FEX 54:
Alerte et réponse rapide aux crises nutritionnelles en RDC avec Alain Tchamba
Résumé
Alain Georges Tchamba est le Coordinateur de Nutrition de COOPI en République Démocratique du Congo. Dans ce podcast, Ambarka Youssoufane, spécialiste régional de la gestion des connaissances d'ENN pour l'Afrique de l'Ouest, parle à Alain sur le projet Rapid Response to Crisis Nutritionnelle (RRCN) mis en place au RDC avec l'UNICEF.
Cette conversation est basée sur ce qui a été partagé par Alain dans un article publié dans Field Exchange 54 intitulé «Alerte et réponse rapide à la crise nutritionnelle en RDC» qui discute des succès des interventions nutritionnelles à court terme du projet, malgré son succès limité à long terme. Mr Tchamba a apporté plus de détails sur cet article qui décrit les stratégies mises en œuvre en RDC à travers la stratégie alertes rapides et réponses aux crises nutritionnelles en RDC.
Transcriptions
- Ambarka Youssoufane (AY) : Spécialiste régional de la gestion des connaissances d'ENN pour l'Afrique de l'Ouest
- Alain Tchamba (AT) : Coordinateur de Nutrition de Cooperazione Internazionale (COOPI) en République
AY : Bonjour chers auditeurs, bienvenue dans ce podcast de ENN Field Exchange. Je suis Ambarka Youssoufane, spécialiste régional gestion de connaissance Afrique de l’Ouest et du Centre de ENN. Aujourd’hui je suis avec Alain Georges Tchamba, coordinateur nutrition de l’ONG Coopération internationale, COPI, en RDC (République démocratique du Congo) depuis 2010. Il est responsable de l’élaboration, de la mise en oeuvre, du suivi, de l’évaluation et de la capitalisation des activités de nutrition au sein de l’ONG COPI en RDC. Bonjour M. Tchamba.
AT : Bonjour M. Ambarka.
AY : Merci de répondre à notre invitation. Je vous invite à discuter d’un article que vous avez écrit récemment dans notre revue Field Exchange intitulé “Alerte et réponse rapide aux crises nutritionnelles en RDC”. Pouvez-vous nous en dire, pour commencer, un peu plus sur le travail de l’ONG COPI en RDC ? Expliquez-nous par exemple votre rôle en tant que co-lead du Cluster nutrition RDC. Avez-vous des liens avec le mouvement SUN ou le point focal SUN Gouvernement ? Comment travaillez-vous avec les autres parties du gouvernement, c’est-à-dire le service public ? Ou les agences des Nations Unies par exemple ?
AT : Merci pour la question. Tout d’abord je vais essayer de présenter l’ONG COPI. C’est une organisation humanitaire, non-gouvernementale, italienne, à vocation laïque, apolitique et indépendante. Cette ONG a été créée à Milan le 15 avril 1965 par le père Vicenzo Babiere. COPI intervient dans plusieurs domaines, comme la nutrition, la santé, la sécurité alimentaire, l’eau, l’hygiène, la protection, l’éducation et le plaidoyer. COPI intervient sur plusieurs continents : le continent africain et particulièrement la RDC depuis 1970. Les interventions de COPI sont basées sur l’urgence et le développement, mais aussi la transition inter-urgences et le développement. Pour mettre en place ces différentes activités, COPI s’appuie sur plusieurs bailleurs tels que la Banque mondiale, l’Union européenne, ECHO, DFID, le Fond commun humanitaire et certaines coopérations des ambassades européennes, et aussi les organisations des Nations unies telles que le PAM, la FAO, l’UNICEF, le HCR et le FINAP. COOPI met en place ses projets à travers les différentes provinces de la RDC et COOPI occupe le poste de co-lead du Cluster de nutrition depuis 2013. A ce niveau, COPI intervient dans la planification et la conception du plan d’action humanitaire. Nous intervenons dans le cadre du mouvement SUN. On a des relations pour le moment concernant la prise en charge de la malnutrition. Néanmoins, ce cadre de concertation n’a pas encore assez de liens solides avec le Cluster de nutrition. En dehors du centre, au niveau du gouvernement, nous intervenons activement dans des activités de renforcement des capacités, la supervision, le suivi et la capitalisation des projets.
AY : COPI intervient dans le cadre du développement et de la transition urgence-développement. Comment assurez-vous cette transition étant donné que, comme vous venez de le mentionner, le cadre de concertation du mouvement SUN n’est pas très fonctionnel ?
AT : Le cadre de concertation du mouvement SUN n’est pas encore très fonctionnel. Tous les organes nécessaires sont déjà en place mais à mon avis, on a un retard par rapport au personnel. Cela étant, le Cluster de nutrition a mis en place une stratégie de plaidoyer pour orienter le passage entre la situation de crise nutritionnelle en état d’urgence et le développement. Sur la base de ce plaidoyer, réalisé auprès du fond commun humanitaire, le fond commun humanitaire a adopté une stratégie multisectorielle qui s'inscrit sur le long-terme, sur des projets d’une durée de 24 mois, avec les volets WASH, sécurité alimentaire, santé et autres, bref avec les volets dont les liens sont en relation avec la multi-factorialité des causes de la malnutrition.
AY : Vous avez mentionné dans votre article une diminution spectaculaire de la malnutrition en RDC. Il y a quand même des disparités entre les régions, qu’il faut noter, mais qu’est-ce qui est à l’origine de cette réduction ? On a vu le taux de malnutrition aiguë chuter de 16% en 2001 à 9% en 2014. Selon vous, qu’est-ce-qui explique cette réduction de la malnutrition ?
AT : En 2001, la prévalence de la malnutrition était de 16%. Elle dépassait largement une situation d’urgence. En tenant compte de l’amélioration qu’il y a eu lors de l’enquête EDS en 2013-2014, avec une malnutrition à 8%, on constate qu’il y a une amélioration du statut nutritionnel à l’échelle nationale, malgré des disparités entre les provinces. Cette amélioration est à attribuer en grande partie aux efforts de l’ensemble de la communauté humanitaire, qui investit autant dans le traitement que dans la prévention de la malnutrition avec une approche multisectorielle, sachant que les causes de la malnutrition sont multifactorielles. De façon spécifique, l’engagement du gouvernement, les interventions spécifiques et sensibles à la malnutrition ont agi sur les différents déterminants de la malnutrition avec comme conséquence une amélioration du statut nutritionnel de la population au niveau national. Lorsque je parle des interventions spécifiques à la nutrition, on pourrait parler du soutien à l’allaitement maternel, la promotion de l’alimentation de complément, le traitement de la malnutrition, sans oublier les mesures spécifiques comme l’amélioration de l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, l’amélioration de la sécurité alimentaire, soins de santé primaires. Ce sont les interventions sensibles et spécifiques à la nutrition qui ont permis une amélioration du statut nutritionnel en agissant sur les déterminants de la malnutrition.
