Fournir une couverture pour les programmes de nutrition au niveau du district au Baloutchistan, Pakistan

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Hassan Hasrat est président-directeur général de la Society for Community Action Process (SCAP-Balochistan), une ONG locale. Il a 10 ans d’expérience dans le développement de la santé, de la nutrition et de la communauté.

Shah Mohammad est gestionnaire du programme et des opérations de SCAP-Balochistan, avec 15 ans d’expérience dans le développement communautaire.

Introduction

Le Baloutchistan est la province la moins développée des quatre provinces du Pakistan, avec une proportion élevée d’enfants âgés de moins de 5 ans en retard de croissance (52 pour cent)1 et émaciés (16 pour cent). De plus, la prévalence de l’anémie chez les enfants de ce groupe d’âge est de 57 pour cent, et chez les femmes en âge de procréer est de presque 49 pour cent. On estime que de nombreux facteurs contribuent à la malnutrition des enfants au Baloutchistan, y compris : les pratiques sous-optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) ; les infections fréquentes chez les enfants (surtout les maladies diarrhéiques et la rougeole) ; les carences nutritionnelles, le décès ou la maladie de la mère ; l’absence ou l’insuffisance de suppléments en micronutriments ; et l’insécurité alimentaire des ménages et l’inégalité des genres2.

Accent sur la nutrition au niveau des districts

En réponse à la situation nutritionnelle difficile dans la province, le Département de la santé du Baloutchistan a lancé le Programme de nutrition pour les mères et les enfants (BNPMC) en 2016, par le biais de la Cellule de nutrition, située au sein du Département. Le Programme de nutrition pour les mères et les enfants met en place des activités nutritionnelles reconnues (voir la liste ci-dessous) auprès de la population rurale et urbaine des sept districts sélectionnés, visant avant tout les populations défavorisées économiquement et socialement. La population totale de ces districts est de 1 654 613, et il est estimé que la population cible comprend 132 369 femmes enceintes et allaitantes (FEA) et 254 615 enfants âgés de moins de 5 ans. L’élaboration du BNPMC a comporté des consultations afin de convenir des rôles et des responsabilités avec l’ensemble des parties prenantes, au nombre desquelles le Département de la Santé, le gouvernement du district, Peoples Primary Health Initiative (PPHI) (programme gouvernemental de partenariats publics-privés, fournissant des services de santé dans les unités sanitaires de base des districts) et les ONG locales.

Le rôle principal de la cellule de nutrition est de définir les politiques aux niveaux national et provincial (ce dernier pour la mise en œuvre). En outre, elle fournit la supervision et le leadership pour une programmation efficace aux niveaux de la province et du district, établit des normes et des directives techniques (y compris comment atteindre la population cible), fournit une assistance technique, réalise le suivi et l’évaluation, supervise la recherche opérationnelle, joue un rôle de plaidoyer auprès d’autres secteurs, tels que celui de l’agriculture et de l’élevage.

La mise en œuvre du programme, surtout la prestation des services, reste dans le domaine des districts, où les activités sont réalisées par le biais des partenariats avec d’autres secteurs publics et privés. La majorité des partenariats est conclue avec le Programme national de planning familial et de soins de santé primaire (à travers le Programme des travailleuses de la santé, un cadre d’agents de santé communautaire offrant des services de soins de santé primaires), la PPHI et les organisations dirigées par les ONG et la communauté.

Le BNPMC s’articule autour des cinq axes suivants :

1. S’attaquer à la malnutrition chez les enfants en renforçant la disponibilité et l’accessibilité du soutien à l’ANJE et des services de prise en charge communautaire de la malnutrition aigüe dans les districts ciblés et chez les femmes enceintes et allaitantes, à l’aide de séances de communication sur le changement des pratiques de nutrition, de santé et d’hygiène ;

2. S’attaquer carences en micronutriments, y compris par la supplémentation en vitamine A pour les enfants âgés de 6 à 59 mois et l’expansion de l’iodation du sel et de l’enrichissement de la farine de blé, etc. ;

3. La communication sur le changement des comportements - en coordination avec les canaux de communication pour le changement des pratiques socioculturelles et nutritionnelles qui pourraient conduire à la malnutrition, par le biais du plaidoyer tel que la mise au point et la diffusion des matériaux, les programmes de radio, le théâtre communautaire, etc. ;

4. Le renforcement des dispositions institutionnelles - l’objectif du BNPMC est de définir les rôles et responsabilités, de bâtir les capacités et de renforcer les mécanismes institutionnels pour la coordination des secteurs (tandis que le secteur public finance un poste de directeur adjoint de la nutrition au niveau provincial, toutes les activités au niveau des districts sont soutenues par des postes que financent les partenaires de développement) ; et

5. Le renforcement des systèmes de suivi et d’évaluation - une unité de suivi et d’évaluation a été établie au sein de la cellule de nutrition du Département de la santé pour coordonner les activités de suivi dans la province.

