NEX 9:
Catalysing nutrition scale-up through technical assistance, Part I
Summary
In this podcast (Part I of two podcasts in this series) we talk to providers of Technical Assistance (TA) under the DFID funded TAN Programme. The TAN Programme provides TA to support to countries in the SUN Movement and to the global SUN Movement Secretariat in Geneva. In this podcast ENN’s Global Knowledge Management Coordinator, Tui Swinnen talks to the global TA coordinators from the two TA providers working under TAN: Loretta MacKinnon, Programme Director of the Nutrition International TAN team and Monica Kothari, Deputy MQSUN+/Monitoring & Evaluation Lead from PATH, the lead agency in the MQSUN+ consortium.
The coordinators discuss the role of TA in supporting country led initiatives in nutrition, and refer to some of the learning and experiences that came out of specific TAs delivered through TAN in 2017 in the Philippines (Nutrition International) and Tajikistan (MQSUN+). This podcast complements an article co-written by the TA providers and published in NEX 9 entitled "A catalyst for scale-up in SUN countries: Experiences of technical assistance for Tajikistan and the Philippines".
To hear more please listen to Part II in which we talk more specifically about the TAs delivered in the Philippines and Tajikistan with the head of the Regional NI-TAN team in Asia and a lead consultant for MQSUN+ in Tajikistan.
For more information about the NI technical assistance, please email: TechnicalAssistance@NutritionIntl.org
Tui :
Bonjour à tous et bienvenue ! Ce podcast accompagne un article paru dans le numéro 9 de Nutrition Exchange, intitulé « Un catalyseur pour le renforcement des pays SUN : expériences de l’Assistance Technique pour le Tadjikistan et les Philippines ». À l’heure où des pays du monde entier s’efforcent de renforcer la lutte contre la nutrition, ils ont besoin d’une assistance technique pour les aider à s’engager dans les processus de transition, souvent très complexes, qui sont nécessaires. Parmi les programmes qui apportent une assistance technique aux pays SUN, il y a le programme TAN, Technical Assistance for Nutrition, financé par le Département du Développement international. Le TAN compte deux partenaires d’exécution : Nutrition International, basé au Canada, et le Consortium MQSUM+ dont l’agence principale, PATH, se trouve à Washington. Ce podcast est le premier de deux émissions où nous parlerons avec des membres de l’équipe TAN de deux missions spécifiques qu’ils ont menées l’an dernier, l’une au Tadjikistan et l’autre aux Philippines. Aujourd’hui, nous recevons des membres des équipes TAN mondiales. La prochaine fois, ce sera le tour des équipes régionales et de pays qui participent à ces projets d’AT. Pour commencer, je voudrais présenter mes deux invitées. Nous avons avec nous Loretta McKinnon, directrice du programme de l'équipe TAN mondiale de Nutrition International. Bienvenue, Loretta !
Loretta :
Merci beaucoup de me recevoir. C’est un plaisir d’être ici avec vous.
Tui :
Et la représentante de PATH, l’agence qui chapeaute le consortium MQSUN+, est Monica Khotari. Bienvenue, Monica !
Monica :
Merci également. Bonjour à tous ! Je voudrais juste préciser que MQSUN+ signifie « Maximizing Quality of Scaling Up Nutrition ».
Tui :
Avant de commencer, il serait utile d’expliquer rapidement les procédures de demande d’AT pour les pays SUN, car certains de nos auditeurs pourraient être intéressés par l’AT de TAN après vous voir entendues.
Alors, Loretta ou Monica, que pouvez-vous nous dire de la procédure que vous utilisez pour recevoir les demandes d’AT, ou les mécanismes dont vous disposez pour créer les demandes d’assistance technique ?
Loretta :
Ici Loretta, pour dire que les équipes régionales TAN de Nutrition International ont visité les vingt pays SUN auxquels nous apportons un soutien technique dans le cadre du projet TAN, rencontré nos partenaires nutrition dans le pays, essayé de coordonner des rencontres avec plusieurs parties prenantes à la fois et des plateformes multisectorielles au niveau des pays, dans le but de renforcer le mécanisme sous l’égide du movement et de discuter avec un aussi large groupe d’interlocuteurs que possible. Beaucoup des demandes de TA que nous recevons et priorisons pour recevoir l’aide de Nutrition International par le biais du TAN viennent directement de ces discussions dans les pays.
Par l’intermédiaire de notre équipe TAN, en liaison étroite avec les points focaux dans chacun de ces 20 pays, les demandes sont hiérarchisées pour recevoir notre soutien dans le cadre de ce mécanisme.