AY : Vous avez noté que vous avez des rapports avec le directeur du PRONANUT, le programme national de nutrition. Est-ce que vous pouvez détailler ces rapports avec le PRONANUT ?
AT : Donc, avec le PRONANUT, premièrement, le rapport débute au niveau de l’identification de la crise nutritionnelle. Il y a un système de surveillance nutritionnelle, sécurité alimentaire et alerte précoce dans le cycle SNSAP qui est géré par le PRONANUT. C’est cet organe, le PRONANUT, à la base de ce système, qui identifie les différentes zones en alerte. Donc, le système d’information ici est basé sur les sites sentinelles. Tous les 2 ou 3 mois un bulletin sort avec l’ensemble des zones en alerte. Lorsque ces zones sont identifiées, en fonction de la disponibilité financière le PRONANUT réalise des enquêtes afin de confiner, si l’alerte est vérifiée ou pas, et dès que l’alerte est vérifiée le PRONANUT organise une réunion en invitant les partenaires qui ont des capacités, ou bien qui ont déjà le financement par rapport aux interventions d’urgence, et les zones dont l’alerte a été confinée verront des interventions mises en place par ces partenaires. Les partenaires doivent concevoir les thèmes des différentes interventions validées conjointement avec le PRONANUT. Par la suite, le PRONANUT va intervenir sur les affaires opérationnelles par rapport au renforcement des capacités du personnel sanitaire dans la Zone de santé. Le PRONANUT fera des supervisions permanentes afin de voir comment évolue la prise en charge de la malnutrition, et enfin le PRONANUT fera une évaluation à la fin. Donc, le PRONANUT est impliqué dans l’identification de l’alerte, dans la planification de l’intervention, dans la mise en place de l’intervention à travers le renforcement des capacités, le suivi et l’évaluation.
AY : Merci bien Monsieur Tchamba. Entre autre, vous avez développé plusieurs types d’approches, quatre types d’approches, notamment la surveillance, le PUNC, le OMNITRITION que vous venez de citer, le projet alerte et réponse rapide. Parmi toutes ces approches, quelle est l’institution qui a eu le plus d’influence dans la conception des programmes ? Est-ce que ce sont les bailleurs de fonds qui déterminaient l’approche, ou vous, en tant qu’ONG ou le gouvernement, qui avez le monopole de la conception de la stratégie en elle-même ?
AT : Au niveau de la surveillance nutritionnelle c’est l’UNICEF le bailleur de fonds pour les urgences qui a influencé la mise en place de ce système. Et pour mieux tester les différentes approches, que ce soit le PUNC, le scaling up nutrition, c’est toujours l’UNICEF qui a influencé la mise en place de toute cette stratégie en identifiant les limites d’une stratégie à l’autre. Si on prend par exemple le système d’alerte qui étaient des alertes scientifiquement non prouvées qui devient structuré, par la suite dans l’approche PUNC, l’approche PUNC consistait à intervenir pour une durée de 3 mois. Or, pour une durée de 3 mois on ne peut pas prendre suffisamment les enfants, on ne peut pas construire une bonne stratégie de sortie, on ne peut pas mettre en place une approche multisectorielle. Donc, quand l’UNICEF a vu ces différentes limites, l’UNICEF a dit, étant donné…
AY : Juste pour revenir sur l’approche PUNC, qu’est-ce qu’on entend par PUNC, P-U- N-C ?
AT : Pool d’Urgences Nutritionnelles au Congo. Oui, que trois mois étaient assez courts pour l’approche PUNC et que la couverture administrative était très faible parce qu’en moyenne vous avez 15 à 20 aires de santé par Zone de santé, donc avec l’approche PUNC on couvre 25 aires de santé. Donc, si vous arrivez dans une Zone de santé qui a 25 aires de santé, c’est normal qu’on ne puisse pas résoudre le problème, on va sauver des vies mais on ne va pas résoudre le problème en trois mois avec une seule couverture administrative, même si pour compenser un peu cette couverture en mettant en place des postes avancés et des postes mobiles, malgré cela ça ne résolvait pas le problème. Donc, en tenant compte des limites du plan, l’UNICEF a mis en place la stratégie scaling up nutrition. Ils se sont dit : est-ce qu’en intervenant sur une longue durée, on peut réduire de façon significative la prévalence de la malnutrition ? Et l’avantage de cette approche était que le projet durait environ 18 à 24 mois, donc maximum 2 ans, et le projet était mis en place à partir d’un système de surveillance approprié et vérifié scientifiquement. L’approche permettait une couverture administrative de 100% de la Zone de santé et cette approche permettait aussi de prendre non seulement les membres mais aussi les membres en fonction de la stratégie géographique du PAM. Mais le désavantage qu’on a trouvé dans ce système, vu l’étendue du territoire congolais, c’est qu’il devenait difficile d’intervenir dans d’autres zones d’alerte. Toujours d’après des analyses, des évaluations réalisées par l’UNICEF, qui a mis en place l’approche de réponse rapide aux crises nutritionnelles, financée par des fonds ECHO à travers l’UNICEF, puis on est revenu à une durée de 6 mois qui est une durée acceptable en situations d’urgence. L’approche a été mise en place à partir du système de surveillance basée sur l’SINSAP dans les alertes où les crises nutritionnelles identifiées étaient des crises nutritionnelles réelles. Au niveau de la couverture on demandait de couvrir au moins 80% de la Zone de santé sur la couverture administrative, et à partir de là on pouvait mieux mettre aussi en place une approche Multisectorielle, on a directement basé cette approche sur le WASH en mettant en place la stratégie WASH in Nutrition des Zones de santé.
Donc, voilà, un peu bref le passage d’une approche à l’autre était réalisée après des évaluations de l’UNICEF et de ses bailleurs de fonds. Donc, la stratégie était plus influencée par l’UNICEF.
AY : Donc, l’UNICEF est le principal bailleur de ces approches ?
AT : Oui, l’UNICEF est le principal bailleur de ces approches et recevait des fonds d’ECHO.
AY : Est-ce que, justement, dans l’élaboration de ces approches-là vous avez eu à vous inspirer d’exemples d’autres pays ou bien vous avez construit sur votre propre expérience de la RDC ?
AT : Bon, la mise en place d’une approche à l’autre s’est inspirée de ce qui se fait ailleurs, par exemple ce qu’il se passe dans les pays tels que le Mali ou bien le système d’alerte qui a été aussi mis en place au Burundi. Par exemple au Niger le système est basé sur la réalisation des enquêtes. Donc, à un moment précis, surtout pendant la période du mois de juin au Niger, on réalisait les enquêtes. Puis, après ces enquêtes on voit comment nous pouvons intervenir dans les zones à haut risque nutritionnel, donc où il y a une urgence, des soins d’urgence.
Donc, c’est sur la base de cette approche réalisée ailleurs par UNICEF qu’on a pu l’adapter en RDC en tenant compte aussi des particularités de la RDC.
