Les pratiques d’alimentation du nourrisson varient en période de chaleur dans les pays à revenu faible et intermédiaire
Cet article fait la synthèse de l’étude suivante : Edney, J. M., Kovats, S., Filippi, V. et al. (2022). « A systematic review of hot weather impacts on infant feeding practices in low- and middle-income countries ». Frontiers in Pediatrics, vol. 10, 930348. Disponible à l’adresse suivante : https://doi.org/10.3389/fped.2022.930348.
La hausse des températures inquiète quant à un éventuel effet sur les pratiques d’alimentation des nourrissons, parce qu’elle causerait une augmentation des besoins en fluides des nourrissons ou qu’elle entrainerait l’impression qu’ils sont déshydratés. Les auteurs ont effectué un examen systématique des publications scientifiques pour comprendre les effets de la chaleur sur les pratiques d’alimentation du nourrisson. Pour commencer, les auteurs ont examiné les données probantes disponibles sur des indicateurs du taux d’hydratation des nourrissons (tels que la concentration urinaire, l’apport en liquides et la courbe de poids), afin d’évaluer si les enfants allaités exclusivement au sein pouvaient rester hydratés en période de chaleur. Ils ont ensuite passé en revue les publications scientifiques existantes sur les pratiques d’alimentation du nourrisson en période de chaleur.
Les 18 études sélectionnées sur la base de critères de qualité préétablis ne fournissent aucun élément de preuve que les enfants allaités exclusivement au sein ont besoin d’eau ou d’autres liquides en plus du lait maternel. Les auteurs concluent que les enfants allaités exclusivement au sein maintiennent un niveau d’hydratation normal sans que la concentration de leur urine n’atteigne des plafonds. En outre, il n’apparaît pas non plus nécessaire de compléter l’hydratation des enfants nourris exclusivement au sein par de l’eau en cas de petit poids de naissance ou de naissance proche du terme de la grossesse.
Les auteurs décrivent les différentes façons dont les températures élevées et les périodes de chaleur peuvent influencer les pratiques d’alimentation, notamment en suscitant la peur que les nourrissons se déshydratent ou en favorisant la croyance qu’ils ont besoin d’eau ou d’autres liquides en plus du lait maternel. Les autres facteurs liés à la saisonnalité ou aux conditions météorologiques qui pourraient être associés à une réduction du temps passé à allaiter incluent le temps que les femmes doivent consacrer à d’autres tâches (telles que travailler ou s’occuper d’enfants), la saison de naissance de l’enfant (qui influence le soutien social reçu par la mère et les pratiques d’alimentation du nourrisson), les vacances scolaires prévues pendant les mois secs et chauds (qui augmentent la charge de travail des femmes allaitantes en matière de soins aux enfants), ainsi que les périodes de prévalence accrue de la diarrhée (au cours desquelles les femmes sont moins enclines à compléter l’allaitement maternel par peur de donner de l’eau contaminée aux nourrissons). Dans certains contextes, les prestataires de soins de santé et l’entourage des mères conseillent encore un apport complémentaire en eau en période de chaleur ou au cours des saisons chaudes.
Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les nourrissons pourraient avoir considérablement plus de chances de survivre si les taux d’allaitement maternel exclusif augmentaient. Dans l’ensemble, les auteurs concluent qu’il existe des données probantes à l’appui des directives de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’UNICEF, qui recommandent l’allaitement maternel exclusif pour assurer la bonne santé des nourrissons, quelles que soient les conditions météorologiques. Cependant, les auteurs appellent tout de même à mener des études supplémentaires dans les pays les plus touchés par les changements climatiques. Enfin, ils considèrent nécessaire d’avertir les familles et les prestataires de soins de santé que l’allaitement maternel exclusif reste recommandé, même en période de chaleur.