Nous aidons aussi le Secrétariat du mouvement Scaling Up Nutrition avec certaines missions spécifiques d'AT, ce qui fait donc deux mécanismes légèrement différents pour Nutrition International dans le cadre du TAN: l’un par des contacts directs au niveau du pays, via le point focal et les plateformes multisectorielles, et l’autre par le Secrétariat, par des demandes directes du personnel du Secrétariat à Genève.
Tui :
Merci, Loretta, c’était très clair. Monica, le mécanisme de MQSUN+ est un peu différent. Vous êtes un consortium de partenaires, dont l’action passe moins par un réseau de bureaux dans les pays. Pouvez-vous nous dire comment MQSUN+ reçoit ses demandes ?
Monica :
Habituellement, cent pour cent des demandes reçues par MQSUN+ arrivent par le Secrétariat de Scaling Up Nutrition qui se trouve à Genève. Le principe de MQSUN+ est que lorsqu’il n’existe pas de prestataire capable de répondre à la demande au niveau du pays, cette demande est envoyée au Secrétariat, au point focal SUN. MQSUN+ examine alors la demande et mobilise les prestataires d’assistance technique qui peuvent y répondre. Grâce à ce mécanisme, la plupart du temps, MQSUN+ est identifié comme le prestataire d’assistance technique pour apporter son aide sur la demande transmise par le point focal SUN. Comme vous l’avez dit, les types de demandes peuvent être variés, il peut s’agir de passer simplement en revue une politique nationale pour la nutrition ou un plan d’action, d’élaborer nous-mêmes une politique nationale ou un plan d’action, d’aider à l’élaboration d’un cadre commun de résultats, d’aider à des exercices de chiffrage, des activités de budget, etc. Quand MQSUN+ reçoit cette demande, nous prenons contact avec le point focal SUN et les autres parties prenantes. Habituellement, quand nous recevons la demande, il ne s’agit pas encore de termes de reference ni d’une description du travail. Quand nous recevons l’accord de la Fédération, nous sommes prêts à lancer l’AT en une ou deux semaines, selon le niveau de préparation du pays. L’AT peut être une AT de courte durée (moins de 30 jours), de moyenne durée (entre 30 et 60 jours) ou de longue durée : nous pouvons aller jusqu’à deux ans, comme actuellement au Tadjikistan. Voilà la procédure de réponse aux demandes d’assistance technique. Pour les pays, nous avons le Secrétariat, et puis nous assurons aussi un soutien technique au Secrétariat mondial de Scaling Up Nutrition pour produire des directives, pour des activités au niveau des pays ou pour l'aider d'autres manières, pour conduire des ateliers ou des formations, ou toute autre assistance technique dont le Secrétariat a besoin. Merci.
Tui :
Comme je l’ai dit, dans le cadre de ces deux podcasts, nous parlerons à deux collègues qui ont travaillé au plus près sur les deux missions d’AT évoquées dans l’article, au niveau de la région et du pays.
Mais il serait aussi très utile d’avoir votre point de vue à toutes les deux, qui êtes membres des équipes TAN mondiales. Monica, pouvez-vous nous parler un peu du travail de MQSUN+ au Tadjikistan, pour commencer?
Monica :
Eh bien, MQSUN+ apporte une assistance technique au Tadjikistan depuis 2015. Nous avons commencé à travailler au Tadjikistan pour faire une première analyse de l’écart pour leur revue de politique, pour leur travail de SUN. Et pendant l’analyse de l’écart, ils ont identifié ce qu’ils voulaient faire en termes de planification multisectorielle. Nous avons aussi cartographié les parties prenantes au Tadjikistan, afin de les aider à identifier les grands acteurs de la nutrition au Tadjikistan. Après ces deux missions d’assistance technique, le Tadjikistan a demandé un autre travail, à savoir que nous l’aidions à developer un cadre commun de résultats ; c’est l’assistance technique que nous lui apportons depuis le début de 2017. Nous avons donc préparé un cadre commun de résultats pour le Tadjikistan vers la mi-2017, et actuellement nous aidons le pays à le mettre en application. Ce qui nous ramène à votre question sur ce qu’est un cadre commun de résultats! Les pays doivent aussi définir une population dans laquelle ils veulent voir des ameliorations quand ils développent le cadre commun de résultats. Habituellement, ils commencent par choisir soit les mille premiers jours, soit les enfants de 0 à 59 mois. Ils essaient aussi d’identifier les interventions nécessaires pour obtenir les résultats et une indication claire de la couverture actuelle pour les niveaux de ces indicateurs. Un élément crucial du cadre commun de résultats est l’identification des responsabilités des ministères de tutelle et des secteurs dans le gouvernement pour la mise en œuvre des interventions identifies dans le cadre commun de résultats, et aussi l’identification des rôles et des responsabilités des autres partenaires en dehors du gouvernement.