AY : Vous avez, vous dites tout à l’heure que, il y avait une prise en charge de la malnutrition aigüe sévère, mais aussi une prise en charge de la malnutrition aigüe modérée en fonction de la couverture du PAM, le Programme Alimentaire Mondial. Dans quelle mesure est-ce que ces différents programmes se sont entrecoupés ? Est-ce qu’il y avait une, on va dire, une coïncidence parfaite, ou bien y avait-il souvent des gaps de prise en charge de la malnutrition aigüe modérée étant donné que l’approche RSCN était beaucoup plus basée sur la malnutrition aigüe sévère ?
AT : Oui, effectivement l’approche RSCN est basée sur la malnutrition aigüe et sévère. C’est vrai que les critères pour pouvoir déclencher les interventions sont basées soient sur la masse supérieure ou égale à 15%, donc ce qui tient aussi compte d’un manque, soit la masse supérieure ou égale à 20%. Donc la priorité est donnée à la masse. Donc lorsqu’on vient, on intervient dans la zone, parce que pour la masse, ce sont des enfants à haut risque de décès. Mais ce qu’on a constaté à moyen dans le projet, il y a eu 19,5 pour cent des unités nutritionnelles ambulatoires dans où on traitait les enfants sévèrement malnutris sans complication qui était liée, donc qui était couplée aux différentes unités nutritionnelles supplémentaires, donc aux unités traitant les enfants modérément malnutris. Mais néanmoins l’absence des UNS dans certaines interventions prolongeait la durée de séjour des enfants à l’UNTA (Unité Nutritionnelle Thérapeutique Ambulatoire). Or le protocole préconise que, en l’absence d’UNTA, l’enfant reste dans le programme et sort avec les critères de guérison totale, c’est-à- dire, avec, si je prends l’indicateur poids/taille supérieur ou égal à moins 1,5 écart-type, ça veut dire que tous les enfants qui étaient même dans les aides de santé, ou des zones de santé où il n’y avait pas d’intervention de PAM sortaient complètement guéris.
AY : Je voudrais revenir sur l’implication des autres ministères dans une approche multisectorielle au cours d’un projet RSCN, puisque vous l’avez quand même noté que vous êtes en parfaite collaboration avec le PRONANUT qui participe à l’identification de la lèpre, à la conception de l’approche, à la mise en œuvre et au suivi, alors dans quelle mesure est-ce que les autres ministères en lien avec la nutrition sont impliqués ? Je veux dire par exemple, le ministère de l’agriculture, celui de la protection sociale, ou, enfin bref tous les autres ministères impliqués.
AT : Dans l’approche RSCN, il n’y a qu’un seul ministère qui est impliqué à l’heure actuelle, c’es le ministère de la santé publique. Or ce ministère a plusieurs divisions, on a la division de nutrition et la division d’eau, hygiène, assainissement. Donc ces deux divisions sont totalement impliquées dans le, l’approche RSCN.
AY : Mais vous avez également des activités du WASH, est-ce qu’il y avait des implications du ministère en charge du WASH ?
AT : Le ministère en charge du WASH, ici en RDC sous la tutelle du ministère de la santé. C’est de là que je vous parlais de la division de la nutrition avec comme organe le PRONANUT et puis la division du WASH qu’on appelle ici « B5 ou B9 », selon les réformes, donc il y’a le bureau neuf (9) et le bureau cinq (5) qui sont responsables du WASH. Donc en fait, le WASH est coordonné par le ministre de la santé, er, publique. Donc déjà nous, on travaille avec ces deux divisions qui se trouvent donc, c’est-à- dire nutrition et le WASH. Par contre, si on avait un volet de sécurité alimentaire, en ce moment on pouvait associer le ministère en charge de ce volet.
AY : Vous estimez en fait, dans l’article qui vient de paraitre dans Field Exchange, à environ 15 à 20% de la population a de la prise en charge des cas de malnutrition aigüe et seulement 3 à 4 centres de santé offrent des services de prise en charge dans chaque zone qui compte environ 20 centres de santé. Alors, est-ce qu’il y a eu une évaluation de la couverture de la prise en charge, sinon est-ce que cela a été envisagé une fois ?
AT: Bon, il n’y a pas eu d’évaluation scientifique de la couverture à travers une enquête. C’est vrai qu’il y a d’autres partenaires qui le font. Mais dans le cadre de RSCN. Nous n’avons pas réalisé cette enquête. Néanmoins, il s’agit ici quand on parle de 15 à 20% de couverture, il s’agit d’une couverture administrative. Comme je le disais, si vous avez 20 aides de santé dans la zone de santé, vous pouvez 20 aides de santé, ça fait 5 sur 20 aires, vous avez de pourcentage de couverture, donc c’est pas un couverture scientifique en terme du nombre d’enfants malnutris qu’on devait identifier, qu’on n’a pas pu identifier. C’est pas dans ce sens, mais néanmoins cette faible couverture administrative est utilisée dans la première approche. C’est-à- dire l’approche PUNK, où on couvert au minima vingt aides de santé, mais on mettait aussi en place, c’est pour avancer et une forme juridique tantôt. Et de deux, lorsqu’on a vu cette limite en termes de couverture administrative pour les approches qui suivaient, c’est-à- dire, on est passé à 100% de couverture administrative et pour réponse rapide, on est passé à au moins 80% de couverture administrative. Donc en résumé, l’approche de couverture scientifique est pas une enquête qui n’a pas été réalisée et il y a eu une amélioration significative de la couverture administrative.
AY : Donc en fait la couverture administrative, ici, vous entendez par là, la couverture des centres de santé offrant des services de prise en charge nutritionnelle ?
AT: Effectivement, quand vous avez un centre de santé qui offre le suivi de prise en charge nutritionnelle, autour de ce centre de santé, vous avez peut-être huit ou dix villages. Donc, c’est ça qu’on appelle une aide de santé.
AY : Et la continuité de la fourniture des ATPE, des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, aux services de santé, au-delà de six mois que dure l’intervention rapide semble être l’un des plus grands défis à la pérennisation de la prise en charge de la malnutrition aigüe sévère. Souvent les familles sont obligées de payer des frais de consultation pour faire face aux coûts de ces emplois–là. Avez-vous déjà essayé une action particulière pour solutionner ce problème nutritionnel ?
AT : Donc la continuité des interventions par la fourniture de façon permanente des ATPE est un grand défi en RDC. Dans la mesure, comme vous le savez que les ATPE ne sont pas fabriqués sur place. On n’a pas tout d’abord d’usine délocalisée. Il y en avait, après cette usine s’était fermée. Néanmoins le gouvernement en RDC a inscrit les ATP dans la liste des médicaments essentielles. Et le gouvernement est en train de mettre en place plusieurs centrales d’achats qui pourront facilement ravitailler les zones de santé.
