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Aperçu de la préparation aux situations d’urgence nutritionnelle en Amérique latine et aux Caraïbes

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Par Yvette Fautsch Macías et Stefano Fedele

Yvette Fautsch Macías est nutritionniste au Bureau régional de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes, où elle exerce depuis deux ans les fonctions de point focal du GRIN-LAC.

Stefano Fedele est l’ancien spécialiste régional en nutrition au Bureau de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes et coordinateur du GRIN-LAC. Il travaille pour l’UNICEF depuis 12 ans. Auparavant, il a assuré la coordination du secteur nutrition en Afghanistan, à Haïti, au Mali, en Sierra Leone et au Tchad. Depuis juillet 2019, il est le coordinateur du Cluster nutrition global sur la nutrition.

Lieu : Amérique latine et Caraïbes

Ce que nous savons : La préparation aux situations d’urgence nutritionnelle peut conduire à un déploiement plus rapide et moins coûteux des programmes d’urgence, et permettre ainsi de prévenir la malnutrition et de sauver des vies.

Ce que cet article nous apprend : Le GRIN-LAC, un groupe régional de coordination de la nutrition dans les situations d’urgence, a élaboré un modèle d’évaluation des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence. Conçu en 2019, ce modèle associe les résultats de l’indice de gestion des risques pour l’Amérique latine et les Caraïbes (LAC-InfoRM) à six indicateurs de capacité nutritionnelle et quatre indicateurs de vulnérabilité nutritionnelle des pays, plus particulièrement axés sur la santé et de l’état nutritionnel des enfants. Des données issues de 33 pays de la région ont été recueillies, et la définition de nouveaux indices et seuils de risque a permis de calculer les scores de risque nutritionnel dans les situations d’urgence pour l’ensemble de ces pays. Les résultats montrent que 27 % de ces pays sont exposés à un risque élevé, voire très élevé, de dégradation de l’état nutritionnel de la population dans les situations d’urgence (Haïti, le Honduras, le Guatemala et le Venezuela présentant le risque le plus élevé). Ils indiquent également que 73 % des pays ont une capacité nutritionnelle très insuffisante et que 76 % atteignent des niveaux élevés, voire très élevés, de vulnérabilité nutritionnelle (faibles taux d’allaitement maternel exclusif, faible diversification alimentaire minimum par l’introduction d’aliments complémentaires, forte prévalence de la diarrhée chez les enfants de moins de cinq ans et taux élevés d’anémie chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes en âge de procréer). Il est urgent que les gouvernements d’Amérique latine et des Caraïbes renforcent les mécanismes de coordination nutritionnelle en inscrivant expressément la nutrition dans les situations d’urgence dans leur mandat, qu’ils intègrent la nutrition dans les plans nationaux d’intervention d’urgence et qu’ils consolident les pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant.

Contexte

La région Amérique latine et Caraïbes est l’une des régions les plus exposées aux catastrophes dans le monde ; seule l’Asie est plus exposée (Vargas, 2015). On estime qu’en 2017, 15,6 millions de personnes, dont 8,2 millions d’enfants, ont été touchées par une situation d’urgence à grande échelle dans la région (CEPALC, 2018). Le nombre moyen de catastrophes naturelles ayant frappé cette région a plus que triplé, passant d’une moyenne annuelle de 19 catastrophes dans les années 1960 à 68 dans les années 2000. Actuellement, près de 13,4 millions d’enfants et d’adolescents de la région vivent dans des zones sujettes, ou très sujettes à la sécheresse, tandis que 13,1 millions d’entre eux vivent dans des zones exposées à un risque extrême d’inondations (Fonds des Nations Unies pour l’enfance – UNICEF – 2015). La région Amérique latine et Caraïbes est également vulnérable aux chocs politiques et économiques. En 2019, il a été estimé que quelque 4 millions de personnes avaient fui le Venezuela pour se rendre dans les pays voisins, et que 1,1 million d’enfants avaient besoin d’aide, qu’ils soient originaires des pays d’accueil ou migrants, en raison de l’augmentation de la sollicitation des systèmes et services des pays hôtes (UNICEF, 2019). Les pays de la région souffrent d’une préparation insuffisante aux situations d’urgence nutritionnelle, due à un manque de compréhension commune des principaux éléments indispensables à une préparation et à des interventions efficaces dans ce domaine. De surcroît, la nutrition n’est plus prioritaire dans les interventions menées dans la région pour faire face aux catastrophes, notamment en raison de la baisse des taux d’émaciation et de retard de croissance.

