Utiliser des services de messagerie instantanée pour faciliter la mesure du périmètre brachial par les familles au Kenya
Cet article résume l’étude suivante : K. Tickell, C. Achieng, M. Masheti et al. (2023) Family MUAC supported by a two-way SMS platform for identifying children with wasting: The Mama Aweza randomised controlled trial. The Lancet, 64. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2589537023003954
Les auteurs ont mené un essai contrôlé randomisé pour étudier le système de surveillance manuelle de la malnutrition, une méthode qui permet d’obtenir une mesure du périmètre brachial par les familles au moyen de l’échange de messages instantanés (SMS). Leur objectif était de déterminer si ce système influence le délai de diagnostic des cas d’émaciation, la gravité de la maladie et la durée du traitement chez les enfants. L’étude a porté sur des enfants âgés de 5 à 12 mois, dont le périmètre brachial était compris entre 12,5 cm et 14,0 cm. Les enfants dont le périmètre brachial était inférieur à 12,5 cm ou qui présentaient des œdèmes nutritionnels ont fait l’objet d’un référencement vers des services nutritionnels pour traitement. Les auteurs ont collecté des données du 1er août 2019 au 31 janvier 2022, puis effectué un suivi six mois plus tard.
Le groupe intégré au système de surveillance manuelle de la malnutrition (n = 599) a reçu deux messages automatiques par semaine, dont un message d’éducation sanitaire validé et adapté au contexte, et un message rappelant aux participants de mesurer le périmètre brachial de leur enfant et d’envoyer le résultat par message instantané. Des agents de santé communautaires et des nutritionnistes ont ensuite lu ces messages et demandé l’hospitalisation de tout enfant atteint d’émaciation modérée ou sévère. Le groupe témoin (n = 601) a fait l’objet d’un traitement conforme aux meilleures pratiques de prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë, dont la recherche active et passive de cas. L’incidence du système de surveillance manuelle de la malnutrition a ainsi pu être comparée à celle d’un programme de dépistage communautaire de haute qualité.
Au cours des six mois, le groupe expérimental a enregistré 37 % de cas d’émaciation en moins par rapport au groupe témoin (différence de risque : 0,63, p = 0,02). Parmi les enfants qui sont devenus émaciés, le délai de diagnostic était d’un nombre de jours médian comparable, égal à 58 pour le groupe expérimental et à 63 pour le groupe témoin. La moyenne du taux de couverture variait entre le groupe expérimental (83,3 %) et le groupe témoin (55,6 %), mais pas de manière significative (p = 0,30) en raison de larges intervalles de confiance qui se chevauchent (IC à 95 % : [39,9-100] et [22,3-88,9], respectivement). Le périmètre brachial moyen au moment du diagnostic et la durée moyenne du traitement du groupe expérimental étaient comparables à ceux du groupe témoin.
Pour valider ces résultats, les chercheurs et les personnes responsables des enfants étudiés en ont mesuré le périmètre brachial indépendamment. Ce processus de validation renforce notre confiance dans l’exactitude des résultats obtenus, d’autant plus que toutes les personnes responsables des enfants étudiés l’ont mené à bien. L’étude les personnes responsables d’enfants qui prévoyaient de quitter la zone d'étude ou dont l’enfant était gravement malade et devait être hospitalisé. Malgré la nécessité pratique de les exclure, ces personnes sont peut-être responsables d’enfants particulièrement exposés au risque d’émaciation qui n’ont ainsi pas été étudiés. Les taux d’abandon étaient comparables d’un groupe à l’autre (environ 10 %), tout comme leurs caractéristiques sanitaires et démographiques de base, ce qui renforce la validité de l’essai.
Bien qu’elle ait été menée dans une zone du Kenya caractérisée par un fort taux d’alphabétisation et de bons rendements agricoles et qu’il soit difficile d’en généraliser les résultats, l’étude démontre la nette supériorité du système de surveillance manuelle de la malnutrition en matière de réduction de la prévalence de l’émaciation. Elle suit une méthodologie robuste et son succès s’explique logiquement. Les résultats suggèrent que procéder à la mesure du périmètre brachial par les familles au moyen de l’échange de messages instantanés peut remplacer ou complémenter le dépistage actif au porte-à-porte et pourrait réduire le risque d’émaciation modérée.
Pour obtenir plus d’informations, veuillez contacter Kirk Tickell à l’adresse kirkbt@uw.edu