AT : Par ailleurs donc, dans le cadre de l’accord, donc du partenariat entre le gouvernement congolais et l’UNICEF, UNICEF met à la disposition du gouvernement, à travers le PRONANUT, les entrants pour les zones de santé en crise nutritionnelle. Mais, au niveau local, plusieurs approches ont été initiées, répétitives, et, on a aussi renforcé vraiment la stratégie multisectorielle orientée vers la prévention. Et spécialement les interventions sensibles à la nutrition. Dans le temps vous avez publié plusieurs expériences dans la RDC par rapport à ça, donc cette stratégie permet de limiter aussi le nombre de malnutris. Donc en résumé, je dirais que le ravitaillement à disponibilité de l’ATPE en RDC est un défi. Donc le gouvernement, dans un premier pas, à inscrit les ATPE dans la liste des médicaments essentiels et c’est déjà pour mettre en place le dépôt dans les centrales d’achat et, la grande partie de ces entrants sont mis à disponibilité par UNICEF. Et vu un peu l’étendue du territoire, on a privilégié des zones à malnutrition récurrente et des nouvelles crises. Donc c’est un peu, c’est …
AY : Le gouvernement a inscrit les ATPE sur la liste des médicaments essentiels, en quelle année cette inscription a eu lieu ? Et, est-ce que ça a permis d’améliorer un tant soit peu la fourniture des ATPE au niveau des centres de santé ?
AT : Oui, le gouvernement a inscrit les ATPE je pense c’était en 2012, si j’ai bonne mémoire. Ca c’est déjà un pas pour qu’on sache déjà que, parce que les ATPE on pense souvent que c’est pas un médicament, c’est un médicament, donc c’était déjà un grand pas. Bon avec cela, ça a permis à l’UNICEF maintenant de ravitailler les centres de santé. Donc, par la suite, les entrants disponibilisés par UNICEF passent par le PRONANUT et qui s’inscrit, donc qui est remis aux zones de santé comme un médicament pour la prise en charge. Donc il y a une amélioration dans le sens que les responsables sanitaires ont compris que les ATPE étaient un médicament et non, une pâte d’arachide pour pouvoir consommer d’une manière ou d’une autre.
AY : Donc, l’inscription des ATPE sur la liste des médicaments essentiels a permis une meilleure acceptation, une meilleure compréhension de leur utilité je vais dire.
AT : Oui, oui, effectivement.
AY : Alors, c’est toujours l’UNICEF qui met en place des ATPE. Mais, est-ce que le gouvernement a fait un pas, par exemple, en inscrivant une ligne budgétaire ou en apportant un appui pour l’achat des ATPE ?
AT : Oui, oui. Actuellement, dans le cadre du mouvement SCALING UP NUTRITION il y a une ligne budgétaire pour cette activité qui tient aussi compte du traitement de la malnutrition et par conséquence des ATPE.
AY : Justement, vous avez eu des difficultés à mobiliser des financements pour certaines zones qui ont pourtant des taux de malnutrition supérieurs à 15%. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi le projet SCALING UP NUTRITION était-il plus rigide par exemple que le PUNC ? Et, est-ce que vous avez essayé de vous inspirer de votre expérience du PUNC pour un peu rendre le projet, pour rendre le projet SCALING UP NUTRITION plus flexible ?
AT : Ben le projet Scaling Up Nutrition comme je l’ai dit intervenait dans les zones avec marques supérieures à 15% ou marques supérieures ou égales à 5%. Donc pour une longue durée de 18 mois. Donc, ce projet permettait d’avoir des interventions à long terme. Toutefois, la flexibilité du PUNC, pendant ce stade, quand on avait, dans le cadre de l’approche SCALING UP NUTRITION on ne pouvait plus aller dans un autre centre de santé. Donc parce que la zone de santé était déjà, le nombre était déjà fixé d’avance. Donc ce qui rendait, nous on arrivait pas à intervenir pour les nouvelles crises nutritionnelles qui apparaissaient.
AY : Mais ce n’était pas dû à un problème de disponibilité des ressources mais beaucoup plus un problème de programmation ?
AT : Oui, je vais arriver. Donc quand je parlais de la flexibilité, ceci était dû effectivement au fait que les ressources ne permettaient pas d’avoir une enveloppe flexible pour répondre aux nouvelles crises. Parce exemple on vous dit, pour le SCALING UP NUTRITION, vous avez déjà deux millions et quand on a mis deux millions, ben il y avait un problème de programmation et un problème de ressources par rapport à la durée du projet.
AY : D’accord. Alors, la mise en œuvre d’une réponse rapide est généralement de courte durée, vous parliez tantôt de six mois, après laquelle COOPI devait transférer la gestion à une autre institution, notamment le gouvernement. Cependant, cela ne s’est pas passé comme prévu, uniquement environ quatre zones de santé sur 20, ont pu continuer, sur 21 zones de santé, ont pu continuer la prise en charge au-delà de l’intervention de COOPI. Quels étaient les principaux défis pour ce transfert ? Dans les zones où le projet a pu continuer, qu’est qui a, qui avait pris, par exemple, le financement ? La relève du financement quand COOPI s’est retiré ?
AT : On essaie d’attirer l’attention des différents instituts de financement par rapport au fait que les zones de santé, malgré qu’on ait pu, qu’on ait pris en charge plusieurs enfants malnutris, ces zones de santé ont toujours des admissions élevées. Ce qui ressortait de cette observation, c’est que on avait d’autres zones qui avaient des admissions très très élevées. Et donc c’était la troisième ou la quatrième fois qu’on avait des interventions. Et, vu que les fonds d’urgence ont diminué significativement, il fallait maintenant privilégier certaines zones. C’est ainsi qu’on s’est basés sur les critères de zones de santé à malnutrition récurrente. Alors on s’est dit si on intervenait dans ces zones pendant 24 mois, quelle pourrait être la situation nutritionnelle ? C’est ainsi que le cluster de nutrition a pu faire le plaidoyer auprès d’ECHO et, à travers le Fond Commun Humanitaire, afin d’avoir les financements pour ces zones à malnutrition récurrente.
AY : Justement, vous avez parlé d’activités de plaidoyer que vous avez menées de concert avec le cluster nutrition, est-ce que vous pouvez nous dire un peu plus sur ces activités de plaidoyer-là que vous avez menées ?
AT : Ben pour les activités de plaidoyer réalisées avec le cluster nutrition, le cluster nutrition identifie les différents gaps à travers le pays. On a des outils pour cela et aussi à travers le SNSAP, le système de surveillance d’alerte précoce et, par ce système, le cluster nutritionnel, le cluster de nutrition fait des synthèses qui sont présentées auprès de l’inter-cluster national. Au cours de l’inter-cluster national, on essaie de démontrer qu’il y a un problème. Et que les problèmes sont récurrents, donc il faut attirer l’attention. Et puis au niveau du système de coordination stratégique aussi, on fait des interventions, des présentations afin d’attirer l’attention des différents bailleurs. Et c’est à base de cette stratégie de plaidoyer orientée vers la diffusion de l’information montrant la criticité du problème de la malnutrition, et vers le fait que les interventions doivent être multisectorielles qu’on a pu avoir quelques fonds pour pouvoir intervenir dans les zones à malnutrition récurrente.