Par conséquent, un groupe régional de coordination a été mis en place en 2013 par le Bureau régional de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes, en collaboration avec des agences des Nations Unies, des organisations non gouvernementales (ONG), des bailleurs de fonds et des instituts de recherche aux échelons régional et national1. L’objectif du GRIN-LAC (groupe régional pour la résilience nutritionnelle dans la région Amérique latine et les Caraïbes) est de prévenir la dégradation de l’état nutritionnel des populations touchées par une crise en Amérique latine et dans les Caraïbes, en renforçant les capacités nationales en matière de préparation et d’intervention relatives aux problèmes liés à la nutrition dans les situations d’urgence. Les activités du GRIN-LAC consistent notamment à générer des données probantes ; à gérer, communiquer et échanger les connaissances ; et à renforcer les capacités. Cet article décrit le processus suivi par le GRIN-LAC pour élaborer un modèle d’évaluation des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence, ainsi que les résultats de l’évaluation réalisée en 2019 dans certains pays de la région.

Modèle d’évaluation des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence

L’indice de gestion des risques pour l’Amérique latine et les Caraïbes (LAC-InfoRM) est une adaptation régionale du modèle mondial de l’InfoRM (voir figure 1 et encadré 1). Il est utilisé afin d’évaluer le risque de crises humanitaires et de catastrophes dans l’ensemble des pays de la région. Le modèle InfoRM a également été adapté à certains pays d’Amérique centrale et à la République dominicaine. Afin d’évaluer plus spécifiquement les risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence, le GRIN-LAC a proposé un ensemble d’indicateurs nutritionnels supplémentaires, représentant les normes minimales à prendre en compte dans le cadre de la préparation aux situations d’urgence nutritionnelle en Amérique latine et dans les Caraïbes (encadré 2). Ils ont été sélectionnés après discussion et accord entre les membres du groupe. Combinés aux résultats du LAC-InfoRM à l’aide d’un fichier Excel (la matrice du GRIN-LAC2), ces indicateurs ont fourni une mesure des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence facile à interpréter, répertorié les insuffisances en matière de préparation nutritionnelle et mis en évidence les zones nécessitant une amélioration des politiques, des programmes et des mesures afin de pouvoir mener une intervention nutritionnelle plus efficace en période de crise. Parmi ces indicateurs, six concernent les capacités nutritionnelles nationales et quatre la vulnérabilité nutritionnelle des pays (plus précisément la santé et l’état nutritionnel des enfants) (voir encadré 2). Déjà pris en compte, les indicateurs nutritionnels figurant dans « l’indice de risque de vulnérabilité » du LAC-InfoRM 20193 n’ont pas été réutilisés.

En 2019, des données relatives à chacun des dix indicateurs ont été recueillies dans 33 pays de la région à partir d’enquêtes nationales, de bases de données mondiales et de rapports publiés par les autorités nationales. La démarche visait à inciter les points focaux nationaux en charge des questions de nutrition au sein des ministères de la Santé à sensibiliser aux risques liés à la nutrition, à susciter des discussions à l’échelle nationale sur les insuffisances en matière de capacité nutritionnelle et les vulnérabilités nutritionnelles, et à encourager vivement l’élaboration de stratégies et de plans nationaux pour y remédier.

Encadré 1 : InfoRM (Indice de gestion des risques)

InfoRM est un outil open source mondial permettant d’évaluer les risques liés aux crises humanitaires et aux catastrophes.