Tui :
Merci, Monica. Je suis sûre que nous aurons tous les détails de l’expérience au Tadjikistan avec le consultant local qui a travaillé pour MQSUN+ sur cette AT. Loretta, avez-vous quelque chose à ajouter à propos du cadre commun de résultats ou d’autre chose dont Monica a parlé? Je pense à l’expérience de l’équipe TAN de NI avec le plan national d’action aux Philippines…
Loretta :
Merci beaucoup. L’assistance technique que Nutrition International a apportée au gouvernement des Philippines pour l’aider à développer et chiffrer son nouveau plan d’action pour la nutrition pour les six prochaines années (dont le travail initial a été fait, en partie, par une équipe de consultants philippins recrutée pour faire ce travail) a apporté des informations complémentaires au cadre commun de résultats, notamment par une analyse très approfondie et consultative de la situation dans le pays. Celle-ci a renseigné le cadre commun de résultats mais a permis aussi de définir un plan d’action pour la nutrition très pratique, très large et qui a emporté l'adhésion au niveau local. Il y a eu beaucoup de réunions de consultation et de validation approfondies dans le cadre de cette assistance technique. Nous avons eu beaucoup de réunions de groupes de travail dans différentes îles des Philippines, de nombreuses régions, de nombreuses provinces, différentes villes et municipalités. Nous avons eu des entretiens avec beaucoup d'informateurs importants, diverses consultations multisectorielles et réunions de validation. Beaucoup de ces informations renseignent mieux les différents programmes en cours, notamment l’élaboration du cadre commun de résultats. Un élément essentiel de l’assistance technique visant à élaborer le P-PAN de Nutrition International était de faire appel à des consultants locaux très expérimentés, très bien informés et disposant de bons réseaux, qui pouvaient travailler avec la population locale et remonter jusqu’au niveau national. Le fait que le processus ait été très consultatif a vraiment aidé à ce que les gens qui avaient participé à toutes ces réunions et discussions s’approprient le plan. L’approche collaborative et consultative, avec des parties prenantes très diverses, était un élément vraiment intéressant de cette assistance technique, qui a contribué à son succès. Le gouvernement dispose aujourd’hui d’un plan sur six ans qui sera mis en application par le Conseil National de la Nutrition et d’autres partenaires, comme les agences gouvernementales, les collectivités locales, les ONG, les institutions et les partenaires du développement. C’est quelque chose à quoi les gens ont adhéré. Ils voient leur rôle dans le développement, et aussi leur rôle dans la redevabilité et la responsabilité, qui est de s’assurer que le P-PAN soit mis en œuvre efficacement. Je pense donc...
Qu’en ayant pu recruter des consultants expérimentés et respectés, très au courant du contexte local, de la nutrition aussi, plus largement, et en impliquant la population à tous les stades de l’assistance technique, nous nous sommes vraiment assurés que celle-ci serait efficace. L’un des représentants du gouvernement national nous a dit, quand nous procédions à une évaluation de cette assistance technique, que le processus de développement du P-PAN lui-même était devenu une plate-forme où les parties prenantes ont pu discuter de la manière de faire et des choses à faire, que le processus était globalement inclusif et que cela était très important pour eux. Je crois que c’est une caractéristique très intéressante de l’assistance technique que nous avons apportée: en plus d’avoir abouti à l’élaboration d’un plan national d’action pour la nutrition chiffré et spécifique. Elle a attiré l’attention et créé des capacités pour la nutrition, plus largement, à plusieurs niveaux, mais a également aidé à élaborer le CCR chiffré. Merci.
Tui :
Merci, Loretta. Nous avons hâte d’entendre les membres de l’équipe régionale de Nutrition International qui travaille aussi sur cette AT en 2017. Passons à présent à la question suivante. Monica, nous pourrions commencer par vous. Nous aimerions recevoir plus d’information sur le rôle que jouent les pouvoirs publics pour piloter la mise en œuvre de l’assistance technique, et les rapports que cela peut avoir avec la réussite des initiatives soutenues par l’assistance technique.
