Merankebandi household tending to their kitchen garden. Burundi

Services de conseil numériques et collecte de données à distance pour soutenir le développement de la petite enfance et de la nutrition dans le Telangana, en Inde

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Reetabrata Roy est directeur de programme à Sangath en Inde.

Khyati Tiwari est spécialiste en nutrition au bureau de l’UNICEF de l’Andhra Pradesh, Telangana et Karnataka, en Inde.

Gitanjali Lall est coordinateur de recherche à Sangath en Inde.

K Sharath Chandrika est un ancien chercheur associé à Sangath en Inde.

Deepak Jangra est gestionnaire de données à Sangath en Inde.

Narasimha Rao Gaddamanugu est consultant en nutrition du nourrisson et du jeune enfant et en développement de la petite enfance au bureau de l’UNICEF de l’Andhra Pradesh, Telangana et Karnataka, en Inde.

Gauri Divan est directeur du Child Development Group à Sangath en Inde.

Messages clés :

  • Le présent article examine la mise en place d’une intervention en matière de services de conseil numériques et de méthodologies de collecte de données à distance au cours de la pandémie de COVID-19 dans le Telangana, en Inde, centrées sur le développement de la petite enfance, les pratiques en matière d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, et le suivi suite à la réception des messages.
  • L’intervention de services de conseil numériques a tiré parti du fait que le Telangana est l’un des États enregistrant le taux de pénétration de la téléphonie mobile et d’Internet le plus élevé, ainsi qu’un fort taux de possession de téléphones mobiles chez les femmes, ce qui a permis de s’assurer que les messages diffusés dans le cadre de l’intervention atteignent un nombre important de bénéficiaires.
  • Si les services de conseil numériques constituent un modèle prometteur pour s’assurer que les messages parviennent aux femmes, ils ne peuvent cependant pas remplacer la communication essentielle au niveau interpersonnel assurée par les agents de première ligne. Les deux modèles sont de ce fait complémentaires.

Contexte

La pandémie de COVID-19 et les mesures de confinement introduites en conséquence ont entraîné de nombreuses répercussions sur la santé, la nutrition et l’apprentissage des enfants (Yoshikawa et al., 2020). Ces répercussions découlent notamment des confinements prolongés et des perturbations de l’unité familiale, qui ont un impact direct sur le développement socio-émotionnel, y compris les effets néfastes sur les enfants en raison du stress accru des personnes s’en occupant ; des retombées économiques sur la disponibilité de nourriture au sein des ménages ; de l’infection directe par le virus lui-même, aussi bien à court terme qu’à long terme ; et du retard accusé dans les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable Nations Unies, 2020). Les restrictions imposées pendant la pandémie ont réduit l’accès aux services sociaux, particulièrement pour les populations vulnérables, ce qui a compromis certaines initiatives multisectorielles et les services de santé destinés aux enfants, tels que les programmes de cantines scolaires et de vaccination des enfants (Pérez-Escamilla et al., 2020).

Malgré ces perturbations, des travailleurs communautaires – comme des agents des centres pour enfants (Anganwadi) en Inde – ont su faire preuve de résilience et d’ingéniosité (Nanda et al., 2020), en distribuant de la nourriture aux familles pour soutenir l’alimentation de complément des jeunes enfants et en faisant usage de la technologie pour diffuser des messages pertinents en matière de nutrition et de santé. La distribution de rations alimentaires aux familles a été l’un des services de santé destinés aux enfants parmi les moins perturbés, les activités ayant modérément repris entre les périodes de confinement (Avula et al., 2022).

Au début de la pandémie de COVID-19, la prestation des services à l’échelle communautaire au titre de la Poshan Abhiyaan (Mission nationale pour la nutrition) a été paralysée en Inde. Le département de la Promotion de la femme et du bien-être de l’enfant, les pouvoirs publics du Telangana et l’UNICEF ont mené des évaluations rapides en ligne, afin de mieux comprendre les lacunes dans la prestation de services dans le cadre des Services intégrés en faveur du développement de l’enfant et de la Mission nationale pour la santé. Bien que des améliorations aient été constatées concernant les rations de nourriture à emporter et le suivi de la croissance, les services de conseil restaient indisponibles pour plus de 90 % des bénéficiaires. Pour répondre à ce besoin non satisfait et contribuer au Poshan Maah (Mois de la nutrition), une intervention en matière de services de conseil numériques a été élaborée en septembre 2020 pour être mise en œuvre dans la communauté. Sangath, une organisation à but non lucratif, a dirigé la mise au point de cette intervention dans le cadre d’une intervention plus large, intitulée Aalana Palan (encadré 1).