Il repose sur une analyse d’indices composites regroupant des informations sur les risques, la vulnérabilité et la capacité d’adaptation. Il vise à répertorier les pays exposés à un risque d’urgence humanitaire et à identifier les principales conditions sous-jacentes entraînant ce risque, afin de pouvoir mieux les gérer. La base de données InfoRM combine près de 80 indicateurs différents mesurant les trois dimensions suivantes :

Indice de risque de catastrophe et d’exposition : recense les événements susceptibles de se produire et la population potentiellement exposée à ces événements. Les catastrophes peuvent être naturelles ou d’origine humaine.

Indice de risque de manque de capacité d’adaptation : mesure l’aptitude d’un pays à s’adapter à une situation d’urgence, en matière de capacité institutionnelle et infrastructurelle.

Indice de risque de vulnérabilité : mesure la fragilité des systèmes socioéconomiques et les atouts des communautés, des ménages et des individus pour faire face à une situation de crise. Cet indice comprend quelques indicateurs nutritionnels s’appliquant aux groupes de personnes vulnérables et déracinées, notamment le retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans, l’insuffisance pondérale à la naissance et l’anémie chez les femmes enceintes et allaitantes. Ils ont été ajoutés après que le GRIN-LAC a plaidé en faveur de leur intégration en 2017-2018.

Figure 1 : LAC-InfoRM : l’indice de gestion des risques pour l’Amérique latine et les Caraïbes

Encadré 2 : Indicateurs représentant les normes minimales à prendre en compte dans le cadre de la préparation aux situations d’urgence nutritionnelle dans la région Amérique latine et Caraïbes

Une fois recueillies, les données ont été pondérées en fonction de l’importance relative de chacun des dix indicateurs. Un coefficient de pondération de cinq a été appliqué aux indicateurs constituant le socle de la préparation aux situations d’urgence nutritionnelle (capacité nationale de coordination nutritionnelle ; plan national d’intervention nutritionnelle ; pratiques appropriées d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant). Un coefficient de pondération de quatre a été attribué aux éléments permettant d’opérationnaliser les composantes fondamentales (protocole de traitement de la malnutrition aiguë et nombre suffisant de professionnels de santé). Un coefficient de pondération de trois a été donné aux autres éléments, notamment l’existence d’une capacité infranationale de coordination nutritionnelle, la couverture du traitement de la malnutrition aiguë et les indicateurs de vulnérabilité (prévalence de la diarrhée et de la malnutrition aiguë). La somme des résultats pondérés a fourni pour chaque pays un score de manque de capacité d’adaptation nutritionnelle (somme des indicateurs de capacité nutritionnelle pondérés) et un score de vulnérabilité nutritionnelle (somme des indicateurs de vulnérabilité nutritionnelle pondérés).

Afin de déterminer les niveaux de risque indiqués par ces résultats, des indices de risque ont été définis pour ces deux dimensions (tableaux 1a et 1b). Des seuils de risque ont alors été établis pour chaque indicateur, et leur valeur moyenne a permis de renseigner les seuils de risque pour chaque dimension (tableaux 2a et 2b).

Ensuite, les résultats nutritionnels ont été combinés à ceux du LAC-InfoRM afin d’obtenir un score global pour chaque pays, et d’indiquer ainsi le niveau de préparation aux situations d’urgence nutritionnelle et le risque de dégradation de l’état nutritionnel dans ce type de contexte (figure 2). Des indices et des seuils de risque globaux ont été définis à l’aide du même processus, afin d’interpréter ces résultats (tableaux 3 et 4).

Tableau 1a : Indice de risque de manque de capacité d’adaptation nutritionnelle

L’indice est estimé à partir du score de manque de capacité d’adaptation nutritionnelle obtenu par chaque pays. Il mesure l’aptitude d’un pays donné à s’adapter à une situation d’urgence, en matière de coordination et de capacité institutionnelle dans le domaine de la nutrition, en vue de préserver l’état nutritionnel des enfants dans ce type de contexte.