AY : Donc, vous avez beaucoup plus utilisé les données de prévalence et des admissions au niveau des centres de prise en charge pour mener ce plaidoyer… Oui. On a utilisé : 1) identifier d’abord les zones de santé à malnutrition récurrente, 2) voir quelles sont les zones de santé où le taux d’admission était très élevé à la fin de l’intervention du RRCN…À la fin des six mois…
AT : Oui, du RRCN. Et aussi, on a tenu aussi compte des nouvelles alertes, et c’est là où il fallait faire la part des choses. Alors, quel succès avez-vous eu, par exemple, dans le cas de ce plaidoyer ? ou quels défis avez-vous rencontrés ? Les défis, dans le cas de ce plaidoyer, étaient de convaincre 1) les bailleurs de fonds de financer les zones de santé à cause structurelle de la malnutrition. Ça, c’était le premier défi. On a réussi à le faire parce que aujourd’hui, vous avez un an d’interventions élevées et financées par le Fonds Commun Humanité qui se trouvent dans la partie Ouest, où les causes de la malnutrition sont plus structurelles que conjoncturelles. 2) Il fallait convaincre le bailleur de fonds que le projet devait avoir une durée au moins de… au plus de 24 mois, donc entre 15 et 24 mois, afin d’avoir un impact, mais aussi avec une stratégie multisectorielle. On s’inscrit un peu dans le cadre du mouvement SUN. Au vu des preuves scientifiques et tout, les bailleurs de fonds l’ont accepté. Donc, il s’agissait ici, d’abord, de convaincre les bailleurs de fonds d’intervenir à l’Ouest, et de deux, d’intervenir dans les zones de santé à malnutrition récurrente, trois, de mettre l’approche multisectorielle en place, et de quatre, d’avoir des interventions de longue durée.
AY : Justement, quel apport les acteurs du mouvement SUN ont eu dans ce plaidoyer ? S’ils n’ont pas participé aussi, est-ce que vous pensez que les acteurs SUN auraient pu y participer d’une certaine façon ?
AT : Jusqu’à aujourd’hui, c’est le Cluster Nutrition qui fait ce type de plaidoyer auprès des bailleurs de fonds, mais au moins, vu qu’on est encore à un stade un peu hybride et que le mouvement SUN est en train d’être mis en place petit à petit, je pense qu’il faudrait que les responsables du mouvement SUN s’inscrivent dans cette approche. Et de plus, quand on voit… les membres du Cluster Nutrition font partie du mouvement SUN. Donc faire un plaidoyer à partir du Cluster Nutrition auprès des bailleurs de fonds, c’est déjà un peu un plaidoyer pour le mouvement SUN. Donc, on devrait plus formaliser cela dans l’avenir.
AY : OK. Donc, en fait, les acteurs du mouvement SUN sont quasi identiques à ceux du Cluster Nutrition…
AT : Oui, à presque 80 %.
AY : D’accord. Alors, je voudrais revenir un peu sur les stratégies globales de nutrition au niveau du pays, notamment le plan d’action de la nutrition au niveau de la RDC. Est-ce qu’il y a déjà un cadre commun de résultats, comme suggéré par le mouvement SUN ?
AT : Oui… On a élaboré un plan stratégique national multisectoriel de 2015 à 2020, qui est une réponse au besoin d’une approche multisectorielle de la lutte contre la malnutrition en RDC, et qui s’inscrit dans la vision de la RDC pays émergent à l’horizon 2030. Ce plan stratégique est piloté par la Primature et je pense, vous le savez bien, certaines fois, qu’elle réussit ses approches multisectorielles initiant des interventions relevant des différents secteurs et l’orientation des actions qui portent aux résultats. Aujourd’hui, pour ce qui concerne le cadre commun de résultats, je pense qu’il y a eu un cadre commun de résultats qui a été réalisé, je pense, en 2015 ou 2016, qui nous a permis de voir à quel niveau se trouve la mise en place du mouvement SUN.
AY : Est-ce que ce plan d’action prend en compte la continuation de la prise en charge de la malnutrition aiguë au-delà des interventions humanitaires ?
AT : Effectivement, la prise en charge de la malnutrition aiguë au-delà des interventions humanitaires fait partie intégrante du plan d’action national multisectoriel de nutrition. Il s’agit ici de trouver les différents moyens de financement pour pouvoir continuer la prise en charge de la malnutrition à travers le territoire. Par exemple, il y a des initiatives, je pense, qui sont en train d’être prises, comme amener les entreprises privées ou les politiciens à inscrire, par exemple, la lutte contre la malnutrition aiguë dans leurs microprojets qu’ils ont au niveau du Parlement ou bien au niveau de chaque entreprise.
AY : Monsieur Alain Tchamba, merci encore une fois encore de partager avec nous votre expérience sur l’alerte et réponse rapide aux crises nutritionnelles en RDC. Je vous souhaite très bon courage pour la suite de vos travaux et espère une autre opportunité de pouvoir discuter avec vous. Je voudrais également remercier nos auditeurs pour avoir écouté ce podcast, qui fait partie d’une série de podcasts initiés par l’ENN pour alimenter notre site multimédia de gestion de connaissances. Comme toujours, nous nous réjouissons de recevoir vos contributions et expériences de mise en œuvre d’actions de nutrition. Si vous avez des questions supplémentaires, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel à nutritionexchange@ennonline.net ou consultez notre site Web: www.ennonline.net.
- Ambarka Youssoufane (AY) : Regional Knowledge Managment Specialist, West/Central Africa
- Alain Tchamba (AT) : Coordinator at Cooperazione Internazionale (COOPI) in the Democratic Republic of Congo
AY : Dear listeners, welcome to this ENN Field Exchange podcast. My name is Ambarka Youssoufane, regional specialist for knowledge management in West Africa and at the ENN Centre. Today I am with Alain Georges Tchamba, nutrition coordinator at the NGO International Cooperation, COOPI, DRC (Democratic Republic of the Congo) since 2010. He is responsible for the development, implementation, monitoring, evaluation and capitalisation of nutrition activities within the COOPI NGO in the DRC. Hello Mr Tchamba.
AT : Hello Mr Ambarka.
AY : Thank you for responding to our invitation. I would like to invite you to discuss an article that you wrote recently in our journal Field Exchange entitled "Warnings of and rapid response to nutritional crises in the DRC". To start with, can you tell us a little more about the work of the COOPI NGO in the DRC? For example, explain to us your role as co-lead for the DRC Nutrition Cluster. Do you have links with the SUN Movement or the focal point SUN Government? How do you work with other parts of the government, that is to say the public service? Or the United Nations, for example?
