Rwanda : Études avant/après d’un programme national de nutrition supplémentaire
Cet article résume le rapport suivant (en anglais) : Katharine H, Emmanuel N, Christine K et al (2024) Before and after study of a national complementary and supplementary feeding programme in Rwanda, 2017–2021. Maternal and Child Nutrition. https://doi.org/10.1111/mcn.13648
Selon l’Institut national des statistiques du Rwanda et le ministère de la Santé, 33 % des enfants rwandais âgés de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance. La prévalence du retard de croissance passe de 23 % pour les enfants âgés de moins de 6 mois à 39 % pour ceux âgés de 18 à 23 mois, une hausse marquée observée pendant la période correspondant normalement à l’introduction des aliments complémentaires. Nombre de ménages éprouvent des difficultés à se procurer des aliments à forte teneur énergétique et riches en nutriments. Par ailleurs, seuls 22 % des enfants âgés entre 6 et 23 mois reçoivent une alimentation conforme à l’ensemble des pratiques de nutrition recommandées pour les nourrissons et les jeunes enfants.
Pour faire face au lourd fardeau de la malnutrition parmi les enfants issus des ménages les plus vulnérables, le Gouvernement a lancé un programme de supplémentation alimentaire national, venant s’ajouter aux autres interventions nutritionnelles en cours. L’étude a évalué les aliments composés enrichis (ACE), denses en nutriments et produits localement, qui ont été administrés aux enfants âgés de 6 à 23 mois ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes vivant dans des ménages vulnérables au Rwanda, en mesurant leur efficacité au regard de la prévalence du retard de croissance chez les enfants. Cette distribution nationale, entièrement subventionnée, d’ACE à destination des ménages pauvres a été un franc succès.
Parmi les données d’enquête recueillies en 2017, 2018 et 2021 figuraient les indicateurs suivants : données anthropométriques et biochimiques, statut démographique et socioéconomique, sécurité alimentaire et pratiques nutritionnelles (y compris l’administrationd’ACE). Dans le cadre de l’analyse statistique primaire, les statuts nutritionnels des enfants avant et après l’administration d’ACE ont été comparés. On a observé une réduction du retard de croissance entre 2017-2018 (47 %) et 2021 (35 %), ce qui équivaut à une baisse de 42 % (p < 0,001) de la probabilité de présenter un retard de croissance. Alors qu’en 2017, une proportion élevée d’enfants étaient anémiques et déficients en fer, la probabilité pour eux d’en être atteints avait fortement baissé à la fin de la période d’étude.
La réduction notable de la prévalence du retard de croissance sur cette période quinquennale est imputable à plusieurs facteurs. L’étude met en lumière l’adoption d’une approche ciblée pour atteindre les enfants les plus vulnérables et indique un taux de consommation quotidien et hebdomadaire élevé d’ACE au cours des trois dernières années de l’évaluation (2018-2021). Mentionnons également les améliorations constatées sur la durée s’agissant des marqueurs sociodémographiques et liés aux ménages, ainsi que les efforts significatifs consentis par les pouvoirs publics en vue d’améliorer les moyens d’existence, mais aussi la santé et le bien-être au cours de la période considérée.