Tableau 1b : Indice de risque de vulnérabilité 

L’indice est estimé à partir du score de vulnérabilité nutritionnelle de chaque pays. Il recense les caractéristiques alimentaires et nutritionnelles des enfants d’un pays donné susceptibles de se détériorer dans les situations d’urgence.

Tableau 2a : Seuils correspondant aux scores de risque de manque de capacité d’adaptation nutritionnelle

Tableau 2b : Seuils correspondant aux scores de risque de vulnérabilité nutritionnelle

Figure 2 : Modèle d’évaluation des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence

Tableau 3 : Indice des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence

Tableau 4 : Seuils correspondants à l’ensemble des scores de risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence

Limites du modèle

Le modèle connaît certaines limites, aussi faut-il interpréter les résultats avec prudence. Les paramètres visant à déterminer les risques ont été sélectionnés selon un processus subjectif et toute modification apportée aux coefficients de pondération et aux seuils peut se traduire par des scores de risque différents. Les données relatives à l’ensemble des indicateurs de capacité nutritionnelle, excepté la densité du personnel infirmier et obstétrique, ont été obtenues à partir de rapports directement publiés par les autorités nationales ou les bureaux de pays de l’UNICEF. Du fait de la nature subjective de ces indicateurs, les données sont susceptibles d’être sous-estimées ou surestimées, et de ne pas toujours offrir un tableau exact de la situation. Certains pays ne recueillent aucune donnée relative à certains indicateurs figurant dans le modèle. Dans ce cas, la valeur régionale de l’indicateur est retenue ou, lorsqu’elle n’est pas disponible, une note de quatre est appliquée pour calculer les scores et les indices de risque. Dernièrement, certaines données nationales utilisées n’étaient pas à jour et, de ce fait, reflètent sans doute la situation des pays concernés dans les années antérieures à 2019.

Résultats de l’évaluation des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence réalisée en 2019 dans la région ALC

Calculés à partir des données recueillies dans la région, les résultats globaux de l’évaluation des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence sont présentés dans le tableau 5. Il s’agit de la troisième évaluation de ce type (elle a été précédemment réalisée en 2016 et 2017). Les pays concernés ont été associés à des catégories de risques, classés du plus élevé au plus faible, les caractéristiques de chaque niveau de risque faisant l’objet d’une description. Le tableau 6 montre le nombre de pays regroupés par indice et niveau de risque.

Tableau 5 : Niveau de risque nutritionnel dans les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes

Tableau 6 : Regroupement des pays par indice de risque et niveau de risque

Dans la région Amérique latine et Caraïbes, 27 % des pays (soit neuf sur 33) sont exposés à un risque élevé, voire très élevé, de dégradation de l’état nutritionnel en cas de situation d’urgence. Pour près des trois quarts d’entre eux (soit 73 % ou 24 sur 33), ce résultat est dû à un manque de capacité nutritionnelle. Les principales lacunes constatées dans la région concernent notamment l’aptitude des mécanismes de coordination nutritionnelle aux échelons national et infranational à détecter les vulnérabilités et l’insuffisance des capacités ; l’aptitude des plans d’intervention à prévenir les problèmes nutritionnels chez les enfants de moins de deux ans et/ou à y remédier ; l’actualisation des protocoles de traitement de la malnutrition aiguë ; et les capacités en matière de personnel de santé disponible pour faire face à une crise.

Les résultats montrent que plus des trois quarts des pays de la région Amérique latine et Caraïbes (soit 76 % ou 25 sur 33) affichent des niveaux élevés, voire très élevés, de vulnérabilité nutritionnelle. Ce phénomène s’explique par de faibles taux d’allaitement maternel exclusif chez les nourrissons de moins de six mois ; une faible diversification alimentaire minimum par l’introduction d’aliments complémentaires chez les enfants âgés de 6 à 23 mois, avec des taux variant entre 29,2 % (Haïti) et 90,4 % (Pérou) ; et une prévalence de la diarrhée chez les enfants de moins de cinq ans supérieure à 13 % dans un quart des pays (soit 27 %). L’émaciation apparaît comme un problème moins important, sa prévalence étant inférieure à 4 % dans près de 85 % des pays (soit 28 sur 33), avec des taux allant de 0,3 % (Chili) à 6,8 % (Barbade).

