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Développement du second plan national de l’action pour la nutrition au Bangladesh

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M. Islam Bulbul, médecin, est gestionnaire adjoint des programmes des Services nationaux de la nutrition et spécialiste technique au sein de la division de la santé publique et de la santé mondiale du ministère de la Santé et du Bien-être familial au Bangladesh.

Dr Iftekhar Rashid est chef de l’équipe de renforcement des systèmes de santé au sein du bureau de la population, de la santé, de la nutrition et de l’éducation, de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), au Bangladesh.

Note du rédacteur : les opinions exprimées dans le présent article sont uniquement celles du rédacteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Agence des États-Unis pour le développement international ou du Gouvernement des États-Unis

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Introduction

Le Bangladesh est le pays le plus densément peuplé du monde, avec environ 162 millions de personnes vivant sur une superficie de 148 000 kilomètres carrés. Au cours des dernières décennies, le pays a fait des progrès remarquables sur le plan du développement humain et enregistré une réduction importante de la pauvreté. En dépit de certains progrès, la malnutrition infantile et maternelle demeure un défi de taille que le pays devrait surmonter afin d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030 et d’abandonner sa catégorisation parmi les pays les moins développés.

Le sondage démographique et sanitaire du Bangladesh de 2014 montre que les indicateurs globaux de croissance économique et la croissance de la richesse domestique sont fortement liés à la nutrition. Par exemple, les enfants dont les mères sont groupées dans le quintile de richesse le plus bas sont deux fois et demie plus susceptibles d’avoir un retard de croissance (50 pour cent) que les enfants dont les mères sont groupées dans le quintile de richesse le plus élevé (21 pour cent). Plus d’un enfant âgé de moins de 5 ans sur trois (36 pour cent) présente un retard de croissance et 14 pour cent sont émaciés. Cependant, même dans le quintile de richesse élevé des ménages, le retard de croissance est élevé (21 pour cent) tout comme l’émaciation (12,8 pour cent), ce qui démontre clairement que la malnutrition est un problème transversal pour tous les Bangladais, bien que ceci soit plus notable dans les quintiles de richesse les plus faibles (NIPORT, 2016). Cette situation reflète les causes sous-jacentes de la malnutrition dans le pays, notamment le manque d’éducation maternelle, le mariage des enfants et le premier accouchement précoce, les pratiques sanitaires et de lavage des mains, l’accès à l’alimentation et aux soins de santé, les pratiques d’alimentation des nourrissons et le statut des filles et des femmes dans la famille et dans la société.

Les pertes en productivité économique liées à la malnutrition sont estimées à un revenu d’environ 1 milliard USD par an (Howlader et al, 2012). Le gouvernement du Bangladesh a réalisé à quel point il était important de renforcer la nutrition dans son programme de développement global ; il s’est intéressé aux politiques, aux stratégies, à la programmation nutritionnelles et à l’élaboration du second Plan national d’action pour la nutrition (NPAN2).

Le Bangladesh a été l’un des premiers pays à rejoindre le Mouvement SUN en 2011 et à établir une plateforme multipartite (MSP) SUN au niveau national en 2012. Conduits par le Gouvernement du Bangladesh, les membres de différents réseaux MSP de SUN (tels que les Nations Unies, les donateurs et la société civile) ont activement participé à la formulation du NPAN2 en participant à des comités différents, en fournissant un soutien financier et des conseils, en assurant le secrétariat temporaire pour les comités sectoriels les plus petits et en mobilisant leurs contreparties respectives au sein du gouvernement bangladais.

Établissement d’un récit multisectoriel

En 2014, les partenaires de développement clés dans la nutrition ont publié un récit commun1. Malgré une promesse renouvelée de collaboration, les parties prenantes ont constaté qu’une politique de nutrition multisectorielle était nécessaire. La récente Politique nationale de nutrition de 2015 (NNP-2015) formule clairement les objectifs de programmation multisectorielle et de coordination intersectorielle et insiste sur l’importance des interventions spécifiques et sensibles à la nutrition.

L’engagement national pour la lutte contre la malnutrition est conforme à la Vision 2021 et au septième plan quinquennal du pays (2016-2020). D’autres facteurs tels que la revitalisation du Conseil national de la nutrition (BNNC), présidé par le Premier ministre, ont également impulsé l’élaboration d’un plan d’action pour rendre le NNP-2015 opérationnel.

En janvier 2016, un comité technique national a été créé pour guider le développement global du NPAN2 (2016-2025). Il a été subdivisé en quatre comités sectoriels différents : santé, santé urbaine et WASH ; alimentation, agriculture, pêche et élevage ; autonomisation des femmes, éducation, sécurité sociale et information ; et enfin institutionnalisation du NPAN2 : finances, planification, budget. Les comités comptaient tous des représentants de haut niveau des ministères compétents, ainsi que des membres des organismes des Nations Unies, des ONG, des donateurs et du milieu universitaire. Chaque comité a élaboré un plan d’action pour ses secteurs respectifs en suivant un format commun et mis en évidence les domaines transversaux qui ont été harmonisés ultérieurement au cours de la procédure. Des experts bangladais et des consultants internationaux ont été engagés afin de veiller à ce que chaque section du plan d’action soit non seulement théoriquement valable, mais aussi réalisable du point de vue des capacités globales, sur la base des enseignements tirés de différents secteurs. Cela a impliqué un calcul des couts, qui a été inclus dans le NPAN2 comme aide au plaidoyer pour la mobilisation des ressources et à la planification financière.

