Homéostasie mitochondriale et malnutrition sévère

Le dysfonctionnement intestinal fait partie des symptômes possibles de la malnutrition sévère chez les enfants. Il réduit l’absorption des nutriments et affaiblit le système immunitaire, ce qui piège les enfants dans un cercle de dégradation de leur état difficile à briser.

« De plus en plus de données indiquent qu’une altération de la fonction mitochondriale dans les cellules épithéliales peut compromettre l’intégrité de la barrière intestinale. » – Ling et al., 2023

Dans le cadre d’un essai randomisé, les chercheurs ont fourni un régime pauvre en protéines à huit souris et un apport protéique normal à huit autres en vue de simuler une malnutrition sévère. Un autre groupe (n = 8) a reçu un régime pauvre en protéines, puis une supplémentation orale en nicotinamide (vitamine B3 hydrosoluble) à partir du milieu de l’étude. Les auteurs ont contrôlé la teneur en vitamine B3 de ces régimes alimentaires afin de renforcer la validité de l’étude.

Ils ont mené d’autres expériences sur des souris au régime alimentaire pauvre en protéines en leur administrant du resvératrol¹ par injection (n = 6), de l’EX-527² par injection et du nicotinamide (n = 6), administré seul au groupe de contrôle (n = 6) en plus d’un placebo par injection (n = 6). Dans le cadre d’une autre étude, les chercheurs ont comparé des souris recevant un apport normal en protéines (témoin, n = 6), des souris recevant un apport protéique faible auxquelles ils ont injecté du rapamycine³ (n = 8) et des souris recevant un apport protéique faible auxquelles ils ont injecté un placebo (n = 6). Les auteurs ont réalisé de multiples tests immunologiques, histologiques et physiologiques sur chaque souris.

Comme on pouvait s’y attendre, le régime pauvre en protéines a provoqué une atrophie des villosités (réduction de la surface intestinale), une malabsorption des nutriments, des anomalies mitochondriales et un dysfonctionnement de la barrière intestinale. Chez les souris malnutries, la supplémentation en nicotinamide a accéléré la mitophagie⁴ et renforcé le fonctionnement de la barrière intestinale. La supplémentation en rapamycine a réduit le dysfonctionnement de la barrière intestinale et la malabsorption des nutriments.

La supplémentation orale en nicotinamide pourrait servir de traitement plus prometteur pour les enfants souffrant de malnutrition sévère, car elle est bien tolérée et ne perturbe pas la fonction immunitaire. De fait, la malnutrition sévère survient souvent dans des zones particulièrement exposées aux infections. Par comparaison, la rapamycine présente peut-être moins d’intérêt pour les populations concernées en raison de ses effets immunosuppresseurs.

Cet article est très technique et les expériences ont été menées sur des souris en laboratoire. Le détail des résultats et des méthodes utilisées ont donc peu d’importance pour les professionnels du domaine. Le présent résumé ne peut fournir une description complète des voies, des mécanismes, des délais et des protocoles de traitement, qui sont présentés dans le rapport d’étude original. Ce que ce résumé démontre est qu’il est possible que l’intervention en question constitue une cible thérapeutique supplémentaire pour les enfants atteints de malnutrition sévère. Étant donné qu’aucun traitement ne cible actuellement la barrière intestinale, le régime examiné pourrait fournir un nouveau moyen d’améliorer les chances de survie des enfants. La limitation intrinsèque de cette étude est qu’elle porte sur des animaux. Il est donc nécessaire de mener des études supplémentaires sur des sujets humains. Les composés examinés se révèlent toutefois sûrs, facilement accessibles et peu coûteux. Les résultats sont conjecturaux, mais prometteurs.