Encadré 1 : L’intervention Aalana Palana

L’intervention Aalana Palana fait partie des interventions ASPIRE (de l’anglais A Scalable Programme IncorpoRating ECD, ou « programme intégrant le développement de la petite enfance avec possibilité de mise à l’échelle »), une collaboration entre Sangath, le département de la Promotion de la femme et du bien-être de l’enfant et l’UNICEF. L’intervention Aalana Palana, mise en œuvre par les agents d’Anganwadi au niveau communautaire, vise la conception et la mise à l’essai d’une vidéo de nutrition et de développement de la petite enfance intégrés promouvant les soins attentifs au cours des 1 000 premiers jours. En télougou, Aalana Palana désigne un environnement bienveillant instauré pour les enfants par les personnes s’en occupant. Un tel environnement implique une nutrition adaptée et des soins attentifs et bienveillants, incluant entre autres des possibilités d’apprentissage et un accès à des services de santé de qualité. L’intervention Aalana Palana repose sur le Cadre de soins attentifs pour le développement de la petite enfance, soutenu au niveau international et qui fournit des orientations aux prestataires de soins de santé et aux personnes s’occupant d’enfants pour permettre aux enfants d’avoir le meilleur départ possible dans la vie.

Le présent article examine la conception de cette intervention de services de conseil numériques et les méthodologies employées pour collecter des données à distance pendant la pandémie, centrées sur le développement de la petite enfance, les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, et le suivi suite à la réception des messages.

Méthodes

Conception de l’intervention de services de conseil numériques

C’est par ce que l’accès à la téléphonie mobile et à Internet dans le Telangana est élevé que cette intervention a été pensée en se basant sur le numérique et les supports multimédias (vidéo, audio et texte) . Les données issues de la cinquième Enquête nationale sur la santé des familles (2019-2021) indiquent que plus de 75 % des ménages de l’État disposent d’au moins un téléphone mobile, et que plus de 50 % des femmes des zones rurales du Telangana et 75 % des femmes des zones urbaines en possèdent un. Le taux d’accès à Internet est de 42 % dans l’ensemble de l’État.

Pour concevoir les messages clés en matière de développement de la petite enfance et de nutrition, nous avons procédé à un examen documentaire sur le sujet, y compris les orientations de l’UNICEF et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la promotion de stratégies parentales attentives pendant la pandémie (Parenting for Lifelong Health, non daté ; UNICEF, non daté). Nous avons élaboré une matrice des messages visant à orienter la conception des messages clés (tableau 1).

Tableau 1 : Matrice des messages

Messages vidéo

Femme enceinte (3 messages)

Indicateurs de santé devant être contrôlés pendant la grossesse

Astuces alimentaires pour les femmes enceintes et les mères allaitantes

Soutien familial pour les femmes enceintes et prise en charge des enfants

Alimentation de complément (2 messages)

Alimenter l’enfant avec amour et bienveillance (alimentation attentive)

Alimentation de complément : fréquence et quantité

Messages texte et audio, et images

Soins aux femmes enceintes (9 messages)

Inscription dans un centre Anganwadi et soins prénatals (3 messages)

Supplémentation en micronutriments (1 message)

Régime alimentaire sain pour les femmes enceintes (3 messages)

Préparation à l’accouchement (2 messages)

Messages pour le bien-être général dans le contexte de la pandémie de COVID-19 (11 messages)

Restez informés – rassurez

Vos amis vous manquent ? Voici quelques idées

Faites taire les appareils, entamez une conversation

Pressons cette balle antistress ensemble

Faire du sport au quotidien améliore votre vie

Plus nous en apprenons, plus nous en savons

Établir des routines – créer un rythme

Soyez prêts… Restez en sécurité

Conservez une attitude positive

Inspirez… Expirez

Les mères en bonne santé font des familles en bonne santé

Messages sur l’allaitement maternel (2 messages)

Pour avoir un bébé en bonne santé, la mère doit l’être aussi

Le lait maternel permet à votre bébé d’être plus fort, plus éveillé et en meilleure santé

Alimentation de complément (4 messages)

Mangez bien, soyez malins

Manger toute sorte de nourriture évite que les enfants soient des mangeurs capricieux

Avoir les mains propres nous permet de garder la nourriture propre

Vous avez le droit de mettre la pagaille

Messages pour le développement de la petite enfance (8 messages)

Un enfant aimé se sent rassuré et en sécurité

Chantons ensemble

Étirons-nous ensemble… L’activité physique, c’est sympathique

Jouer ensemble rend les enfants plus intelligents

Coucou : où es-tu ?

