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Efficacité de la décentralisation du traitement ambulatoire de l’émaciation

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Cet article résume le document suivant : Lopez-Ejeda, N., Charle-Cuellar, P., Samake; S. et al., Effectiveness of decentralizing outpatient acute malnutrition treatment with community health workers and a simplified combined protocol: A cluster randomized controlled trial in emergency settings of Mali. Front. Public Health, vol. 12, 2024. https://doi.org/10.3389/fpubh.2024.1283148 

L’émaciation est la forme la plus aiguë de la sous-nutrition et augmente le risque de mortalité, surtout dans les cas les plus sévères et lorsqu’elle est associée à des maladies infectieuses. Le traitement ambulatoire standard de l’émaciation sans complications est généralement centralisé dans les centres de santé et séparé en différents programmes en fonction de la gravité des cas. L’environnement de traitement est complexe car il implique des sites différents et des produits nutritionnels gérés par des organisations différentes. L’émaciation sévère est généralement traitée par le personnel infirmier dans les centres de santé à l’aide d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE). L’émaciation modérée, pour laquelle il n’existait pas jusqu’à récemment de directives internationales normalisées, est prise en charge par des agents de santé ou des agents de santé communautaires, qui utilisent d’autres produits nutritionnels. Cette approche désarticulée complique la détection, le traitement et la gestion de la chaîne d’approvisionnement, ce qui entraîne une couverture du traitement sous-optimale.

Pour relever ces défis, de nouvelles approches simplifiées ont été proposées, notamment la décentralisation du traitement vers les agents de santé communautaires dans le cadre de la prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (PEC-C). Cette approche s’est révélée prometteuse pour améliorer la couverture et l’efficacité des traitements à moindre coût, bien que certaines études indiquent que les agents de santé communautaires peuvent avoir du mal à appliquer les protocoles actuels, en particulier pour les cas sévères, en raison d’un faible niveau d’alphabétisation et d’une supervision inadéquate.

L’article de Lopez-Ejeda et al. porte sur une étude menée au Mali, un pays confronté à une crise humanitaire complexe, en particulier dans la région de Gao, au nord. L’étude visait à évaluer l’efficacité de la décentralisation du traitement de l’émaciation vers les agents de santé communautaires et de l’intégration des cas sévères et modérés dans le même programme à l’aide d’un protocole simplifié. Cet essai contrôlé randomisé par grappes à trois bras d’essai comprenait un groupe témoin qui a bénéficié d’un traitement standard dispensé par du personnel infirmier dans des centres de santé, et deux groupes d’intervention. Le premier groupe d’intervention a appliqué le même protocole que le traitement standard, mais a ajouté des agents de santé communautaires en tant que prestataires (groupe PEC-C standard). Le deuxième groupe d’intervention a également inclus des agents de santé communautaires et a appliqué un protocole simplifié combiné. Ce protocole utilisait la mesure du périmètre brachial comme seul critère anthropométrique pour le diagnostic et la sortie, en association avec une dose fixe dʼATPE pour traiter les cas sévères (deux sachets) et modérés (un sachet) (groupe PEC-C simplifié).

L’étude a révélé que les taux de guérison étaient de 76 % dans le groupe témoin, de 82 % dans le groupe PEC-C standard et de 93 % dans le groupe PEC-C simplifié. S’agissant des cas sévères, l’utilisation d’aliments thérapeutiques était considérablement plus faible dans le programme combiné simplifié que dans le programme témoin (43 sachets en moins), avec des gains anthropométriques similaires. En ce qui concerne le protocole simplifié, les agents de santé communautaires ont enregistré un taux d’erreurs de 6 %, contre 19 % pour le protocole standard. La couverture du programme a augmenté avec le programme combiné simplifié (+42,5 % pour les cas sévères et +13,8 % pour les cas modérés).

L’étude suggère que la décentralisation du traitement des établissements de santé vers d’autres entités et l’utilisation d’un protocole simplifié peuvent améliorer l’accès aux soins, préserver l’efficacité des résultats du traitement et réduire les coûts, ce qui en fait une approche viable dans les situations d’urgence. Cette approche pourrait être particulièrement avantageuse dans les contextes aux ressources limitées et les environnements touchés par des conflits, où l’accès à des soins de santé centralisés est difficile. Toutefois, des problèmes tels que la sortie précoce, en particulier dans les cas sévères, et la nécessité d’améliorer la formation et la supervision du personnel de santé ont été mis en évidence. 

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Research snapshots