AT : Thank you for your question. First of all I will try to introduce the COOPI NGO. It is a humanitarian, non-governmental, Italian organisation that is secular, apolitical and independent. This NGO was created in Milan on 15 April 1965 by father Vicenzo Babiere. COOPI is involved in several areas, such as nutrition, health, food security, water, hygiene, protection, education and advocacy. COOPI has been involved on several continents: Africa and particularly the DRC since 1970. COOPI interventions are based on emergency and development, but also on the inter-emergency transition and development. To implement the various activities, COOPI is supported by several donors such as the World Bank, the European Union, Eco d'ici, DFID, the Common Humanitarian Fund and some aid services of European embassies, and also the organisations of the UN such as WFP, FAO, UNICEF, HCR and FINAP. So, regarding the interventions of COOPI, the organisation is implementing a project through the various provinces of the DRC and COPI has held the position of co-lead of the Nutrition Cluster since 2013. At this level, COOPI is involved in the planning and design of the humanitarian action plan. We operate within the framework of the SUN movement. We currently have links relating to management of malnutrition. Nonetheless, this consultation framework still does not have sufficiently strong links with the Nutrition Cluster. Outside the centre, at the government level, we are actively involved in capacity-building activities, supervision, monitoring and capitalisation of the projects.
AY : COOPI is involved within the framework of development and emergency-development transition. How do you ensure this transition given that, as you have just mentioned, the consultation framework of the SUN movement is not very functional?
AT : The consultation framework of the SUN movement is still not very functional. All the necessary elements are already in place but in my opinion, there is a delay in terms of personnel. However, the Nutrition Cluster has set up an advocacy strategy to guide the transition from a scenario of emergency food crisis to one of development. Based on this advocacy, realised with the Common Humanitarian Fund, the Common Humanitarian Fund has adopted a multisectoral strategy over the long term, on projects with a duration of 24 months, with the Wash component, food security, health, etc. whose links are related to the multifactorial causes of malnutrition.
AY : You mentioned in your article a dramatic decrease in malnutrition in the DRC. There are nevertheless disparities between regions, it should be noted, but what is the cause of this reduction? We have seen the rate of acute malnutrition drop from 16% in 2001 to 9% in 2014. What do you think explains this reduction in malnutrition?
AT : In 2001, the prevalence of malnutrition was 16%. It was well beyond an emergency situation. Considering the improvement seen since the EDS survey in 2013-2014, with malnutrition at 8%, we have noticed that there has been an improvement in the nutritional status nationwide, despite disparities between provinces. This improvement is attributable in large part to the efforts of the entire humanitarian community, which invests both in treatment and in prevention of malnutrition with a multisectoral approach, knowing that the causes of malnutrition are multifactorial. Specifically, the government's commitment, specific interventions sensitive to malnutrition have acted on the various determinants of malnutrition with consequent improvement in the nutritional status of the population nationwide. When I speak of specific interventions on nutrition, we could talk about support for breastfeeding, promotion of complementary feeding, treatment of malnutrition, not to mention specific measures such as improving access to water, hygiene and sanitation, improving food security, primary health care. These are sensitive and specific interventions in nutrition that have enabled an improvement in nutritional status by acting on the determinants of malnutrition.
AY : You noted that you have a relationship with the director of PRONANUT, the national nutrition program. Could you give us any greater detail on this relationship with PRONANUT?
AT : So with PRONANUT, first, the relationship starts at the level of identification of the nutrition crisis. There is a system for nutritional surveillance, food security and early warnings in the SNSAP cycle that is managed by PRONANUT. It is this body, PRONANUT, at the basis of this system, which identifies the various zones in a state of alert. Therefore, the information system here is based on surveillance sites. Every 2 or 3 months a report comes out with all the zones with warnings. When these zones are identified, depending on financial availability, PRONANUT creates surveys to determine if the warning is verified or not, and as soon as the warning is verified PRONANUT organises a meeting by inviting the partners who have the capacity, or who already have funding in relation to emergency interventions, and zones where the warning was confined will see interventions implemented by these partners. Partners must design the guiding themes of different interventions validated jointly with PRONANUT. Subsequently PRONANUT will intervene in operational matters in relation to strengthening the capacity of health personnel in the health zone. PRONANUT will carry out ongoing supervisions to see how the management of malnutrition is changing, and finally PRONANUT will carry out an evaluation at the end. Therefore, PRONANUT is involved in the identification of the warning, in the planning of the intervention, in the implementation of the intervention through capacity building, monitoring and evaluation.
AY : Thank you very much Mr Tchamba. Among other things, you have developed several types of approaches, four types of approaches, including monitoring, PUNC, OMNITRITION that you just mentioned, the warning and rapid response project. In all these approaches, which is the institution that has had the most influence in designing the programs? Was it the donors who determined the approach, or you, as an NGO or the government, who had the monopoly on design of the strategy itself?
AT : In terms of nutritional surveillance it is UNICEF, which funds emergencies, which has influenced the development of this system. And to better test the different approaches whether PUNC, OMNITRITION, is always UNICEF that has influenced the development of all this strategy by identifying the boundaries from one strategy to the next. For example, let's look at the warning system based on empirically unproven warnings that later becomes structured into the PUNC approach; the PUNC approach consisted of intervention for a period of 3 months. However, for a period of three months not enough children can be brought on board, we cannot build a good exit strategy, we cannot implement a multisectoral approach.
AY : Just to return to the PUNC approach, what is meant by PUNC, P-U-N-C?
AT : Congo Emergency Nutrition Pool.
AY : Thank you.
AT : Yes, that three months was quite short for the PUNC approach and that the administrative provision was very weak because on average you have 15 to 20 health areas per health zone, so with the PUNC approach we cover 25 health areas. So if you arrive at a health zone which has 25 health areas, it is normal that we cannot solve the problem, we will save lives but we are not going to solve the problem in three months with a single administrative provision even if to compensate for this provision a little by setting up posts that are advanced and mobile posts; despite that, the problem is not solved. So taking into account the limits of the plan, UNICEF has set up the Scaling Up Nutrition strategy. They have said: by intervening over a long period of time, can the prevalence of malnutrition be reduced significantly? And the advantage of this approach was that the project lasted about 18 to 24 months, therefore a maximum of 2 years, and the project was implemented from an appropriate and scientifically verified monitoring system. The approach enabled administrative provision of 100% of the health zone and this approach also enabled not only the members, but also members depending on the geographical WFP strategy to be taken. But the disadvantage we found in this system, given the extent of the Congolese territory is that it became difficult to intervene in other areas of warnings. Also according to analysis, and assessments by UNICEF, which has set up the rapid response approach to nutritional crises, funded by ECHO funds through UNICEF, then we returned to a period of 6 months which is a reasonable length of time in emergency situations. The approach has been implemented from the monitoring system based on the SINSAP in warnings where the nutritional crises identified were genuine nutritional crises. We were asked to cover at least 80% of the health zones belonging to the administrative coverage. In doing this, we were able to better implement a workable multisectoral approach. We directly based this approach on WASH by applying the "WASH in Nutrition" strategy to health zones. So a quick crossover from one approach to the other was made after assessments by UNICEF and its donors. So, the strategy was primarily influenced by UNICEF.