Apprendre en s’amusant… À l’intérieur comme à l’extérieur

En communiquant davantage, on tisse des liens

Mon père peut être mon meilleur ami

Étant donné que les séquences vidéo les plus courtes obtiennent le plus de vues (Ferreira et al., 2021), les messages audio et vidéo ont été conçus de sorte à rester brefs et sont d’une durée comprise entre 60 et 120 secondes. Tous les messages contiennent des informations visant à répondre aux difficultés en matière d’accès aux ressources et de restriction des déplacements en dehors du foyer, ainsi que de stress qui en résulte, aussi bien chez les enfants que chez les personnes qui s’en occupent. L’adéquation des messages a été vérifiée avec des agents d’Anganwadi disposant d’une vaste expérience de travail auprès de la communauté, notamment au cours de la pandémie.

L’ensemble de messages final, tous supports confondus, a été partagé avec les agents d’Anganwadi, et deux séances de formation virtuelles ont été organisées pour optimiser la diffusion des contenus sur différentes plateformes. Les messages ont été publiés sur le site Internet du département de la Promotion de la femme et du bien-être de l’enfant et sur une chaîne YouTube de l’État1. Des réseaux sociaux (Facebook et Instagram) ont également été utilisés. Les agents d’Anganwadi ont transféré les messages sur des groupes WhatsApp pour femmes enceintes et femmes allaitantes et les membres de leur famille. Des messages textes reprenant les points clés ont été envoyés aux mères enregistrées depuis des serveurs centralisés gérés par le département de la Promotion de la femme et du bien-être de l’enfant. De plus, les agents d’Anganwadi approfondissaient le contenu des messages pendant le temps d’interaction limité dont ils disposaient en personne avec les femmes à l’occasion de la distribution des rations de nourriture à emporter.

Pour les familles dépourvues d’un accès à Internet ou à un téléphone mobile, et en complément des messages diffusés sur les réseaux sociaux, l’intervention a également utilisé les appels téléphoniques directs aux familles à partir d’une ligne téléphonique publique, ainsi qu’une chaîne de télévision satellite opérée par le département de la Promotion de la femme et du bien-être de l’enfant, connue sous le nom de T-SAT, pour la communication avec les agents d’Anganwadi.

Collecte de données à distance pour estimer la diffusion des messages et effectuer une enquête de suivi dans le cadre de l’intervention de services de conseil numériques

Une enquête de suivi pour évaluer la manière dont les messages ont été reçus et retenus a été menée auprès de 5 377 femmes enceintes et mères d’enfants âgés de moins de 2 ans, sélectionnées aléatoirement dans 16 districts du Telangana. Le contact avec ces femmes s’effectuait par appels téléphoniques et messages WhatsApp, et il leur était demandé si elles avaient reçu des messages de conseil numériques de la part du système de santé, quels étaient le format et le contenu des messages, si elles avaient des questions, à qui elles s’étaient adressées pour obtenir des réponses, et avec qui elles avaient partagé les messages. La couverture de l’intervention en matière de services de conseil numériques a également été évaluée à l’aide du suivi du nombre de groupes WhatsApp créés entre les agents de première ligne (y compris les agents d’Anganwadi et les familles dans la zone d’intervention) sur lesquels ces messages ont largement été diffusés. Les réactions générées sur les réseaux sociaux, y compris les vues, les commentaires et les partages, ont fait l’objet d’un suivi afin d’estimer le taux de couverture sur ces plateformes.

Collecte de données à distance concernant le développement de la petite enfance et les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant pendant la pandémie de COVID-19

Un échantillon aléatoire de 242 femmes enceintes et mères d’enfants âgés de 6 à 36 mois résidant dans la zone d’intervention de 30 centres Anganwadi a été contacté pour des entretiens téléphoniques.

