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Besoins en micronutriments chez les enfants souffrant d’émaciation sévère et/ou d’œdème nutritionnel

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Cet article résume le document suivant : Vresk, L., Flanagan, M., Daniel, A., « Micronutrient status in children aged 6-59 months with severe wasting and/or nutritional edema: implications for nutritional rehabilitation formulations ». Nutrition Reviews, nuad165, 2024. https://doi.org/10.1093/nutrit/nuad165 

Les micronutriments sont essentiels à la santé, en particulier chez les enfants souffrant de malnutrition, mais les données sur les carences chez les enfants souffrant de malnutrition sévère sont limitées. Les aliments thérapeutiques tels que les laits F-75 et F-100 ainsi que les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi sont destinés à pallier ces carences, mais notre compréhension de leur teneur en micronutriments repose davantage sur l’avis d’experts que sur des données probantes solides.

Les auteurs de l’étude ont utilisé les données relatives à la teneur en micronutriments des laits thérapeutiques F-75 et F-100 et des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi figurant sur le site internet de Nutriset pour estimer la quantité quotidienne moyenne de chaque micronutriment qu’un enfant souffrant de malnutrition aiguë sévère consommerait au cours des différentes phases du traitement. Ces valeurs ont ensuite été comparées aux apports nutritionnels de référence pour évaluer l’adéquation. Les auteurs ont également procédé à une revue approfondie de la littérature. 

Des résultats détaillés pour chaque micronutriment sont présentés, y compris une vue d’ensemble de chaque carence, des considérations spécifiques pour l’émaciation sévère et/ou l’œdème nutritionnel, ainsi que des pistes de recherche. Le présent résumé ne saurait aborder en détail la totalité des résultats, qui se trouvent dans le rapport d’origine. Dans l’ensemble, l’étude révèle des insuffisances et des lacunes majeures dans la recherche pour presque tous les micronutriments chez les enfants souffrant d’émaciation sévère et d’œdème nutritionnel. Les auteurs soulignent que les fonctions complexes de chaque micronutriment dans l’organisme peuvent jouer un rôle crucial quant aux résultats obtenus. L’apport en micronutriments est souvent différent chez les enfants présentant un œdème nutritionnel et chez ceux souffrant d’émaciation sévère, ce qui nécessite une approche différenciée. 

Les auteurs identifient certains points sujets à caution dans l’étude : les apports nutritionnels de référence sont basés sur des populations en bonne santé plutôt que sur des populations malades ; l’apport en micronutriments diffère entre les enfants et en fonction du contexte géographique ; enfin, on constate des variations en ce qui concerne l’utilisation des marqueurs biochimiques, les niveaux utilisés pour définir la carence et l’impact des états pathologiques/de la malnutrition sur ces biomarqueurs de l’apport en micronutriments. 

Les auteurs soulignent en particulier trois micronutriments qui se caractérisent par des carences et requièrent une attention urgente : la vitamine B1, le fer et la vitamine D. Les enfants exposés au risque d’émaciation sévère courent un risque élevé de carence en vitamine B1 en raison d’apports insuffisants, de faible capacité d’absorption et d’entéropathie. L’apport actuel en vitamine B1 provenant de produits thérapeutiques est insuffisant pour prévenir et traiter le syndrome de réalimentation. L’anémie par carence en fer est très répandue chez les enfants souffrant d’émaciation sévère et peut persister dans 25 % des cas après la fin du traitement. L’amélioration de la teneur en fer dans le lait thérapeutique F100 et de la biodisponibilité dans les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, par exemple, peut présenter des avantages, mais il convient de faire preuve de prudence et de prendre en compte les effets nocifs potentiels de la hausse de la teneur en fer. Bien qu’il existe peu d’études sur la prévalence de la carence en vitamine D dans les cas d’émaciation sévère, la persistance de cette carence après la fin du traitement est fréquente. Une supplémentation à dosage élevé peut améliorer la croissance et réduire les retards de développement de l’enfant. 

Les études devraient à l’avenir donner la priorité à la recherche dans chacun de ces trois domaines. Par la suite, des recherches supplémentaires devraient examiner les effets d’une couverture universelle ou ciblée de la supplémentation en micronutriments dans les aliments thérapeutiques, ouvrant ainsi la voie à des améliorations fondées sur des données probantes au service des politiques et des pratiques cliniques.

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