Niger : Un paquet préventif et curatif de soins intégrés au service de l’état nutritionnel

Médecins Sans Frontières (MSF) opère au Niger depuis 2001, et redouble d’efforts depuis 2005. La lutte contre la prévalence alarmante de l’insécurité alimentaire, des taux de fécondité et de mortalité infantile élevés, et différentes affections médicales, parmi lesquelles les épidémies de rougeole et de méningite ainsi que l’émaciation, a incité MSF à passer d’une approche axée sur le traitement à un ensemble intégré de services de soins de santé préventifs et curatifs, connu sous le nom de Paquet préventif et curatif de soins intégrés (PPCSI). Cet ensemble de services entend prévenir et traiter la malnutrition, le paludisme ainsi que d’autres maladies courantes, et comprend des services de soutien à la vaccination et à l’allaitement maternel. L’objectif principal consistait à réduire le taux de mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans. La réalisation de cet objectif pourrait conduire à la mise en œuvre du PPCSI dans d’autres régions du pays.

L’étude s’est intéressée aux effets du PPCSI, qui consistait notamment à administrer une petite quantité de suppléments nutritionnels à base lipidique (SQ-LNS), sur l’état nutritionnel des enfants âgés de 6 à 24 mois à Tahoua, au Niger. L’étude a intégré les données anthropométriques de suivi de 6 962 enfants âgés de moins de 2 ans, qui avaient bénéficié d’un schéma vaccinal complet, de services de chimio-prévention du paludisme saisonnier et d’une supplémentation nutritionnelle pour ceux âgés de plus 6 mois. L’indice composite d’insuffisance anthropométrique et les indicateurs de suivi de la croissance ont été évalués au début et à la fin du programme chez l’ensemble des enfants ayant fait l’objet d’au moins trois consultations médicales, pour un programme d’une durée moyenne de 14,5 mois, avec une variation de +/- 6,6 mois. Une analyse comparative a été conduite sur un échantillon d’enfants couverts par le programme de vaccination verticale d’une région voisine et n’ayant bénéficié d’aucune supplémentation nutritionnelle.

Les résultats de l’analyse indiquent que les scores z des rapports taille-pour-âge, poids-pour-taille et poids-pour-âge se sont détériorés, mettant en évidence une hausse de la prévalence de la malnutrition à la fin de l’intervention. À l’inverse, le périmètre brachial des enfants avait augmenté de 0,5 cm en moyenne. L’analyse de l’indice composite d’insuffisance anthropométrique a révélé une hausse de 20 % du taux d’insuffisance anthropométrique, principalement observée dans les groupes présentant un retard de croissance. La mise en œuvre de l’ensemble du programme a eu une incidence variable sur les différents indicateurs anthropométriques. L’émaciation a nettement reculé, tandis que les prévalences du retard de croissance et de l’insuffisance pondérale ont augmenté. La même tendance a été constatée selon la durée de participation au programme. Par rapport à l’échantillon d’enfants de la région voisine, les enfants de Tahoua ont enregistré une aggravation nettement moins prononcée pour les trois indicateurs : taille-pour-âge (-0,70 contre -2,44, p < 0,001), poids-pour-taille (-0,13 contre -0,70, p < 0,001), et poids-pour-âge (-0,38 contre -1,78, p < 0,001).

Parmi les limites de l’étude, on peut citer des erreurs de mesure réalisées par du personnel de santé inexpérimenté, l’absence d’un groupe de contrôle formel et le recours à des données d’une autre étude de MSF sur l’évaluation de l’impact, justifiant une interprétation nuancée des résultats. Cela étant, les auteurs concluent que le programme intégré constitué du PPCSI permet d’accomplir de modestes progrès en faveur du recul du fardeau de la malnutrition accumulé au cours des premières années de la vie dans des contextes complexes.