L’indice de risque de vulnérabilité du LAC-InfoRM 2019 révèle que l’anémie chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes en âge de procréer est une préoccupation majeure. En tout, 85 % des pays enregistrent des taux d’anémie chez les enfants de moins de cinq ans supérieurs à 20 %, et dans 91 % d’entre eux, au moins 15 % des femmes en âge de procréer sont actuellement anémiques. La plupart des pays (30 sur 33, soit 91 %) affichent des taux d’insuffisance pondérale à la naissance inférieurs à 12 % et près des deux tiers (22 sur 33, soit 67 %), des taux de retard de croissance inférieurs à 10 %.

Discussion et prochaines étapes

L’évaluation des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence a fourni un aperçu essentiel de l’état de préparation aux situations d’urgence nutritionnelle dans la région Amérique latine et Caraïbes. Les résultats montrent que si certains pays possèdent déjà un certain niveau de préparation, aucun d’entre eux ne fait preuve de capacités optimales. Cette constatation appelle explicitement à renforcer les mesures visant à identifier, à l’échelle nationale, les insuffisances en matière de capacités et les vulnérabilités, et à élaborer des politiques, des plans, des programmes et des interventions pour y remédier. Comparativement aux années précédentes (2016 et 2019), les pays ont réalisé certains progrès. Néanmoins, les ressources humaines limitées dans le domaine de la nutrition et les contraintes budgétaires ont été citées comme des obstacles majeurs à la mise en place de politiques, de plans et de stratégies permettant d’améliorer la préparation à l’échelle nationale.

Afin de renforcer les composantes essentielles du socle de la préparation aux situations d’urgence nutritionnelle dans la région, le GRIN-LAC suggère les actions suivantes :

  • Mettre en place des mécanismes nationaux et infranationaux de coordination nutritionnelle ou renforcer ceux existant déjà, notamment la participation des institutions gouvernementales et non gouvernementales, des associations humanitaires et des partenaires bilatéraux et multilatéraux, en les dotant d’un mandat spécifique dans le domaine de la nutrition dans les situations d’urgence.
  • Intégrer la nutrition dans les plans nationaux d’intervention d’urgence en : a) créant des liens entre les acteurs et les services œuvrant dans ce domaine et les organismes de gestion des catastrophes aux niveaux national, infranational et communautaire ; et b) élaborant des directives nationales relatives à l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant dans les situations d’urgence, ainsi qu’un plan d’urgence nutritionnelle, prévoyant notamment le prépositionnement des intrants (micronutriments multiples en poudre, suppléments en micronutriments pour les femmes enceintes et allaitantes, sels de réhydratation orale, produits nutritionnels enrichis et matériel anthropométrique).
  • Élaborer des politiques et des stratégies visant à promouvoir des pratiques optimales en matière d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, ou renforcer celles existant déjà.

Certains pays ont déjà pris des mesures pour améliorer leur préparation aux situations d’urgence nutritionnelle, avec le soutien du GRIN-LAC. En 2016, conjointement avec l’UNICEF au Nicaragua, le groupe a aidé le gouvernement nicaraguayen à réaliser une évaluation nationale des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence. Après présentation des résultats à la Commission sur la santé du Système national de prévention des catastrophes, d’atténuation de leurs effets et d’intervention, le ministère de la Santé a formulé des directives relatives à la nutrition dans les situations d’urgence, avec l’assistance technique et financière de l’UNICEF et en collaboration avec d’autres acteurs nationaux et locaux. Cette démarche a permis à un grand nombre d’organisations et d’organismes gouvernementaux compétents de s’approprier et d’appliquer largement ces directives. En 2017, un mécanisme de coordination nationale de la nutrition dans les situations d’urgence (GRIN-RD) a également été mis en place en République dominicaine afin de coordonner les interventions alimentaires et nutritionnelles dans les situations d’urgence. En 2019, le GRIN-LAC a aidé le GRIN-RD à renforcer le fonctionnement du groupe par le biais d’un atelier de quatre jours sur le leadership et la coordination. Ce dernier a abouti à l’élaboration d’un plan de travail d’une durée de 18 mois, détaillant les mesures à prendre ultérieurement.

