Identifier l'insuffisance pondérale chez le nourrisson et l'enfant á d'une charte MAMI coulissante
Cet article résume l’étude suivante : M. Monga, C. Sikorski, H. de Silva et al. (2023) Identifying underweight in infants and children using growth charts, lookup tables and a novel “MAMI” slide chart: A cross-over diagnostic and acceptability study. PLOS Global Public Health, 3, 8, e0002303. https://journals.plos.org/globalpublichealth/article?id=10.1371/journal.pgph.0002303
Diagnostiquer la malnutrition en utilisant le rapport poids pour âge présente plusieurs avantages par rapport aux autres méthodes et fournit le meilleur indicateur du risque de mortalité des nourrissons âgés de moins de six mois. Cependant, cette méthode conduit souvent à des erreurs dans la pratique. Sur la base de travaux antérieurs, les auteurs ont conçu un outil peu coûteux, appelé la "charte MAMI1", destiné à améliorer l’accessibilité et l’exactitude de l’évaluation du rapport poids-pour-âge (figure 1).
Figure 1 : La charte MAMI (recto et verso)
Les auteurs ont mesuré l’exactitude avec laquelle 62 agents et étudiants du domaine de la santé publique ou de la nutrition pouvaient catégoriser 25 cas hypothétiques comprenant des informations sur le sexe, le poids et l’âge d’un enfant, l’exercice visant à déterminer dans un temps limité si le poids était normal ou si l’enfant présentait une insuffisance pondérale modérée ou sévère. Les auteurs de l’étude ont fait des participants leur propre groupe témoin en leur présentant la charte MAMI, puis les courbes de croissance et les tableaux de référence de l’Organisation mondiale de la Santé dans un ordre aléatoire.
C’est avec la charte MAMI que les participants ont réalisé le plus de diagnostics exacts (79 %), devant les tableaux de référence (70 %) et les courbes de croissance (61 %, p < 0,01). D’après le nombre de nourrissons correctement reconnus comme devant recevoir un traitement approprié, cette différence en matière d’exactitude a une signification statistique et médicale. Par ailleurs, la plupart des participants ont déclaré préférer utiliser la charte MAMI pour sa relative simplicité.
Les auteurs ont calculé la taille idéale de leur échantillon sur la base d’études antérieures comparables, qu’ils n’ont toutefois pas pu atteindre en raison de contraintes logistiques. L’ampleur de l’effet attendu aurait pu réduire la validité de l’étude, ce qui n’est pas le cas en raison d’une ampleur de l’effet global plus grande que prévue.
Les chercheurs ont mené un essai croisé robuste qui leur a permis d’éliminer de nombreuses variables confondantes. L’échantillon était composé principalement d’étudiants (45 %) et de médecins (39 %), 77 % des participants ayant un maximum de cinq ans d’expérience en matière de nutrition ou de santé publique. Si les résultats varient peu selon le niveau d’expérience, avoir utilisé des professionnels en début de carrière rend leur extrapolation difficile. Les chercheurs n’ont également pas pu mener l’étude en simple aveugle, ce qui risque d’avoir faussé les résultats.
Faire évaluer des cas hypothétiques en un temps limité permet de simuler des conditions réelles, les professionnels devant souvent gérer un grand nombre de cas. Cependant, le taux d’exactitude observé est susceptible de différer de celui des diagnostics réalisés dans un contexte moins contrôlé. Les valeurs en elles-mêmes sont peut-être donc d’une utilité limitée, mais il convient de prendre en compte les différences en pourcentage. Dans ce cas, les résultats indiquent que la charte accélère et facilite l’évaluation du rapport poids-pour-âge par un groupe relativement inexpérimenté de professionnels de santé publique. Si des travaux supplémentaires sont nécessaires pour tester la charte MAMI dans différents contextes, les résultats obtenus sont prometteurs. Le manque d’exactitude relative des deux méthodes d’évaluation disponibles confirme la nécessité d’améliorer la formation et la supervision.
1 L’approche MAMI concerne la prise en charge des nourrissons de moins de six mois, petits et à risque nutritionnel et de leurs mères