Monica :
D’accord. Pour reprendre ce que disait Loretta, le pilotage pare les pouvoirs publics est essentiel, car il faut que le gouvernement, ou le pays, et les autres intervenants, qui fournissent une assistance technique, s’approprient véritablement toute l’assistance technique que nous fournissons. Il importe donc que nous fournissions une assistance technique que les pouvoirs publics et les dirigeants s’approprient. Il faut donc faire mieux comprendre à tous les intervenants l’importance d’une meilleure nutrition, de la santé publique et du développement dans le pays, de façon à ce que les interlocuteurs, nos partenaires, saisissent bien qu’il s’agit là d’un aspect essentiel, et en fassent la promotion, au lieu que l’équipe d’assistance technique se charge de cette promotion. Fondamentalement, il faut que les pouvoirs publics soient aux commandes, car c’est à eux de mobiliser les différents secteurs pour assurer leur participation et leur contribution à l’assistance technique que nous entendons fournir.
Il est donc très important de s’assurer l’adhésion des pouvoirs publics à cette assistance technique. Par ailleurs, comme Loretta l’a mentionné, il est extrêmement important que nous soyons au courant de la situation dans le pays, à tous les niveaux, dans les ménages, dans les collectivités, à l’échelle régionale et nationale, car à l’intérieur d’un même pays ces contextes peuvent varier. Il ne suffit donc pas que l’équipe de consultants connaisse le contexte à l’échelle nationale. Nous nous sommes rendu compte qu’il fallait vraiment que nous comprenions le contexte à l’échelle infranationale. Si les dirigeants ne pilotent pas l’assistance technique, nous n’arriverons pas à atteindre les objectifs de manière précise et efficace. Par conséquent, il s’avère extrêmement utile que les dirigeants du pays orientent l’assistance technique dans la bonne direction. En outre, les équipes énergie comprennent mieux leurs priorités. Même s’il est parfois possible de tirer certaines conclusions des données chiffrées, c’est au pays lui-même de définir le contexte et les priorités. Il s’agit d’un principe que nous devons respecter. Les dirigeants du pays sont les seuls à pouvoir définir les priorités. Nous aurons par ailleurs à déterminer les buts, les objectifs et les cibles de nos activités de nutrition. Là encore, pour la sélection des cibles : il faut rester réaliste, et fixer des cibles atteignables, de manière que les dirigeants, lors de l’atteinte du produit final, soient fiers d’en avoir été les maîtres d’œuvre.
Tui :
Merci, Monica. Cela exprime très bien l’importance de ce rôle de catalyseur. Mais l’assistance technique n’est pas un moteur de changement, car ce rôle doit vraiment revenir au gouvernement et au groupe de dirigeants au sein de ces pays, mais en fin de compte, c’est d’eux que dépend en dernière analyse la réussite de l’assistance et l’obtention des résultats.
Loretta, j’imagine que l’expérience des équipes de Nutrition International est tout à fait semblable à cet égard, mais j’aimerais entendre aussi votre point de vue sur cet aspect.
Loretta :
Merci, Tui. Je voudrais juste ajouter à ce que vient de dire Monica que je suis entièrement d’accord avec vous sur l’importance du pilotage par le gouvernement du pays, pour toutes les raisons qu’elle a indiquées.
Selon moi, l’appropriation des activités est indispensable, car la direction stratégique et la vision d’avenir pour le pays doivent venir des pouvoirs publics, c’est un gage de redevabilité et de viabilité.
C’est une façon de prouver que les pouvoirs publics comprennent réellement le lien entre la nutrition et les objectifs d’avenir de développement socio-économique du pays. C’est pourquoi je pense que ce rôle accru que manifestent les pouvoirs publics est la condition de la réussite pour maintenir les efforts. Il me semble que l’établissement d’un plan pour l’assistance technique ne constitue qu’une étape d’un processus qui en comporte plusieurs. En fin de compte, on peut avoir un beau plan d’assistance technique, des illustrations superbes et des documents bien reliés, mais en l’absence de responsables, de direction et de vision d’avenir, le plan restera lettre morte. Il faut vraiment que les pouvoirs publics assument la maîtrise d’œuvre pour que le document devienne une feuille de route, que des résultats apparaissent sur le terrain, que la nutrition s’améliore dans le pays. Pour ma part, j’y vois un aspect crucial : il faut que les pouvoirs publics manifestent constamment à tous les partenaires qu’ils sont aux commandes, ce qui n’a rien de simple, car la nutrition touche un grand nombre de secteurs. De ce fait, les gens sont amenés à travailler avec un grand nombre d’intervenants, ce qui multiplie les difficultés. Mais la collaboration s’avère indispensable, car les objectifs de nutrition ne peuvent être tous atteints que si toutes les parties prenantes et tous les secteurs participent à l’effort. Et ça, c’est essentiel... c’est l’état d’esprit que doit pouvoir exploiter le gouvernement. Je pense qu’un autre aspect important, quand les pouvoirs publics montrent qu’ils sont aux commandes, c’est l’existence d’un plan à long terme.