Au cours de l’étape finale de l’exercice, un groupe central a été formé afin de fusionner les différentes parties et de produire un document final dans lequel les domaines transversaux sont harmonisés. L’ébauche du NPAN2 est passée par plusieurs tours de révision afin d’y intégrer les commentaires des parties prenantes. Le plan vise les problèmes de nutrition courants et émergents affectant tous les citoyens, en particulier les enfants âgés de moins de 5 ans (en portant une attention particulière aux 1000 premiers jours), les femmes en âge de procréer (notamment les femmes enceintes et allaitantes) et les adolescentes. Les indicateurs cibles pour 2025 comprennent la réduction du retard de croissance de 25 pour cent chez les enfants âgés de moins de 5 ans et la réduction de l’émaciation de 8 pour cent, ainsi qu’une hausse du taux d’allaitement exclusif de 70 pour cent pour les enfants âgés de moins de six mois.

Rendre opérationnelles les actions essentielles en nutrition

Le NPAN2 classe les principaux domaines d’actions prioritaires et les activités majeures sous trois thèmes :

  1. le programme de communication complet et intégré sur le changement des comportements sociaux ;
  2. les recherches visant à produire des données probantes qui puissent éclairer la politique et la programmation et
  3. le renforcement des capacités, ciblant tous les secteurs pertinents à différents niveaux administratifs.

Le plan indique les ministères et les partenaires de collaboration responsables de suivre l’avancement et les résultats des indicateurs, les délais et les couts associés à la mise en œuvre des interventions prioritaires convenues. Il s’appuie sur des plateformes et des mécanismes de réalisation existants dont l’efficacité a été démontrée, comme le réseau de vulgarisation agricole et les travailleurs communautaires de première ligne. Le plan comprend une matrice commune de résultats pour permettre à des secteurs différents de collaborer et il vise un financement coordonné des secteurs pertinents ainsi que le suivi des investissements.

Au total, le plan fait intervenir 17 ministères, avec le concours d’autres acteurs et partenaires. L’exercice d’estimation des couts a donné un total estimé de 1,6 milliard USD pour mener les activités prioritaires, le développement institutionnel et le renforcement des capacités prévus dans le NPAN2 (2016-2025) et en assurer le suivi et l’évaluation sur les dix prochaines années. Le suivi et l’évaluation ne porteront pas seulement sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du NPAN2 et les investissements en nutrition, mais serviront également de base aux rapports annuels à soumettre au Premier ministre par le biais du bureau de BNNC qui sera responsable de suivre les progrès du NPAN2. Le plan décompose les interventions spécifiques et attentives à la nutrition, affectant le budget le plus élevé (et la priorité) à l’autonomie des femmes, à l’éducation et au filet de protection sociale (820 577 795 USD), suivis par la santé et la santé urbaine (675 721 493 USD). La budgétisation et le financement stratégique prendront place au sein de chaque secteur ou ministère, conformément au NPAN2. La diffusion infranationale du plan est en cours à travers des évènements tenus dans les divisions et les districts (en dépit du fait que l’appareil gouvernemental du Bangladesh est centralisé et que chaque ministère se charge donc de la conception de programme, en consultation avec le personnel infranational).

Enseignements tirés et prochaines étapes

L’élaboration du NPAN2 a été un grand voyage qui a rassemblé des personnes très motivées pour l’amélioration de la nutrition. Il s’est cependant avéré très difficile de rassembler les parties prenantes clés dans un même plan, en raison du large éventail d’approches appliquées à la programmation nutritionnelle dans les différents secteurs, dont la plupart conçoivent leurs programmes dans l’optique spécifique de la nutrition. Par exemple, les messages sur la nutrition font à présent partie du travail des conseillers agricoles, les programmes de sécurité sociale ciblent les femmes enceintes et allaitantes, et l’éducation a mis à jour ses programmes scolaires en intégrant des informations nutritionnelles de base au niveau primaire et prévoit d’actualiser celles-ci de façon continue.

Le leadership et l’engagement politique ont été importants pour réussir : le ministère de la Santé et de la Famille a joué un rôle important de meneur pour réunir les différents secteurs, acteurs et partenaires de développement avec leurs homologues au sein du gouvernement du Bangladesh. La division en quatre comités sectoriels, dirigés par le secteur correspondant du gouvernement national et ses partenaires de développement, a également été une stratégie payante.

Les prochaines étapes visent à ce que le BNNC soit complètement fonctionnel et opérationnel pour tous les secteurs pertinents, afin que sa mise en œuvre se fasse dans les délais et que la diffusion du plan d’action, le plaidoyer et la mobilisation des ressources puissent avancer.


Références

Institut national de la population, de la recherche et de la formation (NIPORT), Mitra and Associates et FCE International. 2016. Enquête sur la population et la santé au Bangladesh 2014. Dacca, Bangladesh, et Rockville, États-Unis : NIPORT, Mitra and Associates et FCE International.

Howlader, Sushil Ranjan ; Sethuraman, Kavita ; Begum, Ferdousi ; Paul, Dipika ; Sommerfelt, A. Elisabeth ; Kovach, Tara. 2012. Investing in Nutrition Now: A Smart Start for Our Children, Our Future. Estimates of Benefits and Costs of a Comprehensive Program for Nutrition in Bangladesh, 2011–2021. PROFILES and Nutrition Costing Technical Report. Washington : troisième projet d’assistance technique pour l’alimentation et la nutrition (FANTA III), FHI 360.


1Sous-nutrition au Bangladesh - un récit commun (http://docs.scalingupnutrition.org/wp-content/uploads/2014/06/Common-Narrative_BANGLADESH-Final.pdf)

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