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Interventions maternelles postnatales : Effets sur la croissance des nourrissons de moins de 6 mois

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Cet article résume le rapport suivant (en anglais) : Rana R, Sirwani B, Mohandas S et al (2024) Effectiveness of Postnatal Maternal or Caregiver Interventions on Outcomes among Infants under Six Months with Growth Faltering: A Systematic Review. Nutrients, 16, 6, 837. https://doi.org/10.3390/nu16060837

Au cours des premiers mois de la vie d’un nourrisson, le retard de croissance et la malnutrition sont des problèmes majeurs de santé publique à l’échelle mondiale. Les nourrissons de moins de 6 mois souffrant d’un retard de croissance constituent un groupe particulièrement vulnérable. Les six premiers mois de la vie correspondent à une période de maturation et de développement rapides marquée par des besoins alimentaires spécifiques. C’est pourquoi la mère ou la personne s’occupant de l’enfant joue un rôle crucial en répondant à ses besoins nutritionnels. 

Dans une perspective de mise à jour des recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la prévention et la prise en charge du retard de croissance chez les nourrissons de moins de 6 mois, cet examen systématique a étudié l’efficacité des interventions postnatales des pourvoyeurs de soins ou des mères en prenant en compte l’ensemble des sept domaines suivants : guérison selon des critères anthropométriques, développement de l’enfant, résultats anthropométriques, mortalité, réadmission, rechute et non-réponse au traitement chez les nourrissons de moins de 6 mois.

Un total de 13 études portant sur des nourrissons prématurés et/ou nés en insuffisance pondérale a contribué à la synthèse finale, qui a permis d’évaluer les effets des interventions dans les domaines suivants : conseil ou éducation en matière d’allaitement (n = 8), supplémentation en nutriments des mères (n = 2), santé mentale (n = 1), relaxothérapie (n = 1) et transferts en espèces (n = 1). Dans l’ensemble, les données probantes issues de ces études étaient indirectes et présentaient un risque de biais élevé. 

Les preuves couvraient un champ limité et présentaient un degré de certitude « faible », voire « très faible ». Les services de conseil ou d’éducation en matière d’allaitement maternel permettaient de favoriser un gain de poids pour les nourrissons à 1 et 2 mois, ainsi qu’un gain de taille à 2 mois par rapport à l’administration de soins standard ; mais les données étayant cette hypothèse étaient de très faible qualité. La supplémentation nutritionnelle maternelle, en comparaison avec des soins standard, ne conduisait pas à un gain de poids ni à une réduction de la mortalité chez les nourrissons nés à 36 semaines d’aménorrhée (données de faible qualité). 

Par ailleurs, les interventions liées à la santé mentale des mères, comparées aux soins standard, ne se traduisaient pas par une hausse du poids, de la taille et du périmètre crânien à 2 mois (données de faible ou très faible qualité). Les effets de la relaxothérapie, en comparaison avec les soins standard, sur le poids, la taille et le périmètre crânien à 3 mois, revêtaient également un caractère très incertain (données de très faible qualité). Enfin, les données probantes relatives à l’effet des transferts en espèces (toujours en regard avec des soins standard) sur les scores de développement chez les enfants à 3 mois (évolution du score z pour le poids et le périmètre crânien entre la naissance et les trois mois suivant la sortie de la maternité) et sur les réadmissions sous trois mois étaient, elles aussi, de très faible qualité.

Sur la base des conclusions tirées de ces études, la formulation de recommandations de l’OMS, fiables et réactualisées, dans le cadre des interventions axées sur les mères de nourrissons de moins de 6 mois présentant un retard de croissance s’avère ainsi problématique, le corpus de données probantes sous-jacentes étant trop imprécis. Les recommandations de l’OMS de 2013 et de 2023 préconisent le recours à des services de conseil et de soutien, notamment en matière de santé mentale, à destination des mères et des personnes s’occupant de nourrissons présentant une malnutrition sévère, aussi bien hospitalisés que suivis en ambulatoire. Étant donné que les recommandations de 2023 s’appuient toujours sur des données probantes de faible ou très faible qualité (sans grande différence par rapport à la situation de 2013), les auteurs insistent sur l’urgence absolue de mettre au point à l’avenir des essais bien conçus et ciblés pour évaluer les interventions postnatales des mères ou des personnes s’occupant de nourrissons de moins de 6 mois présentant un retard de croissance.

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