Les pouvoirs publics admettent qu’il peut y avoir un manque de capacités, mais qu’il existe un plan pour combler ce manque et poursuivre les progrès à l’avenir. Quand les pouvoirs publics montrent qu’ils voient bien le rapport direct entre meilleure nutrition et amélioration du développement socio-économique, cela démontre qu’ils estiment crucial de passer du plan à l’action.
Tui :
Merci, Loretta. De ce que vous venez de dire, l’une et l’autre, il ressort que si la détermination aux commandes et la maîtrise d’œuvre des pouvoirs publics sont si importantes, c’est que les activités multisectorielles sont complexes, et que cela présente pour les pouvoirs publics et tous les autres intervenants une tâche ardue. Et qu’il s’agit là, de l’élément véritablement déterminant de la réussite.
Il me semble qu’à partir de là, nous passons facilement à la question suivante, sur la viabilité, aspect manifestement fondamental, s’agissant de la fourniture d’une assistance technique. Ce sera donc très intéressant d’entendre les exemples que vous pouvez nous citer toutes les deux sur les dispositions prévues dans l’assistance technique pour garantir que cette assistance soit bien intégrée et continue à gagner en ampleur, et qu’il y ait ensuite un soutien de suivi.
Monica :
Bien sûr. Ce que nous cherchons actuellement à institutionnaliser dans notre assistance technique, sachant que nous ne sommes pas sur place, et que nous avons un mandat d’intervention du secrétariat, est l’idée que notre action est fondée sur la situation réelle à un niveau ou un autre dans le pays. Et il est difficile pour nous de nous assurer que nous avons un contact réel au niveau du pays pour garantir la viabilité. C’est pourquoi au stade de la conception, nous cherchons toujours, quand nous mettons au point le cahier des charges, à communiquer avec les différents intervenants pour écouter ce qu’ils ont à nous dire. Parallèlement, quand nous mobilisons une équipe pour la prestation d’une assistance technique, nous désignons dans l’équipe, ou parmi les intervenants nationaux, un consultant local qui est chargé d’assurer un soutien aux activités d’assistance technique, dans l’idée qu’une fois notre intervention terminée, les capacités acquises restent en place dans le pays. S’il est nécessaire d’y retourner pour vérification, nous veillons à renforcer la capacité des consultants locaux, pour être sûrs qu’ils comprennent les besoins, les modalités de fourniture de l’assistance technique, et les efforts pour intégrer de façon pérenne l’expertise dans les activités du pays, et que ces dernières demeurent viables. Ensuite, nous vérifions que les documents correspondent bien aux produits à obtenir, et que les principaux intervenants les comprennent bien, afin qu’ils puissent ensuite poursuivre l’effort. Nous savons aussi que le personnel change beaucoup, ce qui risque de compromettre la viabilité, mais des documents et des outils sont en place quand nous apportons une assistance technique, de sorte que les nouveaux arrivants peuvent s’y reporter. Ils sont faciles à comprendre, et les consultants locaux, qui ont participé au processus, les aident pour assurer la viabilité.
Ce sont donc les deux aspects que je veux souligner, et je vais écouter ce que Loretta a à nous dire.