Le cout total du BNPMC est de 1 492,62 millions PKR (14,21 millions USD), dont 80 pour cent ont été fournis par la Banque mondiale (par le biais du Partenariat pour l’amélioration du Fonds fiduciaire pour la nutrition) et 20 pour cent par le gouvernement du Baloutchistan. La majorité du financement a été allouée au renforcement des dispositions institutionnelles (41,3 pour cent), comprenant le programme de recrutement, l’assistance technique pour le renforcement des capacités, le renforcement des mécanismes de coordination, etc., à la lutte contre la malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes et allaitantes (37 pour cent) et au traitement du problème des carences en micronutriment (13,6 pour cent). Le SCAP Baloutchistan a reçu un financement de 48 millions PKR (0,45 million USD) pour le programme, par le biais du Département de santé.

Mères recevant une séance d'éducation nutritionnelle de la part d'agents de nutrition communautaire

Le partenariat avec une ONG locale

L’exercice de cartographie du Département de la santé a établi que plus de la moitié des zones de chaque district n’étaient pas couvertes par le BNPMC. Une ONG locale, SCAP-Baloutchistan, a été sélectionnée comme partenaire pour la mise en œuvre de services nutritionnels dans deux districts mal desservis, Nushki et Kharan, de janvier 2017 à juin 2018. SCAP a formé un nouveau cadre de 70 fournisseurs de services communautaires, y compris des travailleurs de nutrition communautaire et le personnel du projet, sur les objectifs et les activités du BNPMC dans les deux districts.

En plus de la prise en charge communautaire de la malnutrition et l’alimentation supplémentaire des femmes enceintes et allaitantes, le programme se concentre également sur les activités de prévention. Par exemple, 31 928 femmes en âge de procréer sont soutenues sur les pratiques améliorées de l’ANJE, la santé et l’hygiène, et l’importance de l’éducation de la femme et les interventions de santé, comme la vaccination. Afin de prévenir l’anémie, des comprimés de fer et d’acide folique seront fournis à 2 554 femmes dans les zones non couvertes, avec d’autres stratégies telles que le vermifuge et la promotion de la diversité et la qualité alimentaires. Au total, 250 groupes de soutien communautaires (Groupes de soutien pour les mères et pères) ont été formés et mobilisés, chaque groupe comprenant environ 20 ménages. Les groupes ont nommé une personne ressource de leur communauté, qui a suivi une formation de renforcement des capacités afin de diriger les séances de groupe selon les méthodes de SCAP, en utilisant les outils d’information, d’éducation et de communication (IEC).

Les services nutritionnels mis en œuvre par SCAP Baloutchistan assureront le suivi d’un certain nombre de cibles, notamment l’allaitement exclusif chez les enfants âgés de 0 à 6 mois (une hausse de 40 pour cent à 50 pour cent) ; le régime minimum acceptable pour les enfants âgés de 6 à 24 mois (une hausse de 15 pour cent du niveau de base) ; et une hausse de 50 pour cent chez les femmes enceintes qui reçoivent des comprimés de fer et d’acide folique et adhèrent au traitement. Le programme a déjà couvert 89 pour cent des bénéficiaires ciblés avec son premier tour de dépistage communautaire et de services de sensibilisation : un total de 238 468 enfants âgés de moins de 5 ans et 120 778 femmes enceintes et allaitantes ont été atteints ou dépistés.

Plusieurs aspects du programme fonctionnent bien dans les districts :

  • l’ONG a formé les ressources humaines sur les services de logistique afin d’assurer la présence de services nutritionnels sur les sites fixes du PTA ;
  • les réunions du Conseil de coordination du district ont lieu régulièrement pour garantir la participation d’autres parties prenantes/services et décideurs ; et
  • la coordination se heurte a peu d’obstacles au niveau du district, principalement parce que le Service de santé du district est joue un rôle actif dans la mise en œuvre du programme et dans la fourniture des services nutritionnels de soutien.

Défis à relever et enseignements tirés

De nombreux défis sont associés au travail dans les zones rurales où les services sont faibles et les centres de santé sont mal équipés et difficiles d’accès. Environ 65 pour cent des districts couverts par SCAP sont totalement dépourvus de services. D’autres obstacles à surmonter comprennent les idées fausses de la communauté sur les différentes interventions, surtout la fourniture de supplémentation en fer et acide folique et l’alimentation thérapeutique prête à l’emploi pour les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère, du fait du manque d’éducation et de sensibilisation.

SCAP s’est livrée à une autonomisation communautaire globale afin d’accroitre l’engagement et la participation des personnes, bien que cela soit freiné par le manque de services. La promotion du travail d’équipe au sein de SCAP s’est révélée être un autre facteur essentiel à la mise en œuvre réussie du programme. L’ONG a engagé des cadres différents pour ce faire, et a formé son propre personnel à garantir la qualité des services en se basant sur des directives mondiales lors du travail au niveau du district. SCAP compte mener un large plaidoyer pour une reproduction plus étendue de ce modèle et une mise en échelle visant à atteindre les populations vulnérables dans d’autres parties du Baloutchistan.


1National Nutrition Survey/Enquête nationale sur la nutrition (NNS, 2011).

2Conclusions du NNS 2011, des rapports et du suivi au niveau local.

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