Des données ont été recueillies grâce à un questionnaire semi-directif, qui consistait en une version adaptée des questionnaires standardisés et de questions additionnelles fondées sur l’examen documentaire (encadré 2). Vu la méthode téléphonique employée pour mener cette enquête, certains éléments, tels que la mesure de la quantité d’aliments consommés par l’enfant à l’aide d’un bol standard, ont dû être omis. Le nombre de questions a dû être limité, afin de réduire au minimum la durée de l’entretien. Pour tester la version finale du questionnaire, de faux entretiens ont été menés entre les membres de l’équipe.

Encadré 2 : Questions de l’enquête figurant dans l’étude secondaire

  • Sécurité financière des ménages, y compris des informations sur la perte d’emploi
  • Pratiques en matière d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, en utilisant le questionnaire de l’OMS sur l’alimentation de complément (adapté) (OMS, 2021)
  • Qualité et niveau de la stimulation de l’enfant au sein du foyer (aussi bien en matière d’interaction que d’environnement physique), adapté des indicateurs relatifs aux soins familiaux (Kariger et al., 2012)
  • Prestation de services de soins de santé par l’intermédiaire du centre Anganwadi pour les femmes enceintes et les enfants, y compris mesure de la taille et du poids, supplémentation alimentaire et traitement vermifuge
  • Évaluation de l’exposition à la violence ou à la négligence au sein du foyer

Les appels ont été passés par un assistant de recherche de Sangath ayant déjà été en contact avec ces familles dans le cadre d’un état des lieux au titre du programme ASPIRE (les résultats de cet état des lieux ne sont pas présentés dans cet article). Le lien existant a été mis à profit pour augmenter les chances de participation et de coopération pour l’étude secondaire. L’assistant de recherche a été formé à mener les entretiens, ainsi qu’à obtenir et à enregistrer le consentement par téléphone. Une base de données Excel actualisée contenait les données démographiques, ainsi que la trace des tentatives d’appel.

Étant donné le caractère sensible de certaines questions, en particulier celles portant sur la violence envers l’enfant et la mère, des informations relatives à des services d’assistance téléphonique ont été fournies et un suivi était effectué pour vérifier que la famille avait bien reçu le soutien nécessaire.

Puisqu’il fallait entre 20 et 30 minutes pour procéder à l’entretien, une certaine souplesse était observée pour ce qui était des heures de la journée et du nombre de séances nécessaires pour répondre au questionnaire.

Examen éthique et assurance qualité

Le consentement des participants était enregistré par téléphone, après avoir obtenu l’autorisation pour ce faire de la part de la personne interrogée. Avant l’obtention du consentement, une fiche d’informations était lue à la personne s’occupant d’enfants, qui était encouragée à poser des questions.

L’étude a été validée par le Comité d’examen institutionnel de Sangath.

Résultats

Intervention de services de conseil numériques

Au cours du Poshan Maah et des interventions étendues de services de conseil numériques menées entre septembre et décembre 2020, 27 757 groupes WhatsApp ont été créés par les agents d’Anganwadi avec leurs bénéficiaires. Cela représentait 78 % des centres Anganwadi de l’État. Les autres agents d’Anganwadi ne sont pas parvenus à atteindre les participants dans leur zone d’intervention en raison d’une mauvaise connectivité Internet. Au total, 227 000 femmes enceintes et allaitantes et 423 000 parents et autres membres de la famille de jeunes enfants (âgés de 7 à 72 mois) ont pu être contactés par le biais de ces groupes.

Enquête de suivi

Les messages WhatsApp ont touché plus de 60 % des femmes bénéficiaires enregistrées dans l’État. Outre ces bénéficiaires directs, 100 000 membres de collectivités locales, titulaires de postes dans des municipalités et collectifs de femmes ont reçu ces messages. Selon les estimations, 1 500 000 personnes ont été touchées par le biais des réseaux sociaux entre septembre et décembre 2020.

Dans les 16 districts, 84 % de femmes en moyenne se souviennent avoir reçu des messages sur WhatsApp dans la semaine précédant l’enquête. Les résultats ont été largement comparables d’un district à l’autre, avec des valeurs comprises entre 81 % et 89 % (13 districts), 77 % dans un district (Adilabad) et 61 % dans un autre (Nagarkurnool).