AY : So, UNICEF is the main financial contributor?
AT : Yes, UNICEF is the main contributor and receives ECHO funds.
AY : And in this regard, were you inspired by examples of other countries when developing these approaches when devising these approaches or did you build on your own experience of the DRC?
AT : Well, we take inspiration from what is done elsewhere when we develop an approach, for example what has happened in countries like Mali or the warning system which has been set up in Burundi. For example, in Niger, the system is based on surveys. So, during a specific period, for example the month of June, we conducted surveys in Niger. Following these surveys were able to look at how we could intervene in areas of high nutritional risk to ensure that where there is an emergency, urgent care is provided. And based on this approach, which has been implemented elsewhere by UNICEF, we were able to adapt it to the DRC, while also taking into account the specific features of the country.
AY : You said before that severe acute malnutrition as well as moderate acute malnutrition were treated according to funding provided by the World Food Programme (WFP). How is it that these programs intersected? Is it that there was a bit of a "perfect coincidence", or were they in fact more often than not gaps in the management of cases of moderately acute malnutrition, given that the RSCN approach more specifically targeted severe acute malnutrition?
AT : Yes, the RSCN approach is based on acute and severe malnutrition. Indeed, the criteria required for intervention are based on a mass greater than or equal to 15%, taking into account a deficiency, i.e. a mass greater than or equal to 20%. Priority is given to mass. So we intervene because these are children at a high risk of death given their body mass. However, the project showed an average of 9.5 percent in relation to Nutritional Therapy Outpatient Units where severely malnourished children were treated safely. These units were linked to various Supplementary Nutritional Units, i.e. units treating moderately malnourished children. But, nevertheless, the absence of Supplementary Nutritional Units, in some cases, prolonged the length of the child's stay in the UNTA (Nutritional Therapy Outpatient Unit). The protocol after all recommends that, in the absence of an UNTA, the child remains in the program and leaves when the total healing criteria have been fulfilled, i.e. if we take the weight-to-height indicator greater than or equal to less than 1.5 standard deviation, that means that all children who were with healthcare providers, or in health areas where there had been no intervention by the WFP, left fully treated. Getting back to the involvement of other ministries in a multisectoral approach as part of an RSCN project, since you mentioned your full collaboration with PRONANUT in identifying leprosy, and in designing, implementing, and monitoring the approach, so to what extent are other ministries with a brief relating to nutrition involved? I mean, for example, the Ministry of Agriculture, the Ministry for Social Protection, or, in short, any other ministries which are involved. As part of the RSCN approach, only one ministry is involved at present and that is the Ministry of Public Health. But this Ministry has several divisions: the Nutrition division, and the Water, Hygiene, and Sanitation division. These two divisions are fully involved in the RSCN approach.
AY : But you also run WASH initiatives, was the Ministry responsible for WASH involved?
AT : The Ministry responsible for WASH, here in the DRC, under the aegis of the Ministry of Health. So this is the Nutrition Division I was talking about which is overseen by PRONANUT and the WASH division, called "B5 or B9" by its founders. So there is the new office 9 and the new office 5 that are in charge of WASH. So, WASH is coordinated by the Ministry of Public Health. We are working with these two divisions, i.e. Nutrition and WASH. On the other hand, if there was a food safety component, we could involve the relevant Ministry.
AY : You estimate, in fact, in the article that just appeared in Field Exchange that about 15 to 20% of the population receives treatment for acute malnutrition cases and only 3-4 health centres offer treatment in each zone, which adds up to about 20. So, has there been an assessment of the treatment coverage or is one envisaged?
AT : Well, there has been no empirical assessment of the coverage on the basis of a survey. But, yes, we have partners who do this. Under the RSCN. We have not conducted these surveys. Nevertheless, when we talk about 15 to 20% of coverage, we mean administrative coverage. As I said, if you have 20 health centres in the health zone, that means five out of 20 areas, a percentage of the coverage, so it's not empirical coverage in terms of the numbers of malnourished children that we could have or could not identify. It is not related, but nevertheless this low administrative coverage is used in the first approach. In other words, the PUNC approach, where we covered a minimum of 20 health centres but also set them up in order move forward and act in accordance with the law. Secondly, when we saw this limitation in terms of administrative coverage for the approaches which followed, we went over to 100% administrative coverage, and for rapid response we achieved a total of at least 80% administrative coverage. In a nutshell, coverage has not been assessed empirically but there has been a significant improvement in administrative coverage.
AY : By administrative coverage, you mean coverage of health centres providing nutritional care?
AT : Yes, and actually a health centre that looks after nutritional care may cover eight or ten villages. So, this is what is termed a healthcare provider.
AY : And the continued supply of RUTF, that is ready-to-use therapeutic food, to the health services, beyond the six months' rapid intervention, seems to be one of the greatest challenges to the sustainability of managing severe acute malnutrition. Families often are forced to pay consultation fees to cover the salary costs. Have you ever tried anything in particular to solve this nutritional problem?
AT : A constant intervention with a continued supply of RUTF is a big challenge in the DRC. Insofar as RUTF, as you know, is not produced domestically. For a start there are no local factories. There was a factory but it closed later on. Nevertheless, the government of the DRC added RUTF to the list of essential medecines. And it is putting in place several purchasing centres that can easily supply the health zones.
So, in addition, as part of the partnership between the Congolese Government and UNICEF, UNICEF, via PRONANUT, puts the authorities in touch with incoming stakeholders for health zones in nutritional crisis. But, at a grassroots level, we implemented a number of approaches repeatedly and strengthened the multisectoral prevention strategy. In particular, nutrition-related intervention. During this period, you published several reports on your experiences in the DRC and how this strategy can also reduce the number of malnourished people. To sum up, I would say that the availability of an RUTF supply for the DRC is a challenge. The government, in the first instance, registered RUTF on the essential drugs list in order to help make the purchasing centres depot operational, while most of the stakeholders were made available by UNICEF. And given the scope of the territory, we've prioritised areas with recurring malnutrition problems and new crises.
AY : The government registered RUTF on the essential drugs list; in what year was this entry made? And, has it improved even at least slightly the supply of RUTF in health centres?
AT : Yes, the government registered RUTF in 2012, I think, if I remember correctly. That is already a good thing to know because RUTF is often not thought of as a drug: but it is a drug, so it was a big step. And that has enabled UNICEF to supply the health centres. Subsequently, the stakeholders made available by UNICEF go through PRONANUT to register and health districts are given drugs for the treatment. So there was an improvement in the sense that health officials understood that RUTF were a medicine and not a peanut paste to be consumed in some manner or other.
