Faire le lien entre le climat et la nutrition
Cet article résume le rapport suivant : GAIN (2023) Accelerating action and opening opportunities: A closer integration of climate and nutrition 2023 I-CAN baseline assessment. https://www.gainhealth.org/resources/reports-and-publications/accelerating-action-and-opening-opportunities-closer-integration-climate-and-nutrition
À l’approche de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), qui se tiendra aux Émirats arabes unis, ce rapport évalue les liens faits à l'heure actuelle entre le climat et la nutrition ainsi que les possibilités d’agir avec plus de cohésion.
L’Initiative Action climatique et nutrition (I-CAN) est un programme phare mondial multipartite et multisectoriel officiellement lancé lors de la COP27. Parmi les 20 indicateurs sélectionnés par I-CAN pour réaliser cette évaluation de base, le rapport en utilise 13 pour évaluer la qualité du lien entre le climat et la nutrition selon quatre niveaux (le niveau 1 correspondant à l’absence de lien et le niveau 4 à un lien étroit). Cette approche à quatre niveaux permet de rendre simplement compte des plus de 1 500 points de données existant pour plusieurs indicateurs, qui sont trop nombreux pour être présentés un à un. Malgré la quantité de données à analyser, ce rapport contient des enseignements essentiels.
Les plans nationaux ne font pas suffisamment le lien entre le climat et la nutrition
Le climat et la nutrition sont le moins liés dans les contributions déterminées au niveau national1, dont seulement 2 % atteignent le plus haut niveau de mise en relation (niveau 4). Le climat et la nutrition sont mieux liés dans les plans nationaux d’adaptation2 (16 %) et les plans nationaux de nutrition (28 %), qui ne prévoient toutefois pas non plus de mise en relation suffisante. Le rapport indique que 60 % des contributions déterminées au niveau national correspondent au « niveau 1 », qui indique l’absence de toute intention de lier le climat et la nutrition. Ce manque de mise en relation tient peut-être au fait que les engagements des pays, conformément à l’Accord de Paris de 2015, sont axés sur la réduction des émissions et traitent donc davantage de questions telles que l’utilisation des terres, la pollution et l’énergie.
Le transfert de données et de connaissances reste insuffisant
D’après le Rapport mondial sur la nutrition de 20223, 95 % des engagements des parties prenantes qui font l'objet d'un suivi ne tiennent aucunement compte du climat ou de la durabilité. Au total, 38 % des portails de données et de connaissances ne faisaient aucun lien (niveau 1) entre le climat et la nutrition. Les récents rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ont toutefois obtenu le « niveau 4 », ce qui indique qu’ils contiennent de nombreuses réflexions approfondies sur la nutrition. Les autres acteurs du domaine du renforcement des capacités, des données et du transfert de connaissances pourraient s’en inspirer.
Les données sur les politiques manquent
Il existe généralement peu de données relatives au nombre de directives nutritionnelles basées sur l’alimentation qui incluent des considérations climatiques ainsi qu’au nombre de pays dont les décisions d’achat de produits alimentaires tiennent compte du climat. Les auteurs font donc remarquer que la mise en relation du climat et de la nutrition dans ce domaine est peut-être meilleure que l’analyse ne le laisse entendre. Néanmoins, 54 % des directives nutritionnelles basées sur l’alimentation et 83 % des politiques d’achat de produits alimentaires ne dépassent pas le « niveau 1 », ce qui est encore une fois décevant.
Un manque d’investissements
Entre 2021 et 2022, seulement 3 % des subventions du Fonds vert pour le climat prévoyaient des interventions liées à la nutrition (niveau 4). Moins de 1 % des projets (2018-2022) comptaient à la fois le climat et la nutrition parmi leurs thèmes.
Résumé
Ce rapport met en lumière le manque de progrès de la part des gouvernements et des acteurs en matière de mise en relation du climat et de la nutrition, lesquels sont pourtant inextricablement liés. Dans de nombreux cas et dans plusieurs domaines politiques, il existe une intention d’agir. Cette intention n’a cependant pas encore abouti à la prise de mesures cohérentes et solides, hormis dans quelques pays.
1 Les contributions déterminées au niveau national sont des plans nationaux d’atténuation du changement climatique non contraignants qui participent à la réalisation des objectifs mondiaux énoncés dans l’Accord de Paris. Elles visent généralement à limiter ou à réduire les dégâts causés aux écosystèmes.
2 Les plans nationaux d’adaptation servent à définir les besoins d’adaptation à moyen et long terme (tels qu’élaborer des moyens de protection contre les inondations dans les zones de basse altitude) pour les pays, selon le processus décrit par les accords de Cancún de 2010. D’une manière générale, ces plans visent à modifier les contextes pour améliorer la résilience face aux événements climatiques.