Chez les femmes qui avaient été capables de retenir les messages, 97 % étaient en mesure de se souvenir des messages liés aux soins pendant la grossesse, 93 % des messages relatifs à l’allaitement maternel et 77 % des messages en matière d’alimentation de complément. Au total, 97 % des femmes indiquent avoir reçu ces messages sur des groupes WhatsApp créés par leurs agents d’Anganwadi, et 88 % des femmes déclarent avoir partagé les messages avec leurs pairs et en avoir parlé davantage avec des agents d’Anganwadi et des membres de leur famille.

Étude secondaire sur le développement de la petite enfance et les pratiques en matière d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant pendant la pandémie de COVID-19

Sur les 242 personnes s’occupant d’enfants contactées dans le cadre de l’étude secondaire, 208 ont répondu et consenti à participer. Seules 31 n’étaient pas joignables et 3 enfants étaient décédés.

D’après les résultats de l’étude secondaire, 51 % des mères déclarent avoir reçu un soutien de la part des membres de leur famille pour nourrir leurs enfants. Selon 18 % des mères, le père avait contribué à l’alimentation de l’enfant. De plus, 71 % des mères indiquent avoir reçu de la nourriture dans des centres Anganwadi, aussi bien avant que pendant le confinement dû à la pandémie de COVID-19. Seulement 43 % ont eu la possibilité de faire vacciner leur enfant, et 39 % de faire mesurer la taille et le poids de ce dernier avant et pendant le confinement.

S’agissant des interactions entre les parents et les enfants, 34 % à 42 % des personnes s’occupant d’enfants indiquent avoir joué, lu, chanté, etc. avec leur enfant au cours de la pandémie, sans avoir pourtant participé à ces activités avant la survenue de la pandémie de COVID-19.

Le régime alimentaire de la plupart des enfants (95 %) est composé de céréales et de racines, puis de fruits et de légumes (84 %), de produits laitiers (75 %), d’aliments riches en vitamine A (72 %) et d’œufs (61 %) (figure 1). Un quart des enfants consomment également des légumineuses et des fruits à coque (26 %). Les produits carnés, y compris la viande de volaille ou d’autres animaux, ou des produits fabriqués à partir de ces viandes, sont consommés par 17 % des enfants. Près des deux tiers (63 %) des enfants ont bénéficié de l’apport alimentaire minimum acceptable recommandé par l’OMS dans les 24 heures précédant l’enquête ; 73,5 % ont pu consommer des aliments d’au moins quatre groupes alimentaires ; et 92 % ont reçu le nombre recommandé de repas.

Figure 1 : Consommation de différents groupes alimentaires par les enfants dans le cadre de l’étude secondaire

Leçons apprises

L’intervention de services de conseil numériques a tiré parti du fait que le Telangana soit l’un des États enregistrant le taux de pénétration de la téléphonie mobile et d’Internet le plus élevé, ainsi qu’un fort taux de possession de téléphones mobiles chez les femmes. Cela a permis de s’assurer que les messages diffusés sur de nombreux sujets dans le cadre de l’intervention atteignent un nombre important de bénéficiaires.

Les principales leçons apprises dans le cadre du déploiement de cette intervention, par comparaison avec les services de conseil dispensés en personne, concernent la conception des messages, qui devaient se suffire à eux-mêmes pour être efficaces même en l’absence d’un animateur pour en discuter avec les familles. Il s’agissait par conséquent de simplifier considérablement le langage, d’utiliser des termes familiers et d’expliciter certaines notions. Concernant les enregistrements audio, une importance accrue était accordée à la modulation de la voix et à l’utilisation d’un ton conversationnel pour rendre les messages suffisamment captivants pour les personnes s’occupant d’enfants.

Cependant, la personnalisation des messages afin de répondre aux besoins individuels des familles représentait toujours l’une des difficultés principales. Pour y remédier, des appels vidéo ont été organisés par la suite pour que les femmes puissent exprimer des préoccupations particulières. Cela n’a cependant été possible que dans une zone géographique plus restreinte. En outre, l’intervention de services de conseil numériques a servi d’outil aux agents d’Anganwadi pour entamer des discussions avec les membres de la communauté, en veillant à assurer la continuité des services de conseil, à préserver la cohérence des messages et à réduire autant que possible la perte d’informations.