Au Guyana, le point focal en charge de la nutrition au sein du ministère de la Santé a appliqué un processus analogue. À la suite de discussions avec le GRIN-LAC sur les capacités et les vulnérabilités nutritionnelles du pays, il a été décidé que la préparation aux situations d’urgence nutritionnelle débuterait par la mise en place d’un groupe de coordination nutritionnelle. Le ministère de la Santé a rédigé les modalités de fonctionnement de ce mécanisme national et accueilli en 2018 une réunion d’une journée visant à définir la marche à suivre pour la création d’un organe de coordination nutritionnelle, en commençant par clarifier les rôles et les responsabilités de divers organismes. Cet organe est entré en fonction en 2019.

Conclusion

Le GRIN-LAC est un mécanisme régional œuvrant dans le domaine de la nutrition dans les situations d’urgence, qui peut aider les pays à réduire leurs vulnérabilités et à accroître leurs capacités d’adaptation afin d’être mieux préparés aux situations d’urgence nutritionnelle et de renforcer leur résilience. L’amélioration des méthodes d’évaluation des risques liés à la nutrition dans les situations d’urgence dans la région s’est révélée très utile en permettant de mesurer les insuffisances en matière de capacités nutritionnelles et les vulnérabilités existant au niveau national. Les résultats de l’évaluation réalisée en 2019 indiquent qu’en dépit des variations observées dans la région s’agissant des capacités et des vulnérabilités dans le domaine de la nutrition dans les situations d’urgence, d’importantes lacunes persistent dans la plupart des pays. Il convient d’agir de toute urgence afin d’inscrire la nutrition parmi les priorités nationales et de renforcer la coordination dans ce secteur, la planification et la mobilisation précoces des capacités et des ressources en vue d’améliorer la préparation et la capacité d’intervention, ainsi que la résilience face aux chocs récurrents.

 

Pour en savoir plus, veuillez contacter Yvette Fautsch Macías à : yfautsch@unicef.org


1 Notamment : l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS)/Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Care, la Fédération internationale de la Croix-Rouge, Save the Children, Action contre la Faim (ACF), Plan International ou encore l’Institut de nutrition d’Amérique centrale et du Panama (INCAP).

3 L’anémie chez les femmes en âge de procréer, l’insuffisance pondérale à la naissance, l’anémie chez les enfants de moins de cinq ans et le retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans.


Références

Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), Fonds des Nations Unies pour l’enfance. 2018. Latin America and the Caribbean 30 years after the adoption of the Convention on the Rights of the Child (LC/TS.2018/21). CEPALC/UNICEF, Santiago.

UNICEF. 2015. Il est temps d’agir. Conséquences du changement climatique sur les enfants. UNICEF, New York.

UNICEF. septembre-octobre 2019. Migration flows in Latin America and the Caribbean – Situation Report No.8, UNICEF. Disponible à l’adresse suivante : https://www.unicef.org/media/76516/file/Migration-Flows-LAC-SitRep-Oct-2019.pdf

UNICEF. décembre 2016. Preparedness for Emergency Response in UNICEF – Guidance Note 2016, UNICEF, New York, États-Unis. Disponible à l’adresse suivante : https://www.nutritioncluster.net/sites/nutritioncluster.com/files/2020-03/UNICEF%20Prep%20Guidance%20Note%202016.pdf

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