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La menace des médias sociaux envers l’allaitement maternel exclusif : la perspective du Cambodge

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Il s’agit d’une synthèse du rapport en anglais suivant : World Vision International, Under Social Media Influence: Digital Marketing of Breastmilk Substitutes in Cambodia, 2022.

https://www.wvi.org/publications/cambodia/under-social-media-influence-digital-marketing-breastmilk-substitutes

Un autre article offre une autre perspective sur les conclusions de ce rapport.

Grana Pu Selvi Gnanaraj est l’expert technique principal pour la nutrition intégrée pour World Vision International au Cambodge.

Carmen Tse est conseillère senior en nutrition pour World Vision International.

Loria Kulathungam est conseillère en gestion des connaissances et capacités pour World Vision International.

Au Cambodge, l’amélioration de l’accès à Internet et l’utilisation croissante des réseaux sociaux ont conduit à un essor exponentiel des stratégies de marketing digital, y compris pour la vente de substituts du lait maternel. En 2020, 79 % de la population du Cambodge utilisait Internet, contre seulement 6 % en 2013. De la même manière, au Cambodge, le nombre d’utilisateurs actifs des réseaux sociaux s’est considérablement accru, passant de 27 % en 2016 à 74 % en 2022, la plateforme de réseaux sociaux la plus utilisée étant Facebook (qui représente 11,6 millions d’utilisateurs et un taux d’exposition aux annonces publicitaires de 68 % des utilisateurs).

Le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel (ci-après, le « Code »)1, tel qu’il est actuellement mis en œuvre au Cambodge, dans le cadre de son sous-décret 133, ne caractérise pas explicitement comme violations dudit Code les stratégies de marketing digital utilisées par les sociétés qui vendent des aliments pour nourrissons et jeunes enfants. Est interdit uniquement le marketing de substituts du lait maternel « dans les points de vente, les hôpitaux ou les établissements de santé ou dans tout autre lieu ». Des enquêtes démographiques et sanitaires menées au Cambodge indiquent que le pourcentage d’enfants ayant bénéficié d’un allaitement maternel exclusif pendant leurs six premiers mois de vie a chuté, passant de 74 % en 2010 à 51 % en 2021. Vu cette tendance à la baisse, il est préoccupant de constater qu’aucune réglementation ne surveille la large gamme de canaux en ligne et de plateformes de réseaux sociaux utilisés pour la promotion d’aliments pour nourrissons et jeunes enfants, étant donné que les techniques de marketing agressives employées dénigrent les bienfaits de l’allaitement maternel, ainsi que les normes en la matière.

Le récent rapport dont il est question dans cet article examine les nombreuses études de cas menées sur les stratégies de marketing digital utilisées par les sociétés qui vendent des aliments pour nourrissons et jeunes enfants. Ces études de cas s’appuient sur des documents pertinents de la littérature (tels que des publications, des rapports et des publications sur les réseaux sociaux) et des entretiens structurés avec des mères allaitantes et des parties prenantes de l’administration publique et de la société civile. Parmi les stratégies recensées figurent : le ciblage de femmes enceintes et de mères par les publicités d’aliments pour nourrissons et jeunes enfants à l’aide de données à caractère personnel sur les plateformes de réseaux sociaux ; l’utilisation d’influenceurs de réseaux sociaux pour la promotion de divers substituts du lait maternel (aux différents stades de la grossesse et de la vie de jeune mère) ; complétées par l’intervention de professionnels de la santé pour ajouter de la crédibilité au discours ; et l’hébergement de canaux de soutien en ligne (sites Internet, forums de discussions ou groupes) pour prodiguer des conseils aux parents concernant la manière de s’occuper leur enfant et son alimentation, tout en promouvant des substituts du lait maternel. Des publicités numériques encouragent également l’usage de lait artificiel en jouant sur l’attrait émotionnel (en montrant, par exemple, les relations idéales qu’entretiennent des familles heureuses, ou des mères et des enfants, dans des publicités pour ces produits) ; en proposant des promotions croisées de lait artificiel et de produits laitiers pour femmes enceintes, des réductions, des soldes ou des échantillons gratuits de substituts du lait maternel.

Dans le rapport, l’accent est mis sur la difficulté de suivre les violations du Code sur ces plateformes, et des méthodes d’amélioration de ce suivi sont proposées. Les auteurs invitent les pouvoirs publics à mettre à jour ce cadre juridique en y intégrant l’interdiction du marketing pour les substituts du lait maternel sur les réseaux sociaux et Internet, ainsi que des restrictions sur l’utilisation d’allégations sanitaires ou nutritionnelles pour la promotion de lait artificiel ; à renforcer le suivi en mettant au point des outils adaptés au marketing digital et en consolidant les compétences du personnel de l’administration publique et des personnes chargées du suivi, aux niveaux national et infranational ; à déclarer publiquement et à adopter des sanctions robustes en cas de violations du Code ; à sensibiliser de façon officielle les détenteurs et les représentants des marques de substituts du lait maternel (autrement dit, les influenceurs et les professionnels de la santé) à l’interdiction du marketing des laits artificiels, ainsi qu’aux risques auxquels s’exposent les personnes qui agissent en violation du Code ; et à investir dans la promotion de l’allaitement au sein sur les médias numériques.

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