. Les directives recommandent une approche qui consiste à renforcer les capacités institutionnelles et à soutenir le gouvernement pour atténuer les effets d’une crise humanitaire et favoriser un redressement durable. Elles montrent que, lorsque les efforts de renforcement des systèmes se poursuivent pendant les situations d’urgence, ils peuvent favoriser la résilience des communautés et aider à institutionnaliser les actions visant à améliorer l’alimentation des enfants sur le long terme. Suivi et évaluation Dans les contextes fragiles et d’actions humanitaires, la création, la documentation, l’échange et l’application des connaissances peuvent devenir difficiles en raison du caractère instable du contexte. Les directives soulignent néanmoins l’importance de maintenir un cadre pour assurer le suivi des indicateurs de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Une matrice de résultats adaptée au contexte est un outil qui permet de faciliter le suivi, l’évaluation et l’apprentissage dans le cadre des interventions en matière d’alimentation de complément. |
Prochaines étapes
Comme le préconise le rapport « Nourris pour échouer ? », les gouvernements doivent prendre l’initiative de faire respecter le droit de chaque enfant à l’alimentation et à la nutrition. En collaboration avec la société civile nationale, les partenaires du développement et de l’aide humanitaire et le secteur privé, les gouvernements doivent mobiliser les systèmes d’alimentation, de santé et de protection sociale afin de procurer une alimentation nutritive, sûre et abordable, des services de nutrition essentiels et des pratiques de nutrition bénéfiques pour chaque enfant.
Il est urgent de faire évoluer la lutte contre les régimes alimentaires de mauvaise qualité dans la petite enfance. S’ils sont proprement sollicités et responsabilisés, les systèmes d’alimentation, de santé et de protection sociale – et les acteurs concernés des secteurs public et privé – peuvent garantir que les enfants bénéficient d’une alimentation nutritive sûre et abordable, et de pratiques et de services nutritionnels essentiels dont ils ont besoin pour grandir et se développer au maximum de leurs capacités, en particulier dans les contextes fragiles et les situations d’urgence.
Pour en savoir plus, veuillez contacter Grainne Moloney à l’adresse gmmoloney@unicef.org.
Références
Rapport sur la Nutrition Mondiale (2021). Rapport sur la Nutrition Mondiale 2021. https://globalnutritionreport.org/reports/2021-global-nutrition-report/
UNICEF (2019). La Situation des enfants dans le monde 2019. Enfants, nourriture et nutrition : Bien grandir dans un monde en mutation. UNICEF, New York. https://www.unicef.org/fr/rapports/situation-enfants-dans-le-monde-2019.
UNICEF (2020a). Improving Young Children’s Diets During the Complementary Feeding Period. UNICEF Programming Guidance. UNICEF, New York. https://www.unicef.org/documents/improving-young-childrens-diets-during-complementary-feeding-period-unicef-programming.
UNICEF (2020b). Nutrition, for Every Child: UNICEF Nutrition Strategy 2020–2030. UNICEF, New York. https://www.unicef.org/reports/nutrition-strategy-2020-2030.
UNICEF (2021). Nourris pour échouer ? La crise de l’alimentation des enfants en bas âge. Rapport sur la nutrition des enfants 2021. UNICEF, New York. https://www.unicef.org/reports/fed-to-fail-child-nutrition.
Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Child Food Poverty: A Nutrition Crisis in Early Childhood. UNICEF, New York, octobre 2022.
UNICEF, OMS et Banque mondiale (2021). Joint Child Malnutrition Estimates, Édition 2021. https://www.who.int/data/gho/data/themes/topics/joint-child-malnutrition-estimates-unicef-who-wb.