AY : So registering RUTF on the list of essential drugs has permitted a greater acceptance and understanding of their usefulness, I would say.
AT : Yes, that's quite right.
AY : So it's always UNICEF that sets up RUTF. But has the government taken a step by including, for example, a budget line or providing support for the purchase of RUTF?
AT : Yes, it has. Currently, in the context of SCALING UP NUTRITION there is a budget line for this activity that also takes into account the treatment of malnutrition and therefore of RUTF.
AY : In fact you had some trouble mobilising funding for certain areas even with malnutrition rates above 15%, didn't you? Can you explain why the SCALING UP NUTRITION project was less flexible than for example than PUNC? And have you tried to draw on the PUNC experience to make the project, make the Scaling Up Nutrition project more flexible?
AT : Well the Scaling Up Nutrition project as I said, intervened in areas with figures greater than 15% or else greater than or equal to 5%. So for a long period of 18 months. Therefore this project allowed for long-term interventions. However, PUNC's adaptability during this stage, within the context of Scaling Up Nutrition, was such that it was no longer possible to go to another health centre. So because the health zone was already there, the number was determined ahead of time. So what happened was that we were unable to respond to new nutritional crises as they occurred.
AY : But it wasn't due to resource unavailability but rather much more to a programming problem?
AT : Yes, I'll come that. So when I was talking about adaptability, this was due to the fact that the resources did not allow for funding flexible enough to meet the new crises. For example we are told that for Scaling Up Nutrition we already have two million and when you put in the two million, well there was a programming problem and a problem with resources given the duration of the project.
AY : Okay. So, the implementation of a rapid response is usually of short duration. You mentioned earlier a period of six months, after which COOPI was to transfer the management to another institution, notably to the government. However, this did not happen as expected, as only about four out of twenty or twenty-one health zones were able to continue with it beyond the intervention of COOPI. What were the main challenges for this transfer? In the areas where the project was able to continue? Who had taken on the funding, for example? Who took over the funding when COOPI stopped?
AT : We try to attract the attention of various funding institutions given the fact that the health zones, even though we could, and we did support several malnourished children, these health zones always have high admissions. What followed from this observation was that there were other areas with extremely high admissions. And so it was the third or fourth time there were interventions. And given that emergency funds have decreased significantly, we now had to prioritise certain areas. That is how our criteria became the health zones with recurring malnutrition. So we thought if we take action in these areas for 24 months, then what would the situation be in terms of nutrition? That is how the Nutrition Cluster was able to advocate to ECHO, and via the Common Humanitarian Fund, to receive funding for these areas of recurring malnutrition.
AY : In fact you talked about the advocacy that you undertook in conjunction with the Nutrition Cluster; can tell us a bit more about these advocacy activities?
AT : Well for advocacy activities carried out with the Nutrition Cluster, the latter identifies various deficiencies around the country. We have tools for this, and also through SNSAP (Early Warning Monitoring System), and via this system the Nutrition Cluster can draw up reports that are submitted to the national inter-cluster. During the national inter-cluster we try to demonstrate that there is a problem. And that the problems are recurring, so we have to draw attention to that. And then at the strategic coordination level, we also intervene and show presentations to attract the attention of the various financial backers. And through this strategy of advocacy aimed at disseminating the information and showing how critical the problem of malnutrition is, and demonstrating that these actions must occur across all sectors, we have been able to get some funds to help us operate in areas with recurring malnutrition.
AY : So you have made much more use of prevalence and admissions data with the support centres, in order to conduct this advocacy?
AT : Yes. What we did was: 1) first identify the health zones with recurring malnutrition, 2) see which health zones had a very high admission at the end of RRCN intervention. And also, we took into account new alerts, which is how we had to assess the situation.
AY : So what degree of success did you have, for example, with the advocacy? Or what challenges did you meet?
AT : Challenges in the case of advocacy were to convince 1) the donors to fund the health zones where malnutrition was due to structural problems. That was the first challenge. We managed to do that because now, you have one year of high-level intervention financed by the Common Humanitarian Fund located in the western part, where the causes of malnutrition are more structural than cyclical. 2) We had to convince the donor that the duration of project would be at least up to 24 months, so between 15 and 24 months in order for it to have an impact, but also supported by a multisectorial strategy. We fall somewhat within the context of the SUN Movement. Given the empirical evidence and everything else, the donors agreed. So what we had to do was first convince the funders to intervene in the west, and two, to act in recurring malnutrition health zones, thirdly to set up the multi-sector approach, and fourthly, to operate long-term interventions.
AY : So how did the SUN stakeholders contribute to the advocacy? If they didn't participate, do you think they could have done so in some way?
AT : Until now it's the Nutrition Cluster that's done this type of advocacy to the donors, but since we're still at a somewhat hybrid stage and the SUN Movement is slowly being implemented, I think it that the SUN leaders should at least be part of the process. And especially when you see that the members of the Nutrition Cluster are part of the SUN Movement. So advocating from the Nutrition Cluster to the donors is already a a bit like advocating for the SUN Movement. So in future this should be formalised.
AY : OK. In fact the SUN stakeholders are almost identical to the Nutrition Cluster ones.
AT : Yes, almost to 80%.
AY : Okay. So now I'd like to come back briefly to the overall strategies for nutrition across the country, particularly the plan of action for nutrition in the DRC. Is there already a common results framework, as suggested by the SUN Movement?
AT : Yes. We've developed a national multisectoral strategic plan for 2015 to 2020 in response to the need for a multisectoral approach to fighting malnutrition in the DRC, and as part of the vision of the DRC as an emerging nation with a view to 2030. This strategic plan is driven by the Office of the Prime Minister and I think you know already that it sometimes manages its multisectoral strategies well, initiating relevant intervention in various sectors, and directing actions that bear results. Today, as regards the common results framework, I think that these results were achieved, I believe, in 2015 or 2016, which allowed us to see how far the SUN Movement has been implemented.
AY : Does this action plan take into account a continuation of the support for acute malnutrition beyond humanitarian intervention?
AT : Indeed, the management of acute malnutrition beyond humanitarian actions is an integral part of the national multisectorial action plan for nutrition. Different means of funding should be found in order enable continued support for malnutrition across the territory. There are for instance initiatives which I think are being taken, such as bringing private companies or politicians to commit, for example, to the fight against acute malnutrition in their micro-projects at the parliamentary level, or within companies.
AY : Alain Tchamba, thank you once again for sharing with us your experience of the alert and rapid response to nutritional crises in the DRC. I wish you the very best for your ongoing work and hope to have another chance to talk with you. I also thank our listeners for listening to this podcast, which is part of a series of podcasts initiated by ENN to support our multi-media knowledge management site. As always, we look forward to welcoming your contributions and experiences in the field of acting for nutrition. If you have any further questions don't hesitate to send us an email at nutritionexchange@ennonline.net, or visit our website at www.ennonline.net.