Loretta :
Merci, Monica. Nutrition International procède de la même façon, faisant de la participation locale à la prestation de l’assistance technique une priorité, et ce, pour des raisons similaires. Nous voulons être sûrs que les capacités mises en place resteront en place dans le pays, de manière à assurer la poursuite des progrès. Nous admettons que nous ne trouvons pas toujours toutes les compétences voulues, et nous cherchons toujours à apporter un complément d’expertise internationale pour soutenir l’expertise locale dans les domaines techniques, mais aussi en assurant formation et mentorat en continu, pour garantir la qualité des produits livrables. De sorte que nous aussi, pour assurer la viabilité, nous donnons la priorité au renforcement des capacités locales. De même, il me semble qu’une assistance technique réussie ne repose pas fondamentalement sur l’envoi d’une personne pour faire le travail, ce que nous faisons grosso modo. Mais le résultat que nous recherchons, c’est l’élaboration d’outils et de systèmes, la mise en place de dispositifs, l’amélioration de la coordination, de manière que la réussite ne dépende pas d’une seule personne, pour les raisons évoquées par Monica. Dans certains des pays où nous travaillons, la rotation du personnel est fréquente, mais l’ensemble de la structure et du cadre mis en place pour contribuer à améliorer la nutrition est intégré dans les institutions, les bureaux, les ministères et avec tous les partenaires avec qui nous collaborons au titre de l’assistance technique, tous judicieusement choisis. Ainsi, la base est constituée, ou renforcée, et il ne s’agit pas nécessairement de renforcer les capacités d’une personne donnée. C’est ce que nous cherchons à obtenir, c’est le but ultime de toute notre assistance technique. Et c’est aussi le but de la méthode par consultations que j’ai mentionnée en parlant plus précisément de l’assistance technique du Plan d’action aux Philippines. Pour moi, faire participer les gens et consulter des intervenants très divers venant de multiples secteurs, c’est déjà aider à renforcer les capacités à différents niveaux, et il s’agit d’un processus très fécond.
Dans le cas des Philippines, nous avons pu constater que grâce à ces consultations approfondies, les secteurs entamaient de nouvelles discussions, qui n’existaient probablement pas auparavant. C’est la raison pour laquelle, des domaines de programme complémentaires ont été introduits dans le programme des Philippines, conséquence directe de ces discussions. Nous avons, je pense, contribué à influer sur le déroulement des consultations intersexuelles et les réunions bilatérales avec les équipes de l’agence, du fait que des idées nouvelles s’étaient fait jour sur les projets directement liés à la nutrition ou en rapport avec ce domaine. Je pense aussi que les discussions en groupe et les principaux entretiens avec les sources d’information ont été l’occasion de conversations stimulantes sur la nutrition avec des gens qui n’avaient peut-être pas été conscients du rôle qu’ils jouent pour améliorer la nutrition. En fait, il a fallu pour chacun de ces aspects, à des niveaux différents, faire appel à des gens différents. C’est un mode de renforcement des capacités qui accroît les chances de viabilité. Il est facile d’oublier parfois l’importance de ces activités mineures, alors que, comme vous l’avez dit au début, Tui, la méthode plurisectorielle indispensable pour obtenir des améliorations durables de la nutrition exige vraiment la participation de tout un chacun. Ce n’est pas simplement un problème de santé, c’est un problème transversal, et cela exige d’intervenir dans de nombreux secteurs si nous voulons voir des progrès au niveau national dans tous les pays auxquels nous apportons un soutien. La viabilité et le renforcement des capacités sont donc, à mon sens, des éléments cruciaux de toute l’assistance technique que nous fournissons.
Monica :
J’aimerai ajouter une précision, Tui.
Tui :
Oui, bien sûr.
Monica :
Au cœur de ce problème, il faut faire en sorte que ces activités restent viables, surtout quand il s’agit du développement des activités de nutrition après la fin de l’assistance technique, que ce soit celle de Nutrition International ou celle MQSUN+. Si ces activités sont ensuite inscrites au budget public, à quelque niveau que ce soit, c’est un gage de viabilité, qui permet de poursuivre l’effort. Je tiens donc à souligner qu’il faut prévoir un plaidoyer actif après l’assistance technique, pour que les activités suggérées soient inscrites au budget, de manière que le pays maintienne leur viabilité.
Tui :
Merci, Monica, c’est bien vu, et il me semble qu’il y a là un bon exemple d’institutionnalisation et d’intégration au moyen de l’assistance technique de ce que nous faisons dans le programme TAN. J’aimerais donc remercier Loretta et Monica d’être des nôtres aujourd’hui. Votre description du quotidien concret de ce qu’est l’assistance technique constitue un précieux enseignement. Elle joue un rôle si important de catalyseur des efforts faits par de nombreux gouvernements pour développer les activités de nutrition. C’est vraiment encourageant de savoir que ces activités d’assistance technique ne sont pas des interventions dispersées, mais s’inscrivent dans une intervention, une analyse et un renforcement des capacités beaucoup plus approfondis et à long terme. Un très grand merci à vous deux pour vous être jointes à nous aujourd’hui.
Monica et Loretta :
Merci, Tui, de nous avoir invitées. Oui, merci. Ce fut un plaisir.