Les messages élaborés aux fins de l’intervention ont été intégrés dans de nombreux plans des pouvoirs publics, notamment l’intervention vidéo à plus grande échelle Aalana Palana. La diffusion des messages sur des groupes WhatsApp a non seulement permis une communication interactive dans les deux sens, mais elle a aussi contribué à la création de réseaux de pairs au sein des communautés, pour venir en aide aux femmes pendant la grossesse et après l’accouchement. Il convient de souligner que nombre de ces réseaux ont continué d’apporter leur soutien aux femmes et aux mères après le confinement.

Outre les conclusions tirées des deux enquêtes transversales présentées ci-dessus, de plus récentes interactions avec les bénéficiaires après la levée des restrictions liées à la pandémie présentent un taux élevé de rétention des messages clés, ce qui constitue un fait encourageant. Au cours de ces échanges avec des agents des Services intégrés pour le développement de l’enfant à l’occasion d’événements communautaires ainsi que pendant les visites à domicile effectuées par des agents d’Anganwadi, il a été observé que les femmes qui avaient été exposées à l’intervention en matière de services de conseil numériques ont été capables de retenir les messages et avaient adopté certains des comportements recommandés. Il s’agit notamment des comportements relatifs aux soins pendant la grossesse et à l’hygiène, tels que le renforcement de la nutrition maternelle, les traitements vermifuges, la gestion du stress au cours de la pandémie et le lavage des mains dans le cadre de la préparation des aliments, ainsi qu’avant et après avoir nourri les enfants. Des messages sur le rôle des pères et des autres personnes s’occupant d’enfants dans le soutien aux mères pour prodiguer des soins aux enfants et les nourrir ont également été mémorisés.

L’une des difficultés majeures des enquêtes téléphoniques était la fatigue éprouvée par les personnes interrogées, ce qui avait parfois une incidence sur la qualité des réponses. Cela rendait également impossible de remplir l’intégralité des parties du questionnaire en une seule séance et requérait parfois plusieurs tentatives pour joindre les personnes s’occupant d’enfants. La durée des appels téléphoniques augmentait encore lorsque les familles, se trouvant déjà dans un état de stress en raison de la pandémie, abordaient leurs difficultés personnelles et s’écartaient du sujet de l’entretien.

Conclusion

Notre expérience montre que le fait d’associer de nombreux messages numériques universels à des services de conseil dispensés dans le cadre d’entretiens en présentiel et ciblant des besoins individuels spécifiques constitue une stratégie possible en faveur du développement de la petite enfance et de la nutrition. Si les services de conseil numériques constituent un modèle prometteur pour s’assurer que les messages atteignent le public visé, ils ne peuvent cependant pas remplacer la communication essentielle au niveau interpersonnel assurée par les agents de première ligne, tels que les agents d’Anganwadi. Les deux modèles sont de ce fait complémentaires. La mise en place d’un mécanisme communautaire s’impose également afin d’identifier les femmes enceintes, les mères et les jeunes enfants dans des catégories à haut risque, afin d’organiser des visites à domicile supplémentaires ou de créer des dispositifs de référencement pour des consultations spécialisées.

Les plateformes numériques sont également utiles pour l’intégration de méthodes de collecte de données à l’aide d’agents conversationnels (chatbots) ou de sondages en ligne en parallèle des collectes de données sur la couverture des services de conseil numériques, en vue d’assurer la collecte systématique des indicateurs relatifs au processus et des données liées à l’amélioration des niveaux de connaissances.

L’association de l’intervention Aalana Palana, des valeurs fondamentales de l’UNICEF et de la mission du département de la Promotion de la femme et du bien-être de l’enfant dans l’État du Telangana prouve que les leçons apprises dans le cadre de cette pandémie sans précédent et des confinements qui ont suivi peuvent être appliquées et mises à l’échelle pour soutenir les jeunes enfants et les personnes s’en occupant en cas de catastrophe. Cette préparation face aux crises sera essentielle pour s’assurer que les services destinés aux populations les plus vulnérables soient aussi peu perturbés que possible.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter Reetabrata Roy, à l’adresse r.roy@sangath.in.

Références

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1 https://icds.tgwdcw.in/AalanaPaalana.

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